CHEVA- Claude de Mareuil,en fut aussi pourvû par François I. & Henri LIFRS DE II. y nomma Jean de Conti, qui assembla un chapitre general L'ORDRE à Boigni, où il donna à bail emphitheotique pour deux cens DE S. LA- vingt florins par an, tous les biens appartenans à l'Ordre au ZARE, territoire de Sussano dans la province de la Pouille, à un Chevalier de Calabre qui étoit present. Le même roi pourvût de la grande-maîtrise après la mort de Jean de Conti, Jean de Levi qui assembla aussi le chapitre general à Boigni I'an 1558. où il se trouva un grand nombre de Chevaliers de toutes les parties de l'Europe. Michel de Seurre fut encore fait grand-maître par le roi François II. & François Salviati par Charles IX. S'il est vrai ce que dit le P. Toussaint de saint Luc, dans fon abregé historique de l'institution de l'Ordre de faint Lazare, que le grand maître Salviati fit Chevalier de cet Ordre Jeannot de Castillon, & Octave Fregose; à la recommandation du pape Pie IV. & de la reine de France Cathe. rine de Medicis, ce pontife auroit reconnu le grand-mattre de l'Ordre de saint Lazare en France; quoique cet Ordre eût été supprimé par Innocent VIII. Mais ce que le Pere Toussaint ajoûte ensuite, me rend cette reception à l'Ordre de Jeannot de Castillon, à la recommandation du pape Pie IV. fort suspecte; car il dit encore que le grand-maître Salviati donna à ce Jeannot de Castillon l'administration du grand hôpital de faint Lazare de Capoue, l'établissant fon vicaire general & grand - maître de l'Ordre en Italie. Le titre de grand - maître donné par un grand-maître à fon vicaire general, commissaire ou delegué, n'a jamais été en pratique dans aucun Ordre. Les grands-maîtres ou generaux qui font chefs d'Ordre, peuvent bien donner à leurs vicaires ou commissaires leur autorité & leur pouvoir; mais ils ne leur donnent jamais les titres qui ne conviennent qu'à leurs propres personnes comme chefs. L'intention du Pere Toussaint a été d'infinuer par ce moïen, que Jeannot de Caftillon, nommé grand-maître de l'Ordre de faint Lazare dans la bulle de Pie IV. de l'an 1565. dont nous avons parlé, n'étoit que le vicaire general du grand-maître de cet Ordre en France; mais s'il n'avoit été que vicaire general du grand-maître de France, comment ce pontife dans cette bulle fi ample & fi étendue, auroit-il pû oublier le grand DE S. LA maître de France dont il ne fait aucune mention, voulant au CHEVAcontraire qu'après la mort du grand-maître Jeannot de Caf-LIERS DE tillon & de ses successeurs, ou fur leur demission volontai- L'ORDRE re, les Chevaliers procedassent à l'élection d'un autre grand-ZARE. maître en tel lieu que bon leur sembleroit. Jeannot de Caftillon ne se pretendoit pas seulement grand-maître de l'Ordre de saint Lazare en Italie, mais il se disoit grand-maître de cet Ordre par tout le monde. C'est ce qu'on lit à la fin des privileges de cet Ordre qui furent imprimés à Rome l'an 1566. chez Antoine Blade, imprimeur de la chambre apoftolique, où il y a: Aufpiciis Illustrissimi & Reverendiffimi Jeannotti Castillionci Mediolanenfis, Religionis & Militie fanéti Lazari Hierofolymitani per totum Orbem Generalis Magiftri,Vincentius Merenda in lucem edidit. Ainsi il est plus vrai de dire que ce Jeannot de Castillon qui étoit commandeur de l'hôpital de Capoue, avoit usurpé le titre de grandmaître, qui n'appartenoit qu'au commandeur de la maison de Boigni en France, dont François Salviati étoit pour lors pourvû, cette commanderie étant annexée à la dignité de Sand-maître. Ord. S.La. zari, pag.. Mais il n'étoit pas le premier qui avoit usurpé ce titre. II y avoit eu avant lui Mutio de Azzia, qui se disoit aussi grandmaître general de l'hôpital de saint Lazare de Jerufalem, comme il paroît par une autre bulle du même Pie IV. de l'an 1561. où ce pontife lui donne ce titre : Dilefto Filio Mu- Privileg. tio de Azzia Magiftro Generali Hofpitalis fancti Lazari Hierofolymitani Ordinis fancti Auguftini. L'on trouve encore en 28. 