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T. I. P. 129.

Anciene Religieuse Cophte

Outre les auteurs cités dans le chapitre precedent, Pon MOINES peut COPTES. encore confulter Le Fevre,Theatre de la Turquie. Francifc. Quarefm. Elucidat. Terra fanita. Thevenot, Voïagede Levant t. 1. Le monde de Daviti. l'Afrique de Marmol. la Relation d'Egypte, du P. Vansleb; & le Voiage de la Terre-fainte, du P. Eugene Roger.

CHAPITRE X.

Des ceremonies qui s'observent à la vêture & à la profession des Religieux Religieufes Coptes, & de quelle

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maniere ils font les reclus.

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Eux qu'on reçoit dans les Monafteres de Coptes pour être religieux, doivent faire trois ans de noviciat; lorfque les trois ans font achevés, le fuperieur du Monastere fait venir le novice devant lui, le fait coucher ventre contre terre, la tête tournée du côté du levant, & lit fur lui les prieres prescrites dans leur ceremonial. On lui rase la tête en forme de croix, & le fuperieur, après avoir beni le chaperon, faisant lever le novice, lui donne la tunique en lui difant: Prenez la robe de l'innocence & le caf que du falut, faites-en un bon ufage en Notre Seigneur JefusChrift, auquel foit tout l'honneur, &c. Il lui met enfuite le chaperon, en difant: Recevez le chaperon de l'humilité & le cafque du falut : faites-en un bon ufage en Notre Seigneur JefusChrift. Quand il lui met la ceinture, il lui dit: Ceignez vos reins avec toutes les armes de Dieu & avec la ferveur de la penitence. Ce qu'étant fait, s'il ne demande pas l'askim, qui est un habit appellé angelique, qu'on ne donne qu'à ceux qui le demandent ; parce qu'il engage à quelques aufteritės particulieres, & que ceux qui en font revêtus ne peuvent pas fe mêler de mariages, ni frequenter les femmes, ni les égli fes des feculiers fans la permiffion de l'évêque, le fuperieur lit fur lui la priere de l'abfolution, & lui donne fa benediction. C'est la maniere de prendre l'habit & de faire profession en même tems; car pendant les trois ans de noviciat, ils confervent leurs habits feculiers.

La maniere de donner l'askim se fait de cette forte. Le

Tome I.

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MOINES fuperieur, après avoir beni l'habit, le met fur celui qui le deCOPTES mande, en lui difant: Recevez le fceau de l'arche du roiaume

des Cieux qui eft le faint Askim, portez-le fur vos épaules com-
me la fainte-Croix, fuivez Notre Seigneur Jesus-Chrift; afin
que vous puissiez avoir pour votre heritage la vie éternelle
moïennant l'assistance du Pere, & du Fils, & du faint-Esprit :
après cela il lui met le bornus ou la chape, en lui difant:
Revetez-vous du faint habit des Apôtres, prenez les fouliers de la
promptitude evangelique, afin que vous puilliez fouler aux pieds les
viperes & les fcorpions & toutes les forces de l'ennemi. Suivez
Notre Seigneur Jefus-Chrift à qui foit tout l'honneur & gloire.
Après cela il lui impofe la main en lifant une Oraison. Il met
enfuite la croix fur fa tête en recitant la priere de l'abfolu
tion, puis il lui donne fa benediction. Cette ceremonie se
termine par une exhortation fur les devoirs de ceux qui pren-
nent cet habit & fur les graces qu'ils reçoivent de Dieu en
le portant, dont voici la formule: Confiderez, mon cher frere,
la
grace que vous venez de recevoir de Dieu, étant revetu de
laskim des anges, & vous étant fait enroller au nombre des
foldats de Jefus Chrift, pour la guerre la plus grande & la plus
glorieufe qui puiffe ètres carmoïennant ce faint habit, vous avez
été nettoie de toutes les mauvaises œuvres du monde que vous aviez
commises jufqu'à cette heure, comme le grand faint Antoine pa-
triarche des Moines l'attefte, quand il dit : que le même faint
Efprit qui defcend dans le baptême fur ceux qu'on baptise,
defcend auffi fur celui qui reçoit le faint askim le nettoïant de
tous fes pechés paflés. De ce même faint on lit encore, qu'un
jour il vit fon ame qui étoit fortie de fon corps, pour aller au
jugement de Dieu, & que les demons l'avoient arrêtée dans
l'air pour
lui faire rendre compte des pechés qu'il avoit faits,
& que ce faint avoit entendu une voix dans l'air qui leur avoit
dit, que les pechés qu'il avoit commis depuis fa jeuneffe juf-
qu'au tems qu'il s'étoit fait religieux, lui avoient été par-
donnés, lorfqu'il avoit reçu le faint askim, & qu'ils comptaf
fent feulement depuis le tems qu'il s'étoit fait religieux; ce
que les demons aïant fait, ils l'avoient trouvée nette & fans
aucune tache: Ce qui vous doit maintenant fervir d'aiguillon,
afin que vous tachiez auffi dorenavant de conferver votre ame
nette de toutes les ordures du monde. Rendez-vous un parfait fol-
dat de Jefus-Chrift qui eft le roi des rois, &faites la guerre contre

