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MES.

dit encore qu'en 1171. il ne pouvoit y avoir en Syrie qu'un REGLE Albert évêque de Bethléem,qui vint avec Guillaume de TyrDES CAR au concile de Latran tenu fous Alexandre III. C'est pourquoi comme Aubert le Mire dans fon origine de l'Ordre des Carmes, avoit dit que cet évêque de Bethleem étoit le même que celui qui fut dans la fuite patriarche de Jerufalem, & que cela ne pouvoit s'accorder avec ce que l'on difoit, qu'Albert patriarche de Jerufalem avoit été premierement évêque de Bobio & enfuite de Verceil; ce general prioit cet auteur de chercher des moïens pour prouver qu'Albert évêque de Bethleem, & Albert patriarche de Jerufalem, n'étoient qu'une même perfonne, ( ce qui étoit fort du goût des Carmes, & pour faire valoir auffi fon fentiment, que ce pa) triarche de Jerufalem avoit été pendant un tems de leur Ordre. Mais les Carmes ont été obligés d'abandonner cette opinion qui ne pouvoit fe foûtenir, & de reconnoître que leur regle ne leur avoit été donnée par le patriarche Albert que l'an 1205. comme Lezana & quelques autres écrivains de cet Ordre ont dit depuis. C'eft neanmoins ce qui leur est encore contesté par le P. Papebroch, qui croit qu'elle ne leur a été donnée que l'an 1209.

Elle contient feize articles. Le premier traite de l'élec tion d'un prieur & de l'obéiffance qu'on lui doit rendre. Le deuxième parle des cellules des freres, qui doivent être separées les unes des autres. Le troifiéme leur défend de chan ger de cellules fans permiffion. Le quatrième prefcrit l'endroit où doit être fituée la cellule du prieur. Le cinquiéme leur ordonne de demeurer dans leurs cellules, & d'y va, quer jour & nuit à la priere & à l'oraifon, s'ils ne font point legitimement occupés. Dans le fixiéme il est traité des heures canoniales que doivent reciter ceux qui sont destinés pour le chœur ; il y eft auffi marqué ce que doivent dire ceux qui ne fçavent pas les heures canoniales. Par le feptiéme il eft défendu aux freres d'avoir rien en propre. Le huitiéme ordonne de bâtir un oratoire au milieu des cellules, où ils doivent tous. s'affembler le matin pour entendre la meffe. Le neuviéme parle de la tenue des chapitres locaux & de la correction des freres. Le dixiéme recommande l'obfervance du jeune,depuis la fête de l'exaltation de Sainte Croix jufqu'à pâques, excepté les Dimanches ; & l'abftinence de la viande en tout tems eft Tome I.

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MES.

REGLE ordonnée dans le onzième. Le douzième les exhorte à fe DES CAR- revêtir des armes fpirituelles qui leur font propofées. Le treiziéme les oblige au travail des mains. Le quatorziéme leur impofe un filence étroit, depuis vêpres jufqu'à tierce du jour fuivant. Le quinziéme exhorte le prieur à être humble ; & le feiziéme exhorte auffi les religieux à refpecter le prieur.