1539. un Pyrrhus-Louis Caraffa, qui prenoit le titre de maître ou commandeur general de saint Lazare de Jerufalem, dans l'une & l'autre Sicile deçà & delà le Phar, ce qui fait voir que ceux-là se sont trompés, qui ont écrit que Pie IV. avoit rétabli l'Ordre de saint Lazare, qui avoit été fupprimé par Innocent VIII. & qu'il en avoit accordé la grandemaîtrise à Jeannot de Castillon par sa bulle de l'an 1565. puifqu'outre les grands-maîtres Caraffa & d'Azzia qui avoient precedé de Caftillon, celui-ci étoit déja grand - maître lorsque Pie IV. lui accorda cette bulle fi ample & fi favorable à cet Ordre l'an 1565. pour s'en convaincre il n'y a qu'à lire cette bulle, où parlant de Jeannot de Caftillon, il dit: Nos igitur volentes dileftum Filium Jeannottum Caftillioncum mo ZARE CHEVA-dernum hofpitalis & militiæ prædictum magnum magistrum; LIERS DE ejusque successores magnos ipfius hospitalis magiftros pro temL'ORDRE pore existentes, ac hofpitale & militiam hujufmodi corumque conventum etiam amplioribus quam quispiam noftrorum prædecefforum prædictorum eos profequuti fuerint, favoribus & gratiis profequi. Cet hôpital & couvent dont parle ce pape, étoit l'hôpital & couvent de faint Lazare de Jerufalem qui étoit chef de l'Ordre avant que les chevaliers eussent été obli gés d'abandonner la Terre-Sainte, & ce n'est point ce pape qui transfera ce chef d'Ordre à l'hôpital de Capoue comme ont écrit plusieurs auteurs. Voici comme ce pontife s'en explique dans la même bulle: Motu proprio non ad Jeannotti aut priorum, præceptorum, militum, fratrum vel perfonarum feu aliorum, pro eis nobis fuper hoc oblatæ petitio. nis inftantiam, fed mera liberalitate, & ex certa fcientia nostra, ac de Apoftolica potestatis plenitudine, institutionem & ereftionem hofpitalis & militiæ hujufmodi, ejusque translationem olim ad præceptoriam, vel domum Capuanam predictam fartam ..... approbamus, confirmamus. C'étoit le pape Leon X. qui avoit reconnu l'hôpital de Ca poue pour chef de l'Ordre; puisqu'à la priere de l'empereur Charles V. il avoit rendu à l'Ordre de saint Lazare les hôpitaux desaint Jean de Palerme & de sainte Agathe de Messine, & les avoit foumis, comme au chef, au commandeur de l'hôpital de Capoue, à qui il donne le titre de grand-maître, comme il est encore marqué dans la bulle de Pie IV. II paroît donc par cette bulle, que ce fut Leon X. qui retablit I'Ordre de faint Lazare, & que Pie IV. le remit dans tous ses droits, & lui accorda de nouveaux privileges. Pie V. par une autre bulle de l'an 1567. revoqua quelquesuns des privileges que son predeceffeur avoit accordés, & en modera quelques autres. Mais après la mort de Jeannot de Castillon qui arriva à Verceil l'an 1972. Gregoire XIII. unit l'Ordre de saint Lazare à celui de faint Maurice & en accorda la grande-maîtrise à Emmanuel Philibert duc de Savoye, fous pretexte que cette grande maîtrise étoit vacante: ac preterea cernentes militiam hofpitalis S. Lazari Hierofolymitani fub regula sancti Auguftini jampridem magistri regimine deftitutam. C'est ainsi que le pape parle dans la bulle d'union de ces deux Ordres. Cependant François Salviati étoit grand-maître en France de l'Ordre de faint Lazare; ainsi l'on peut dire que le CHEVA pape ne fit cette union que sur un faux exposé : en effet le LIERS DE grand-maître Salviati fit des protestations & des oppositions L'ORDRE a la qualité que le duc de Savoye prenoit de grand-maître de DE S. LAl'Ordre de saint Lazare, & aux bulles du pape Gregoire XIII. ZARE. il fit assembler un chapitre general à Boigni l'an 1578. & les chevaliers de France se maintinrent toujours dans la poffeffion des commanderies qu'ils avoient en ce royaume. Après la mort de ce grand-maître le roi Henri III. donna la grande. maîtrise à Aimar de Chattes. Jean de Gayan lui fucceda, & fur la démission volontaire qu'il donna de cette charge à Henri IV. l'an 1604. ce prince en pourvût Philbert de Nerestang qui fut aussi premier grand-maître de l'Ordre de Notre-Dame de Mont-Carmel, auquel l'Ordre de S. Lazare fut aussi uni en France, comme nous dirons dans la