' attiré par Macrine avant lui avoit déja fondé un Monastere pour des ORDRIDY Saint Bafile aïant pris la resolution d'embrasser la vie monastique, resolut de se retirer dans un desert de la province de Pont, pour éviter le trouble & le tumulte des villes. Il y fuc la consideration de la sæur sainte Macrine qui y de. y meuroit déja avec leur mere sainte Eumelie, & qui y avoit for. mé un Monastere dont elle prenoit la conduite , ne recevano pas vu d'asistance de saint Pierre leur frere , qui fut depuis évêque de Sebaste, dont la vertu rendoit déja celebres les lo. litudes de Pont. Notre saint fondateur fut bientôt suivi par saint Gregoire de Nazianze , & les deserts les plus reculés devinrent une ville par la presence de saint Basile, à cause d'un grand nom. bre de perfonnes qui cherchoient à profiter de les instructions & de ses exemples ; de sorte que ces deserts se trouvant trop reslerés pour recevoir ceux qui accouroient à lui de di. vers endroits, il forma un Monastere , vis-à-vis celui de la fæur. Saint Gregoire de Nazianze admiroit l'union & la charité merveilleuse qui lioit tous ensemble ces saints Moines ; ausibien que cette ferveur ardente avec laquelle ils s'excitoient & s'encourageoient les uns les autres à la pratique de la vertu, Ce Saint qui venoit quelquefois passer du tems dans cette solitude avec son anni, se contentoit d'y travailler à la sancti. fication propre, dans le repos qu'il y étoit venu chercher; mais pour saint Basile, après qu'il se fut suffisamment instruit de la verité, il alloit, die Rufin, par les villes & les villages de Pont, animant par ses paroles & enflamant par ses exhorta, tions, les habitans de ce païs, qui étoient comme dans une Tomo I. Z ORDAI DI espece d'assoupissement & de negligence , pour les choses qui S. Basile. regardoient leur salur. Il sçut si bien les éveiller & les tirer de cette negligence où ils étoient depuis long-tems, qu'il en porta plusieurs à renoncer aux soins de toutes les choses vaines & periflables, & à s'unir ensemble pour servir Dieu. Il leur apprit à bâtir des Monasteres, à y établir des communautés, & à pratiquer tous les exercices de la vie religieuse. Il prenoit le soin des filles aussi-bien que des hommes, & il apprenoit à ces peuples grossiers comment il falloit élever des Vierges, pour les rendre de dignes épouses de Jesus-Christ. Ainsi on vit en peu de tems changer toute la face de cette province , qui d'un desert sec & fterile, devint une campagne spirituelle, couverte de riches moissons & de vignes tres-abondantes. Presque tout le monde commença à y mener une vie pure & chaste, beaucoup de personnes renonçant au siecle, apportoient aux pieds du Saint les biens qu'ils quitcoient , & il prenoit le soin de les distribuer à tous les indigens, selon le besoin que chacun en avoit. Ce saint fondateur, pour assurer davantage la vertu & la pieté des saints Religieux qu'il formoit , leur prescrivit par écrit l'ordre & les regles de ce qu'ils avoient à faire : elles sont de deux façons ; les unes plus étendues , au nombre de cinquante-cinq; & les autres plus courtes , au nombre de trois cens treize. Par le discours qui precede les grandes, il paroît seulement que saint Basile étoit chargé de l'instruction des Moines ; mais par la preface des petites , il étoit chargé du ministere de la parole de Dieu , & la prêchoit au milieu du peuple dans l'église ; c'est-à-dire, qu'il étoit déja ou évêque, ou au moins prêtre de Cesarée, ce qui ne peut être arrivé qu'après l'an 361. Son institut se repandit bien tôt par tout l’Orient;& quoi- . qu'il y eût d'autres regles , & quelques-unes même d'écrites, Comme nous avons vû dans les chapitres precedens, neanmoins celle de saint Bafile y a tellement prevalu sur les autres, qu'elle les y a toutes obscurcies , 1’y aïant que celle de ce Saint qui soit reconnue parmi les Moines d'Orient : celle de saint Antoine n'étant pas même observée par ceux qui se disent de son Ordre , qui n'en ont