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DUMONT

de fainte Catherine. Presentement ces chevaliers (fuppofé ORDRE DE qu'on en fasse encore) sont fort inutiles, & les pelerins n'en STE CAretirent aucun secours, non plus que des chevaliers du faint THERINE Sepulcre. Favin se trompe, lorsqu'il dit que les chevaliers de SINAI. fainte Catherine portoient pardessus la croix de Jerufalem, les marques du martyre de cette Sainte, sçavoir une roue percée, à fix rayes de gueules, cloués d'argent, comme il l'a fait graver dans son theatre d'honneur & de chevalerie, fur une pareille qui lui avoit été donnée par M.Daubrai secretaire du Roi, baron de Bruyeres, & prevost des Marchandsa Paris, qui étoit chevalier du S. Sepulcre & de Ste Catherine ; car M. Daubrai portoit ainsi la croix, à cause qu'il étoit chevalier de ces deux Ordres ; mais ceux qui étoient seulement chevaliers de l'Ordre de sainte Catherine, portoient la roue seule, ou entiere, ou brisée, traversée d'une épée.

Schoonebeck s'est aussi trompé, lorsqu'il dit que les Religieux de S. François ont le pouvoir de faire des chevaliers de fainte Catherine, & que c'est par cette raison que sur le Mont Sinaï, ils joignent la croix de Jerufalem, ou du saint Sepulcre à la roue de fainte Catherine, en quoi cet auteur a peutêtre suivi l'opinion de Favin. Mais s'il étoit vrai que les Religieux de S. François qui ont la garde du S. Sepulcre, eussent le pouvoir de faire des chevaliers de sainte Catherine, le P. Quaresmo qui étoit Religieux de S. François, qui avoit été gardien de leur couvent à Jerufalem, & commissaire apoftolique en Terre-Sainte, n'auroit pas manqué d'attribuer ce droit à fon Ordre; mais bien loin de l'avoir fait, il dit au contraire qu'on voit peu de ces chevaliers; soit que cet Ordre foit peu connu à present, ou que l'on aille rarement en pelerinage au Mont Sinaï, Sinaï, ou enfin à cause que les Grecs qui demeurent fur cette montagne, & qui ont pouvoir de conferer cet Ordre, étant schismatiques, il n'y a aucun Catholique qui veuille recevoir de leurs mains le sacrement de l'Euchariftie qu'on est obligé de recevoir avant que d'être fait chevalier. Que fi ces schismatiques le donnent aux Grecs, c'est ce qui n'a pas été connu au P. Quaresmo, & que j'ignore aufsi. Ainsion peut dire que cet Ordre est entierement abo. li, & nous ne voyons pas qu'il ait été approuvé par aucun fouverain pontife.

Francifc. Quaresmo, Elucid. Terre fanita T. 1. lib. 2. cap.62.

ORDRE DE Mennenius, Delicia equeft. Ord. Hermant & Schoonebeck, CHYPRE dans leurs histoires des Ordres Militaires. Bernard.Giustiniani,

OU DU

SILENCE. hift. di tutti gli Ord. Militari. And. Mendo, de Ord. Milit. &

Favin, Theat. d'Honn. & de Chevalerie.

CHAPITRE XXXVI.

Des Chevaliers de l'Ordre de Chypre ou du Silence, appellés aussi de l'Epée.

