ARME 863.n.52 Francifc. que sous le nom de Surpe-Sar Kifi-bas, carême de S. Sergius. MOINE Ce mot d'Artzibure, signifie précurseur ou avant-coureur, 'NIENS. qui annonce une chose prête à arriver. Les Grecs prétendent Baron. To. que c'étoit le nom du chien de l'Herefiarque Sergius, dont 10. Annal. Jes Armeniens ont été les disciples, & que ce chien fut ainsi ad ann. nommé, parce qu'il avoit accoûtumé de courir devant cet herefiarque, & avertissoit par ce moyen que son maître Quarefm. étoit proche, afin qu'on le vînt recevoir. Ce chien se perdit Elucid Terun jour dans un bois, & Sergius s'étant mis en chemin le len- To. 1. lib. demain à fon ordinaire, pour aller au lieu où il l'avoit envoyé, 1. cap. 45. il fut furpris de ce que personne ne venoit au-devant de lui; vies desss mais sçachant qu'Artzibure n'étoit point venu, il se douta Tom. 4. ed. que quelque loup l'avoit mangé dans le bois;ce qui se trouva vrai. L'affliction qu'il en eut fut fi grande (à ce que préten-tuagef. arse dent les Grecs) qu'il ordonna un jeûne general, qui se de-7 voit renouveller tous les ans durant toute une seniaine. Les Armeniens ne regardent cette fable, que comme une imposture inventée par les Grecs; à cause qu'ils observentce jeûne en mémoire de S. Sergius martyr, qui étoit Grec, & que les Grecs ne veulent point reconnoître pour tel; disant qu'un Grec qui s'étoit mis au service des Armeniens, ne pouvoit pas être Saint, ni avoir remporté la couronne du martyre ; & qu'ainsi ils n'ont inventé la fable du chien de l'here. fiarque Sergius, que pour rendre ce jeûne odieux à toutes les nations. Ce S. Sergius martyr, selon les Armeniens, étoit, comme nous avons dit, Grec de naissance, & officier dans les troupes d'un roi d'Armenie qui étoit idolâtre. Il acquit, à ce qu'ils prétendent, beaucoup de gloire dans plusieus actions, où il eut le commandement de quelques troupes, ce qui lui attira l'estime & l'amitié du prince, & donna en même-tems de la jalousie aux Armeniens qui le denoncerent à ce prince comme un Grec, que ceux de sa nation avoient envoyé en Armenie pour servir d'espion. Le roi, pour s'assurer de la fidelité de Sergius, voulut l'obliger de sacrifier aux ido. les; ce qu'ayant refuse de faire, il le fit mourir, & les Armeniens l'ont honoré comme martyr, prétendant que c'est en fon honneur que ce jeûne a été institué. Le second carême, qu'ils appellent Miez-bas: c'est-à-dire, legrand çarême, commenceau Lundi de la Quinquagefime; & dure cinquante jours, pendant lesquels ils ne mangent ni ra sancte, Baillet, in fol. hist. de la Sep ARME NIENS. Mo Inas laitage, ni huile, ni poisson, & ne boivent point de vin. Le troifiéme s'appelle Surpe-Eliaï-bas le carême de saint Elie, & dure cinq jours. Le quatrième en l'honneur de S. Gregoire l'Illuminateur Surpe-Gregori-bas, estencore de cinq jours. Le cinquième, qu'ils noinment Vartivari-bas, le carême de la Transfiguration, dure aussi cinq jours, & ils peuvent manger des œufs & du laitage le Samedi. Le fixieme, de l'Afsomption de la sainte Vierge, Astou asafna-bas, est de même que le précedent. Le septiéme, de l'Exaltation de la sainte Croix, qu'ils nomment Surpe-Kaggi-bas, est pareillement de cinq jours, aussi-bien que celui qui le suit, & qu'ils obfervent en l'honneur de l'Invention d'une croix qui fut trouvée sur le Mont-Varak, le nommant pour ce sujet VaraKa-Kaggibas, le carême de la Croix du Mont-Varak. Voici comme ils racontent l'origine de ce jeûne. Ils disent que sainte Rupsimée, vierge Romaine, pour éviter la perfecution de l'empereur Licinius, vint se refugier en Armenie, & se retira fur le Mont-Varak, avec environ trente