suite de cette histoire. Cette succession de grands-maîtres de l'Ordre de S. Lazare en France depuis que le pape Innocent VIII. fupprimacet Ordre en Italie l'an 1490. fait voir que c'est à tort que le pere Bonanni de la compagnie de Jesus dans son catalogue des Ordres Militaires qu'il donna au public l'an 1712. dit, qu'après la suppression de cet Ordre, sa memoire fut obfcurcie peu à peu en France fic paulatim ejus fodalitii memoria tum apud Gallos, tum apud Italos est obfcurata; puisqu'il a toujours subsisté en France, où il n'a rien diminué de fon ancienne splendeur, qui bien loin de s'obfcurcir a même augmenté. Ces chevaliers faisoient autrefois des vœux folemnels. Il y avoit même des Religieuses de cet Ordre, &il en resteencore un Monastere en Suifle. Le P. Bonanni a donné l'habillement d'un de ces chevaliers, tel que nous l'avons fait graver; mais cet habillement est supposé, & n'a été deffiné apparemment que sur une simple idée. Les chevaliers de S.Lazare n'ont commencé à porter la croix à huit pointes qu'à la fin du quinziéme fiecle ou au commencement du seiziéme, & cette croix a toujours été verte, à la difference de celle des chevaliers de S. Jean de Jerufalem quiest blanche. Le plus ancien monument qui puisse faire connoître quel étoit le veritable habillement de ces anciens chevaliers, se trouve dans la commanderie de Gratemont, où au pied d'une image de faint Antoine en relief, posée sur une espece de colomne, l'on voit cinq chevaliers de faint Lazare à genoux, armés de cuirasse, & un chapelain du CHEVA-même Ordre, aïant tous un manteau long, sur lequel il y a une LIERS DE Croix simple, feulement un peu patée aux extremités. Celle L'ORDRE • qu'ils ont sur la poitrine eft neanmoins differente en ce qu'elle DE S. LA- est un peu plus longue par le pied qui se termine en pointe. L'on ZARE. y lit que ce fut Pierre Potier commandeur de cet Ordre qui fit faire cette image, & comme elle a quelque chose de singulier, c'est peut-être ce qui a obligé des curieux de la faire graver ; car S. Antoine ex au milieu des flammes, aïant à ses pieds plusieurs pourceaux dans le même feu, qui font des sauts en l'air; & ce Saint n'a point un tau sur son habit comme les peintres le reprefentent ordinairement, mais au lieu du tau on lui a mis une couronne. J'ai vû deux differentes eftampes de cette image, & une autre où est gravé le tombeau de ce F. Pierre Potier avec son épitaphe qui fait voir que cette image a pû être faite vers le milieu du quinziéme fiecle; puisque ce commandeur mourut l'an 1450. voici cette épitaphe: Ci-devant ce grand autel git noble hon me & religieuse personne F. Pierre Potier dit Conflans,frere prètre en l'Ordre & chevalerie faint Ladre de Jerufalem,commandeur de ceans & de la Lande Daron, en fon vivant vicquaire general de noble & puissant Seigneur F. G. Desmares chevalier grand-maitre general de toute la susdite Ordre & chevalerie deça & de là la mer, commandeur de la maison conventuelle de Boigni près Orleans, qui trepassa l'an mil quatre cent L. Il y a bien de l'apparence que ce ne fut qu'à la fin de ce fiecle ou au commencement du seiziéme fiécle, après que Leon X. eût rétabli l'Ordre de saint Lazare en Italie, que les Chevaliers de cet Ordre prirent la croix à huit pointes comme la portoient les Chevaliers de Malte; car dans les privileges de l'Ordre de faint Lazare imprimés à Rome, comme nous avons dit, en 1566 il y a une vignette, où l'on voit plusieurs Chevaliers aïant tous. la barbe longue & recevant la croix del'Ordre avec une épée des mains d'un pape, (peut-être a-t-on voulu representer Leon X. qui rétablit cet Ordre,) & ces Chevaliers ont une robe noire à grandes manches avec la croix à huit pointes fur la poitrine. Il y a aussi à la bibliotheque du roi une estampe de l'an 1525. qui represente les differens Ordres qui suivent la regle de faint Augustin, où l'on trouve un Chevalier de faint Lazare avec une pareillerobe; c'est pourquoi nous avons fait graver cet habillement & celui que portoient les mêmes Chevaliers A |