non seulement il la reprimanda de resister ainsi à la volonté RELIde Dieu, mais même il la frappa. Surquoi la Princesse luiGIEUSESDE aïant demandé par quelle autorité il la frappoit, il lui ré. S. BASILE. pondit que c'étoit par ordre du Seigneur; mais malgré sa resistance ellefut revêtue de l'habit de Religion, & quelque tems aprés accoucha d'un fils qui fut appellé George: Elle ne le voulut point montrer, quoique le Czareût envoïé exprès à Susdal, pour s'informer de la verité. Paul Oderbon dit dans' la vie de ce Prince, que Salomée se contenta d'embraffer l'Autel, & de jurer que ce fils étoit du Czar, & qu'elle lui avoit été toûjours fidelle, & que sur le refus qu'elle fit de le vouloir faire voir, le Czar voulut la faire mourir. D'autres neanmoins prétendent que ce n'étoit qu'une feinte de la part de cette Princesse, & qu'elle n'eut point d'enfans. Les Religieuses Mofcovites font habillées comme celles d'Orient.

Nous avons parlé des Religieuses Georgiennes & Mingreliennes dans un autre endroit, (s'il est neanmoins permis de leur donner ce nom.) Mais les veritables Religieufes de l'Ordre de faint Bafile, font en Occident. Il s'en trouve quel. ques-unes en Pologne, & davantage en Italie où elles ont un affez bon nombre de Monafteres, principalement dans les Royaumes de Naples & de Sicile, dont le plus fameux eft à Palerme, & qu'on appelle le Royal Monastere des Religieufes de faint Bafile par rapport aux observances de la Regle de ce Saint. Elles font toujours au nombre de fix-vingts, toutes nobles, & des principales familles du Royaume. Dans le commencement de leur établissement, elles faifoient l'Office en Grec; mais dans la suite à cause de la difficulté que les Siciliennes avoient d'apprendre cette langue, le Pape Alexandre VI. les en dispensa, leur permettant d'officier felon le Rit de l'Eglise Latine, & de reciter le Breviaire des Dominicains. Mais le Pape Innocent XI. parun Bref de l'an 1680. leur ordonna de neplus reciter ce Breviaire& de suivre leRomain, leur permettant neanmoins de celebrer toutes les Fêtes de l'Ordre de saint Bafile, & d'en faire l'Office. Toutes les autres Religieuses d'Italie suiventaussi le Rit Latin, & il n'y a que le seul Monaftere de Philantropos à Meffine où les Religieuses ont toûjours confervé le Rit Grec, se conformant en toutes choses aux Moines de cet Ordre. Ces Religieuses d'Occident font habillées comme les Religieux de faint Bafile en Italie Elles

MOINES mettent ordinairement un manteau qui les couvre depuis ACE'ME- la tête jusqu'aux pieds, & leur guimpe n'est que de toile noire, mais dans les ceremonies elles mettent une coule ou cucule.

TES.

Apolinair. d'Agresta, Vit. di S. Bafilio part. 5. cap. 10. Goard, Eucholog.Græcor. Sigismund. Baro in Herbestain, Rerum Mofcovitarum Comment. Paul Oderborn, Vit. Joann. Bafilid. Olearius, Voïage de Mofcovie.

CHAPITRE XXIX.

Des Moines Acémetes, avec la vie de faint Alexandre leur
Fondateur.

A

VANT que de parler des Ordres Militaires qui ont suivi la Regle de faint Bafile nous traiterons des Moines Acémetes, qui ont eu pour Fondateur saint Alexandre, que les Historiens de l'Ordre de saint Bafile mettent au nombre des Saints de cet Ordre; mais comme il avoit été Moine dans un Monastere de Syrie, avant que d'avoir établi son Institut, il se pourroit faire aussi qu'il auroit été de l'Ordre de saint Antoine auffi-bien que de celui de saint Bafile. Il nâquit dans l'Afie mineure d'une famille noble, & après avoir étudié à Constantinople, il eut une Charge dans le Palais de l'Empereur. Il reconnut bientôt la vanité du siècle, & la lecture de l'Ecriture fainte l'en dégouta davantage, ce qui fit qu'il quitta son emploi, distribua fon bien aux pauvres, & alla en Syrie, où il embrassa la vie Monastique sous l'Abbé Elie, dont la reputation l'avoit attiré pour être l'un de ses Disciples. Après avoir demeuré avec lui quatre ans, il se retira dans le Desert où il demeura encore septans. Il convertit Rabbula Gouverneur d'une ville voifine, & plusieurs autres Païens qui voulurent l'avoir pour Evêque ; & comme ils gardoient les portes de la ville, il se fit descendre la nuit par la muraille dans une corbeille. Rabbula étant converti, mit en liberté ses esclaves, donna ses biens aux pauvres, & fe retira dans la folitude, d'où il fut tiré pour être Evêque d'Edesse Metropole de la Mefopotamie. Sa femme se consacra à Dieu de fon côté & bâtit un Monaftere, où elle s'enferma avec ses filles & fes fervantes, & y finit saintement ses jours,

: :

TES.

Alexandre s'étant sauvé de la ville où on le vouloit faire MOINES évêque, marcha deux jours dans le defert & s'arrêta dans A CE'M Eun lieu qui fervoit de retraite à trente voleurs. Il demanda àres. Dieu leur conversion, & fa priere fut exaucée : car leur chef fut le premier à se reconnoître, & mourut huit jours après avoir reçu le baptême. Les autres ayant suivi son exemple changerent leur caverne en un Monaftere, & fe mirent sous la conduite d'un fuperieur qu'Alexandre leur donna.

Les ayant quittés, il bâtit un Monastere sur le bord del'Euphrate; où il demanda à Dieu pendant trois jours d'y pouvoir établir une pfalmodie continuelle. Sa communauté s'augmenta de telle forte, qu'il eut jusqu'à quatre cens Moines de differentes nations, des Syriens naturels du pays, des Grecs, des Latins, des Egyptiens, & il les divisa en plusieurs chœurs qui se succedant les uns aux autres celebroient continuellement l'office divin. Ils observoient une exacte pauvreté ; chacun n'avoit qu'une tunique, ne se fournissoit de vivre que pour chaque jour, & s'il en restoit on le donnoit aux pauvres fans rien garder pour le lendemain.

Après avoir demeuré vingt ans dans ce Monastere sur l'Euphrate, il deftina foixante & dix de ses disciples pour aller prêcher la foi aux Gentils. Il en choisit cinquante pour le suivre dans le defert, & laissa les autres dans le Monastere sous la conduite de Trophime. Il fut ensuite à Antioche, où vingt ans auparavant, en 404. il s'étoit fortement oppofé à l'intrusion de Porphire dans ce siege qui étoit pour lors occupé par l'évêque Theodose. Ce prelat prevenu contre lui, le fit chaffer le prenant apparemment pour être de la secte des Euchites ou Messaliens, à cause de la priere continuelle,& du pays d'où il venoit. Il reçut même un soufflet de la main d'un ecclefiaftique nommé Malchus, qui par ordre de cet évêque étoit allé avec quelques autres pour le chaffer de la ville, & il ne répondit à cet outrage que par ces paroles de l'évangile : or le nom de ce ferviteur étoit Malchus. Le peuple qui le regardoit comme un prophete prit sa défense; mais il fallut ceder à l'autorité du gouverneur qui le relegua à Calcis avec ses difciples. S'étant déguisé en mandiant, il alla dans un Monaftere nommé Chriften, & fut bien étonné d'y trouver son inftitut de pfalmodie perpetuelle, qu'un de ses disciples y avoit établi.