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MOINES d'écharpe qu'ils appellent Bellin:elle eft auffi raïée&fort belle, COPTES. large d'un pied, & longue de quatre aunes; & après avoir fait avec cette écharpe quelques tours autour du cou, ou autrement, s'il le trouve plus commode, il rejette les deux bouts fur fes épaules les laiffant battre en bas fur fon dos. Il a auffi au. deffus de fon bonnet une espece de couronne faite d'un ruban de taffetas rougeâtre; mais d'une couleur changeante & large de quatre doigts. Le ruban eft attaché premierement audeffus de fon bonnet d'un bout à l'autre en forme de croix, & fait le tour de fon turban en forme de cercle. Cette couronne & le Bellin font les marques ordinaires de fouveraineté ecclefiaftique, pour diftinguer le patriarche & les évêques d'avec les fimples prêtres. Il ceint fes reins d'une large ceinture de cuir & porte toûjours à la main un bâton d'ébeine en forme de T, & n'a point de bas à fes jambes. Son bâton pastoral est une grande croix de fer. Il est très- pauvre & ne vit presque que d'aumônes, fes revenus fixes peuvent monter à quatre cens cinquante écus monnoie de France, dont dix fept évêchés qui dépendent de lui,fourniffent la moitié : fes autres revenus cafuels peuvent monter à la même fomme. Pour ce qui est de l'élection des fuperieurs des Monafteres, il n'eft pas permis d'en élire un fans la permiffion du chor-évêque.

Voyez le P. Vanfleb, hift. de l'église d'Alexandrie, & Joann. Bapt. du Solier, tract. de patriarch. Alexand.

L

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Des principaux Monafteres des Moines Coptes.

ES principaux Monafteres des Moines Coptes font fitués dans les deferts. Celui de faint Antoine fur le Mont-Colzim eft dans le defert de Gebel, à une petite journée de la mer-rouge. Le terrain qu'il occupe eft de deux mille quatre cens arpens: fon enceinte eft faite de murailles fort hautes bâties de briques. Il n'y a point de porte pour y entrer,on y monte dans une machine tirée par des poullies. Il y a trois églises, dont la principale eft celle de faint Autoine, qui eft petite & fort ancienne: la feconde eft dediée en l'honneur des Apôres faint Pierre & faint Paul, & la troifiéme en l'honneur de

Thomassin scul.

Moine de S.Machaire

pro

faint Marc, qui etoit un frere laic de ce couvent. Les cellules MOINES de ce Monaftere font toutes feparées les unes des autres. COPTES. Elles font mal bâties avec de la terre, leur couverture eft en terraffe, & elles ne reçoivent du jour que par de petites fenêtres de la grandeur d'un pied en quarre. Auprès du refectoire, qui eft un lieu fale & obfcur, il y a un bâtiment affez pre pour y recevoir les étrangers. Au milieu de ce couvent eft une tour quarrée dont les murailles font de pierres. On n'y entre que par un pont-levis. C'eft dans ce lieu que les Re ligieux confervent ce qu'ils ont de plus precieux, & où ils fe défendent à coups de pierre contre les Arabes qui les veulent infulter. Le jardin eft fort grand, & produit beaucoup de fruits & de legumes. L'eau qu'on y boit eft fort claire, mais falée comme dans la plus grande partie des couvents du defert de faint Macaire. Le P. Vanfleb qui fait ainsi la description de ce couvent, dit : qu'y étant en 1672. il n'y avoit que dix-neuf Religieux, dont deux etoient prêtres; mais tellement maigres & abbatus par leurs jeûnes & leurs mortifications, qu'ils reffembloient plûtôt à des fqueletes qu'à des hommes vivans.

A deux lieues de Mufie, il y avoit le Monaftere de faint Georges qui étoit autrefois fort riche & poffedoit de grands revenus. Il y avoit ordinairement plus de deux cens Religieux qui logeoient les étrangers, & envoyoient ce qui leur reftoit des revenus au patriarche d'Alexandrie qui les diftribuoit aux pauvres; mais étant tous morts de la pefte, le gouverneur y alla demeurer à caufe de la beauté du lieu, après l'avoir fait fortifier,& y logea des marchands & desartifans dans les vergers & les jardins d'alentour que les Religieux avoient cultivés. Le patriarche s'en étant plaint au Soudan, il fonda un autre Monaftere au lieu où étoit autrefois l'ancienne ville. Ils ont auffi quelques autres Monafteres,comme à Equivan,où les étrangers font nourris en paffant, de même que dans celui d'Afiote, où ils les reçoivent pendant trois jours; & pour les mieux regaler, ils nourriffent des pigeons, des poules, des oyes & autres animaux ; quoique pour eux ils faffent pauvre chere, ne mangeant jamais de viande ni de poiffon,mais feument des herbes & des legumes,

Il y a encore quatre celebres monafteres dans le desert de faint Macaire éloignés du Caire d'environ cinq journées,

MOINES Le premier qui s'appelle de faint Macaire, eft très-ancien & COPTES. fort ruiné, fes murailles font très-hautes, l'églife eft fort vafte, & quoiqu'elle ait fouffert beaucoup de ruines, il eft neanmoins aifé de connoître qu'elle a été autrefois fort belle : on y voit encore cinq ou fix tables d'autel de marbre. Le corps de fon fondateur faint Macaire y répofe dans un fepulchre de pierre fermé d'une grille de fer, & couvert avec une chape qui lui fert de pavillon. Il y a plufieurs autres faints inhumés dans cette églife, à ce que les Religieux pretendent,& elle est fournie de tous les ornemens neceffaires au service divin. La plus grande partie de cette maison, qui a été autrefois remplie d'un grand nombre de Religieux, a été détruite par le malheur des tems, & il n'y demeure prefentement que peu de Religieux. Ce qu'il y a de meilleur dans le bâtiment qui refte, eft une tour quarrée où l'on entre par un petit pont-levis. C'est là que les Religieux tiennent toutes leurs provifions auffibien que leurs livres, & ils s'y retirent quelquefois lorsqu'ils font tyrannifés par les Arabes. Il y a de pareilles tours dans les trois autres Monafteres, dont les portes auffi - bien celle du couvent de faint Macaire font couvertes de lames de fer.

A.1.

Foi t.

que

Renaudot. Le Monaftere de faint Macaire a toûjours été en fi grande Perpetuité de la veneration parmi les Coptes, que le patriarche après fon or4.4. 1.6.9. dination, ayant fait la vifite de l'églife d'Alexandrie, & de la principale du Caire, y ayant été proclamé, & y ayant celebré la liturgie, étoit auffi obligé d'aller faire la même ceremonie à ce Monaftere. Il y alloit monté fur une âne. A quelque di ftance les Religieux venoient au devant de lui & fe profternoient trois fois jufqu'à terre. Il defcendoit & fe profternoit une fois devant eux. Il remontoit fur fon âne & l'archimandrite du Monaftere le conduifoit, les autres Religieux marchoient devant chantant des hymnes & des pleaumes, jusqu'à ce qu'il fût arrivé à l'églife, où on le proclamoit comme à Alexandrie & au Caire. Le nouveau patriarche celebroit enfuite la liturgie, avec cette circonftance que c'étoit l'archimandrite qui prononçoit la premiere abfolution,au lieu qu'en d'autres lieux & en d'autres tems, cette fonction étoit faite par le plus ancien évêque.

Ce refpect pour le Monaftere de faint Macaire, venoit en Ibid. partie de ce que depuis le concile de Calcedoine, les patriar

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