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ceremonie fe fait par une femme Turque dans un bain public, MOINIS ou dans une maison particuliere, fans y obferver aucune cere- Corts. monie religieufe; & la circoncifion doit être faite auparavant le baptême, & jamais après. Hors la neceffité ils ne baptifent les garçons que quarante jours après leur naissance, & les filles que quatre-vingts jours après; ce qui ne fe fait point durant le grand carême, & encore moins dans la femaine fainte, à moins qu'il n'y ait auffi une très-grande necessité. La circoncifion s'abolit infenfiblement aujourd'hui parmi les Coptes, & il n'y a gueres que les gens ignorans & groffiers qui la reçoivent.

La profeffion monaftique eft en grande eftime parmi eux. Ils la regardent comme la philofophie de la loi de JefusChrift, & les Moines comme des anges terreftres, & des hommes celeftes; reffemblant aux Apôtres, en ce qu'ils ont abandonné auffi-bien qu'eux, tout ce qu'ils avoient pour l'amour de Jesus-Chrift. On ne reçoit point dans la religion ceux qui n'en ont pas obtenu la permiffion de leur évêque; & celui qui fe veut faire religieux, doit auparavant difpofer de fes biens; car après qu'il a fait profeffion, ils appartiennent tous au Monastere.

Les religieux font obligés de renoncer pour toujours au mariage, à tous les plaifirs charnels, & à leurs parens ; de ne poffeder aucun bien, d'habiter dans les deferts; de s'habiller de laine; de ceindre leurs reins d'une courroïe, de ne point manger de viande, fi ce n'eft dans la derniere neceffité ; & même de retrancher de leurs repas les viandes délicieuses; de se priver de toutes les nourritures fans lefquelles le corps fe peut foûtenir. Ils font obligés d'emploïer tout leur tems en jeûnes, en oraifons, & au travail ; d'avoir continuel. lement dans leur efprit la penfée de Dieu ; de s'appliquer à la lecture de l'écriture fainte, & à l'intelligence des verités qu'elle nous enfeigne.

Ils dorment fur une natte par terre, excepté les fuperieurs & les malades. Ils ne peuvent quitter leurs habits & leur ceinture, ni dormir deux enfemble fur la même natte, ni proche l'un de l'autre. Ils font obligés aux heures canoniales ; fe profternent tous les foirs avant de fe coucher cent cinquante fois, la face & le ventre contre terre, étendant les bras en croix le poing fermé ; & après s'être levés, ils font à chaque

MOINES fois le figne de la croix. Outre ces cent cinquante profterna COPTES. tions, ils en font encore fept autres à l'églife, une avant cha. heure canoniale.

que

Ils partagent le jour en trois parties, l'une eft destinée pour les prieres, l'autre pour la refection, & la troifiéme pour le travail. Les religieux étrangers font admis à leur table; mais les feculiers doivent être traités dans un lieu particulier excepté que pour des causes raisonnables & qui regardaffent l'utilité du Monaftere, le fuperieur jugeât à propos de les admettre à fa table. Le P. Copin dans fon bouclier de l'Europe, parlant du couvent de faint Antoine, dit : que les religieux y mangent dans des plats de bois, & toujours dans les mêmes, de forte qu'on ne met jamais devant un religieux un plat qui a fervi à un autre ; on ne les netoïe jamais, on les laiffe toujours fur la table; & lorfqu'il y refte quelque chofe, le frere qui a foin de fervir, remet ce qu'on a préparé de nouveau fur ce qui reftoit dans le plat, jufqu'à ce qu'il y en ait assez une portion. Il y a bien de l'apparence que dans les autres Monafteres ils mangent auffi mal proprement que dans celui

de faint Antoine.

pour

Si les religieux font occupés à travailler aux champs, on leur donne deux fois le jour à manger, la premiere à sexte ou à midi, & l'autre à la fin du jour; & s'ils ne font pas occupés à des travaux rudes & penibles, ils doivent fe contenter d'un feul repas; foit à none, c'eft.à-dire fur les trois heures après midi, foit à la fin du jour. On leur donne des habits d'hiver à la fête de l'Exaltation de la fainte Croix ; & alors ceux d'été fe mettent dans une armoire commune avec chacun une marque pour les reconnoître quand il les faut reprendre.

