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ches élus après la mort de Diofcore & qui n'avoient pas voulu MOINES fe foumettre aux orthodoxes, n'ayant pû paroître à Alexan- COPTES. drie, finon fous les empereurs qui favorifoient leur heresie, s'étoient ordinairement retirés dans ce Monaftere, & que prefque tous les Religieux avoient été fort attachés à la memoire de Diofcore & à la créance des Monophyfites. Cette ceremonie étoit tellement paffée en coûtume qu'on en avoit fait une loi; enforte que les Religieux de faint Macaire ne reconnoiffoient point le nouveau patriarche, & ne faifoient aucune mention de lui dans les Dyptiques, jufqu'à ce qu'il eût été proclamé dans leur églife, & qu'il y eut celebré la liturgie. Il étoit même obligé d'y aller auffitôt qu'il avoit fait cette fonction à Alexandrie, en cas qu'il y eût été ordonné : c'est pourquoi Macaire LXIX. patriarche en 1103. ayant voulu fe faire proclamer à Mifra & y celebrer la premiere liturgie folemnelle dans l'église de Muhallaca, après fon ordination, Renaudot les Religieux du couvent de faint Macaire déclarerent qu'ils Hift. Patr. ne le reconnoîtroient pas pour patriarche, & ne feroient pas pag. 487. memoire de lui dans leur liturgie, s'il ne venoit chez eux fe faire proclamer & celebrer la premiere liturgie folemnelle à l'autel de faint Macaire, ce qu'il fit. Les patriarches d'Alexandrie étoient encore obligés autrefois d'aller demeurer pendant le carême dans ce couvent, afin d'y employer ce tems aux jeûnes & à la priere.

De ce Monaftere. de faint Macaire; l'on va à un autre nommé Ambachioche, qui n'en est éloigné que de quatre heures de chemin. En venant du couvent de faint Macaire àcelui d'Ambachioche, l'on trouve de petites éminences larges de deux ou trois pieds & difpofés par intervalles le long du chemin. Les Religieux difent qu'elles furent faites par les Anges, pour fervir de guides aux folitaires répandus dans le defert, qui s'égaroient fort fouvent en venant le Dimanche pour entendre la Meffe à quelques-uns des Monafteres, dans le tems qu'il y en avoit peu d'établis, ce qui leur arrivoit principalement quand le vent foulevoit les fables de la plaine. Lorfqu'on la traverse on découvre de tous côtés diverses ruines qui font les restes de trois cens maifons de Religieux qu'on affure avoir été autrefois dans ce defert; mais l'on comptoit parmi ces Monasteres, des efpeces d'ermitages, où quelques-uns des plus zelés se retiroient deux ou trois enfemble, pour y vivre dans une

Alexandr.

MOINES plus grande folitude & dans une plus grande retraite, & où COPTES. ils pratiquoient de plus grandes aufterités de plus grandes aufterités que dans les communautés. Entre toutes ces mazures, l'on remarque encore

le

un petit dome qui faifoit partie d'une églife dediée à S. Jean petit, & tout auprès l'on montre un arbre qui produisit, à ce que l'on pretend, le bâton fec qu'il arrofa par l'ordre de fon fuperieur. On l'appelle Chadgeret ou Taa, c'est-à-dire, arbre d'obeillance. Ambachioche est le couvent le mieux bâti, & le plus agreable des quatre; l'églife qui eft d'une belle structure, eft confacrée à la Vierge fans tache, que vingt Religieux deffervent ordinairement.

Le troifiéme Monaftere appellé des Suriens,éloigné d'Ambachioche,feulement d'un mille,eft dedié à faint George Ces trois couvents font comme un triangle entr'eux, & le regardent l'un l'autre. Celui ci eft peu habité & tombe en ruines. II y a deux églifes, dont l'une fêrt pour les Suriens qui viennent en ce defert. L'eau y eft bonne & douce, au lieu que dans les autres Monafteres elle eft falée. Le quatrième Monaftere est éloigné de celui des Suriens d'une journée, & eft confacré en l'honneur de la fainte Vierge. Le P. Vanfleb le nomme NotreDame en Baramus. Mais M. l'abbé Renaudot dit qu'on doit plûtôt l'appeller N. D. de l'ermitage. Il y a plus de Religieux que dans les autres, pouvant en entretenir un plus grand nombre, à cause de ses revenus qu'il tire du nitrè, dont les Religieux font trafic. Il y a une affez belle église avec un beau jardin.

Ces Religieux Coptes font en poffeffion de la maison où No. tre Seigneur Jefus Chrift avec la fainte Mere & faint Jofeph demeurerent, lorfque fuivant le confeil de l'Ange, il s'enfuirent de Bethleem en Egypte pour éviter la perfecution d'Herode. Cette maison est à une bonne lieue du grand Caire dans un lieu appellé Matarée,& a été convertie en une chapelle, où il y a deux autels feparés l'un de l'autre par un baluftre. L'un de ces autels appartient aux Religieux de faint François, & l'autre aux Religieux Coptes; & cette maifon ou chapelle, eft au milieu d'une grande églife où cinq ou fix Religieux Coptes font l'office & celebrent en langue arabe, qui eft le langa ge ordinaire de l'Egypte.

