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CHOME.

Ordre freres forvans qui ne sont pas prêtres, consiste en une souDE S. PA

cane noire qui defcend jusqu'à la moitié de la jambe , un
manteau long jusqu'à terre , plillé au collet , & une chape
noire , qui est le même habiq que portent les chanoines de
Benevencen Italie : que toute la difference qu'il y a; c'est que
ces chanoines portent un bonnet quarré & les freres servans
de l'Ordre militaire de S. Antoine un bonnet rond. Quant
à l'habit des oblats, il est peu different, à ce qu'il pretend ,
de celui des feculiers. Voilà des habillemens bien differens de
celui que Schoonebeck & le P. Bonanni nous ont donné com-
me le veritable, que portent ces prétendus chevaliers de S.
Antoine , dont nous avons ci-devant fait la description , quoi-
qu'ils ne parlent qu'après ce faux chevalier Abyssin; ou plutôt.
qu'après l'abbé Giustiniani,qui a été copié par Schoonebeck
& le P. Bonanni qui s'en sont rapporté à ce qu'il a dit. Non
leulement le P. Bonanni ne s'est pas contenté de faire graver
l'habillement supposé de ces pretendus chevaliers de S. An-
toine d'après l'abbé Giustiniani ; mais il a encore fait graver
l'habillement supposé d'un prétendu grand-maître & celui
d'un religieux de cet Ordre, habillemens qu'il a inventés,
& que nous avons fait aussi graver pour faire voir le peu de
raport de ces habillemens avec ceux, dont ce faux chevalier
Abyssin avoit fait la description ; & il semble que

l'on ait voulu ajoûter d'autres faussetes à celles que cet Abyllin avoit avancées.

CH A P I T R E X I V.

S

Vie de Saint Pachome Abbé, premier Instituteur des Congregations Religieuses

. Aint Antoinea bien, à la verité, donné quelque per

fection à la vie cænobitique ; mais l'on doit donner à S Pachome la gloire de l'avoir affermie , par l'union de plusieurs Monasteres , qui, quoique gouvernés par

des superieurs particuliers , étoient néanmoins tous soumis à un abbé ou superieur general ; c'est ce qui a formé la premiere cougregation religieuse. Il nâquit dans la haute Thebaïde vers l'an

292. son pere

T. I. P. 154.

t

Moine de S. Pachome.

27.

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ORDRE & fa mere étoient des Payens qui l'éleverent dans leur super-pe S. Pat. ftition ; mais dès son enfance il témoigna tant d'opposition CHOME. à l'idolatrie , qu'ayant goûté du vin offert aux Idoles , il le rejetta à l'heure même ; & un jour que

fes

parens l'avoient mené à certains sacrifices qu'on faisoit aux faux Dieux pour consulter leurs oracles , il donna tant de frayeur aux demons, qu'ils ne voulurent jamais parler devant lui: de quoi les sacrificateurs étonnés & irrites , s’écrierent qu'il falloit chasser cet ennemi de leurs Dieux.

A l'âge de vingt ans il fut pris pour être enrollé dans l'armée de l'empereur Maximin , qui se préparoit à faire la guerre à Constantin & à Licinius. On l'embarqua sur un vaisseau avec plusieurs autres , & le soir ils arriverent dans une ville , dont les habitans touchés de compassion de la plûpart de ces Soldats qui étoient de jeunes gens qu'on menoit à la guerre contre leur gré, leur donnerent tous les secours dont ils avoient besoin. Pachome demanda qui étoient ces gens si charitables. On lui répondit que c'étoit des Chrétiens. Il demanda ce que vouloit dire ce nom , quel Dieu ils adoroient. On lui dit qu'ils n'en reconnoisloient point d'autres, que celui qui a fait le Ciel & la Terre , & fon Fils uni. que Jesus-Christ en qui ils croyoient , & qu'ils esperoient une récompense en l'autre vie pour les biens qu'ils leur faisoient, Pachome touché de ce discours se retira à l'écart , & élevant les yeux & les mains au Ciel , il promit à Dieu de le servir parfaitement, & de s'attacher à lui tout le reste de sa vie , s'il lui donnoit une connoislance de la Divinité. Il continua son voyage , & aussi-tôt qu'il ressentoit quelque mouvement dereglé de la nature corrompue , il avoit recours à la priere.

La guerre érant finie & les Soldats ayant été congediés, il retourna en Thebaïde. Il alla à l'église d'un bourg nommé Chenobosque où il fut fait Catechumene , & peu de tems après il recut le Baptême. Ayant ensuite appris qu'un vieillard, nommé Palemon, servoit Dieu dans le desert, il alla le trouver à l'heure même, & frappa à la porte de sa cellule; le vieillard l'entr'ouvrit , & ayant fçû qu'il vouloit être lolitaire , il lui dit d'un ton severe que la vie monastique n'é- . toit pas une chose facile : que plusieurs l'avoient embrassée, mais n'avoient pas perseveré : qu'il ne pouvoit pas être reçu

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CHOME.

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Ordre dans son Monastere, à moins qu'il n'eût fait quelque peni. DE S. PA-tence dans un autre ; mais qu'il considerât qu'il ne mangeoir

que du pain & du sel,& qu'il n'usoit jamais d'huile : qu'il ne buvoit point de vin : qu'il veilloit la moitié de la nuit : qu'il l'emploïoit à méditer l'écriture-sainte, à psalınodier, & qu'il la pasfoit même quelquefois sans dormir. Ces paroles firent trembler Pachome ; toutefois il s'engagea à tout avec tant de foi , que Palemon lui ouvrit la porte, & lui donna l'habit monastique, ce quiarriva au plus tard l'an 314.

Il demeura quelque tems avec ce S. Vieillard, travaillant à filer du poil & à en faire des cilices pour avoir de quoi nourrir les pauvres ; mais s'étant avancé assez loin dans un canton nommé Tabenne ; comme il étoit en prieres , il entendit une voix qui lui dit:Demeureici, Pachome , & fais-y un Monastere; car plusieurs te viendront trouver, & tu les conduiras selon la Regle que je te donnerai. Aussi-tôt un Ange lui apparut & lui donna une table où étoit écrite cette regle qui y fut observée depuis.

Il communiqua cette vision à S. Palemon qui le fortifia dans ce dellein, & lui conseilla d'executer l'auvre que Dieu lui ordonnoit d'entreprendre. Il fut même avec lui jusqu'à Tabenne , & ils y demeurerent quelque tems dans une petite maison qu'ils y bâtirent ensemble. Palemon retourna enluite dans son Ermitage, où il mourut dans une heureuse vieillesse. S. Pachome l'ayant été visiter, il l’allista jusqu'à la mort & lui donna la sepulture.

Pachome érant retourné à Tabenne , Jean son frere , qui s'étoit fait Chrétien, l'y vint trouver. Ils vécurent ensemble dans une très-grande austerité. Ils donnoient aux pauvres le fruit de leur travail, sans rien reserver pour le lendemain. Ils ne changeoient d'habits que pour la neceslicé de les laver. Pachome portoit continuellement un cilice, & ne dormoit que debout dans sa cellule , sans s'appuyer contre la muraille. Jean étant, mort, il demeure quelque tems seul & souffrit quantité de tentations & d'illusions du demon. Cependant il bâtissoit un Monastere assez spacieux pour recevoir cette grande multitude de Moines , suivant la promesse qu'il avoit reçãe du Ciel. Enfin le tems étant venu qu'elle devoit s'accomplir, un Ange lui apparut une seconde fois pour l'en aver. tir. Il commença à recevoir ceux qui se presentoient à lyi

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