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T.I. P. 14.3.

Religieuse Ethyopiene

aussi-bien que celui d'Heleni, & celui d'Alleluia. Ce dernier Mouss

fut ainsi nommé, à ce que disent ces Moines, par celui qui en fut le premier abbé, sur le rapport d'un ermite qui étant en oraison vit en extase & entendit des Anges qui chantoient Alleluia dans ce lieu.

ABYSSINS.

Il y a aussi un grand nombre de Religieuses en Ethiopie, qui font pareillement habillées de toile de coton ou de peaux jaunes, & ne portent ni manteau ni capuce. Elles ont la tête rasée, autour de laquelle elles ont un bandeau de cuir large de deux doigts, qui passant pardessous le menton, se lie sur le front, & dont les deux boutspendent sur les épaules. Il y en a qui croyent que ce n'est que l'habillement des novices, & que les professes peuvent mettre un voile & un manteau. D'autres disent que cela n'est permis qu'aux vieilles:elles ne sont point renfermées dans des Monafteres; mais elles demeurent dans les fermes & les villages qui dépendent & obéissent au Monastere où elles ont pris l'habit. Alvarez dit avoir vu quel ques communautés de Religieuses, qui ont néanmoins la liberté de fortir de leurs maisons pour aller où bon leur femble. Il y a de ces Religieuses qui menent une vie affez reglée; mais il y en a beaucoup qui ne croyent pas que ce soit un defhonneur pour elles d'avoir des enfans. Schoonebek met leur institution vers l'an 1325. par la venerable mere Imata; mais c'est apparemment sur la relation du P. Louis d'Ureta de l'Ordre de S. Dominique, qui dans l'histoire qu'il a donnée d'une province supposée de fon Ordre en Ethiopie, a prétendu que presque tous les Religieux de ce pays étoient de l'Ordre de S. Dominique, & que la mere Imata fonda un Monaftere du même Ordre pour des Religieuses à Bedenagli, où il n'y en eut d'abord que cinquante; mais dont le nombre augmen, ta jusqu'à cinq mille après la mort de cette pretendue fondatrice : ce qui n'est pas moins fabuleux que ce qu'il rapporte des couvents de Plurimanos & de l'Alleluia, où il met neuf mille Religieux de son Ordre dans le premier, & fept mille dans l'autre, sans compter les domestiques qui font au nombre de plus de trois mille dans celui de Plurimanos, comme nous dirons plus au long, en parlant de l'Ordre de S. Dominique dans la troifiéme partie de cette histoire.

Voyez Job Ludolf, hist. Æthiop. & fon Commentaire fur la mème histoire. Franc. Alvarez, fon voyage en Ethiopie. Marmol,

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MOINES Description de l'Afrique. Louis d'Ureta, hift. de la fa grada ABYSSINS. orden. de Predic. en Ethiopia. & le P. le Gobien, 4. recueil des

Lettres édifiantes des Missions Etrangeres.

CHAPITRE XΙΙ.

Des jeûnes & abstinences des Moines & des Religieuses en
Ethiopie.

C

E que nous avons rapporté dans les Chapitres précedens des jeûnes & abstinences des Moines Maronites Armeniens, Jacobites, & Coptes, est peu de chose en comparaison des jeunes & mortifications des Moines Ethiopiens,qui commencent avec les seculiers le carême de l'église universelle à la Sexagefime, & qu'ils obfervent très-rigoureusement, ne mangeant pendant tout le tems qu'il dure, que du pain & ne buvant que de l'eau. Il est vrai qu'ils trempent leur pain dans une espece de sauce qu'ils font avec de la graine de cauffa qui est fort cuisante à la bouche. Ils se servent encore d'une autre graine qu'ils nomment Tebba qu'ils accommodent en maniere de moutarde. Il se trouve beaucoup de cesReligieux qui par devotion ne mangent point de pain pendant tout le carême, quelques-uns même s'abstiennent d'en manger toute leur vie, & mangent seulement de l'agrinos, qui est une herbe qu'ils font cuire dans de l'eau, sans fel ni beure, & fans autre assaisonnement. Quand ils n'en peuvent pas trouver, ils usent the quelques legumes, comme feves, lentilles, & autres semblables, qu'ils font seulement amollir dans de l'eau. Quelques-uns portent un habit de cuir sans manches, ayant les bras tout nuds: plusieurs ont sur leur chair une ceinture de fer large de quatre doigts, avec des pointes qui entrent bien avant dans la chair:d'autres ne s'asseoient point pendant tout le tems du carême, mais demeurent toûjours debout. Il y en a aussi qui pendant ce tems-là se vont renfermer dans des cavernes, où ils vivent d'herbes & de lentilles seulement. Il y a encore beaucoup de Religieux & de Religieuses, qui tous les Mercredis & Vendredis du carême passent la nuit dans l'eau. François Alvarez dit qu'il avoit de la peine à le croite; mais qu'ayant été avec plufieurs personnes sur le bord d'un lac, ils virent qu'il y en avoit une infinité dans ce lac, & que quelques

uns

uns étoient dans de petites loges de pierres bâties exprès. Il MOINES ya del'apparence que les nuits font bien froides en ce pays-là, ABYSSINS. autrement ce ne seroit pas une mortification de rester dans l'eau pendant la nuit dans le tems du carême, dans un pays où le soleil est très-ardent en ce tems-là, & où même les fruits d'Automne de nos quartiers sont en maturité. Enfin il y en a qui se retirent dans des folitudes les plus affreuses, & des forêts les plus épaisses où ils ne voyent aucun homme, faisant penitence dans ces lieux écartés.

