CHOME. pour embrasser l'état Monastique. Il eut bientôt jusqu'à cent ORDRE disciples, dont les trois premiers furent Psentaëse , Sur , & DE S. PAPloïs. Les plus distingués ensuite furent Pecuse, Corneille Paul , un autre Pachome , & Jean. Il les conduisít suivant la regle que l'Ange lui avoit apportée du ciel. Il étoit perinis à chacun de manger & de jeuner selon ses forces , & on mesu- . roit le travail à proportion. Ils logeoient trois à trois , en differentes cellules ; mais la cuisine & le refectoire étoient en commun. Leurs habits consistoient en une tunique de gros lin faite en forme de lac ,'nommée Lebitonne : elle n'avoit point de manches , alloit jusqu'aux genoux, & étoit serrée d'une ceinture. Ils avoient pardessus une peau blanche corroïée, d'un cuir de chevre qu'ils appelloient melotte , quoiquece non appartient plûtôt à une peau de mouton. Elle . couvroit les épaules depuis le cou, descendoit par derriere jufqu'au bas des cuisses, & leur tête étoit couverte d'un capuce de laine de la maniere que les enfans de ces quartiers là le portoient. Il étoit fort petit & sans poil , n'alloit que jusqu'au haut des épaules,& étoit garni de petites croix. Ils avoient cet habit tant de nuit que dejour ; mais venant à la communion, il ôtoient la melotte & la ceinture , ne gardant que la tuni- . que. Pendant le repas ils se couvroient la tête de leurs capu. ces pour ne se point voir les uns les autres, & observoient le filence. Les hôtes ne mangeoient point à la communauté, & les Novices étoient éprouvés pendant trois ans. Saint Pachome animoit ses religieux à l'observance de la regle plus par ses exemples que par les paroles. Tout le Mo. ses nastere étoit divisé en vingt-quatre troupes , dont chacune portoit le nom d'une des lettres de l'alphabet grec avec un raport secret de ceux qui la composoient. Les plus simples par exemple étoient rangés sous l’Iota, les plus difficiles à conduire sous le Xi,afin que l'Abbé pût aisément s'informer de l'état d'un chacun dans une si grande multitude,en interrogeant les superieurs par ce langage mysterieux qui n'étoit connu que des plus spirituels. Enfin l'Ange qui parloit à S. Pachome, lui ordonna de faire 12. Oraisons le jour , 12. le soir , & 12. la nuit. Il trouvoit mais l’Ange lui répondit, que c'étoit afin que les foibles les pussent accomplir sans peine, & que les plus parfaits n'avoient pas besoin de cette loi, parce qu'ils ne cessoient de prier dans leurs cellules, que c'étoit peu ; ܪ ORDRE Ses disciples augmentant de jour en jour, il bâtit un second DE de S. Pa-Monastere à Baum ou Prou, qui n'étoit pas éloigné de celui CHOME. de Tabenne , quoiqu'il flìt dans un autre Diocese. Ensuite Eponyme Abbé de Chenobosque & les religieux de Monchose , s'étant offerts à lui avec leurs Monasteres , il les reçut & établit parmi eux son observance. A ces quatre Monasteres, il en joignit encore trois autres, sçavoir celui de Tilmene, ou de Mene près la ville de Panos , celui de Tase , ou de Thebes,& celui de Pachum ou Chnum aux environs de Lasophe. Tous ces Monasteres joints ensemble formerent une congregation parfaite , qui avoit son abbé ou superieur general, & même lon æconome ou procureur pour l'administration du temporel. On y faisoit la visite tous les ans : on assembloit un chapitre general où on faisoit élection des officiers : & le Monastere de Baum , qui étoit le plus considerable , fut regardé comme le chef de l'Ordre: Ce fut là la premiere congregation religieuse qu'on a appellée de Tabenne à cause du premier Monastere qui fut båtien ce lieu. Saint Pachome en fonda aussi un pour des filles. L'occasion en vint de fa propre sæur qui