MES. ORDRE MES du même royaume, qui est une croix patriarchale po DES CAR- sée sur trois montagnes. Cet auteur leur donne pour fon. dateur saint Etienne premier Roi de Hongrie, qui, à ce qu'il prétend, institua ces chevaliers en memoire de la croix que le Pape luienvoya, avec permission de la faire porter devant lui, à cause que ce prince avoit travaillé avec tant de zele à établir la Religion Chrétienne dans ses Etats, qu'il a été consideré comme l'apôtre de Hongrie. Mais comme les Ordres militaires n'ont commencé que dans le douziéme siécle; il se peut faire que faint Etienne ayant reçu du papeSilvestre II. l'an 1000. la Couronne de Hongrie, avec une croix qu'il pouvoit faire porter devant lui il établit des officiers pour porter cette croix, ausquels, pour ce sujet l'on donna le nom de Porte-Croix, & que dans la suite l'on en ait formé un Ordre militaire qui ne subsiste plus. Mennenius, Deliciæ Equest. Ord. Favin, Théâtre d'honneur & de cheval. Tom. 2. Schoonebeck, Hift. des Ord. milit. & Melchior Inchoffer, Annal. Ecclef. Regni Hung. T. 1. CHAPITRE XL. Des Religieux de l'Ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel, appellés communément les Carmes. Lya a déja long-tems que les Carmes sont en dispute avec & leur ori gine; mais cette dispute n'a jamais été si échauffée qu'elle le fut fur la fin du dernier fiécle, entre les Religieux de cet Ordre & les Jefuites de Flandres; car elle a donné lieu aux uns & aux autres de mettre au jour plusieurs écrits, & de presenter des suppliques aux papes Innocent XI.& Innocent XII. & au roi d'Espagne Charles II. tendantes de la part des Carmes, à ce qu'on imposât filence à tous ceux qui leur disputent leur antiquité, qu'ils font monter au tems du Prophere Elie, qu'ils regardent comme leur patriarche & leur fondateur. Ce qui donna lieu à ce differend, furent les trois Volumes du mois de Mars, de la continuation des Actes des Saints du P. Bollandus Jesuite, decedé l'an 1665. que les PP. Hinsche 3 T.I. P.282. 70. Ancien habillement des Carmes, nius & Papebroch ses Confreres, & qui lui avoient été aflo. ORDRE ciés dans ce travail, donnerent au public l'an 1668. où au six Des Carde ce mois ils avoient inseré la vie de faint Cyrile, & au MES. vingt-neuf celle du B. Berthold, ayant donné à celui-ci le titre de premier general de l'Ordre des Carmes, & à saint Cyrile celui de troisiéme general. Quoique ces sçavans Jesuites n'eussent en cela suivi que le sentiment de Jean le Gros, l'un des generaux de cet Ordre, & de Jean Paleonydor Religieux du même Ordre : qu'ils eussent cité un traité de l'origine & progrès de cet Ordre, attribué au même saint Cyrile, dont il y a un exemplaire de l'an 1446. dans la bibliotheque du college de Navarre à Paris, que le P. Daniel de la Vierge Marie a inferé dans sa vigne du Carmel: & qu'ils eussent aussi rapporté le sentiment des sçavans cardinaux Baronius & Bellarmin, qui ne mettent l'origine des Carmes que l'an 1180. ou 1181. sous le pontificat d'Alexandre III. les religieux de cet Ordre en Flandres en furent neanmoins fort scandalisés & l'on vit paroître de leur part dès l'année suivante un gros ouvrage, composé par le P. François de Bonne-Esperance Exprovincial de Flandres sous ce titre: Historico-Theologicum Armamentarium proferens omnisgeneris fcuta, five facræ Scripturæ, summorum pontifi cum, sanctorum patrum, geographorum, & doctorum tam antiquorum quamrecentiorum, authoritates, traditiones &rationes, quibus amicorum dissidentium tela, five argumenta in Ordinis Carmelitarum antiquitatem, originem, & ab Elia fub tribus effentialibus votis in Monte-Carmelo hæreditariam fuccessionem &huc usque legitimè non interruptam, vibrata, enervantur. L'Arsenal historique - theologique, qui fournit des boucliers de toutes especes ou des autorités, des traditions & des raisons de la fainte Ecriture, des souverains pontifes, des faints peres, des geographes & des docteurs tant anciens que modernes, avec lefquels les traits que les amis difcordans lancent contre l'antiquité des Carmes, leur origine, & la succession hereditaire du prophete Elie, sous les trois vœux essentiels, & qui n'a point été interrompue jusqu'à present, font affoiblis. Les Carmes se doutant bien que les Jefuites ne demeureroient pas dans le filence, & que dans les autres tomes qui devoient suivre le mois de Mars, ils pourroient leur répondre; leP. Matthieu Orlandi, pour lors General des Carmes, MES. ORDRE & depuis évêque de Cephalu, écrivit l'an 1671. aux ConDES CAR-tinuateurs de Bollandus, pour les prier que lorsqu'ils parleroient du B. Albert patriarche de Jerufalem, & de la regle qu'il avoit donnée aux Carmes, ils consultassent le pere Daniel de la Vierge Marie historiographe de leur Ordre; & que quand ils citeroient l'autorité du cardinal Baronius, ils ne le fissent pas fi nuëment qu'ils avoient fait dans le mois de Mars, mais qu'ils modifiassent un peu les paroles de cet annaliste par quelques commentaires. C'est neanmoins ce qu'avoient déja fait les continuateurs de Bollandus, qui avoient consulté le pere Daniel de la Vierge Marie sur ce qu'ils avoient dit de faint Berthold, & qu'il avoitapprouvé. Ils donnerent l'an 1675. trois volumes du mois d'Avril, mais les Carmes ne furent pas peu surpris, lorsqu'au huitiéme de ce mois, dansla vie du B. Albert patriarche de Jerufalem, leur legislateur, ils y virent que le pere Papebroch, qui s'en étoit declaré l'auteur, y avoit non seulement avancé que le tradition del'Ordre des Carmes; qui regardoit le prophete Elie comme son fondateur, fouffroit beaucoup de difficulté, par les contradictions que l'on y trouvoit depuis Elie jusqu'à Jesus - Christ, & depuis Jesus - Christ jusqu'au bienheureux Berthold; & qu'il falloit des preuves solides pour la foûtenir; mais qu'il pretendoit en avoir trouvé une convaincante, que cet Ordre n'avoit commencé que dans le douziéme siécle, apportant pour la justifier, le temoignage de Jean Phocas temoin oculaire, qui dans sa relation d'un voyage qu'il fit dans la Terre-Sainte l'an 1185. dit, en parlant du MontCarmel, qu'on y voyoit la caverne ou grotte d'Elie ; qu'il y avoit quelques années qu'un certain Moine revêtu de la dignité de Prêtre, venerable par ses cheveux blancs, & na. tif de Calabre, étant venu sur cette montagne, après une revelation qu'il eut du prophete Elie, fit un petit retranche. ment autour d'un lieu où l'on voyoit encore les vestiges d'un Monaftere ; & qu'y ayant bâti une tour & une petite Eglife, il demeuroit dans cette enceinte avec dix Religieux qui s'étoient joints à lui. Ce Phocas avoit d'abord servi dans l'ar. mée de l'empereur Emmanuel Comnene. Il quitta ensuite le parti des armes, & s'étant fait Moine, il visita les saints Lieux l'an 1185. & écrivit la relation de son voyage. Leon Allatius natif de la ville de Chio, y trouva un manufcrit de |