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Jaen, l'évêque leur ordonna de suivre la regle de faint MOINES Bafile, & leur donna pour superieur le P. Bernard della-DES. LASICruz, entre les mains duquel ils firent profession. Mais CELE EN ESnouveau fuperieur faisant reflexion qu'ils n'étoient pas veri. PAGNE. tablement Religieux de cet Ordre, pour n'en avoir pas fait profession entre les mains des superieurs legitimes, entreprit le voyage d'Italie pour en conferer avec l'abbé de Grotta-Ferrata. Ils convinrent de presenter tous les deux une supplique au pape Pie IV. qui avoit fuccedé à Paul IV. pour le prier de permettre que les Religieux de sainte Marie d'Oviedo fussent admis au nombre des enfans de faint Bafile, ce que le pape leur accorda par une bulle du dix-huit Janvier 1561. par la. quelle il ordonna que leP.Bernard della-Cruz renouvelleroit sa profession entre les mains de l'abbé de Grotta. Ferrata, & que les Religieux de sainte Marie d'Oviedo la feroient de nouveau entre les mains du P. Bernard della-Cruz leur fupe. rieur, ce qui fut executé.

Quelques années après, le P. Matthieu della-Fuente ayant introduitune reforme particuliere de cet Ordre, & ayant fondé deux Monasteres, l'un à Tardon, l'autre à Valle de Guil. los; le pape Gregoire XIII. unit ces deux Monasteres avec celui de Notre-Dame d'Oviedo, & en fit une province sous le nom de saint Basile à laquelle il voulut que les autres Monasteres que l'on fonderoit dans la suite, fussent unis, & illes soumit à la jurifdiction de l'abbé general de l'Ordre de faint Basile en Italie. Mais cette union ayant été préjudiable à la reforme du P. Matthieu della-Fuente, comme nous dirons plus au long dans le chapitre suivant; Clement VIII. fepara les deux Monasteres de Tardon & de Valle-deGuillos d'avec ceux qui n'étoient pas reformés & qui s'étoient multipliés, & défendit aux superieurs de ceux-ci de recevoir à l'avenir des novices, de faire de nouvelles fondations. Cette dé. fense fut néanmoins levée dans la suite, & ces Religieux firent de nouveaux établissements. Leurs Monasteres sont presentement divisés en deux provinces, l'une sous le nom de Castille, l'autre sous celui d'Andalousie. Les Monasteres de la Province de Castille, font ceux de faint Basile à Madrid, de Notre-Dame du Remede à Barcena, deNotre-Dame du Salut à Cuellar, de faint Côme & de saint Damien à Valladolid, le college de faint Basile à Salamanque, & celui de faint Bafile

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MOINES à Alcala de Hennarez. Les Monasteres de la province d'AnDES.BASI-dalousie, font ceux de sainte Marie d'Oviedo au diocese de LE EN ES- Jaën, de Notre-Dame de l'Esperance à las Posadas, de Notre-Dame de la Paix à Cordoue, de saint Basile à Grenade, de Notre-Dame de Cazzaglia, de saint Bafile de Villa-NovaDell'Arzovispo, & le college de saint Bafile de Seville.

PAGNE.

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Ces Religieux sont soumis au General de l'Ordre de saint Basile en Italie. Ils ont un vicaire general que les deux provinces élisent, & il doit être confirmé par le general, qui le peut revoquer quand bon lui semble. Mais quoiqu'ils soient foumis au general de cet Ordre en Italie, & que les Italiens officient selon le rit grec, ils officient neanmoins selon le rit latin. Chaque province tient tous les trois ans le chapitre provincial: celle de Castille le samedi de la seconde semaine d'après Pâques, & celle d'Andalousie la veille de la Pentecôte, & le vicaire general preside à ces chapitres. Ceux qui ont droit d'yassister, sont les provinciaux, leurs fecretai res, les définiteurs, les peres de province, les abbés actuel. lement superieurs des Monasteres, le procureur qui reside à la cour du roi, & les lecteurs en theologie. Si les fuperieurs n'y peuvent pas aller, ils envoyent à leurs places des difcrets qui sont élus par les Religieux de leurs communautés, & tiennent dans le chapitre le rang que devroient avoir ceux qui les envoyent. L'office des superieurs ne dure que trois ans, ils ne peuvent être continues, & il faut qu'ils vaquent pendant fix ans avant que de pouvoir être élus de nouveau. Les abbés particuliers des Monasteres font élus par la communauté. Ils ont dans chaque province deux colleges de theologie & de philofophie, & deux pour les humanités. Il ne peut pas y avoir plus de dix docteurs dans l'une & l'autre de ces provinces, dont il y en a huit qui doivent avoir enseigné pendant neuf ans, & avoir presidé à huit actes publics ; & les deux autres ne peuvent recevoir ce degré, qu'après avoir prêché pendant seize ans dans les plus celebres cathedrales & universités du royaume.

