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DE S. LA

Ifers de S. Lazare: que ce qui y donna lieu, fut que certains CHEVAmarchands d'Amalphi au royaume de Naples qui trafi-LIERS DE quoient dans la Syrie, ayant obtenu d'un caliphe d'Egypte la L'ORDRE permiffion de bâtir un Monaftere proche le faint Sepulcre, ZARE. ils y ajoûterent un hôpital avec un oratoire dedié en l'honneur de faint Jean l'aumônier, pour y recevoir les pelerins & les pauvres malades, & qu'alors il s'y fit une Communauté, qui, outre ceux qui s'employoient auparavant à traiter les malades & les lepreux, comprenoit aufli ceux qui étoient destinés particulierement au fervice des pelerins, & que les uns & les autres s'appelloient indifferemment hofpitaliers. Il ajoute qu'ils vécurent long-tems dans cet exercice de charité fous un fuperieur que l'on appelloit maître de l'hôpital, jusqu'à ce qu'après la conquête de la Palestine par les princes Croifés, ils prirent les armes,non feulement pour la defenfe des pauvres pelerins; mais auffi pour fervir les rois de Jerufalem, aufquels ils furent d'un grand fecours dans toutes les guerres. Pour lors, dit-il, ils partagerent leur Communauté en trois états differens, dont le premier fut celui des chevaliers qui alloient à la guerre, le fecond des freres fervans qui avoient foin des malades & des pelerins, & le troifiéme étoit celui des ecclefiaftiques & des chapelains qui leur adminiftroient les Sacremens, & cette compagnie fut érigée en Ordre militaire, que le pape Pafchal II. confirma.

Il parle enfuite de l'inftitution des autres Ordres militaires du faint Sepulcre, des Templiers & de Notre-Dame des Allemands où Teutonique, & revenant à celui de S. Lazare, il dit: Mais pendant que ces Ordres militaires commençoient ainfi prefqu'en même tems à s'établir peu à peu dans Jeru- » falem, celui des hofpitaliers anciens & modernes que l'on « peut dire avoir été le modelle des autres, faifoit de grands « progrès dar la Palestine, & s'attiroit beaucoup de confide- « ration par le frands fervices qu'il rendoit en paix & en guer-«< re. C'eft pourquoi le nombre des pelerins, auffi-bien que ce- «< lui des foldats & des gentilshommes qui entrerent dans cet «< Ordre,croiffant tous les jours,le B.Gerard Tung Provençal de l'ifle de Martigues, qui étoit maître des hofpitaliers « lorfque Jerufalem fut prife fur les Sarafins, bâtit environ « Pan 1112. un troifiéme hofpital fous le nom de S. Jean-BapLifte, & y logea fes nouveaux chevaliers, qui commencerent «

ZARE.

"

CHEVA-❞ peu de tems après à former le deffein de fuivre une conduite LIERS DE, & une forme de vie,plus fevere encore & plus parfaite; que L'ORDRE "" celle de leurs anciens confreres. En effet, comme après la DE S. LA» mort de Gerard on élut,à la pluralité des voix,frere Boyant Roger, pour grand-maître des hôpitaliers, les nouveaux » chevaliers de ce troifiéme hôpital de S. Jean-Baptifte, per» fiftant dans leur premiere refolution de mener une vie plus » parfaite,& d'ajouter comme les chevaliers du temple à leurs » autres vœux,celui de chafteté,fe fe parerent des anciens hof»pitaliers, & choifirent pour leur chef,frere Raymond du Pui gentilhomme de Dauphiné..... Quant aux anciens cheva»liers qui furent ainfi feparés des nouveaux, avec lefquels ils » ne faifoient auparavant qu'un feul Ordre, fous un même grand-maître, ils retinrent leur ancien nom de faint La

دو

>> Zare.

