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MOINES qu'ils furent fondés l'an 1390. & que dans sa jeunesse il n'y Escla- avoit plus qu'un prêtre qui celebroit dans ce Monastere la

VONS.

messe en langue elclavonne: Anno Domini 1390. Feria quinta post Festum fancti facobi Apoftoli, Rex Uvladislaus cum fua Conforte Heduvigi Monafterium Slavorum Ord. S. Benedicti ex Praga fumptorum tituli S. Crucis extra muros Cracovienfes in oppido Cleparz fundaverunt.... Ut voce fonoratam Horas Canonicas quam Missas in idiomate Slavonico celebrarent & explerent ..... verum in diebus pueritiæ meæ, Presbyter Slavus idiomate Slavonico continuabat.

J'ai écrit en Pologne pour sçavoir s'il ne seroit point resté dans cette église de sainte Croix du fauxbourg de Cleparz à Cracovie, quelques anciens monumens qui pufsent donner une plus ample connoissance de ces Moines Esclavons ; & les memoires qui m'ont été envoyés de ce pays en 1712 marquent que cette église ayant été rebâtie nouvellement, il ne s'y trouve plus aucun tableau, ni écrit esclavon, qui fasse mention des Moines qui l'ont possedée. Il est encore marqué dans ces memoires, qu'il y a à Cracovie des personnes âgées qui disent, que devant la premiere guerre des Suedois, on faisoit danscette église des predications en langue esclavonne, & qu'il ya des actes qui portent qu'elle a été desservie par des Moines de faint Basile qui suivoient le rit Grec. Il se peut faire que quelques Moines Moscovites, qui, comme nous avons dit dans le chapitre 22. sont tous del'Ordre de faint Basile, ayant embraffé la religion Catholique, ayent quitté leur pays pour s'établir en Bohême, où ils ont eu la permission de suivre le rit Grec & de celebrer l'office Divin en langue esclavonne felon l'usage de Mofcovie, & qu'ils ayent passe ensuite en Pologne, où ils ont été appellés & établis à Cracovie par le roi Ladislas IV. que quelques-uns disent n'avoir été que le deuxième du nom.

Ce qui me fait croire que ces Moines Esclavons, ainsi appellés apparemment à cause qu'ils celebroient leur office & messe en langue esclavonne, pouvoient être fortis de Mofcovie, est la couleur de leur habillement qui étoit rouge; car les Moines Moscovites étoient ainsi habillés anciennement; c'est pourquoi j'ai mis ces Moines Esclavons au rang des Religieux de saint Bafile, quoique Dugloz, Miechovita & quelquesautres historiens Polonois disent qu'ils suivoient

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Anciene Religieuse de l'Ordre de S.Basile.

46.

P. Caffart fr

la regle S. de Benoît. Le motif qui peut avoir porté le roi La- RELIdiflas à établir ces Moines en Pologne, & à les obliger à cele-GIEUSES brer leur office en langue esclavonne, est peut-être à cause DE S. BAque la langue polonoise de même que la bohemienne & la SILE.. Moscovite, tire son origine de l'esclavonne. Nous avons dit ci-devant au chapitre 23. que les Moines de S. Bafile dans la Ruffie Blanche ou petite Russie, province de Pologne, qui appartenoit autrefois aux Moscovites, disent encore leur office en langue esclavonne, en suivant toujours le rit Grec, & qu'ils ne renoncerent à leurs erreurs que l'an 1594. C'est ce qui nous confirme dans l'opinion que nous avons que ces Moines Esclavons qui s'établirent en Boheme & en Pologne pouvoient avoir été des Moines Mofcovites ou Ruffiens qui avoient aussi renoncé à leurs erreurs.

CHAPITRE XXVIII

Des Religieufes de l'Ordre de faint Bafile tant en Orient qu'en Occident.

N

Ου s avons vû dans le chapitre 18. que le grand S. Basile à fon retour de la Syrie & de l'Egypte, ne s'étoit determiné à choisirla province de Pont pour la retraite, qu'à cause que fainte Macrine sa sœur s'y étoit déja retirée, & y avoit fondé un Monastere pour des filles. Cette Sainte étoit l'aînée de saint Bafile & de ses autres freres & fœurs. Outre le nom de Macrine, elle avoit encore celui de Thecle que Dieu lui avoit donné avant même qu'elle fût élevée avec un soin tout particulier par sa mere Eumelie, & c'est à l'éducation qu'elle reçut de cette sainte mere, que faint Gre. goire de Nysse qui a fait la vie de sainte Macrine, raporte sa fainteté.

Dès l'âge de douze ans, fa beauté extraordinaire que les peintres même les plus habiles ne pouvoient representer, lui donna tant d'éclat, qu'elle fut recherchée par un grand nom bre de jeunes gens. Son pere en choisit un dont il connoissoit particulierement la parenté & les bonnes mœurs, & lui pro mit sa fille lorsqu'elle seroit en âge de l'épouser. Mais Dieu ayant retiré du monde ce jeune homme avant l'accomplisse

RELI ment des nôces, Macrine se considera comine veuve, pour GLEUES avoir la liberté de demeurer vierge.

DE S. BA

SILE.

Elle s'attacha absolument auprès de sa mere, & lui fut d'un grand fecours après la mort de fon pere, pour le gouvernement de fa maison, ayant à foutenir le poids d'une nombreuse famille. Elle lui rendoit toutes fortes de services jusqu'à s'afsujetir à lui faire fon pain & à la nourrir du travail de ses mains. Ce fut elle qui anima saint Bafile vers l'an 356. à renoncer absolument au monde, & fortifiant par sa vertu celle de sa mere, elle la porta enfin à renoncer à tout le faste de sa qualité, pour s'égaler, comme sa fille, à ses propres servan. tes, & faire un Monastere de vierges de la maison qu'elle avoit près d'Ibore dans le Pont sur la riviere d'Iris. Sainte Macrine fut la superieure de cette maison (au moins depuis la mort de fa mere qui arriva sur la fin de l'an 373.) & fes religieuses faifoient profession d'une humilité & d'une pauvreté fi grande, qu'elles mettoient toute leur gloire à n'être connues de personne, & toutes leurs richesses à ne rien posseder. Macrine, en se consacrant à Dieu, avoit partagé avec ses freres & fœurs la succession de leur pere, fans rien referver de sa part; mais elle la diftribua aux pauvres par les mains de fon évêque. Elle persevera si constamment dans cette pauvreté qu'elle avoit vouée ; que lorsqu'elle deceda , ce qui arriva le 19. Juillet de l'an 179. on ne lui trouva qu'un voile, un manteau, de vieux fouliers, un cilice étendu sur un ais qui lui servoit de lit, & un autre qui lui servoit aussi de chevet, avec une petite croix de fer & un anneau de même matiere dans lequel il y avoit un petit morceau de la vraie Croix de Notre-Seigneur.

Saint Basile qui avoit eu la conduite de cette Communau. té, lui prescrivit des regles aussi-bien qu'aux autres Monasteres de filles qu'il établit. Il y en avoit un entr'autres dans la ville de Cefarée qui eut pour superieures deux de ses nieces, & toutes ces religieuses étoient appellées chanoineffes, comme il paroît par le traité des penitences religieuses, qui est à la fin des petites regles de ce Saint. Il y eut dans la suite un si grand nombre de Monafteres de ces religieuses, qu'il n'y avoit presque point de villes en Orient où il ne s'en trouvat quelqu'un. Mais comme l'empereur Copronime qui s'étoit declaré l'ennemi des saintes images

environ

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