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Voilà ce que contient en fubftance la regle primitive des Carmes, qui leur fut donnée par le patriarche Albert. Nous avons vû ci-devant que pour prouver leur antiquité, quelques uns de leurs anciens avoient cru qu'ils avoient d'abord fuivi la regle de faint Bafile, & que d'autres avoient fuppofé un livre de l'inftitution des Moines, qu'ils attribuoient à Jean II. quarante-quatrième évêque de Jerufalem, & qui leur avoit fervi de regle; mais ils ont encore pretendu depuis que celle qu'ils avoient reçûe du patriarche Albert avoit été tirée des écrits de S. Bafile, & de ce Jean II. quarantequatrième évêque de Jerufalem, comme il paroît par tre de cette regle, qui fe trouve à la fin de leurs conftitutions qui furent revues dans le chapitre general qui fe tint à Rome l'an 1625. Regula ex Sankti Bafilii & Joannis XLIV. Epifcopi Hyerofolymitani fcriptis,ab Alberto patriarcha Hyerofolymitano extrakta, & fratribus Beatiffima Dei Genitricis & Virginis Maria de Monte Carmelo data, ab Innocentio IV.confirmata,atque authoritate ejufdem per Hugonem tituli S. Sabina presbyterum cardinalem,& Guillelmum Auteradenfem Epifcopum declarata & mitigata, correcta & mitigata. Ils ne laiffoient pas neanmoins de reconnoître faint Bafile pour leur pere, entre les autres le pere Didace Corria qui eft de ce fentiment, appelle en plufieurs endroits faint Bafile fon pere ; il recommande entr'autres chofes aux freres & fœurs du Tiers- Ordre des Carmes, d'avoir des habits de drap vil & groffier comme leur pere faint Bafile l'ordonne. Finalmente Uueftro habito fea di pano vil baxo y groffiero y come dize il B. S. Bafilio nueftro Padre.....y avifo à vueftras charidades con nueftro padre S. Bafilio*. Cependant quand ils reçurent leur regle du patriarche Albert, ils ne fongeoient point encore ni à faint Ba. file, ni au livre de l'inftitution des Moines. Et lorfqu'on les inquieta quelque tems après la publication du concile de

Did. Martinez Coria. Manual de las Beat. & Herman. Terceros del Monte Carmel.

T.1. P. 307.

Le Prophete Elie,

75. Tel qu'il étoit représenté dans l'Eglise du Convent des Religieux Basiliens de Troïna enSicile,avant que les Carmes leur cissentintenté procés au sujet de l'habillem de ce Prophete.

A

REGLE

Latran tenu l'an 1215. fur ce qu'ils avoient une regle qui étoit inconnue en Europe, & qu'en cela ils alloient contre DES CARles decrets de ce concile, qui défendoit l'établitlement de MES. nouveaux Ordres religieux fans le confentement du faint Siege, ils demanderent au pape Honorius III. l'an 1224. l'approbation de la regle qui leur avoit été donnée par le patriarche Albert, & pour l'obtenir, & en même tems s'excufer fur le retardement qu'ils avoient apporté à obéir aux decrets du concile, ils n'expoferent point l'antiquité de leur Ordre & une infinité de raifons qu'ils euffent pû alleguer pour lors, & dont ils fe font fervi dans la fuite: ils ne dirent point que leurs anciens avoient eu pour regle le livre de l'institution des Moines, parce qu'il n'étoit pas pour lors compofé ils ne parlerent point de la regle de faint Bafile: ils n'expoferent feulement, que ce qui eft énoncé dans la bulle d'Honorius III. fçavoir, qu'ils prioient le pape de confirmer la regle qui leur avoit été donnée par le patriarche

Albert.

Ces pretentions que les Carmes ont eues, d'avoir fuivi la regle de faint Bafile, & d'avoir eu pour pere ce patriar che des Moines d'Orient, ont donné lieu aux Bafiliens de les regarder comme freres. Les Carmes vouloient bien reconnoître cette alliance; mais ils pretendoient avoir le droit d'aineffe, ne regardant faint Bafile que comme un des enfans d'Elie, puifqu'ils l'ont mis au nombre des faints de leur Ordre ; mais ils n'ont pu s'accorder fur ce fujet, & les Carmes intenterent procès aux Bafiliens l'an 1670. fur ce qu'ils avoient dans un de leurs couvents un tableau reprefentantle prophete Elie qui n'étoit pas habillé en Carme. Roger premier comte de Sicile fit bâtir vers l'an 1080. une église fous le titre du prophete Elie, dans un lieu éloigné de cinq milles de Troyna en Sicile, dans le diocefe de Meffine en reconnoiffance, à ce que l'on dit, de ce que ce prophete s'étoit apparu à lui, & avoit combattu en fa faveur contre les Sarazins, dont il demeura vainqueur; & il ajoûta à cette églife un Monaftere pour des religieux de faint Bafile. Ce Monaftere menaçant ruine à caufe des frequents tremblemens de terre, caufés par le Mont-Etna qui n'en étoit pas éloigné, ils obtinrent l'an 1670. les permiffions neceffaires pour s'établir proche les murs de Troyna en un lieu où il y

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