municari non possint per litteras apoftolicas non facientes plenam, ORDRE & expressam, ac de verbo ad verbum de indulto hujufmodi men- DES CARtionem. Volumus autem, ut præfentes litteræ in valvis ecclefiæ MES. Lateranensis & bafilica principis apoftolorum, nec non cancella. riæ apoftolica, curiæque generalis in monte Citatorio, & inacie campi Floræ de urbe, ut moris est, publicentur & affigantur, ficque publicata & affixa omnes & fingulos, quos illæ concernunt, perinde arctent & afficiant, ac fi unicuique eorum nominatim,& perfonaliter intimate fuissent; quodque earumdem præfentium tranfumptis feu exemplis, etiam impressis, manu alicujus Notarii publici fubfcriptis, & fizillo alicujus persona in dignitate Ecclefiaftica conftitutæ munitis, eadem prorfus fides tam in judicio, quam extra illud, ubique adhibeatur; quæ ipfis præfentibus adhiberetur, fi forent exhibitæ, vel ostensa. Dat. Romæ apud fanEtam Mariam Majorem fub Annulo Piscatoris die XX. No. vembris M. DC. XCVIII. pontificatus noftri anno oftavo. J. F. Cardinalis Albanus. L'on peut juger parles livres & les libelles dont nous avons ci-devant parlé, qu'il étoit à propos que le pape en arrêtât le cours par son autorité, à cause du scandale qu'ils causoient par les invectives dont ils étoient remplis, qui ne conviennent point à la charité Chrétienne dont les Religieux doivent l'exemple par leur profession, & il auroit été à souhaiter que le Pape en eût été informé plutôt pour y remedier, comme il fit par son bref du 20. Novembre 1698. Je suis trop foumis aux décisions des souverains pontifes pour agir contre leurs intentions. Ce bref d'Innocent X II. m'imposant filence sur la question de la primitive institution des Carmes par les prophetes Elie & Elisée, m'empêche de rapporter les raisons que je pourrois avoir pour la combattre. Ainsi, si les Carmes ont eu ces prophetes pour fondateurs, je ne leur dif pute pas cet honneur, & je les laisse dans les prétentions qu'ils ont depuis long-tems, qu'il y a eu une succession sans interruption de leur Ordre, depuis ces Prophetes jusqu'à present. Je consens même qu'ils fassent remonter leur antiquité jusqu'au tems d'Enoc, qui vivoit avant le déluge; puifque quelques-unes des bulles sur lesquelles ils se fondent pour prouver qu'ils font enfans d'Elie & d'Elifée, principalement MES. Compilat. Regul. t. 1. in Bulla 38. Sixti 4. REGLE celle du pape Sixte IV. de l'an 1477. disent, qu'ils descen DES CAR- dent des prophetes Elie, Elisée & Enoch..... ac jugiter cateEmmanuel ros regularium Ordinum professores in firmamento Catholicæ fidei Rodrig. militantes,tanquam Religionis fpeculum & exemplar, speciali Collect. & charitate fulgentes, fanctorumque prophetarum Helia & Elifai Privileg. & Enoch, necnon er aliorum fanctorum Patrum qui montem Apoftolic. Sanctum Carmeli, juxta Heliæ fontem inhabitarunt, fuccessionem hæreditariamtenentes. Il est vrai que les Carmes nient que cet Enoch dont il est parlé dans ces bulles, soit le mêmeEnoch qui futenlevé du commerce des hommes, comme dit l'Ecriture-Sainte au chapitre s. de la Genese, & ils disent que c'est un autre Enoch d'Amathim, disciple de l'Evangeliste S. Marc. En effet, comme ils prétendent que dès leur premiere insti. tution, ils ont fait les trois vœux essentiels de Religion, ils auroient beaucoup de peine à prouver une succession here. ditaire sans interruption de leur Ordre, depuis Enoch fils de Jared & pere de Mathusalem, jusqu'à présent; car l'EcritureSainte ne dit point que Dieu commanda à Noé de