étant venue pour le voir , & n'ayant pû obtenir cette confolation ( car il ne parloit jamais aux femmes ) suivit le conseil qu'il lui donna par le portier du Monastere,de travailler à se consacrer elle-même toute entiere à Dieu. Il lui fic donc bâtir une cellule dans un lieu appellé Men, un peu éloigné du Monastere de Tabenne, où elle se vit bientôt mere de plusieurs filles qui suivirent son exemple. Pallade dit qu'elles étoient au nombre de quatre cens vers l'air 425. & saint Theodore successeur de saint: Pachome en fonda un autre auprès de Pabau en un lieu nommé Bechré. Personne n'alloit les visiter sans permission particuliere, hormis le prêtre & le diacre destinés pour les servir qui n'y alloient même que les Dimanches. Les religieux qui avoient quelques parentes parmices saintes religieuses, obtenoient la permission de les aller voir accompagnés de quel. qu'un des plus anciens & des plus spirituels. Ils voyoienc d'abord la superieure , & puis leurs parentes, en presence de la fuperieure & des principales de la maison, sans lui faire , ni en recevoir aucun present, & sans manger en ce lieu. Les religieux alloient faire leurs bâtimens & les aslister dans leurs autres besoins, conduits par quelqu'un des plus sages & des plus CHOME. graves; mais jamais ils ne buvoient ou ne mangeoient chez el Ordre les , revenant toujours à leur Monastere à l'heure du repas. DE S. PALeur superieur leur envoyoit du lin & de la laine dont elles failoient, suivant l'ordre du grand Oeconome, les étoffes necessaires pour elles & pour les religieux ; & quand quelqu'une étoit morte , on apportoit le corps jusqu'à un certain endroit, où les religieux en chantant,venoient le prendre,& l'alloient encerrer sur la montagne où étoit leur cimetiere. Vanus Evêque de Panos ayant écrit à S. Pachome pour le prier de venir fonder des Monasteres auprès de la ville il lui accorda la demande En y allant il visita ceux qui étoient sous sa conduire ; & quand il fut arrivé à Panos avec ses Moines , l'Evêque le reçut avec un très grand respect, & lui donna des places pour bâtir les Monasteres. Notre Saint y travailla avec joie ; mais comme on elevoit un mur de cloture , quelques personnes mal intentionnées venoient la nuit abbatre ce que l'on avoit bâti pendant le jour. Le St exhortoit les disciples à le souffrir avec patience; mais Dieu en fit justice. Ces mechans s'étant assemblées pour continuer leur crime, furent brulés par un Ange , & consumés ; enforte qu'ils ne parurent plus. Le bâtiment étant achevé, S. Pachome y laissà des Moines ausquels il donna un superieur, & demeura dans ce Monastere un tems allez considerable pour y mieux établir la disci. pline reguliere, à cause qu'il n'eroit pas éloigné de la ville. Il retourna ensuite à Tabenne , où Dieu voulant enfin consommer les travaux, il tomba inalade avant la fête de Pâques. Deux jours avant que de mourir,il fit afsembler tous ses freres; & après leur avoir donné quelques instructions pour leur conduite , il leur nomma Perronne l'un d'entr'eux, comme le plus digne pour lui succeder , & il mourut le quatorzième jour de Mai de l'an 348. Il eut près de neuf mille Moines sous la conduite , dont le nombre augmenta encore après la mort. Mais dans la suite cet Ordre s'est entierement aboli , les religieux de saint Pachome & presque tous les autres d'Orient ayant embrassé la reglede S. Basile, ou s'étant rangés parmi ceux qui regardent S. Antoine pour leur patriarche. Il y a néanmoins de l'apparence que l'Ordre de S. Pachome subsistoit encore avec éclat vers le inilieu du onziéme siecle , puisqu'Anselme évê. que d'Havelberg , dont nous avons déja parlé, dit avoir |