aucune, comme nous avons fait remarquer. · Ce ne fut pas seulement en Orient que la regle de saint a Basile fur reçue ; mais elle paffa en Occident , aussi-tôt que ORDRE DI In Regul. C'est apparemment pour ce sujet que le pere dom Men. niti a mis dans son calendrier des Saints de l'Ordre de sainc Basile dont nous avons parlé, faint Benoît , aussi bien que saint Romain qui lui donna l'habit de l'Ordre de saint Basile, à ce qu'il dit ; mais cette melotte ou peau de brebis dont saint Benoît étoit revêtu, témoigne assez que ce n'étoit pas l'habit de l'Ordre de saint Basile qu'il reçut des mains de saint Romain ; & il semble que le P. Menniti ait voulu avoir sa revanche, en mettant dans son calendrier des Saints qui n'ont jamais été de l'Ordre de saint Basile ; comme saint Benoît, saint Romain , saint Jerôme docteur de l'église, saint Paulin évêque de Nole , sainte Paule & sainte Marcelle veuves Romaines, & plusieurs autres ; de même que Trithe, me & quelques écrivains de l'Ordre de saint Benoît en ont mis beaucoup de cet Ordre, qui n'ont jamais été Benedictins. Dom Alphonse Clavel & les autres historiens de l'Ordre de faint Balile, pretendent que fa regle fur approuvée par le pape Liberius la même année qu'elle fut publiée & écrite par ce Saint l’an 363. qu'elle le fut aussi par saint Damase l'an 366.& par saint Leon sur la demande de l'empereur Marcian. Quelques-uns rapportent au long une lettre de ce pape qui est une réponse qu'il fait à cet empereur qui lui avoit écrit à ce sujet. Elle est datée de Rome du treize des calendes d'Aout de l'an 456. sous le consular d'Aëtius & de Studius. On la peut voir dans Ascagne Tambourin de l'Ordre de Vallombreuse, dans la vie de faint Basile écrite par le P.. Dom Apollinaire d’Agresta, & dans quelques autres écrivaips DE Barb. de ORDRI de qu'il cite. Certe regle a encore été approuvée par plusieurs S. Basile. souverains pontifes dans la suite des tems;& dansces derniers ; par Clement VIII. Paul V. & Il y a quelques auteurs, entre les autres Barbosa, qui pré. jur. eccles. cendent ausli que saint Bafile, avant que de mourir, le vit le , pere de plus de quatre-vingt-dix mille Moines , seulement en Orient, mais les écrivains de l'Ordre de faint Basile ne sone pas contens de ce nombre. Le P. Apollinaire d’Agresta dit qu'en y ajoûtant tous les Moines de cet Ordre qui étoient repandus dans tout le reste du monde , il doit être bien plus considerable. Si on en faisoit neannioins un calcul exact & qu'on en eût retranché tous ceux qui sont compris dans ce nombre , qui n'étoient pas de l'Ordre de saint Basile ; il y auroic beaucoup à diminuer , & ce nombre ne seroit pas si exceilif. Il faut cependant avouer que du vivant de saint Bafile, son Ordre fit un grand progrès, & qu'il devint encore plus considerable après sa mort. Mais cet Ordre si florissant pendant plus de trois siecles, diminua notablement dans la suite par l'heresie, le schisme & le changement d'empire. Le plus grand orage qu'il eut à efluïer ; fut sous celui de Conftantin, surnommé Copronime, l’an 741. car ce prince s'étant declaré ennemi mortel des saintes images, aussi bien que Leon son pere , il commença par persecuter les Moines de faint Bafile qu'il regardoit comme les défenseurs de la foi Orthodoxe. Il en fit mourir une grande partie , en fit mettre en prison , & en condamna plusieurs au bannissement hors de ses états de sorte que les Monafteres resterent abandonnés & depouillés de leurs biens ; & la plıîpart des Moines de saint Balile qui sont presentement en Orient, font Schismatiques & Hereriques, comme nous verrons dans les chapitres sui Les menologes des Grecs font mention de dix-huit cens cing, tant archevêques qu'évêques de cet Ordre beatifiés ou reconnus pour Saints, trois mille dix abbés, onze mille buit cens cinq martyrs, & un nombre infini de confesseurs & de Vierges, dont il y auroit aussi beaucoup à retrancher ; la plûpart n'aïant pas été de cet Ordre. Au commencement du vais. |