autres Vierges qui l'avoient suivie : que le roi Tiridate, l'ayant voulu épouser & l'obliger de sacrifier aux idoles, elle n'avoit pas voulu y consentir, aimant mieux fouffrir la mort: que voyant qu'on alloit se saisir d'elle, elle ôta de son coû une croix qu'elle portoit ; & qu'appréhendant qu'elle ne fût pro. fanée, elle la posa sur une pierre qui s'ouvrit pour la recevoir & se referma en même tems : qu'à quelque tems de lá, le Roi ayant été converti à la foi avec tout le peuple, on avoit vû une grande lumiere au lieu où cette croix étoit; ce qui y ayant attiré le peuple, on trouva que la pierre s'étoit ouverte: qu'on découvrit la croix de sainte Rupsimée: qu'en memoire de ce miracle, le roi Tiridate avoit fait bâtir, auprès de ce lieu, un fameux Monastere qui subsiste encore, où il a un grand nombre de Religieux, & qu'on institua aussi un jeûne de cinq jours, qui s'appelle, comme nous avons dit, VaraKa-Kaggi-bas. Comme les Armeniens donnent beaucoup dans la fable aussi-bien que les autres Orientaux, il y en a quelques-uns qui disent: qu'après que le roi Tiridate eut fait mourir sainte Rupsimée, il fut changé en pourceau, & qu'il demeura en cet état jusques à ce qu'il en fût tiré par les prieres de S. Gregoire l'Illuminateur : c'est ce que leurs vartabieds font accroire au peuple. y Le neuvième carême a été institué en l'honneur de saint MOINE NIENS, Gregoire le Thaumaturge, l'appellant pour ce sujet, Surpe-ARMEGrigori-le favorichi-bas, qui dure cinq jours, aussi-bien que celui de Surpe-Agopa-bas, institué en l'honneur de S. Jacques de Nisibe; &, felon quelques auteurs, en l'honneur de l'heresiarque Jacob ou Jacques, qui a donné fon nom aux Jacobites; ce que les Armeniens (au moins les Catholiques) rejettent comme une calomnie. Enfin l'onziéme carême est celui de la Nativité de Notre-Seigneur, qui se nomme Zenonti-bas, qui dure huit jours. Mais les Religieux renferment ces onze carêmes dans quatre grands & deux petits, lesquels comprennent près de cinquante jours de jeûnes de plus, que dans les onze des seculiers; & en ce cas M. Baillet auroit eu raison de dire que les Armeniens étoient les plus grands jeûneurs de la Chrétienté, ce qui est veritable à l'égard des Religieux Armeniens; mais non pas des seculiers, puisque les Grecs ont encore plus de jeûnes qu'eux. Les quatre grands carêmes des religieux Armeniens, sont celui de la Resurrection de Notre-Seigneur, qui commence au Lundi de la Quinquagefime; celui des apôtres qui dure cinquante jours; celui de l'Assomption de la sainte Vierge de quinze jours, & celui de la Nativité de Notre-Seigneur de quarante jours; pendant lesquels carêmes ils ne peuvent manger ni poisson, ni huile, ni laitage, ni boire du vin. Les deux petits carêmes sont celui de la fête de l'Exalta. tion de la sainte Croix, qui dure quinze jours, pendant lequel ils peuvent manger du laitage & boire du vin; & celui de S. Sergius ou des Ninivites, qui dure cinq jours, & qui est très-rigoureux; il y en a même qui pendant ces cinq jours, ne mangent qu'une fois, & d'autres qui ne mangent point du tout. L'habillement des religieux Armeniens consiste dans une longue veste ou foutane ferrée d'une ceinture de cuir. Pardessus cette veste ils mettent une espece de robe avec des manches assez amples, & un manteau, le tout d'étoffe noire, aussi bien que le capuce, qui est pointu, à peu près comme celui des Augustins déchausses, dessous lequel ils ont un turban. La difference qu'il y a entre l'habillement de ceux qui se disent de l'Ordre de S. Bafile, & ceux de l'Ordre de saint Antoine qui sont solitaires; c'est que ces derniers portent des étoffes |