reurs. MOINES Ethiopiens ou Abyssins ont toujours eu un metropolitain, A BYSSINS. que l'on nomme communement patriarche, qui elt envoïé par celui d'Alexandrie, les Egyptiens étant tombés dans les erreurs de Dioscore & d'autres heresiarques , comme nous avons dit dans le chapitre VII. ils les ont communiqués aux Abyssins par le moïen de ce patriarche , aussi-bien que quelques observations Judaïques que l'église d'Alexandrie avoit retenue. Les Abyssins ont même ajoûté à leurs rits d'autres superstitions Judaïques ; & ainsi ont fait un mélange de l'ancien & du nouveau testament , se servant de la circoncision au huitiéme jour envers les filles aussi-bien qu'envers les gar. çons, observant le jour du fabat & le dimanche , s'abstenant aussi de viandes immondes & défendues dans l'ancienne loi. Je passe sous silence leurs autres abus comme n'étant point de mon sujet ; n'aïant touché en passant la religion des peuples d'Ethiopie, que par rapport aux religieux qui y sont en trèsgrand nombre & qui entretiennent ces peuples dans leurs er La vie monastique y fut introduite presque en même tems que le Christianisme ; & sous le règne du roi Amiamidas , fils de Saladobas, elle y fue portée par un grand nombre de Moines de l'Egypte & des autres provinces voisines de l'empire Romain: entre lesquels les plus celebres furent ceux qui choifirent leur demeure dans le roïaume de Tigré; & qui y bâtirent des cellules. Mais les Abyssins ont changé les noms de ces instituteurs de la vie monastique dans cet empire , à la reserve de celui de Pantaleon. Les neuf principaux furent, selon eux, Abba Arogavi, Abba Pantaleon, Abba Garima, Abba Alef, Abba Saham, Abba Afe, Abba Likanos, Abba Adimata , & Abba Oz, appellé aussi Abba Guba, qu'ils reconnoissent pour Saints , aïant même bâti des églises en l'honneur de quelques-uns de ces premiers Solitaires de l'Ethiopie. Abba Arogavi qui avoit été disciple de saint Pachome, fut le premier luperieur de ces Moines. Il eut pour successeur Abba Christos-Befana, Abba Meskel-Moa, Abba Joanni, &c. Leur austerité étoit si grande, qu'il s'en est trouvé qui se contentoient pour un-repas de trois dattes seulement, d'autres d'un petit morceau de pain. Les Abyssinsleur attribuent beaucoup de miracles, audi- bien qu'aux autres Saints qu'ils ont en veneration : leurs poëtes dans les vers qu'ils ont faits à leur Mójnis ABYSSING. louange, leur font transporter des montagnes d'un lieu à un autre, passer les rivieres & les torrens sur leurs habits qui leur servoient de barques. Mais entre ces premiers Solitaires de l'Ethiopie , celui qui selon eux a plus excellé en sainteté, et Gabra-Menfes-Ked, dont ils font la fête tous les mois. Tous les religieux d'Ethiopie se disent de l'Ordre de saint Antoine ; mais ils n'ont pas tous les mêmes observances érant divisés en deux ou trois congrégations, ou instituts particuliers. Le premier est celui de Tecla-Haïmanot, qui vers l'an 620, fut le restaurateur de la vie monastique en Ethiopie: il prescrivit des loix particulieres aux Moines qui se rangerent sous sa conduite, & voulut entr’autres choses, qu'ils fussent soumis à un superieur general, appellé Icegue , qui, après l’Abuna ou Patriarche d'Ethiopie, a toujours été celui de tout l'empire qui a été le plus confideré par raport à sa dignité & à son autorité. Il fait la visite de tous les religieux qui lui sont soumis , ou bien il envoie des commissaires qui les visitent pour les corriger & pour punir ceux qui ont commis quelques fautes. Avant que les Galles se fussent emparé du rõïaume de Shewa, que quelques-uns