Le pere Eugene Roger dans fon voyage de la Terre- Sainte, dit:que ces Religieux font les plus ignorans de tous les Orien

taux: qu'on ne les entend jamais parler de religion : qu'ils MoNEs ne fçavent que lire & point écrire ; & que dans les Mona- COPTES, fteres des déferts, ils font auffi ignorans que des bêtes : qu'ils travaillent comme des efclaves & que leurs églifes font fort fales & fort mal propres. Mais l'on aura peine à croire ce que dit ce pere: qu'il n'a vû dans quelques-unes de leurs églifes pour tout ornement, qu'un vieux morceau de fatin noir fur l'autel, qui leur fervoit de nape pour celebrer la Messe, & au lieu de burettes, une fale calebace qui tenoit plus de trois chopines; & que dans un autre Monaftere ils ne fe fervoient pour patene, que d'un vieux couvercle de marmite ébreche, & fi enrouillé qu'on ne pouvoit juger de quelle ma

tiere il étoit.

9.

Lepere Vanfleb nous en donne cependant une autre idée, lorfque parlant de l'Heikel, qui eft le lieu où ils celebrent de l'églife la meffe, il dit : que celui qui y cracheroit, pafferoit pour d'Alexan. abominable, qu'il n'eft pas permis à aucun d'y entrer, fans Part. 2.. fe laver les pieds auparavant, & qu'on n'y peut porter au cune chofe qui ne foit confacrée, même l'effui-main, dont le prêtre se sert après la meffe: ce qui marque le refpect qu'ils portent au lieu où ils celebrent les divins mysteres & qui doit être vrai - femblablement plus proprement orné que ne le dit le pere Eugene Roger. Il n'y a pas d'apparence, que le prêtre confacrât avec le faint Crême une calebace pour fervir de burette, puifque rien ne peut fervir à l'autel pour le facrifice de la messe; qu'il ne foit confacré & oint avec le Crême.

Il y avoit autrefois un Monaftere à Sedament, où les Religieux difoient tous les jours le pfeautier, c'est-à-dire, à l'aube du jour vingt-neuf pfeaumes, à tierce dix-huit, à fexte vingt-deux, à none dix-neuf, au coucher du soleil onze avant que de fe coucher dix-fept, & à matines trente-fix, Il y a encore dans l'Egypte quelques autres petits Monafteres où il y a peu deReligieux,& où ils vivent très-pauvrement. Tels font les reftes de cette multitude innombrable de Moines qui ont autrefois peuplé, non-feulement les deferts, mais encore les villes de l'Egypte ; & qui s'étoient fi fort Luc d'A multipliés dans les autres provinces, qu'Anfelme évêque cheri, Spid'Havelberg, qui avoit été apocrifaire de l'empereur Lo. cileg. Tom. thaire, qui vivoit dans l'onzième fiecle, affure avoir vu pag.

114.

MOINES dans un Monaftere de Conftantinople, fept cens Religieux

COPTES. de l'ordre de faint Antoine.

Mar.ocean.

En 1593. le patriarche des Coptes envoya au pape Clement VIII. une legation, pour le reconnoître comme fouverain pafteur & chef de l'églife univerfelle. Ce furent deux Moines du couvent de faint Macaire, qui vinrent à Rome en cette qualité, & qui firent une profeffion de foi conforme à la créance de l'église Latine. Mais cela n'a pas empêché que les Coptes ne foient retournés à leurs erreurs ; car felon la coûtume des Orientaux, un patriarche détruit fouvent ce que fon predeceffeur a fait, c'eft pourquoi l'on ne peut compter feurement fur leur foi, d'autant plus que c'est souvent l'interêt qui les fait agir.

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Peut-être que le refpect que les Coptes ont toûjours eu pour le Monaftere de faint Macaire, comme nous avons dit, auffi-bien que pour la memoire de ce faint qui y a fa fepulture, a porté les Religieux de ce Monaftere à prendre pendant un tems le titre de Religieux de l'Ordre de faint Ma caire, & il fe peut faire auffi que la regle de ce faint, qui se trouve dans le code des regles, y ait été obfervée; car Silveftre Maurolic fur la relation de deux Religieux qui fe didi Tut gli- foient de cet Ordre, qu'il trouva à Rome l'an 1595. a parlé Relig. lib. dans fon hiftoire des Ördres Religieux, d'une congregation 1 pag. 93 de faint Macaire en Egypte ; mais il avoue que s'en étant informé à d'autres Religieux du même Ordre, ils lui dirent que leur Ordre étoit une branche ou plûtôt le même Ordre de faint Antoine. En effet il y a long-tems que la regle de faint Macaire n'eft plus en pratique dans aucun Monaftere, & tous les Moines dont nous avons parlé, comme Maronites, Armeniens folitaires, Neftoriens & Jacobites, auffi-bien que les Abyffins dont nous parlerons dans la fuite, fe difent tous de l'Ordre de faint Antoine. Le P. Bonanni Catalog dans fon catalogue des Ordres Religieux, a donné l'habilordin. Relig lement d'un de ces Religieux de faint Macaire, tel que nous l'avons auffi fait graver, & qu'on peut voir au commencement de ce chapitre. Il confifte en une robe de drap bleu avec un capuce & un fcapulaire noir; & ces Religieux portoient une grande calote noire à oreilles pour couvrir leur tête. C'est ainsi que ces Religieuxque Silveftre Maurolic vit àRome l'an 1595. étoient habillés.

pag. 1.

Outre

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