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D'ORIENT.

penitence; car il se tint debout pendant le carême, mangea ANCIENfeulement, ou plûtôt,il fit femblant de manger un peu de le- NES RECLES gumes chaque Dimanche. Il rétourna en Egypte & continua d'y fervir Dieu. Il avoit diverfes cellules, & demeuroit tantôt dans le defert de Nitrie, tantôt dans celui de Scétis,& encore ailleurs. Enfin fa mort arriva vers le commencement du cinquiéme fiecle,& l'on prétend qu'il avoit fous fa conduite cinq mille Moines. Quelques-unsuyent que la regle qui eft fous fon nom,n'a point été écrite ni dictée par lui; mais que c'est feulement un recueil de fes maximes, & de l'obfervance reguliere qui fe pratiquoit dans fes Monafteres, & que l'auteur de cette regle n'a vêcu qu'après S. Jerôme. On attribue encore une regle monaftique à S. Pofthume abbé de Pisper, qui fucceda à S. Macaire dans le gouvernement des Moines dont faint Antoine lui avoit laiffé la conduite; & le diacre Vigile fit une collection des maximes & des coûtumes des anciens Moines, fous le nom de regle orientale.

lib.2.Infti

bill, annak

Il y a eu fans doute d'autres regles dont on n'a point de Caffian. connoiffance, car en Orient auffi- bien qu'en Occident, il y avoit prefque autant de regles que de Monafteres, felon ce que dit Caffien. La plupart en avoient d'écrites quelques-uns Joan. Maobfervoient feulement ce qu'ils avoient appris de leurs anciens Benedict. & qu'une fuite de tems fans interruption y avoit fait recevoir tom, 1.lib. comme loi; d'autres n'avoient pour regles que la volonté de leurs fuperieurs. Comme toutes ces regles foit écrites ou verbales, tendoient toutes à une même fin, qui étoit de ne fonger uniquement qu'à Dieu, & de ne s'occuper qu'aux chofes fpirituelles en fe débaraffant de tout ce qui pouvoit y apporter quelqu'obstacle; c'eft ce qui faifoit que chaque Monaftere n'étoit pas fi attaché à une regle, qu'il n'en obfervât encore quelques autres, felon que l'abbé le jugeoit à propos: deforte que dans un même Monaftere l'on obfervoit plufieurs regles écrites,aufquelles on retranchoit,ou l'on ajoûtoit ce qui fembloit plus convenable à ce Monaftere, eu égard au lieu où il étoit fitué, & au tems auquel on introduifoit cette regle.Cependant parmi une fi grande diverfité de regles, il y avoit une fi grande union entre les Moines, qu'ils fembloient net former qu'une même congregation par rapport aux obfervances & aux vêtemens qui étoient uniformes; c'est pourquoi on paffoit aisément d'un Monaftere en un autre, non feulement

Tome I.

X

LAURES DE LA PALISTINE.

L

CHAPITRE XV I.

Des anciennes Laures de la Palestine.

'On peut regarder encore comme des inftituts particuliers ces anciennes Laures qui ont été fi celebres en Orient. L'on entend par le mot de Laure une demeure de folitaires qui logeoient dans des cellules éloignées les unes des autres par une distance raisonnable, & vivoient en societé fous l'obéiffance d'un fuperieur. La premiere de ces Laures fut fondée par S. Chariton. Ceux qui ont donné la vie de ce Saint difent qu'il étoit d'Icogne capitale deLycaonie:qu'aïant embrassé le Chriftianifme, il en accomplit fi bien les devoirs, que fa pieté le diftingua du commun des fideles, & l'expofa davantage aux violences des Payens qui fe faifirent de lui pendant la perfecution excitée fous l'empire d'Aurelien:qu'il fouffrit de cruels tourmens avec beaucoup de conftance; & qu'ayant été jetté en prifon, il en fortit après la mort d'Aurelien qui fut tué l'an 275. qu'étant en liberté il alla à Jerufalem où il fonda à fix milles de cette ville la Laure de Pharan, dont l'église fut dédiée par S. Macaire évêque de Jerufalem: qu'il fonda enfuite deux autres Laures,l'une vers Jericho, & l'autre dans le defert de Theuca, dans lesquelles il eut plufieurs difciples : & qu'enfin il mourut vers l'an 340. Mais quoique le cardinal Baronius dans fes annales ecclefiaftiques, dife les actes de ce Saint foient fideles, néanDeTillem. moins M. de Tillemont ne les croit pas d'une grande autori. bift. des té, fe perfuadant que Metaphrafte qui eft le premier auteur Em. Tom. de cette vie, & qui declare que n'ayant point eu de memoires pour l'écrire, il ne l'avoit compofée que fur la fimple tradition, avoit confondu auffi-bien que les autres Grecs, deux Charitons, l'un confeffeur ou martyr du tems des perfecuteurs, l'autre fondateur de plufieurs Monasteres.

Baronius ad ann. 275.§.

9.

3. p. 718.

&hift. Ec

clef. Tom.

4. p. 682.

Ibid.

que

Une des principales raifons fur lefquelles ce fçavant critique s'appuye, c'eft que s'il étoit vrai que S. Chariton eût fondé fes Laures dans la Palestine après la mort d'Aurelien, qui arriva, comme nous avons dit, l'an 275. cela ne pourroit s'accorder avec ce que dit S. Jerôme, que faint Hilarion a été le

30.

Moine de Saint Cariton.

P. Giffart fr

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