G

UI DE LUSIGNAN ayant épousé Sybile, fille aînée d'Amauri, roi de Jerufalem, & veuve de Guillaume marquis de Montferrat surnommé Longue-Epée, devint par ce mariageroi de Jerufalem; mais ayant perdu l'an 1187. cette sainte ville qui fut prise par Saladin, presque toute la Terre-Sainte tomba sous la domination des Infideles. Richard premier roi d'Angleterre s'étant embarqué l'an 1191. pour coinbattre les Sarafins & recouvrer la Terre Sainte, fut jetté par la tempête sur les côtes de Chypre, où loin de trouver un asile, il y trouva au contraire un ennemi en la personne d'Isaac Comnene, homme cruel & abandonné à toutes fortes de crimes, qui s'étoit emparé de cette ifle; & qui au lieu de foulager les gens de Richard, battus de la mer, les maltraita au contraire, & les pilla, ce qui attira la colere de Richard, qui pour s'en venger, se rendit maître de cette ifle où il fit un riche butin & emmena prisonniers Ifaac & fa femme qu'il fit lier tous deux avec des chaînes d'or. Richard ayant eu le commandement de l'armée des Croisés, fit des actions de valeur surprenantes, & fe feroit rendu maître de la ville de Jerufalem, fi la jalousie d'Hugues de Bourgogne n'eût pas arrêté ses progrès. Son dessein étoit de se former un grand royaume en ce pays-là; & afin que personne ne pût lui difputer le titre de Roi de Jerufalem, il l'acheta de Gui de Luzignan, lui donnant en échange l'ifle de Chypre. Ce dernier prit le titre de roi de Chypre que ses descendans ont conservé jusqu'en l'an 1473. & à peine eut-il pris poffession de son royaume l'an 1192. qu'il institua un Ordre militaire pour s'opposer aux defcentes & aux irruptions que les Infideles pouvoient faire dans cette ifle, esperant que les chevaliers de

Thomassin f.

Chevalier de l'ordre du Silence, ou de Chypre

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cet Ordre n'auroient pas moins de valeur & de courage que Ordrer ceux des Ordres militaires de la Palestine établis pour la dé- CHYPRE fense des faints lieux, & qui avoient fait des actions heroïques SCE

dont il avoit été lui-même témoin.

Il donna à ces chevaliers pour marque de leur Ordre un collier compofé de laqs d'amour de foye blanche, entrelasses des lettres R. & S. en or; & au bout de ce collier pendoit fur l'estomac une médaille d'or dans laquelle il y avoit une épée nue, dont la lame étoit d'argent, & la garde d'or,avec cette devise tout autour: Securitas Regni, pour montrer à ces chevaliers, qu'après Dieu, il assuroit la conservation de fon nouveau royaume sur leur valeur & leur fidelité, & c'est pour ce sujet, que, felon quelques auteurs, il donna à cet Ordre le nom de l'Epée.

Il y en a neanmoins qui tiennent que cet Ordre fut appellé du Silence, ce qui est signifié, disent-ils, par les lettres S. & que les R. marquent qu'il étoit royal, ce que l'on peut entendre ainsi: Regium Silentium. Mennenius prétend que ces S. fignifioient: Secretum Societatis, & l'abbé Giustiniani qui a fait graver les differens colliers de cet Ordre, dit qu'à Venise chez le procurateur Jean Baptiste Cornaro Piscopia, il y a un ancien monument où l'on voit deux écus, le premier des rois de Chypre de la maison de Luzignan, & l'autre de la famille des Cornaro qui est parti d'or & d'azur avec une épée entortillée d'un cartouche où sont écrites ces paroles: Pour loyauté maintenir. Il ajoûte sur le témoignage de plusieurs auteurs, que Pierre de Luzignan roi de Chypre, allant trouver le pape Urbain V. l'an 1363. logea à Venise chez Frederic Cornaro, & que non seulement il l'honora de cet Ordre, mais qu'il le rendit hereditaire à ses descendans, voulant qu'ils en portassent les marques à leurs armes,

Quoi qu'il en soit, Gui de Luzignan, après avoir institué cet ordre, le confera à son frere Amauri connétable de ce royaume, qui fut son successeur, & à trois cens gentilshommes la plupart François, qu'il avoit amenés avec lui en quittant la Palestine. La ceremonie se fit dans l'église de sainte Sophie cathedrale de Nicofie, le jour de l'Afcenfion de Notre-Seigneur. Ce prince les exhorta tous d'être fort unis ensemble, & de lui être fideles, & les chevaliers firent væœu d'employer cette épée qu'ils reçurent, pour la défense de la

OU DU

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