Vie de S. selon ses ordres communiquer avec Euxode , usurpateur du BASILE. siege de Constantinople, ni embrasser la doctrine des Ariens, il le condamna au bannillement. Il en fit dresler l'ordre , & lorsque l'on le lui apporta pour signer, les plumes dont il se servit , se rompirent par trois fois : comme il persistoic cou. jours dans son dessein , sa main trembla par un relâchement de nerfs , & la chaise sur laquelle il étoit assis se rompir ausli ainsi reconnoissant l'impieté du decret qu'il vouloit ligner, il prit le papier & le dechira. Nous ne rapporterons point dans cet abregé toutes les persecucions qu'il eut à souffrir dans la suite , tant de la part des mêmes Ariens que de la part de quelques évêques Catholiques, qui durerent jusqu'à la mort. Les uns le persecuterent par jalousie : d'autres sur de faux rapports que les ennemis faisoient de lui : d'autres aussi parce que ne connoissant pas encore la malice d'Eustache évêque de Sebafte , il lui témoignoit de l'amitié:& d'autres enfin parce qu'il avoit eu quelques commerce avec l'heretique Apollinaire & ton disciple Dios. core, avant qu'ils eussent fait paroître leur venin. À l'égard de ses mortifications, elles étoient presqu'incroyables, & l'on peut attribuer à un miracle , comment il a pů resister à tous les travaux qu'il entreprenoit avec tant d'austerités join. tes à une complexion delicate & une santé aussi ruinée que la sienne: car il ne mangeoit qu'une fois le jour , sur le soir , & souvent le contentoit de pain & d'eau. Ses veilles étoient fans relâche ; & s'il prenoit un peu de repos., c'étoit sur un lit fort dur. Il falloit enfin qu'un corps si épuisé de forces par tant d'auf. terités & accablé de maladies, eût quelque repos ; & l'esprit de ce grand Saint n'étant animé que de celui de Dieu, se trouvoit dans un état violent jusqu'à ce qu'il fut réuni à lui. Ce fut le premier jour de Janvier de l'an 379. que cetce grace lui fut accordée, & qu'il quitta la terre pour aller jouir de la felicité éternelle. C'est en ce jour que les Grecs celebrent sa fête ; mais comme il est occupé par celle de la Circoncifion de Notre Seigneur Jesus-Christ , l'Eglise Latine ne la folemnise que le quatorze Juin , qui est le jour de son ordi. nation. Voyez faint Gregoire de Nazian. orat. in laud. Bafil. Rofyeid. Vit. SS. Pat. Dom. Apollin. Agresta. Vit. di S. Bafilio. Alphons, Clavel. Antiqued. della Relig. di S. Basilio. Et les ORDRE DE S. . critiques pourront consulter sa vie par M. Hermant, chanoi-S. Basile. ne de Beauvais, & les memoiresde M. de Tillemont, pour servir à l'Histoire Ecclefiaftique Tom. 9. end 1 fuivi par CHAPITRE XVIII. Ous avons vû dans la vie de faint Bafile, que ce Saint ayant pris resolution d'embrasser la vie religieuse, & auparavant que de s'y engager, avoit fait un voyage en Egypte, en Syrie & dans la Palestine pour en apprendre les principaux devoirs , en frequentant les faints lolitaires qui de. meuroient dans ces quartiers là , & qui dégagés de toutes les chofes de la terre , ne s'appliquoient qu'au travail , à la prie. re & à l'Oraison. Mais les historiens de son Ordre m'ex, cuseront si je ne m'accorde pas avec eux touchant le tems qu'il executa sou dessein , & le lieu de la premiere retraite , & fi retranche d'un seul article trois mille de ses disciples. Dom Alphonse Clavel Annaliste de cet Ordre, qui a été Alf. Clale P. Don Apollinaire d’Agresta , general du même velo Antic qued. de la Ordre , dit que faint Bafile , avant que d'executer le