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Ils mangent de la viande aux jours qui sont permis par l'églife, & outre les jeûnes qu'elle ordonne, ils jeûnent encore pendant l'avent, tous les vendredis de l'année, les veilles des fêtes de la sainte Vierge & de faint Bafile. Tous les mercredis & vendredis de l'avent, & pendant le carême, les

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PAGNE.

lundis, mercredis & vendredis, ils prennent la difcipline. MOINES Ils vont deux jours de la semaine au travail en commun. L'été DES.BASIils se levent à minuit pour dire matines, & l'hiver à trois heu- LE EN ESres. Ils ont une heure d'oraison mentale après prime, & une autre heure après complies. Dans les colleges elle est seulement de demi-heure le matin, & de demi - heure l'après dîné ; & tous les vendredis, ils disent leur coulpe au chapitre.

Quant à leur habillement il consiste en une robe & fcapulaire de ferge noire & un capuce assez ample attaché au scapulaire. A l'église & quand ils sortent, ils portent une grande coule Monachale comme ceux d'Italie. Les Benedictins les ayant inquietés à ce sujet, prétendant qu'ils ne devoient pas porter de coule, apparemment sur ce que le pape Clement VIII. l'avoit ainsi déclaré l'an 1603. lorsqu'il détermina quel devoit être l'habillement des reformés de cet Ordre, l'affaire fut portée à la congregation des rits, quiordonna par un decret du 27. Septembre 1659. que les Religieux de saint Bafile en Espagne pouvoient porter la coule, ce qui fut confirmé par un bref d'Alexandre VII. du 24. Decembre de la même année. Les freres convers ont le même habillement que les prêtres, excepté qu'ils ne portent point de coule. Les Donnés ont une tunique comme les autres avec un scapulaire de la largeur d'un palme sans capuce. Ils reçoivent aussi des oblats qui se donnent à eux & leurs biens à la religion. Ils ont le mê. me habillement que les freres Donnés, excepté que le scapulaire n'a que quatre palmes de longueur & un de largeur, & que la tunique ne descend que jusqu'aux genoux.

Alphonf. Clavel, Antiquedad della Religion. de S. Bafilio. Apollin d'Agresta, Vit. di S. Bafilio part. 5. cap. 9. Bullar Roman. Tom. 2. 4. 5. & Philip. Bonanni, Catalog. ord. Religiof. part. 1.

MOINES

DE S. BA

SILE RE

FORME'S,

APPELLE'S

CHAPITRE XXVI.

DE TAR- Des Moines de faint Bafile, Reformés, appellés de Tardon.

DON.

C

E fut environ l'an 1557. que le P. Matthieu della-Fuente dont nous avons parlé dans le chapitre précedent, s'étant retiré avec quelques compagnons aux montagnes de Serra de Morena dans la province d'Andalousie, y bâtit un ermitage dans un lieu appellé Tardon au diocese de Cordoue; mais le nombre de ses disciples s'augmentant tous les jours, & l'ermitage de Tardon se trouvant trop petit pour les contenir tous, il en bâtit un second à Valle-de-Guillos au diocese de Seville. Ils y vaquoient à la contemplation, travailloient des mains pour avoir leur subsistance, menoient une vie pauvre & retirée, maceroient leur chair par des mortifications & des penitences extraordinaires, ne demandoient point l'aumône, refusoient même d'accepter celles qu'on leur offroit. Le P. Ambroise Marian qui a été dans la suite un des plus fermes appuis de la reforme des Carmes Déchausses, prit l'habit dans cet ermitage l'an 1562. & fes confreres se servirent du credit qu'il avoit à la cour d'Espagne, pour faire approuver par le pape leur maniere de vivre. Il alla pour ce sujet à Rome avec des lettres de recommandation de plusieurs grands d'Espagne; entr'autres du prince Rui Gomez, & il en obtint aussi de sa majesté Catholique adressées à son ambassadeur à Rome. Le pape Pie IV. qui gouvernoit pour lors l'église, & qui avoit resolu de n'approuver aucune nouvelle religion, ne voulut point accorder autre chose à ses Solitaires, que de s'unir avec quelques corps de religion approu. vée, dont ils feroient profession; & il accorda aux fortes follicitations du prince Rui Gomez qu'ils pussent suivre la regle des Carmes, qu'il jugeoit la plus conforme à leur maniere de vie folitaire. Ils ne purent neanmoins s'accoûtumer à l'observance de cette regle, telle qu'elle avoit été donnée aux Carmes par le patriarche Albert; c'est pourquoi l'évêque de Cordoue leur conseilla de suivre la regle de faint Bafile, qu'ils voulurent observer dans toute sa rigueur, ne vivant que de leur travail. Ils firent enfuite profession entre les mains de ce

T. I. P. 222.

Moine réforme de l'Ordre de S. Basile

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en Espagne.

P. Cifart

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