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33.

Moine Grec,

avec l'habit ordinaire.

P. Giffart Fr

Alphonf. Clavel. Antiqued, della Relig. di S. Bafilio. Et les ORDRE DE critiques pourront confulter fa vie par M. Hermant, chanoi. S. BASILE. ne de Beauvais,& les memoires de M. de Tillemont, pour fervir à l'Hiftoire Ecclefiaftique Tom. 9.

CHAPITRE XVIII.

De l'Ordre de faint Bafile & de fon grand progrès.

N

Ous avons vu dans la vie de faint Bafile, que ce Saint ayant pris refolution d'embraffer la vie religieuse, & auparavant que de s'y engager, avoit fait un voyage en Egypte, en Syrie & dans la Palestine pour en apprendre les principaux devoirs, en frequentant les faints folitaires qui demeuroient dans ces quartiers là, & qui dégagés de toutes les chofes de la terre, ne s'appliquoient qu'au travail, à la prie. re & à l'Oraison. Mais les hiftoriens de fon Ordre m'excuferont fi je ne m'accorde pas avec eux touchant le tems qu'il executa fon deffein, & le lieu de fa premiere retraite, & fi je retranche d'un feul article trois mille de fes difciples.

qued, de la

de S. Bafilio. c. 8. S.

Dom

fta,vit.dis,

Dom Alphonfe Clavel Annaliste de cet Ordre, quia été Alf Clafuivi par le P. Dont Apollinaire d'Agrefta, general du même vel. AntiOrdre, dit que faint Bafile, avant que d'executer le def-Rel. y regi. fein qu'il avoit formé d'embraffer la vie religieufe, le communiqua à faint Marcian qui avoit été un de fes maîtres dans 2. la vie spirituelle : qu'il fe retira enfuite dans la Syrie, où il ApolAgreaffembla auprès de la ville de Seleucobol trois mille Moines Basilio g. v. qui vivoient difperfés dans ces deferts; & que ce fut-là où ce.. 6. faint Docteur jetta les premiers fondemens de fon Ordre l'an 361. dans la trente-quatrième année de fon âge : qu'il ne donna pas d'abord fa regle par écrit, mais qu'il la fit pratiquer l'enseignant de vive voix pour voir fi on s'y accoûtumeroit: que voyant le grand profit qui pouvoit naître d'une telle obfervance, principalement des trois vœux effentiels de Pauvreté, de Chafteté & d'Obéiffance, il refolut d'étendre fon nouvel Institut, principalement dans la province de Cappadoce, prevoyant le befoin qu'elle en avoit, à caufe de l'herefie dont elle étoit pour lors infectée : qu'il laiffa le Monaftere de Seleucobol, & vint à Céfarée fa patrie, où avec le confer

ORDRE DE tement de l'Evêque Hermogene, il fonda un magnifique S. BASILE. Monastere proche de cette ville: qu'après avoir affemblé plufieurs Anacoretes, & quelques autres perfonnes qui renoncerent au fiecle; il fit le premier profeífion de fa regle entre les mains de ce Prelat, & s'engagea aux trois voeux effentiels, voulant que fes Moines fiflent la même chofe, leur perfuadant de vivre en paix & en bonne union, puifqu'ils n'avoient tous qu'une même fin ; & qu'enfin fes propres freres, faint Naucrace, faint Gregoire deNyffe,faint Pierre de Sebafte & Paul, furent les premiers à fuivre fon exemple.

Les mêmes hiftoriens ajoûtent encore, que l'année fuivante il fedechargea du foin de ce Monaftere & de celui que fainte Macrine fa four avoit fondé à fon imitation pour des vier. ges, fur faint Pierre fon frere qu'il établit fuperieur de ces deux Monafteres, & fe retira dans les deferts de Pont appellés Cimer, où il fixa fa demeure dans un lieu appellé Mataz ze: que ce fut là où fon fidele ami faint Gregoire de Nazianze le vint trouver, auffi-bien que faint Amphiloque, où ils furent fuivis par une infinité de perfonnes,qui voulant acquerir la perfection évangelique, fe mirent fous la direction d'un fi fçavant maître.

Voilà de quelle maniere les hiftoriens de l'Ordre de faint Bafile, rapportent fon origine, ce qu'il eft impoffible de pou voir accorder avec les écrits du même S. Bafile & de fon aini S.Gregoire de Nazianze, qui ne parlent en aucune maniere des trois mille Moines que l'on prétend que S. Bafile assembla dans la Syrie proche de la ville de Seleucobol ; & ce Saint n'a pas pu faire profeffion de fa regle entre les mains de l'Evêque Hermogenes puifque felon le fentiment des plus habiles critiDe Tillem.ques, ce prelat étoit mort dès l'an 340. ce qu'il eft aifé de prouver, puifque l'évêque Dianée qui fit faint Bafile lecteur à fon retour des voyages qu'il fit pour aller voir les folitaires, avoit déja fuccedé à Hermogene en 340. & qu'en qualité d'évêque de Cefarée, il avoit affifté au concile d'Antioche au commencement de l'an 341.

hift. Eccle.

tom. 9.