faire entrer des Carmes dans l'arche, & s'il y avoit eu quelqu'un des enfans de Noé qui eût été Carme, il n'auroit pas pû avoir fait le vœu de chasteté; puisque tous les enfans de Noé entrerent dans l'arche avec leurs femmes, & qu'après être fortis de l'arche, ils eurent tous plusieurs enfans. . CHAPITRE XLI. De la regle primitive des Carmes, & des changemens qui y ont été faits par les souverains Pontifes. L E bref du pape Innocent XII. que nous avons rapporté dans le chapitre précedent, n'imposant filence que fur la primitive institution & fuccession de l'Ordre des Carmes par les prophetes Elie & Elisée, n'ôte pas la liberté de dispu. ter à ces Religieux leurs autres prétentions. S'ils trouvent une preuve de cette succession hereditaire en la personne de Jean II. quarante-quatrième patriarche de Jerufalem, que quelques écrivainsne regardent que comme le quarante-deuxieme évêque de cette ville & le premier patriarche, je n'ai STEAD CENTINE. DIBLIOTECA 74. Ancien habillement des Carmes, tel qu'il est représenté dans l'Eglise de leur Convent de Sainte Catherine, a Louvain. JAD CENTRAL BIBLIOTECA WE FILOSOFIA REGLE garde de rien alleguer de contraire, & de retrancher du catalogue des hommes illuftres de l'Ordre des Carmes, ce pa- Des Cartriarche; puisque ce seroit aller contre les intentions du pa- MES. pe, qui a impofé filence fur cette matiere. Mais ils font mal fondés, lorsqu'ils lui attribuent le livre de l'institution des Moines, qu'ils prétendent avoir été la regle qu'ils ont suivie, jusqu'à ce que le patriarche Albert leur en eût donné une autre. Car Jean ne monta sur la chaire épiscopale de Jerufalem, qui n'étoit pas encore patriarchale, que l'an 386. ou 387. & dans ce livre qu'on lui attribue, il y est parlé du scapulaire que les Carmes n'ont porté qu'après que la sainte Vierge l'eût donné au B. Simon Stock, deux ans avant la mort de ce faint, qui arriva l'an 1285. & il y est aussi parlé du manteau blanc & du capuce qu'ils n'ont portés qu'en 1287. ou 1288. fans parler des fables dont ce livre est rempli, qui l'ont fait regarder par tous les sçavans comme un ouvrage faux & fuppofé, dont l'auteur ne peut avoir vêcu que dans le douziéme siècle. C'est à l'occasion de ce livre supposé que Pierre Vvastel Carme réformé d'Aloft & Prieur d'Anvers, attribue à ce même patriarche plusieurs ouvrages, qui font, ou fans nom d'auteurs, ou faufflement attribués à d'au. tres qu'il a recueillis ou fait imprimer à Bruxellesen deux voJuines in folio l'an 1643. sous le nom d'œuvres de Jean de Jerufalem, mais quoique ceCarme (dit Monfieur du Pin *) quic a pris la peine de les ramasser, ait employé un volume entier pour montrer que les ouvrages contenus dans son premier tome étoient veritablement de Jean de Jerufalem, & qu'il ait tâché de les défendre de toutes fortes d'erreurs; on peut dire neanmoins, qu'il n'a rien fait de ce qu'il promet dans son titre, & qu'il n'a rempli ce long & ennuyeux traité que de conjectures frivoles, de suppositions sans fondement, de faufsetés manifestes, ou de matieres qui ne conviennent nullement à son sujet : de forte que tout ce grand édifice manquant par le fondement, est bientôt tombé en ruine, & est devenu la risée de toutes les personnes qui se mêlent de lit terature. Les Carmes sont si peu d'accord entre eux touchant leurs pretentions, que Jean le Gros de Toulouse, l'un de leurs generaux vers l'an 1411. bien loin de croire que Jean, patriar * Du Pin, Biblioth. des Ecrivains Ecclef. S. fiecle. p. 1. pag. 279. 66 |