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environ l'an 741. perfecuta les Moines de faint Bafile quien RELI prenoient la defense, qu'il en chassa une partie hors de l'Em-GIEUSESDE pire, comme nous avons dit autre part, qu'il en fit mourir S. BASILE. quelques-uns, & qu'il leur ôta leurs Monafteres; les Religieuses se trouverent enveloppées dans le même malheur: c'est pourquoi le nombre des Monafteres fut notablement diminué, & dans la suite la plupart ont embrasse le Schifme & l'Heresie à l'imitation des Moines.

L'on peut juger des Obfervances Regulieres des anciennes Religieuses Grecques, par les Constitutions qui nous restent du Monastere quel Imperatrice Irene Ducas, femme de l'Empereur Alexis Comnene, fit bâtir à Constantinople l'an 1118. en l'honneur de la fainte Vierge sous le nom de Pleine-deGrace, auquel elle donna ces Constitutions suivant l'usage des Grecs qui accordoit ce pouvoir aux Fondateurs. Il devoit Analect. y avoir ving: quatre Religieuses dans ce Monastere, & ce Grac. Tomen Monaftere pouvoit être augmenté jusqu'à quarante, si les revenus augmentoient. Il étoit exemt de la Jurifdiction de l'Empereur, du Patriarche & de toute puissance Ecclefiaftique & Seculiere. Il avoit une Protectrice qui étoit l'Impe. ratrice Irene, & après sa mort, ce devoit être une Princeffe de fa famille, suivant l'ordre de substitution qu'elle avoit marqué.

Les Religieuses y devoient être reçues sans dot, mais l'on pouvoit recevoir ce qui étoit offert gratuitement. Elles pouvoient élire leur abbesse & la depofer en cas de malverfation. Les immeubles du Monaftere ne pouvoient pas être vendus & alienés, mais bien les meubles en cas de necessité. Il y avoit un Oeconome pour les affaires temporelles. Elles avoient un PereSpirituel à qui elles rendoient compte de leurs pensées, & deux Prêtres que l'on prenoit entre les Moines pour leur administrer les Sacremens, & tous les quatre devoient être Eunuques. Les Religieuses n'avoient point de chambres particulieres, elles couchoient dans un même Dortoir, elles travailloient en commun & pendant le travail une d'entr'elles faifoit la lecture. La pauvreté leur étoit recom. mandée, elles ne possedoient rien en propre & prenoient leurs repas en commun. L'abstinence étoit quelquefois diminuée aux jours de jeûne, quand il se rencontroit quelques Fêtes : ces jours-là l'huile, le vin, ou le poisson leur étoient per.

Tome I.

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RELI- mis, & l'usage en étoit defendu aux autres jours de jeûne. SIEUSES DE Elles sortoient du Monastere pour aller voir leurs parens maS. BASILE. lades. Les femmes pouvoient entrer chez elles; mais pour les

hommes, elles recevoient leur's visites à la porte & devoient être accompagnées de quelques anciennes. Tous les mois elles pouvoient prendre le bain, & les malades toutes les fois quele medecin l'ordonnoit. Ce medecin devoit être Eunuque ou vieux. Comme le Monastere avoit peu d'étendue, leur sepulture étoit dans un autre nommé Cellarée, que l'Imperatrice avoit obtenu du Patriarche, & dans lequel elle mit quatre Religieuses du Monastere de la sainte ViergePleine-deGrace avec un Prêtre seculier pour y faire l'Office; on y transportoit la défunte, & il y avoit au Convoi lenombre de Religieuses reglé par l'abbesse.

Ces Monafteres & les autres qui étoient dans Constantinople ont été ruinés par les Turcs. Il en est neanmoins resté quelques-uns dans les autres lieux que possedent ces Infideles, mais les Monasteres de ces Religieuses ne font pas en si grand nombre que ceux des hommes; il s'en trouve neanmoins quelques-uns qui font assez confiderables.