Quoiqu'il y ait près de deux cens ans qu'Alvarez ait écrit sa relation, où il fait un détail de ces penitences & de ces mortifications des Religieux d'Ethiopie, il semble neanmoins qu'ils n'en ayent rien diminué jusqu'à present; car M. Poncet qui y étoit en 170o. dit avoir vû dans le Monastere de la Vision de Jesus, un vieillard âgé d'environ soixante-fix ans, frere du gouverneur de Tigré, qui n'avoit vêcu pendant sept ans que de feuilles d'olivier sauvage, & que cette mortification lui avoit cause un crachement de sang qui l'incommodoit beaucoup; c'est pourquoi il lui ordonna quelques remedes & lui prescrivit un regime de vie.

La maniere la plus ordinaire de jeûner parmi ces Religieux est de ne manger seulement que de deux jours en deux jours, & toûjours le soir quand le soleil est couché ; mais le samedi ni le Dimanche ils ne jeûnent point; & comme dans chaque église il ne s'y dit qu'une messe par jour, ils ne la celebrent que le foir les jours qu'ils jeûnent, & tous y communient, après quoi ils vont manger: la raison qu'ils en donnent, c'est qu'ils disent que Notre Seigneur Jesus-Christ fit la Cene le foir un jour de jeûne: aux autres jours qu'on ne jeûne point, ils la disent le matin.

Ces Religieux se levent deux heures avant le jour pour dire leurs matines & ne mangent jamais de viande dans le couvent. Mais Alvarez remarque que lorsqu'ils se trouvoient avec les Portugais, ils ne laissoient pas d'en manger & de boire du vin, pourvu qu'ils n'eufssent point de compagnon, de peur qu'il n'en avertît le superieur qui les auroit châtiez severement pour cette tranfgreffion. M. Poncet dit qu'il en a vû qui se levoient deux fois la nuit pour chanter des pseaumes; peut-être que c'est selon les differents instituts qu'il y a en ce pays, soit de l'abbé Tecla-Haïmanor, soit de l'abbé Eustase.

Tome I.

T

:

MOINES

Outre le carême dont nous avons parlé qui dure cinquante ABYSSINS. jours; M. Poncet dit qu'ils en ont encore trois autres, de mê. me que le reste du peuple : sçavoir celui de saint Pierre & de saint Paul, qui dure quelquefois quarante jours & quelquefois moins, felon que la fête de pâques est plus ou moins avancée;. celui de l'assomption de Notre-Dame, qui est de quinze jours; & celui de l'advent, qui est de trois semaines. François Alva. rez marque neanmoins ces carêmes d'une autre maniere que M. Poncet. Outre le carême de la resurrection de NotreSeigneur quicommence à la sexagefime, il dit: qu'ils jeunent depuis le lundi de la Trinité jusqu'au jour de la nativité de Notre - Seigneur: que depuis ce jour-là jusqu'à la purification de Notre-Dame, ils ne jeûnent point, mais que les trois jours qui fuivent cette fête, ils ne mangent qu'une fois en ces trois jours, ce qu'ils appellent la penitence de Ninive. Nous aimons mieux ajoûter foi à Alvarez qui étoit plus instruit que M. Poncer de ce qui regardoit la religion & les mœurs des Ethiopiens. Dans tous ces carêmes on ne fe fert ni d'œufs, ni de beure, ni de fromage, on jeûne avec la même rigueur tous les vendredis de l'année. On ne dispense perfonne du jeûne, les jeunes gens, les vieillards & même les malades y font obligés.

Abb Piaz

di Roma Tratt. 2. cap. 3.

Mais avec tant d'austerités & de mortifications, ces Religieux font si attachés à leurs erreurs qu'ils n'écoutent point les Missionnaires qui vont chez eux pour les faire rentrer au fein de l'église. Ils se sont toujours opposés à leurs bons def feins en empêchant que les peuples ne se convertissent. Ils leur inspirent tant d'aversion pour les Européens qui font blancs par rapport à eux, qu'ils leur font mépriser & même hair tout ce qui est blanc; c'est pourquoi s'ils representent saint Michel terrassant le Diable, saint Michel eft de couleur olivâtre qui est celle des Abyssins, le Diable est blanc.

Le pape Clement VII. afin d'attirer ces peuples à la foi orza.oper. pie thodoxe & les ramener au sein de l'église, leur accorda en 1525. l'église de saint Etienne qu'on nomme des Indiens ou des Maures, à côté de laquelle il y a un hôpital, où ceux qui viennent à Rome font logés & entretenus aux dépens du paIbid. Trat, pe. Gregoire XIII. ordonna que lorsqu'il y auroit des Abyf 11. cap.3.fins à Rome on leur fourniroit du palais tout ce qui leur feroit neceffaire. Innocent XII. imitant la pieté de ses prede

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