T.I. P. 313. Ancien habillement des Carmes, 77. Selon le Sentiment du P. Daniel de la Vierge Marie, historien de cet Ordre, dans son livre jntitule:le Miroir du Carmel. C D for f lib. 1. pag. Crescenze dit qu'en 1641. Dom Hilarion Mazzolari de VIE DU Cremone Religieux de l'Ordre de saint Jerôme, chercha B. ALdans les archives de Rome, dans les bullaires & dans les bi- BERT. bliotheques, & qu'il ne trouva rien concernant cette bulle de pier. CrefLeon IV. & les autres alleguées par les Carmes. Il faut sans cenz. Predoute que les originaux de ces bulles ayent eu le même fortfid. Rom. que celui de la bulle sabbatine qui fut portée en Angleterre 165. (à ce que disent les Carmes) avec l'original d'une bulle d'Alexandre V. par le pere Alphonse de Therane, où ils ont été perdus. Mais quoique Sixte IV. par sa bulle de l'an 1477. ait confirmé celle de Leon IV. & les autres contestées, ce n'est pas une consequence qu'il les ait vûes, il s'en étoit rapporté seulement, comme font les autres papes, à l'exposé que lui avoit fait le pere Christophle Martignon general des Čarmes : Sane ficut exhibita nobis nuper pro parte Chriftophori Martignoni dicti Ordinis generalis magiftri petitio continebat, &c. Ainfi ce n'est pas au pape Sixte IV. à qui l'on s'en prend, c'est à celui qui a malexposé. Mais c'est assez parler de ces pretendues bulles; nous allons donner la vie du legiflateur des Carmes dans le chapitre suivant. CHAPITRE XLII. Vie du B. Albert, patriarche Latin de ferufalem, & legisla L teur de l'Ordre des Carmes. 'ORDRE des Carmes est trop illustre dans l'Eglise pour ne pas parler du B. Albert patriarche de Jerufalem, qui lui a prescrit des loix qui ont fervi à le maintenir dans la regularité & cette exacte observance, où il s'est maintenu depuis tant d'années ; & avant que de rien dire de fon grand progrès, & de cet agrandissement qui lui a procuré la gloire & l'avantage de tenir un des premiers rangs parmi les Ordres Religieux, nous donnerons un abregé de la vie de fon legiflateur. Le bienheureux Albert n'étoit point François d'o-rigine, ni petit-neveu de Pierrel'Ermite, d'Amiens, comme plusieurs écrivains l'ont avancé. Il prit naissance à Castrodi. Gualteri en Italie, dans le diocese de Parme, & fut destiné à l'étude des lettres & au service de l'Eglise par sesparens, Tome I. Rr BERT. VIE DU qui avoient rang parmi la noblesse du pays. A peine eut - il B. AL- achevé ses études, qu'il renonça au monde pour se donner entierement au service de Dieu. Il prit l'habit de Chanoine Regulier au Monastere de sainte Croix de Mortare dans le Milanois, où il fit en peu de tems un si grand progrès dans la vertu, qu'étant encore jeune, il fut élu prieur de ce Monaftere. Sa reputation s'étant répandue au dehors, il fut choisi trois ans après pour être évêque de Bobio ; & dans le tems que sa modestie & fon humilité lui faisoient naître de jour en jour de nouvelles difficultés pour ne point accepter cette dignité, & qu'on lui vouloit faire violence pour l'enlever de fon Monastere, l'évêché de Verceil étant venu à vacquer, il fut aussi élú pour gouverner cette Eglife; mais ceux de Verceil eurent, avec beaucoup de difficulté, le consentement que ceux de Bobio n'avoient pû obtenir, & pendant vingt ans qu'il fut leur pasteur, il en remplit les devoirs avec toute la vigilance qu'on pouvoit attendre d'une personne qui n'instruisoit pas moins ses peuples par les exemples de sa vie, que par ses discours; ce qui ne servit pas peu à la reforme de son clergé & de ses autres diocesains, qui avoient honte d'être dans le defordre, lorsque leur pasteur pratiquoit toutes les vertus dans un degré éminent. Son principal foin fut de procurer à son Eglise les biens spirituels, mais en même temsil lui en procura de temporels, en acquittant ses dettes dont elle étoit beaucoup chargée, & en augmentant ses revenus. Il l'embellit par de nouveaux édifices, il en défendit les droits, conserva ses immunités ; & comme il n'étoit pas moins habile jurifconfulte & canoniste, que bon Theologien; il ne poursuivit aucune cause dont il ne fût pleinement perfuadé de la justice, ce qui faisoit que dans toutes les poursuites, il en obtint toûjours le succès qu'il en avoit esperé. Il fut choisi par le pape Clement III. & par l'empereur Frederic I. pour être mediateur entre l'Eglise Romaine & l'empire, & l'arbitre de leurs differends. L'on ajoûte même qu'il fut honoré du titre de prince de l'empire par Henri VI. successeur de Frederic, qui accorda aussi à sa confideration, plusieurs graces à l'église de Verceil. Le pape Celeftin III. successeur de Clement, le combla aussi de bienfaits, & Innocent III. imitant ses predecesseurs, l'employa pour VIE DU menager un accommodement entre les peuples de Parme & B. ALde Plaisance qui étoient en guerre. Sa reputation passa les mers; & foit que la sainteté de sa vie, & les emplois qu'il avoit eus, l'euffent fait connoître en Terre-Sainte, ou qu'il y eût fait lui-même un voyage: il fut nommé l'an 1204. patriarche de Jerufalem, d'une voix commune, par ceux qui s'assemblerent en Palestine pour donner un successeur à Monachus onziéme patriarche Latin de Jerufalem, sur le refus que fit le cardinal Soffredo legat du pape en Palestine, d'accepter cette dignité à laquelle il avoit été aussi élû. Monfieur Baillet dit que ce fut à Heraclius qu'il fucceda, qui étoit le dixiéme patriarche Latin; mais nous aimons mieux suivre la chronologie de ces patriarches, que le pere Papebroch nous a donnée au commencement du troifiéme tome du mois do Mai des actes des saints, où il met Heraclius pour le neuviéme patriarche, auquel fucceda Sulpice, qui eut pour successeur Monachus, à qui fucceda faint Albert. Le pape Innocent III. temoigna la joie qu'il avoit ressenti de son élection, par une lettre qu'il lui écrivit à ce sujet le vingt- uniéme Fevrier de la même année, dans laquelle il combat les excuses qu'il pourroit alleguer pour refuser cette dignité, & en même tems il lui donne des instructions sur ce qu'il avoit à faire & à fouffrir dans ce pays. Il le fit venir à Rome pour recevoir sa confirmation, &il ne se contenta pas de lui donner le Pallium avec la dignité de patriarche; mais il le fit encore son legat pour quatre ans dans la Palestine, & le combla de privileges. Albert retourna à Verceil pour mettre ordre aux affaires de fon Eglife & pourvoir à un successeur. Il s'embarqua ensuite sur un vaisseau Genois pour la Terre-Sainte, où il aborda l'an 1206. & établit sa refidence à Acre, autrefois Ptolemaïde en Phenicie, où les patriarches Latins de Jerusalem se retirerent, lorsque les Sarasins se rendirent maîtres de cette ville. Les patriarches de Jerufalem y firent leur refidence, quoiqu'il y eût un évêque particulier, & les chofes demeurerent en cet état jusques sous le pontificat d'Urbain IV. qui voyant qu'il n'y avoit point d'esperance qu'on pût reprendre la ville de Jerufalem, & qu'il n'étoit pas convena BERT. |