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T.1. P.235.

Religieuse de l'Ordre de S. Basile

47.

en Orient:

P. Gyfart.

rieure parmi elles , non plus que les autres qui se trouvent Recrdans l'Orient, où elles vivent la plûpart selon que la naturegieuseSDE leur inspire , n'aïant aucune observance & ne recitant aucun S. BASILE. Office. On les entend souvent marmoter quelques Kyrie elei. fon, & c'est tout ce qu'elles sçavent :on voit peu de filles & de femmes riches se faire Religieuses, &ce sont presque tou. tes miserables que la necessité y contraint, & à qui l'âge a fait perdre l'esperance du mariage.

Les Monasteres qui sont situés en Europe , sont neanmoins plus reguliers, & l'observance y est mieux en pratique que dans les Monasteres d’Asie; & s'il en faut croire Leon Alla. tius , les Religieuses de l'Ile de Chio sa patrie, où elles ont plusieurs Monasteres, vivent avec beaucoup de regularité ; elles ont les mêmes prieres & les mêmes jeûnes que les Moines, & ont des Superieures sous le titre d'Abbesses qu'elles élisent. Elles possedent toutes des logemens particuliers qu'elles achecent, où les plus riches & qui sont de qualité ont des Servantes, & y élevent des Pensionnaires qui sont leurs parentes. Elles font de beaux ouvrages en broderie, soit bourses, pour mettre de l'argent, ou fachers pour des senteurs, en quoi elles sont si adroites que leurs ouvrages sont fort recher. chés par les Turcs, qui en abordant à cette Isle, vont d'abord aux Monasteres pour en acheter de ces Religieuses. M. The. venot dans son voïage de Levant, confirme cela en partie ; mais il dit qu'elles sont peu resserrées, qu'elles ne sont pas austeres , & qu'elles peuvent quitter le Couvent quand bon leur semble.

L'habillement de ces Religieuses Grecques d'Orient, qu'on appelle aussi Caloyeres, est semblable à celui des Moines, excepté qu'elles portent un grand manteau dont elles sont couvertes depuis la tête jusqu'aux pieds, elles ne se fervent point de Voiles , de Bandeau , ni de Guimpe comme les Religieuses d'Occident. Les ceremonies qui se pratiquent à leur prise d'habit font les mêmes qui s'observent à l'égard des Moines. La Novice vient dans l'Eglise jusqu'à la porte du Cæur, où elle demeure pendant l'Office. Elle va ensuite jufqu'à l'Autel la têre & les pieds nuds , & les cheveux épars accompagnée d'une Religieuse qui lui sert de Mareine, & qui a soin de décourner ses cheveux qui lui tombent sur le visage lorsqu'elle est obligée de s'incliner. Etant arrivée à l'Autele

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elle se prosterne aux pieds de l'Evêque, qui , après lui avoir tieuses de fait quelques interrogations & avoir recité quelques prieres, S. BASILE. lui coupe les cheveux que la Mareine a loin de recueillir,

ou pour les brûler, ou pour les lui donner ; afin qu'elle en fasse une ceinture qu'elle doit porter les jours solemnels& de Communion & avec laquelle on la doit enterrer. On la revet ensuite des habits de la Religion, le dernier desquels est le manteau dont elle se couvre la rêre, & qui traîne jusques à terre. On lui met le livre des Evangiles sur la poitrine, que toutes les Religieuses qui ont unCierge à la main vont bailer. Elle les embrafle, & après toutes ces ceremonies elle demeure sept jours de suite dans l'Eglise en prieres, sans ôcer aucun des habits qu'elle a reçus.

Il y a de l'apparence que les Religieuses de cer Ordre en Moscovie, n'observent pas toutes ces ceremonies lorsqu'elles reçoivent l'habit de Religion ; car on n’examine pas si celles qu'on renferme dans les Monasteres ont une bonne vocation. Comme le divorce y est permis, si un homme s'ennuïe de la femme, ou qu'il la soupçonne de ne lui être pas fidelle , il la peut faire raler , & la renfermer dans un Cloître , & souvent par aversion , ou par jalousie, il fuborne des témoins, qui vont avec lui devant le Juge & deposent contre la femme; lurquoi elle est condamnée sans être entendue , & on lui envoie quelques Religieuses chez elle qui la rafent ,l'habillent en Religieuse , & l'emmenent malgré elle au Monastere dont elle ne peut plus fortir de puis que le rasoir a passé fur sa tête. La sterilicé est aussi une cause suffisante de divorce ; car celui qui n'a point d'enfans de la femme la peut enfermer dans un Couvent & se remarier au bout de six semaines. Les Grands Ducs de Moscovie se servent aussi de ce privilege lorsqu'ils n'ont que des filles. Le Czar Jean Basili, après vingt-un ans de mariage, n’aiane point eu d'enfans de la Princesse Salomée sa femme , la fit enfermer dans un Monastere à Susdal , & épousa Helene , fille de Michel Linski Polonois l'an 1526. Le Baron d'Herberstain, qui étoit pour lors en Moscovie, dit dans l'Histoire qu'il a donnée de ce païs, que lorsque le Patriarche eut rase la tête de la Princesse Salomée , & qu'il lui presenta l'habit Monachal, elle fit beaucoup de resistance, en ne voulant point qu'on le lui mît, & même le foula aux pieds; ce que voïänt un des Seigneurs de la Cour qui étoit present,

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fig.

Religieuse de l'Ordre de S' Basile

en Occident, sans Coule.

48.

P Giffa-4.4

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