Bafile fut reçue; mais elle passa en Occident, aussi-tôt que ORDRE DA Rufin l'eut traduite en latin & avant que faint Benoît eût S. BASILE publié la fienne, il y avoit déja des Monasteres de l'Ordre de faint Bafile en Italie: quelques-uns ont même cru que faint Benoît s'y étoit soûmis; puisque par le dernier chapitre de sa regle où il exhorte ses religieux à l'observer, il leur recommande celle de faint Bafile, qu'il appelle son pere, & dont il paroît qu'il a tiré la sienne, suivant le sentiment du cardinal de Torrecremata, lorsqu'il dit: edufta eft Regula B. Bencdifti tanquam fluvius quidam ex fonte Religionis, ex Regulas. Bened. illatoti fæculo clarissima, omnium virtutum splendore ornatissima B. Bafilii. C'est apparemment pour ce sujet que le pere dom Menniti a mis dans son calendrier des Saints de l'Ordre de saint Bafile dont nous avons parlé, saint Benoît, aussi-bien que saint Romain qui lui donna l'habit de l'Ordre de saint Bafile, à ce qu'il dit; mais cette melotte ou peau de brebis dont saint Benoît étoit revêtu, témoigne assez que ce n'étoit pas l'habit de l'Ordre de saint Basile qu'il reçut des mains de faint Romain ; & il semble que le P. Menniti ait voulu avoir sa revanche, en mettant dans son calendrier des Saints qui n'ont jamais été de l'Ordre de saint Basile; comme saint Benoît, saint Romain, saint Jerôme docteur de l'église, saint Paulin évêque de Nole, sainte Paule & fainte Marcelle veuves Romaines, & plusieurs autres ; de même que Tritheme & quelques écrivains de l'Ordre de saint Benoît en ont mis beaucoup de cet Ordre, qui n'ont jamais été Benedic tins. Dom Alphonse Clavel & les autres historiens de l'Ordre de saint Basile, pretendent que sa regle fut approuvée par le pape Liberius la même année qu'elle fut publiée & écrite par ce Saint l'an 363. qu'elle le fut aussi par saint Damase l'an 366. & par saint Leon sur la demande de l'empereur Marcian. Quelques-uns rapportent au long une lettre de ce pape qui est une réponse qu'il fait à cet empereur qui lui avoit écrit à ce sujet. Elle est datée de Rome du treize des calendes d'Aout de l'an 456. sous le consulat d'Aëtius & de Studius. On la peut voir dans Ascagne Tambourin de l'Ordre de Vallombreuse, dans la vie de faint Bafile écrite par le P. Dom Apollinaire d'Agresta, & dans quelques autres écrivains In Regul. ORDRE DE qu'il cite. Cette regle a encore été approuvée par plusieurs 5. BASILE. Souverains pontifes dans la suite des tems ; & dans ces derniers fiecles par Gregoire XIII, qui approuva l'abregé quele cardinal Bessarion en avoit fait sous le pontificat d'Eugene IV. & qui a été confirmé par les papes Clement VIII. Paul V. & Alexandre VII. Barb de Il y a quelques auteurs, entre les autres Barbofa, qui préjur. ecclef. tendent aussi que faint Bafile, avant que de mourir, se vit le pere de plus de quatre-vingt-dix mille Moines, seulement en Orient, mais les écrivains de l'Ordre de saint Bafile ne sont pas contens de ce nombre. Le P. Apollinaire d'Agresta dit qu'en y ajoûtant tous les Moines de cet Ordre qui étoient repandus dans tout le reste du monde, il doit être bien plus confiderable. Si on en faisoit neanmoins un calcul exact & qu'on en eût retranché tous ceux qui sont compris dans ce nombre, qui n'étoient pas de l'Ordre de saint Basile; il y auroit beaucoup à diminuer, & ce nombre ne seroit pas si excessif. Il faut cependant avouer que du vivant de saint Bafile, fon Ordre fit un grand progrès, & qu'il devint encore plus confiderable après sa mort. Mais cet Ordre si florissant pendant plus de trois fiecles, diminua notablement dans la suite par l'heresie, le schisme & le changement d'empire. Le plus grand orage qu'il eut à essuïer; fut sous celui de Confrantin, surnommé Copromime, l'an 741. car ce prince s'étant declaré ennemi mortel des saintes images, aussi-bien que Leon fon pere, il commença par perfecuter les Moines de faint Bafile qu'il regardoit comme les défenseurs de la foi Orthodoxe. Il en fit mourir une grande partie, en fit mettre en prison, & en condamna plusieurs au bannissement hors de ses états; de forte que les Monasteres resterent abandonnés & depouillés de leurs biens ; & la plupart des Moines de saint Bafile qui font presentement en Orient, font Schifmatiques & Heretiques, comme nous verrons dans les chapitres fui vans. Les menologes des Grecs font mention de dix-huit cens cinq, tant archevêques qu'évêques de cet Ordre beatifiés ou reconnus pour Saints, trois mille dix abbés, onze mille huit cens cinq martyrs, & un nombre infini de confesseurs & de Vierges, dont il y auroit aussi beaucoup à retrancher; la plupart n'aïant pas été de cet Ordre. Au commencement du dix septième siecle, l'an 1623. le bienheureux Jofaphat Kun- MOINE cenitius, archevêque de Polocko, fut tué par les Heretiques GRECS. & Schifmatiques de Vitepski pour s'être reunis à l'église Romaine, & cet Ordre en Italie & en Espagne celebre sa fête le 12. jour de Novembre. Ils mettent aussi au nombre de ceux qui ont été religieux del'Ordre de saint Basile plus de quatorze papes; dont il y a quelques Orientaux que les Moines de l'Ordre de faint Antoine auroient droit de reclamer, & quelques autres que les Benedictins s'attribuent. Ils ont eu quelques cardinaux,com. me Beffarion & Ifidore de Constantinople, qui furent creatures d'Eugene IV. Pour ce qui est des patriarches, archevêques & évêques de cet Ordre, il est certain que le nombre en est très-grand; puisque personne ne peut être élevé à cette dignité dans tout l'Orient, & être même curé d'une simple paroisse, s'il n'est religieux de l'Ordre de faint Bafile, ou de celui de saint Antoine : ce qui s'observe encore en Moscovie & dans les autres provinces où le rit grec eft tolere. Enfin les religieux de faint Bafile se glorifient d'avoir eu dans leur Ordre plusieurs empereurs & imperatrices, grand nombre de rois & reines, & dix-neuf princes & princesses de la seule maison des Comnenes. Alphonf. Clavel, Antiqucdad. de la religion de S. Bafil. D. Apollin. d'Agresta, Vit. de S. Bafil. part. 5. D. Petr. Menniti, Kalendar. Ss.ord. S. Bafilii. De Tillemont, Hift. Eccl. Tom. 9. Hermant, Vie de faint Bafile. & Bulteau, Histoire Monaftique a'Orient. CHAPITRE XIΙΧ. Des Caloyers ou Moines Grecs, de leurs exercices, jeûnes abstinences. L ESTIME que l'église Grecque fait de la vie monastique si grande, qu'elle la nomme l'état parfait égal à celui des anges, dans lequel on imite les actions de Jefus-Chrift, & ce n'est que par elle seule qu'on s'éleve aux premieres dignités ecclesiastiques, comme nous avons dit dans le chapitre precedent. Les Grecs donnent à leurs Moines le nom de Caloyers qui 4 |