Il n'eft point vrai auffi que faint Bafile de retour de fes voyages, ait d'abord fondé un Monaftere à Cefarée, ni que celui de fainte Macrine fa fœur fût proche de la même ville. Ce fut dans la province de Pont & à quelques milles de Neocefarée, qu'il jetta les fondemens de fon Ordre, où fainte

Macrine

Macrine avant lui avoit déja fondé un Monaftere pour des ORDRE BY Vierges. Et leur frere Naucrace ne peut pas avoir été un des S. BASILL difciples de ce Saint; puifqu'il étoit mort en 357. dans une folitude de la même province, où notre Saint ne fe retira que l'an 358. qui est le tems auquel on doit fixer l'établissement de fon Ordre. Il aura de cette maniere quelques années d'antiquité de plus que les hiftoriens du même Ordre ne lui donnent ; & ce que nous allons rapporter de fon origine, fera plus conforme aux écrits de ce Saint, & à ceux de faint Gregoire de Nazianze, comme M. Hermant, M. de Tillemont, & d'au. tres fçavans ont remarqué dans la vie de S. Bafile qu'ils nous ont donnée.

Saint Bafile aïant pris la refolution d'embraffer la vie monaftique, refolut de fe retirer dans un defert de la province de Pont, pour éviter le trouble & le tumulte des villes. Il y fut attiré par la confideration de fa fœur fainte Macrine qui y de meuroit déja avec leur mere fainte Eumelie, & qui y avoit for mé un Monaftere dont elle prenoit la conduite, ne recevant paseu d'affiftance de faint Pierre leur frere, qui fut depuis évêque de Sebafte, dont la vertu rendoit déja celebres les folitudes de Pont.

Notre faint fondateur fut bientôt fuivi par faint Gregoire de Nazianze, & les deferts les plus reculés devinrent une ville par la prefence de faint Bafile, à caufe d'un grand nom bre de perfonnes qui cherchoient à profiter de les inftructions & de fes exemples; de forte que ces deferts fe trouvant trop refferés pour recevoir ceux qui accouroient à lui de divers endroits, il forma un Monaftere, vis-à-vis celui de fa fœur.

Saint Gregoire de Nazianze admiroit l'union & la charité merveilleufe qui lioit tous ensemble ces faints Moines; auffibien que cette ferveur ardente avec laquelle ils s'excitoiént & s'encourageoient les uns les autres à la pratique de la vertu. Ce Saint qui venoit quelquefois pafler du tems dans cette folitude avec fon ami, fe contentoit d'y travailler à sa fancti. fication propre, dans le repos qu'il y étoit venu chercher; mais pour faint Bafile, après qu'il fe fut fuffifamment inftruit de la verité, il alloit, dit Rufin, par les villes & les villages de Pont, animant par fes paroles & enflamant par fes exhortations, les habitans de ce païs, qui étoient comme dans une Tome I..

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ORDAI DE espece d'affoupiffement & de negligence, pour les chofes qui S. BASILE regardoient leur falut. Il fçut fi bien les éveiller & les tirer de cette negligence où ils étoient depuis long-tems, qu'il en porta plufieurs à renoncer aux foins de toutes les chofes vaines & periffables, & à s'unir enfemble pour fervir Dieu. Il leur apprit à bâtir des Monafteres, à y établir des communautés, & à pratiquer tous les exercices de la vie religieufe. Il prenoit le foin des filles auffi-bien que des hommes, & il apprenoit à ces peuples groffiers comment il falloit élever des Vierges, pour les rendre de dignes époufes de Jefus-Christ. Ainfi on vit en peu de tems changer toute la face de cette province, qui d'un defert fec & fterile, devint une campagne fpirituelle, couverte de riches moiffons & de vignes très-abondantes. Prefque tout le monde commença à y mener une vie pure & chafte, beaucoup de perfonnes renonçant au fiecle, apportoient aux pieds du Saint les biens qu'ils quittoient, & il prenoit le foin de les diftribuer à tous les indigens, felon le befoin que chacun en avoit.

Ce faint fondateur, pour affurer davantage la vertu & la pieté des faints Religieux qu'il formoit, leur prefcrivit par écrit l'ordre & les regles de ce qu'ils avoient à faire : elles font de deux façons, les unes plus étendues, au nombre de cinquante-cinq; & les autres plus courtes, au nombre de trois cens treize. Par le difcours qui precede les grandes, il paroît feulement que faint Bafile étoit chargé de l'inftruction des Moines; mais par la preface des petites, il étoit chargé du miniftere de la parole de Dieu, & la prêchoit au milieu du peuple dans l'églife; c'est-à-dire, qu'il étoit déja ou évêque, ou au moins prêtre de Cefarée, ce qui ne peut être arrivé qu'après l'an 361.

Son inftitut fe repandit bien tôt par tout l'Orient; & quoiqu'il y eût d'autres regles, & quelques-unes même d'écrites, Comme nous avons vu dans les chapitres precedens, neanmoins celle de faint Bafile y a tellement prevalu fur les autres, qu'elle les y a toutes obfcurcies, n'y aïant que celle de ce Saint qui foit reconnue parmi les Moines d'Orient : celle de faint Antoine n'étant pas même obfervée par ceux qui fe difent de fon Ordre, qui n'en ont aucune, comme nous avons fait remarquer.

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Ce ne fut pas feulement en Orient que la regle de faint

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