Il paroît par ce difcours de M. Maimbourg que l'hôpital de faint Jean-Baptifte étoit different de celui de faint Jean l'Aumônier, qui avoit été bâti proche le Monaftere que ces marchands d'Amalphi avoient fait conftruire aux environs du faint Sepulcre, & que l'on nommoit de fainte Marie de la Latine. Cependant Guillaume de Tyr, auquelon doit ajou. ter foi, témoigne que de fon tems, & lorfqu'il écrivoit fon hiftoire en 1183. ce Monaftere s'appelloit encore de la Latine: &quoniam viri Latini erant, qui locum fundaverant, & qui religionem confervabant, idcirco ab ea die ufque in præfens, locus ille Monafterium de Latina dicitur. Il ne diftingue point Guillelm. l'hôpital de faint Jean l'Aumonier d'avec celui de S. JeanTyr. lib. Baptifte, , que M. Maimbourg dit que le B. Gerard fit bâtir, il ne parle que d'un feul, dont l'églife avoit été dediée à faint Jean l'Aumônier: Erexerunt etiam in eodem loco altare in honore B. Joannis Eleymos. C'est dans cet hôpital qu'il dit que le B. Gerard mourut après y avoir fervi esauvres pendant un tems confiderable fous les ordres de abbé & des religieux du Monaftere de la Latine, & que Raymond lui fucceda: Et in Xenodochio fimiliter repertus eft quidam Gerardus, vir probata converfationis, qui pauperibus in eodem loco tempore hoftilitatis de mandato Abbatis & Monachorum, multò tempore devote ferviebat: cui poftea fucceffit Raymundus ifte de quo nobis fermo in præfenti. Il fe plaint enfuite que ce Raymond & fes hofpitaliers qui n'avoient eu que de foibles com

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mencemens,fe voyant extremêment riches,s'étoient d'abord CHEVA fouftraits de la jurifdiction de l'abbé du Monaftere de la La-LIERS tine, & avoient obtenu des bulles du pape, qui les exentoit L'ORDRE auffi de celle du patriarche de Jerufalem: Sic ergo de tam mo- ZAR.. dico incrementum habentes, præditæ domus fratres,prius à jurif dictione fe fubftraxerunt Abbatis :de indè multiplicatis in immenfum divitiis,per Ecclefiam Romanam à manu & poteftate Domini patriarchæ funt emancipati. Ce n'eft uniquement que des chevaliers de faint Jean de Jerufalem dont cet auteur parle, d'où l'on doit conclure que c'eft fans aucun fondement que M. Maimbourg qui cite même Guillaume de Tyr, a avancé que les chevaliers de faint Jean de Jerufalem & ceux de faint Lazare, avoient été unis, & n'avoient fait pendant un tems qu'un même Ordre.

Il eft vrai que le grand-maître Raymond du Pui, de l'Ordre de faint Jean de Jerufalem, changea le titre de fon hôpital qui avoit été dedié à faint Jean l'Aumônier en celui de faint Jean-Baptifte, qu'il prit pour protecteur de fon Ordre, ayant voulu imiter la penitence de ce precurseur du Sauveur du monde, & l'ayant propofé pour modelle à ces chevaliers. C'est peut-être ce qui a donné lieu à M. Maimbourg, de croire qu'il avoit bâti à Jerufalem un troifiéme hôpital fous ce nom, comptant apparemment pour le premier de ceux qui étoient en cette ville, celui de faint Jean l'Aumônier proche le Monaftere de fainte Marie de la Latine, & pour le fecond celui que les Allemands avoient fait bâtir fous le titre de Notre-Dame des Allemands ou des Teu

tons.

Quant à ce frere Boyant Roger, que le même auteur dit, qu'on élut à la pluralité des voix pour grand-maître des hofpitaliers après la mort du B. Gerard, je ne fçai fi les chevaliers de faint Lazare le mettent au nombre de leurs grandsmaîtres; mais quoique Bofio dans fon hiftoire de l'Ordre des chevaliers de faint Jean de Jerufalem, ait dit que ce frere Boyant Roger fut élu pour grand maître de cet Ordre après la mort du B. Gerard, il ne fe trouve pas neanmoins au nombre des grands-maîtres, dont le commandeur Naberat Maruli. nous a donné un abregé des vies dans les privileges de cet vit. Ordre qu'il a recueillis. Le commandeur Maruli dans les Grand. vies des mêmes grands-Maîtres, mais plus amples que celles malin

Geronim,

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Maëft. Xi

LIERS

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ZARL.

CHEVA-que Naberat avoit données, n'y met point auffi ce Boyant DE Roger. Il avoue bien qu'il en eft fait mention dans une donaL'ORDRE tion de l'an 1120. que fità l'Ordre de faint Jean de Jerusalem Otton comte d'Abruzze, où il declare avoir fait ce Roger gouverneur de l'hôpital de faint Jean de Jerufalem; mais le commandeur Maruli pretend que l'on ne doit pas conclurre de là, que ce Roger ait été recteur ou prefet de l'hôpital, qui font des titres qui ne conviennent qu'à un fuperieur & non pas celui de gouverneur, & qu'il fe peut faire qu'il ait été établi gouverneur de l'hôpital en l'absence de Raymond du Pui qui fucceda à Gerard: d'autant plus qu'il n'y a aucun titre dans la chancellerie de l'Ordre où il foit parlé de ce Roger en qualité de fuperieur ou de maître.