des- Rel. reg!. y sein qu'il avoit formé d'embrasser la vie religieuse, le com de S. Basimuniqua à faint Marcian qui avoit été un de ses maîtres dans la vie spirituelle : qu'il se retira ensuite dans la Syrie , où il A polagreassembla auprès de la ville de Seleucobol trois mille Moines Bafilicp. s. qui vivoient difperfés dans ces deserts ; & que ce fut-là où cece 6. faint Docteur jetta les premiers fondemens de son Ordrel’an 361. dans la trente-quatriéme année de son âge: qu'il ne donna pas d'abord fa regle par écrit ; mais qu'il la fic pratiquer l'enseignant de vive voix pour voir si on s'y accoûtuineroit : que voyant le grand profit qui pouvoit naître d'une telle obfervance , principalement des trois voux essentiels de Pau. vreté , de Chasteté & d'Obéissance, il resoluc d'étendre son nouvel Institut, principalement dans la province de Cappadoce , prevoyant le besoin qu'elle en avoit, à cause de l'herefie dont elle étoit pour lors infectée : qu'il laissa le Monaftere de Seleucobol, & vint à Césarée sa patrie , où avec le conser lio. c. 8. S. 2. Dom, il Ordre de tèment de l'Evêque Hermogene , il fonda un magnifique S. Basile. Monastere proche de cette ville : qu'après avoir assembléplu sieurs Anacoretes , & quelques autres personnes qui renoncerent au siecle ; il fit le premier profeision de sa regle entre les mains de ce Prelat, & s'engagea aux trois væux essentiels, voulant que ses Moines fillent la même chose, leur persuadant de vivre en paix & en bonne union, puisqu'ils n'avoient tous qu'une même fin ; & qu'enfin ses propres freres , faint Naucrace, saint Gregoire de Nysle, faint Pierre de Sebaste & Paul, furent les premiers à suivre son exemple. Les mêmes historiens ajoûtent encore , que l'année suivanteil se dechargea du soin de ce Monastere & de celui que sainte Macrine sa sæur avoit fondé à son imitation pour des vier. ges, sur saint Pierre son frere qu'il établit superieur de ces deux Monasteres , & se retira dans les deserts de Pont appellés Ciner , où il fixa la demeure dans un lieu appellé Mataz. ze: que ce fut là où son fidele ami faint Gregoire de Nazianze le vint trouver , aulli-bien que faint Amphiloque , où ils furent suivis par une infinité de personnes, qui voulant acque. rir la perfection évangelique , le mirent sous la direction d'un si sçavant maître. Voilà de quelle maniere les historiens de l'Ordre de saing Basile, rapportent son origine , ce qu'il est impossible de pou. voir accorder avec les écrits du même S. Basile & de son aini S. Gregoire de Nazianze , qui ne parlent en aucune maniere des trois mille Moines que l'on prétend que S. Basile assembla dans la Syrie proche de la ville de Seleucobol ; & ce Saint n'a pas pû faire profession de la regle entre les mains de l'Evêque Hermogene ; puisque selon le sentiment des plus habiles critiDe Tillem.ques, ce prelat étoit mort dès l'an 340. ce qu'il est aisé de hift. Eccle. prouver , puisque l'évêque Dianée qui fic faint Basile lecteur à son retour des voyages qu'il fit pour aller voir les solitaires, avoit déja succedé à Hermogene en 340. & qu'en qualité d'évêque de Cesarée , il avoit aslisté au concile d'Antioche au commencement de l'an 341. Il n'est point vrai ausli que saint Basile de retour de ses voyages, ait d'abord fondé un Monastere à Cesarée , ni que celui de sainte Macrine sa sour fût proche de la même ville. Ce fur dans la province de Pont & à quelques milles de Neocesarée , qu'il jerta les fondemens de son Ordre , où sainre Macrine tom. 9. |