1 : GIENS ET MELCHI- seculiers, avec cette difference que les seculiers ont peu de barTES, GEOR- be, & se rasent le sommet de la tête en forme de couronne, MINGRA- coupant leurs cheveux en rond au-dessus des oreilles, & que LIENG. les Religieux laissent croître leurs cheveux & leur barbe. L'habillement des uns & des autres consiste en une chemise qui descend jusqu'aux genoux & qu'ils renferment dans un caleçon ou pantalon; & pardessus ils mettent une espece de veste fort courte, ou un feutre assez semblable à la chlamide des anciens, en passant la tête dedans, & ils le tournent comme ils veulent, du côté que vient le vent ou la pluye; car il ne couvre que la moitié du corps, & ne descend que jufqu'aux genoux. Leurs fouliers ne sont que d'une femelle de peau de buffle qui n'est point préparée, & cette femelle s'attache aux pieds avec une courroye de même peau qu'on lafse pardessus: quelques-uns disent qu'il n'y a que lesReligieux qui portent cette espece de veste. L'on ne fait pas grande ceremonie pour la reception de ces Religieux. Leur vocation vient de leurs parens qui les confacrent dès leur enfance en leur mettant sur la tête une calotte noire qui leur couvre les oreilles, leur laissant croître les cheveux, leur recommandant de s'abstenir de manger de la viande, & leur disant pour toute raison qu'ils font Beres. C'est ce que les enfans observent, sans sçavoir ce que c'est que d'être Beres. On les donne enfuite à d'autres Beres pour les élever, & ceux qui les donnent à des Moines Grecs reussissent mieux. Les Religieux Georgiens en sçavent un peu plus que les Mingreliens, & la plupart des Chrétiens de la Georgie font instruits des mysteres du Christianisine dans les Monasteres, où ils apprennent aussi à lire & à écrire. Ces Religieux sont habillés comme les Moines Grecs, & se disent, aussi-bien que les Religieux Mingreliens, de l'Ordre de S. Bafile. Il y a aussi dans la Georgie & dans la Mingrelie des Religieuses. Comme les Georgiennes sont estimées les plus belles femmes de l'Asie, dès qu'une fille est un peu grande, on tâche de la dérober, & d'ordinaire elle est enlevée par quelqu'un de ses parens qui la va vendre en Turquie ou en Perse. C'est ce qui fait que les peres & meres renferment leurs filles de bonne heure dans des Monasteres, où la plupart s'appliquent à la lecture, & y demeurent toute leur vie. L'on dit qu'après la GIENS ET profession, lorsqu'elles font parvenues à un certain âge, elles MELENI ont permission de baptifer & même d'appliquer les saintes hui- TASGEOR les aussi-bien qu'un évêque. Leur habillement est semblable à MINGRA celui des autres femmes Georgiennes qui sont toutes habillées LIENS. à la Persanne. La difference qu'il y a entre les Religieuses & les autres femmes, c'est que l'habillement des Religieuses est noir, & qu'elles ont un voile & un linge qui leur couvre prefque tout le visage, desorte qu'on ne leur voit que les yeux, selon ce que m'a dit un prêtre Georgien à qui je m'en suis informé; ce voile est aussi commun aux autres femmes Persannes qui en ont de differens pour la maison & lorsqu'elles for. tent, y en ayant même qui les couvre depuis la tête jusques aux pieds. Il y a beaucoup plus de Monasteres de filles que d'hommes, ce qui fait que les femmes & les filles sont mieux instruites & fçavent mieux leur religion que les hommes. A l'égard des religieuses Mingreliennes, il y en a de plusieurs fortes. Les unes font des filles, qui ayant atteint l'âge nubile, ne se soucient pas du mariage. Les autres font des servantes, qui après la mort de leurs maîtres, se font Beres avec leurs maî tresses. D'autres font des veuves qui ne veulent point se marier. D'autres sont des femmes qui, après avoir trop goûté du monde, l'abandonnent quand elles viennent sur l'âge & qu'elles se voyent méprisées. D'autres font des femmes repudiées; & d'autres enfin se fout Religieuses par pauvreté. Celles-ci demandent l'aumône dans les Eglifes, & on leur donne plus liberalement en consideration de leur habit. Toutes ces Religieuses sont vêtues de noir à la Persanne, ont la tête couverte d'un voile de la même couleur, & ne mangent jamais de viande. Elles ne gardent pas la clôture & ne font pas engagées pour toûjours à la vie monastique, mais elles la peuvent quit. rer quand il leur plaît. Parmi les Mingreliens, il n'y a que les églises cathedrales, celles des abbayes & celles des Beres qui soient un peu propres, les églises paroissiales étant plus sales que des étables. Les ornemens facerdotaux des évêques & des Beres font aussi assez propres, étant de foye & brodés d'or; mais ceux des prêtres feculiers qu'on appelle Papas, n'ont aucune apparence, le plus souvent, d'habillemens facerdotaux, leur pauvreté les obligeant à se servir de quelque guenille dechirée en guise de pluvial. Il y en a même plusieurs qui disent la Messe avec une 1 MITAS. MOINES simple chemise de toile qu'ils mettent sur leurs habits: aussi Mosco- le peuple n'a-t-il gueres de devotion à leurs Messes. On a plus de respect pour la Messe des Beres, qui ont dans leurs églises, en fort bon état, les choses requises pour la celebrer. Les Georgiens entretiennent affez bien leurs églises qui sont dans les villes; mais celles qui sont à la campagne ne sont pas plus propres que les églises paroissiales des Mingreliens. Ceux qui demeurent en Terre Sainte font unis & obeissent au patriarche de Jerufalem. Ils ont abandonné les saints lieux qu'ils pof. fedoient, sçavoir une des chapelles bâties sur le mont de Calvaire, dans l'endroit où fut plantée la croix de Notre - Seigneur Jesus-Christ, laquelle chapelle ils avoient obtenue Iorsque l'empereur Soliman entra dans Jerufalem. Ils ont aussi quitté le Monastere de sainte Croix qui est à demi-lieue de Jerufalem, dont l'église fut bâtie à l'endroit où fut trouvée la vraie Croix. Ils ont laissé ces églises en gage aux Grecs, qui avoient payé pour eux aux Turcs & aux Juifs des sommes confiderables. Parmi les Monafteres du Mont-Athos, celui qui porte le nom des Georgiens, est destiné pour rece voir les Religieux de cette nation, & le patriarche de Constantinople envoye souvent en Georgie des Caloyers pour entretenir le peuple dans le schisme avec le pape. Le chevalier Chardin & Tavernier, Voyages de Perfe. Le P. Lamberti, dans le recueil de Thevenot, & Dom Joseph Zampi, Theatin, Relation de Mingrelie. 1. CHAPITRE XΧΙΙ. Des Moines de faint Bafile dans la grande Ruffie ou Duché C 1 de Moscovie. OMME la grande Ruffie ou Ruffie noire, qui nous eft plus connue sous le nom de Mofcovie, est un des plus grands états de l'Europe, & que depuis que le Christianifme y a été introduit par les Grecs, il s'y est toûjours conservé jusqu'à present, quoique ce ne foit pas dans toute fa pureté; c'est ce qui fait que l'Ordre de S. Bafile s'y est fort multiplié, au lieu qu'il est extrémement déchu en Orient, où la plupart de ses Monasteres étoient situés dans deslieux |