L'on en voit un au grand Caire où il y a ordinairement cent Religieuses qui n'y peuvent être reçues que dans unâge fort avancé. A Jerufalem il y a aussi un Monaftere de Religieuses Grecques qui sont sous la protection du Patriarche, & vivent comme les Religieux des aumônes que leur font les Pelerins. Ce font toutes vieilles femmes, qui, malgré leur clôture, ne laissent pas de fortir de leur Monaftere toutes les fois que les Grecs ou les Latins font quelques folemnités particulieres dedans ou dehors Jerufalem. Il y a plusieurs Monafteres de ces Religieuses dans la ville d'Athenes, elles fubsistent en partie des Fondations faites par les Chrétiens, & en partie des secours de quelques ouvrages qu'elles font à l'aiguille : à ce defaut les charités de la ville ne leur manqueroient pas, personne n'y demandant l'aumône, & on a soin d'y faire fubfifter lesindigens chacun chezsoi; ce qui fait qu'il n'y a point d'Hôpitaux dans Athenes. Le principal Monastere de ces Religieuses eft bien bâti, elles y gardent la clôture, & leur Eglise est un des plus beaux bâtimens dela ville. L'Archevêque, dont la maison est vis-à-vis de ce Monaftere, est le Superieur de ces filles qui n'ont point de Supe

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Religieuse de l'Ordre de S. Basile

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en Orient.

P. Ciffart o

rieure parmi elles, non plus que les autres qui se trouvent RELY dans l'Orient, où elles vivent la plupart selon que la nature GIEUSESDE leur inspire, n'aïant aucune observance & ne recitant aucun S. BASILE Office. On les entend souvent marmoter quelques Kyrie eleifon, & c'est tout ce qu'elles sçavent : on voit peu de filles & de femmes riches se faire Religieuses, & ce sont presque toutes miferables que la necessité y contraint, & à qui l'âge a fait perdre l'esperance du mariage.

Les Monafteres qui sont situés en Europe, font neanmoins plus reguliers, & l'observance y est mieux en pratique que dans les Monafteres d'Afie; & s'il en faut croire Leon Alla. tius, les Religieuses de l'Ifle de Chio sa patrie, où elles ont plusieurs Monasteres, vivent avec beaucoup de regularité elles ont les mêmes prieres & les mêmes jeûnes que les Moines, & ont des Superieures sous le titre d'Abbesses qu'elles élisent. Elles possedent toutes des logemens particuliers qu'elles achetent, où les plus riches & qui sont de qualité ont des Servantes, & y élevent des Pensionnaires qui font leurs parentes. Elles font de beaux ouvrages en broderie, foit bourses, pour mettre de l'argent, ou fachers pour des senteurs, en quoi elles sont si adroites que leurs ouvrages font fort recher chés par les Turcs, qui en abordant à cette Isle, vont d'abord aux Monasteres pour en acheter de ces Religieuses. M. Thevenot dans son voïage de Levant, confirme cela en partie; maisil dit qu'elles font peu resserrées, qu'elles ne sont pas aufteres, & qu'elles peuvent quitter le Couvent quand bon leur femble.

L'habillement de ces Religieuses Grecques d'Orient, qu'on appelle aussi Caloyeres, est semblable à celui des Moines, excepté qu'elles portent un grand manteau dont elles font couvertes depuis la tête jusqu'aux pieds, elles ne se fervent point de Voiles, de Bandeau, ni de Guimpe comme les Religieuses d'Occident. Les ceremonies qui se pratiquent à leur prise d'habit sont les mêmes qui s'observent à l'égard des Moines. La Novicevient dans l'Eglise jusqu'à la porte du Cœur, où elle demeure pendant l'Office. Elle va ensuite jusqu'à l'Autel latêre & les pieds nuds, & les cheveux épars, accompagnée d'une Religieuse qui lui fert de Mareine, & qui a foin de détourner ses cheveux qui lui tombent sur le visage lorsqu'elle est obligée de s'incliner. Etant arrivée à l'Autel

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