Celui qui a frappé un autre demeure excommunié pendant quarante jours; & fi l'autre a rendu le coup, il eft auffi excommunié autant de tems. Celui qui a été affez hardi de lever la main contre fon fuperieur pour le battre, doit recevoir quarante coups de fouet,& être enfuite envoïé dans un autre Mo. naftere, où pendant un an entier il doit jeûner, & vivre dans une retraite continuelle & dans la penitence : l'année étant expirée, il peut retourner à fon Monaftere; mais il eft privé du rang qu'il tenoit auparavant & de l'office qu'il avoit; & fi celui qui a voulu frapper le fuperieur eft un des principaux

du Monaftere, on lui doit donner le dernier rang parmi tous MOINI les religieux.

de

Quant à leurs jeûnes, ils leur font communs avec les autres Chrétiens Coptes. Outre le carême de l'églife univerfelle qui dure parmi eux cinquante cinq jours, pendant lequel ils ne boivent point de vin, ni eau de vie, & ne mangent aucune chofe vivante qu'ait du fang, fe contentant même de pain & de fel pendant la semaine fainte, ne prenant leur repas pendant ce tems-là qu'après que les étoiles paroiffent; ils jeûnent encore tous les mercredis & les vendredis ; excepté ceux qui fe rencontrent entre Pâques & la Pentecôte, & ceux dans lefquels les fêtes de Noël & de l'Epiphanie arrivent. Le carême des Apôtres, qu'ils obfervent, à ce qu'ils difent, à leur imitation à cause qu'ils ont jeûné quarante jours après la defcente du S. Efprit fureux, n'eft, felon le P. du Barat, que treize jours pour les laïques, & s'étend pour les ecclefiafti ques depuis le premier Dimanche d'après la Pentecôte jufques à la fête des Apôtres faint Pierre & faint Paul, mais selon le P. Vanfleb, il eft plus ou moins long, felon que l'intervalle entre Noël & le Carême eft plus grand ou plus petit. Ils appellent ce tems-là Refáa ou Refection, & c'est pour eux une efpece de carnaval; car cet intervalle & ce jeûne doivent faire ensemble quatre-vingt-un jours c'eft pourquoi fi le tems de carnaval a été court le jeûne des Apôtres eft long, parce qu'il doit durer autant de jours qu'il en manque du carnaval pour faire le nombre de quatre-vingt-un jours; mais fi le tems de carnaval a été long, le jeûne des Apôtres eft court, parce qu'il y a déja une grande partie de ces quatre-vingt-un jours paffée; pendant tout ce tems ils jeûnent jufques à none, & mangent du poiffon.

Celui de l'Affomption de la fainte Vierge dure quinze jours, depuis le premier jour d'Août jufqu'à cette fête, pendant lequel ils jeûnent auffi jufqu'à none & mangent du poiffon. Celui de Noël eft de vingt-trois jours pour les Laïques, & de quarante-trois pour les ecclefiaftiques, à l'imitation, à ce qu'ils prétendent, de la fainte Vierge, qui jeûna depuis le feptiéme mois de fa groffeffe jufqu'à fon accouchement, à cause de la crainte qu'elle avoit de faint Jofeph. Ils avoient autrefois celui de Ninive ou de Jonas, qui duroit trois jours, en,memoire des trois jours que ce prophete demeura dans le ventre

COPTES.

MOINES

de la baleine,& ils ne mangeoient point qu'après None ; mais COPTIS. felon le P. du Barat un patriarche l'a incorporé dans le grand carême. Ils avoient auffi celui d'Heraclius, qui avoit été inf titué à cause que cet empereur, cet empereur, felon ce felon ce que difent auffi les Coptes paffant par la Galilée pour aller à Jerufalem, fut prié par le Patriarche & par les Chrétiens de faire passer les Juifs au fil de l'épée, à caufe des cruautés qu'ils avoient exercées contr'eux, en fe joignant avec les Perfans, & faccageant avec ces infidelles la ville Sainte: mais cet empereur aïant fcrupule de retracter la parole qu'il avoit confirmée par fes lettres patentes, les Chrétiens s'obligerent pour eux & leur pofterité de jeûner une semaine entiere pour sui jusqu'à la fin du monde. Cette femaine étoit celle qui precedoit le grand carême, pendant laquelle ils ne mangeoient ni œufs, ni fromage, ni poiffon, comme c'étoit alors ¡la coutume d'en manger, que Dieu pardonnât à cet empereur l'infraction de fa parole; ce que ce prince accepta, & fit maffacrer tous les Juifs de la Palestine; mais ce jeûne a été encore incorporé dans le grand carême, dont ils deftinent la premiere semaine à cette satis faction.