le diable notre ennemi commun & fecret & contre fes foldats: foicz MOINES ferme dans la promeffe que vous avez faite de fervir Dieu avec COPTES. crainte & tremblement, en lifant les Pfeaumes & les Pfalmodies, veillant les nuits, recitant les prieres de l'églife, & accompliant. tous les autres devoirs aufquels vous étes obligé. Outre ces obligations il eft encore neceffaire que vous obferviez les jeûnes avec devotion & pureté pour caufer de la joie aux Anges, & que vous foiez humble & obeiffant. Aiez foin d'écouter jufqu'à la mort celui qui vous conduit dans le chemin de Dieu & qui vous enfeigne fes faints commandemens; afin que vous puissiez recevoir la couronne des enfans de Dieu, & devenir heritier du roiaume des Cieux, avec les bienheureux qui lui ont plu de toute éternité.

Que le bon Dieu vous affifte dans toutes vos bonnes œuvres, qu'il vous preferve de toutes les tentations jusqu'au dernier moment de votre vie; & qu'il vous faffe la grace d'entendre un jour cette voix pleine de joie Venez les élus de mon Pere, &c. ainfi foit-il, par Pinterceffion de tous les Saints, Amen.

Il y a auffi des religieufes Coptes, qui ont des ceremonies particulieres. Lorfqu'on doit donner l'habit à quelqu'une, le fuperieur dit l'oraifon d'action de graces ; enfuite il encense l'autel; on recite le pfeaume 118. tout entier; on fait la lecture du 7. chap. de la premiere épitre de faint Paul aux Corinthiens depuis le verf. 25. jufques au 34. On fait auffi la lecture du pfeaume 44.& du 25. chap. de l'évangile de faint Matthieu, depuis le 1. verf. jufqu'au 13. Après cette lecture, le même fuperieur recite les trois oraifons qui fe difent ordinairement après l'évangile. On dit enfuite le credo, après lequel on ajoute quelques oraifons particulieres pour cette ceremonie.

I.

Ces prieres & ces leçons étant achevées, le fuperieur coupe les cheveux à la poftulante, en difant une autre oraifon, après laquelle il en dit une qui eft particuliere pour l'askim des vierges, laquelle eft fuivie de celle de l'action de graces, & celle.. ci de l'oraifon de l'impofition des mains; dont voici la formu, le. O Saint! qui repofez dans les Saints. O Eminent ! qui demeurez dans l'éminence pendant toute l'éternité. O Seigneur ! qui re gardez les humbles ; vous qui épurez les cœurs, qui fondez les abimes de l'ame, qui aimez la pureté & qui ètes le fceau de la virginité, le refuge & la fortereffe de tous ceux qui s'adreffent à vous avec verité : nous vous prions & vous fupplions, o delices des bommes, de vouloir regarder d'un visage benin votre fervante qui

MOINES baiffe la tete devant vous, beniffez-la, nettoiez-la, & établissez COPTES. fur elle votre paix, & dans fon cœur votre dilection. Donnez lui

votre crainte, & faites lui la grace qu'elle fuive toujours votre parole. Eveillez fon efprit afin qu'elle penfe toujours, & qu'elle puif fe vaincre toutes les tentations qui pourroient la detourner. ConServez fon ame & Son corps purs de toutes taches, & faites que fa lampe ne s'éteigne jamais. Beniffez le travail de fes mains, & fa nourriture journaliere. Affurez la de la voie éternelle; dans laquelle on n'a befoin d'aucune chofe, & cela par la grace & les merites de Jefus-Chrift votre Fils unique, auquel foit tout honneur &gloire, enfemble au Saint-Efprit qui vous eft égal, &c.

Quand ils font un Reclus, l'évêque dit fur lui une oraison particuliere fuivie de l'oraifon de graces. Enfuite il dit la Meffe, & après la Meffe, il recite encore fur lui l'oraison pour les morts, puis le Reclus monte au lieu de fa prison volontaire, pendant que les prêtres chantent les pfeaumes 148, 149. & 150. après quoi l'évêque lui donne fa benediction.

La manière dont ils reçoivent les apoftats & les fornicateurs, eft affez particuliere. Le prêtre benit une cuvette pleine d'eau. Il jette par trois fois de l'huile dedans en forme de croix au nom de la fainte Trinité. On lit enfuite le premier chapitre de la premiere épître de faint Paul à Timothée depuis le 3. verfet jufqu'au 16. le pfeaume 24. le quinziéme chapitre de l'évangile de faint Luc, depuis le 3. verfet jufqu'au 10. après quoi il dit une oraifon, & lit fur lui la priere de l'abfolution. Il le benit faifant le figne de la croix, & difant: Unus fanétus,&c. Il lit enfuite le pfeaume 150. Il le dépouille tout nud. Il jette trois fois de l'eau fur lui en difant : Je vous lave au nom de Dieu le Pere, le Fils, & le Saint-Efprit. Amen. Il lui fait remettre fes habits, lui faifant baiffer la tête, lifant encore fur lui une oraison, & enfuite la priere de l'absolution du Fils de Dieu, puis il lui dit : Sanatus es, noli amplius peccare ; il le communie & lui donnne fa benediction.

Voïez Vanfleb. Hift. de l'Eglife d'Alexandrie.

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