appellent Xoa ou Xaoa , ce superieur ou abbé general des Moines de l'institut de Tecla-Haïmanot, faisoit sa residence au Monastere de Debra-Libanos, ou Mont-Liban, qu'il a tansferee ensuite à Bagendra ; ce qui fait, dit M. Ludolf, qu'un certain Moine nommé Tesfa-Thion, quia imprimé en langue éthiopienne le Nouveau Testament , parlant de lui & des autres Moines, à la fin d'un discours qu'il a fait sur saint Matthieu , dit qu'ils sont tous enfans du pere Tecla-Haimanot du Monastere appellé le Mont-Liban ; c'est pourquoi , continue M. Ludolf, quelques sçavans ont mal à propos nommé ces Moines, Maronites. Ce Tecla-Haïmanor est en très-grande veneration chez les Ethiopiens , qui en font la fête le 24. Decembre. Ils en font aussi mention dans leurs dyptiques , en disant:Souvenez-vous, Seigneur, de l'ame de votre serviteur notre pere Tecla-Haimanot & de tous ses disciples. Le second institut des Moines d'Ethiopie, est celui de l’Abbé Eustase , qui n'est pas moins recommandable dans toute l'empire, que Tecla-Haïmanot · les Abyslinsen font aussi mention dans leurs dyptiques en ces termes : Souvenez-vous, Seigneur, cueil, pag 231. Moines de notre pere Eustafe & de tous ses enfans. Sa fête se celebre le ABYSSINS. 21. Juillet. Il a eu beaucoup de disciples à qui il a aussi prel à crit des loix ; mais il ne leura pas donné de luperieur general dont ils dépendent, & ils ne se mettent pas beaucoup en peine d'en avoir un ; sous pretexte, à ce qu'ils disent, qu'Eustase étant allé en Armenie sans avoir nominé un successeur, il ne leur est pas permis d'en établir un : c'est pourquoi l'abbé de chaque Monastere de cet institut, est le maître absolu chez lui , & peut corriger ses inferieurs, sans qu'ils puissent en appeller ; & lorsqu'il meurt, les religieux du même Monastere en élisent un autre. Le Gobien, L'on trouve parmi les lettres édifiantes & curieuses écrites Lettres édi- des missions étrangeres par les missionnaires de la Compagnie fiant. 4 re de Jesus, la relation d'un voïage fait en Ethiopie en 1698. 1699. & 1700. par M. Poncet medecin François, qui paroît avoir été mal informé de ce qui concerne le clergé seculier & regulier de cet empire ; car il dit qu'il n'y a point de prê. tre en Ethiopie qui ne soit religieux : que l'empereur Ati-Bafili, ayeul du prince qui regnoit pour lors, en fic precipiter sept mille du haut de la inontagne de Balbau , pour s'être revoltés contre lui ; & que l'on peut juger de la multitude qu'il y ena, parce que lui dit le patriarche predecesseur de celui qui gouverne presentement l'église d'Ethiopie, qu'en une séu. le ordination il avoit fait dix mille prêtres & fix mille diacres. François Alvarez aûmonier de Dom Emmanuel roi de Portugal, qui accompagna l'ambassadeur que ce prince envoïa l'an 1520. à l'Empereur des Abyssins, & qui a donné la re. lation de cette ambassade, nous assure néanmoins qu'il y a y des prêtres seculiers en Ethiopie : que depuis qu'ils ont été ordonnés diacres jusqu'à ce qu'ils 1oient prêtres, ils peuvent se marier une fois seulement: qu'ils ne peuvent pas entrer dans ļa clericature s'ils ont été mariés ; & que si étant prêtres ils se remarient, ils sont degradés & reduits à l'état laïcal, ne pouvant plus entrer dans l'église, ce qui n'est permis qu'aux prêtres & aux clercs. Sous la qualité de clerc, est renfermé aussi l'ordre de soudiacre aussi bien que celui de diacre, que ceux que l'on fait clercs reçoivent en même tems & sans aucun examen ; car il y a un grand nombre de ces ordinans qui ne pourroient répondre aux demandes qu'on leur feroit ; puis que ز |