que

D'ailleurs s'il étoit vrai que les chevaliers de faint Jean de Jerufalem & de faint Lazare, ne fe fuflent feparés qu'après l'élection de ce frere Boyant Roger, il s'enfuivroit cette feparation n'auroit été faite qu'après l'an 1120. puifqu'il eft fait mention de ce Roger en qualité de gouverneur de l'hôpital de faint Jean de Jerufalem dans la donation du comte d'Abruzze dont nous avons parlé, ce qui eft contraire aux pretentions de M. de Guenegaud ci-devant chancelier de l'Ordre de faint Lazare, qui dans un de fes factums con. tre Monfieur le Marquis de Dangeau grand-maître de cet Ordre, s'eft déja declaré en faveur de l'union des deux Ordres de faint Jean & de faint Lazare de Jerufalem, & dit qu'ils furent feparés dans le onzième fiecle. Peut-être que Monfieur de Guenegaud dans l'hiftoire de fon Ordre qu'il promet de donner au public, & qui n'a rien épargné pour recouvrer les titres de cet Ordre, apportera des témoignages plus convaincans que ceux que M. Maimbourg a donnés, pour prouver l'union de ces deux Ordres de faint Jean & de S. Lazare de Jerufalem.

En attendant les éclairciffemens que nous donnera cette hiftoire de Monfieur de Guenegaud, ce que l'on peut dire de plus certain touchant les chevaliers de faint Lazare, c'est qu'ils ont commencé d'abord par exercer la charité envers les pauvres lepreux dans des hôpitaux deftinez pour les recevoir, qu'ils prenoient le nom d'hofpitaliers, & que dans la fuite, à l'exemple des autres hofpitaliers, il y en eut une partie qui prit les armes pour le fervice des princes Chrétiens

qui conquirent la Terre-Sainte, fans abandonner pour cela CHEVA l'hofpitalité, ce qui ne peut être arrivé que dans le douzié-LIERS DE me fiecle.

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L'ORDRE

ZARE.

Ils recevoient même dans leur Ordre des lepreux, appa. DE S. LAremment pour avoir foin des autres lepreux, qui fe retiroient volontairement dans leurs hôpitaux, ou que l'on obligeoit par force d'y entrer; & ce qui eft remarquable, c'eft qu'ils ne pouvoient élire pour grand-maître qu'un chevalier lepreux de l'hôpital de Jerufalem, ce qui a duré jusque sous le pontificat d'Innocent IV. c'est-à-dire vers l'an 1253. qu'ayant été obligés d'abandonner la Syrie, ils s'adrefferent à ce pontife, & lui remontrerent qu'ayant toujours élu pour leur grand maître depuis leur inftitution un chevalier le. preux, ils fe trouvoient dans l'impoffibilité d'en élire un, parce que les infidelles avoient tué tous les chevaliers lepreux de leur hôpital de Jerufalem. C'eft pourquoi ils prierent ce pontife de leur permettre d'élire à l'avenir pour grand-maître un chevalier qui ne fût pas attaqué du mal de lepre, & qui fût en bonne fanté, & le pape les renvoya à l'évêque de Frefcati,pour qu'il leur accordât cette permiffion après avoir examiné fi cela fe pouvoit faire felon Dieu. C'eft ce qui eft rapporté par le pape Pie IV. dans fa bulle de l'an 1565. si étendue & fi favorable à l'Ordre de faint Lazare, par laquelle il renouvelle tous les privileges & toutes les graces que fes predeceffeurs lui ont accordées, & lui en donne de nouvelles. Voici comme il parle de l'élection que les chevaliers de cet Ordre devoient faire d'un grand maître lepreux : Et Inno- Bull. Rom. centius IV. per eam accepto,quod licet de antiqua, approbata, & Tom. eatenus pacifice obfervata Confuetudine obtentum effet, ut miles PIV 9.41. leprofus domus fanéti Lazari Hyerofolimitani in ejus Magiftrum affumeretur: Verum quia fere omnes Milites leprofi dictæ domus ab inimicis fidei miferabiliter interfecti fuerant, & hujufmodi confuetudo nequibat commode obfervari : Idcirco tunc epifcopo Tufculano per quafdam commiferat, ut fi fibi fecundum Deum vifum foret expedire, Fratribus ipfis licentiam, aliquem Militem fanum,& Fratribus prædi&tæ domus fanéti Lazari in ejus Magiftrum (nonobftante confuetudine hujufmodi) de cætero eligendi authoritate Apoftolica concederet.

Les chevaliers qui n'étoient point lepreux, & qui étoient en état de porter les armes, rendirent de fignalés fervices aux

2.

Conft. 95.

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