Kand. part.

afin

Comme le patriarche & les évêques Coptes auffi-bien que les autres prélats d'Orient, font monter avec eux fur le fiege épiscopal la continence & les aufterités de la vie Monaftique: nous parlerons auffi du patriarche de cette nation qui se dit fucceffeur de faint Marc, le vicaire de J. C. fon apôtre, & le juge qu'il a établi fur la terre, avec le pouvoir de lier & d'abfoudre de toutes fortes de cas. Si on en veut croire le Hift. de l'é- P. Vansleb, cette dignité est toujours accompagnée de tant gl. d'Ale- de peines, qu'il n'y en a gueres qui l'acceptent de bon gré, & ceux qui foupçonnent qu'on les doit propofer, s'enfuient dans le defert. Mais ceux qui doivent proceder à l'élection, fe font donner un ordre du Bacha pour les gouverneurs des lieux où ces perfonnes demeurent, qui les font prendre par des Janisfaires, leur font mettre les fers aux pieds & aux mains, & en cette maniere les font conduire jufqu'au grand Caire, où l'affemblée fe fait, & où ils font foigneufement gardés juf qu'après l'élection. Selon le même auteur fi celui qui eft élu n'eft pas Moine, ils le revêtent de cette qualité en lui donnant l'askim dont nous parlerons dans les chapitres fuivans car fans cela il ne pourroit pas être patriarche. Alors, s'il n'est

I.ch. S.

que

que Diacre, ils l'ordonnent prêtre & enfuite Igumene, MOINES c'est-à-dire, Archimandrite, ou Archiprêtre, & lui donnent COPTES. le petit chaperon noir.

Le P. Vanileb, qui fans doute s'est trouvé à l'ordination de quelque patriarche d'Alexandrie qu'il a vû conduire avec les fers aux pieds & aux mains, a peut-être cru que l'on en avoit ufé de cette maniere pour s'affurer de la perfonne de ce patriarche qui n'avoit pas voulu confentir à son ordination;mais c'est une ceremonie qui fe pratique dans l'ordination de tous les patriarches, comme il eft marqué dans un pontifical de la bibliotheque de M. Seguier, dont parle M. l'abbé Renau. Perpetuité dot, qui fait remarquer que, comme il étoit arrivé que par de la Foi. humilité quelques-uns avoient pris la fuite,la coûtume s'étoit introduite de mettre les fers au nouvel élu, même lorfqu'il ne faifoit aucune refiftance, afin que le peuple crût qu'il avoit fallu le forcer à accepter cette dignité; que cette coûtume passa en loi, & qu'elle a été pratiquée par plufieurs patriarches; mais qu'il y en a qui y ont eu fi peu d'égard, qu'ils ont pris les ornemens patriarchaux, même avant l'ordination.

Tom. 4. l...

1. ch. 9.

Comme le clergé Copte eft tout à fait ignorant,il n'eft pas neceffaire que celui qui eft élû patriarche, foit grand theologien,il fuffit qu'il fçache lire & écrire en copte & en arabe, qu'il fçache les ceremonies & la difcipline de fon église, & qu'avec la fcience de la fainte Ecriture, il foit encore verfé quelque peu dans l'hiftoire Ecclefiaftique. Quand il donne audience il est toujours ailis à terre les jambes pliées en croix fur une peau de mouton avec la laine, qui eft étendue fur un tapis. Sa vie eft une abftinence continuelle, car il ne mange jamais de viande. On le fert fur une table de bois qui eft ronde de la hauteur d'un pied. Il boit très-rarement de vin à caufe qu'il eft trop cher pour lui. Ses plats font de terre, fes cuilleres de bois, & il ne fe fert ni de couteaux ni de napes. Il porte toûjours fur fa chair une chemife de ferge; & fur cette chemise une camifolle doublée de coton, fur cette camifolle une espece de foutane,& fur cette foutane une vefte noire avec de grandes manches, & par deffus cette vefte, il a une espece d'habillement nommé en arabe Bornus, qui eft un manteau noir de ferge auquel eft attaché un grand chaperon, c'est proprement l'habillement des Mahometans de Barbarie. Il a fur la tête un turban rayé,& au dessus de ce turban une maniere

Tome I.

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