monter pour y pouvoir rétablir la Discipline Monastique, & RELIGIEU les Observances qui y sont encore aujourd'hui en pratique. D'ORVAL : M. de Ville-Forre, dans sa petite Histoire des Peres d'Occident, nous a donné un détail de ces Observances, qu'il a tiré de la Relation qui lui a été communiquée par un Chanoine de l'Eglise de Paris, qui visita ce lieu dans le cours d'un de ses voïages. Comme la même Relation nous a été aussi communiquée, nous la rapporterons aussi fidellement: nous ajouterons seulement que ce sçavant Chanoine est feu M. l'Abbé Châtelain, & que ce fut en 1.682. qu'il alla à Orval, où il arriva le 11. Juin. 66 Nous arrivâmes, dit-il, bien tard à Orval, qui est hors de France, dans le Luxembourg, & le Diocése de Tréves. C'est une Abbaïe de l'Ordre de Cîteaux, de la filiation de Clairvaux, fituée dans la forêt d'Ardenne, qui est l'ancienne Hercinia. Ony vit comme à la Trape, hors qu'on y mange « ou plutôt qu'on y présente du poisson quand on pêche, mais aussi on y fuit la Regle de faint Benoît plus à la lettre, & l'on n'y mange en Carême que le soir, sans dire Vêpres le ma- . tin. Saint Bernard y a demeuré, & leur fit présent du Corps « de faint Menne Martyr & Moine d'Egypte, qu'il avoit eu . de quelque Chevalier, qui le lui avoit apporté de Constantinople, au retour d'une Croisade. L'Abbé de ce lieu est un « Gentilhomme Allemand, d'une sainteté solide, mais très agréable. Le Vendredi 12. Juin je suivis les Religieux dans la plû- « part de leurs cérémonies. Je n'allai pas à Matines, qu'ils « commencent à deux heures, & qu'ils accompagnent d'une « demi-heure de méditation. Après qu'elles sont finies, ils ne . se recouchent pas, mais vont au lieu nommé Lectrois, qui « est une salle longue à deux rangs de bancs, dont la partie « anterieure est en pupitre & en table, & la posterieure en « fiége. Il y a une allée large au milieu, & deux étroites prés « des murs: les jeunes ont un autre Lectrois séparé. Hs ont « fur chacun des Bibles commentées, & d'autres bons Livres, « avec une petite écritoire & du papier. L'hyver ils font là « jusqu'à cinq heures & demie, auquel tems on sonne Laudes, « & l'été jusqu'à fix, que l'on fonne Prime. Après que l'on a dit l'Oraison, si c'est jour de deux Messes, on dit la premiere, « puis ils vont lire le Martyrologe, & dire le Pretiofa au Cha Ppp iij RELI-,, pitre, après l'avoir sonné en branle quelque tems avec la GIEUX VAL دو دو دو دو دو petite cloche du Chœur. Je les suivis, & l'un d'eux m'invita d'y entrer par figne. Je demeurai à la porte en dehors. Sous la benediction, Dies & actus, &c. on lut de la Regle de faint Benoît fur le ton des Leçons de Matines. Après la priere » pour les Morts, ils allerent dans le Vestiaire, qui est un lieu » quarré au bout du Cloître, plein de porte-manteaux. Là ils „ quitterent leur grande coule blanche, & aïant traversé le Cloître par differens chemins, ils allerent en divers endroits du bois travailler. A huit heures un quart on fonna la fin du travail avec la grosse cloche du Chœur : ils revinrent se la» verau Lavoir, allerent au Vestiaire prendre leurs habits de » Chœur, & monterent au Lectrois pour se préparer à l'Office >> par la lecture. دو دو دو A huit heures trois quarts on fonne Tierce avec la petite >> cloche;ils furent tous rendus au Chœur en très peu de tems, reciterent Tierce de la Vierge, & chanterent celles de la Ferie, enfuite Sub tuum, &c. c'étoit le Célébrant en aube & en étolle, accompagné du Diacre & du Soû-Diacre, qui avoit commencé Tierce: il étoit allé à la Sacriftie dès la دو دو demie au fon de la cloche qui avoit tinté. On dit la Messe >> fimple de faint Bafilides; le Soû Diacre vint après l'Epître recevoir la benediction de l'Abbé dans fa Chaise du Chœurs دو دو le Diacre alla au même lieu faire benir l'encens, & demander la benediction. Pendant Tierce & la Meffe, pas un Re» ligieux ne me regarda. Dès qu'on eut dit Ite Miffa eft, on >> s'en alla droit au Lectrois, sans quitter l'habit de Chœur. A >> dix heures trois quarts on fonna Sexte: après les avoir chan»tées, ils allerent droit au Refectoire sans laver leurs mains. > On lut pendant le repas du Livre des Rois, au ton des Ma> tines: on vint en disant Miserere, achever graces dans le >> Chœur, après lesquelles ils dirent De profundis à genoux " pour les Bienfacteurs; ce qu'ils ne font que tous les Ven>> dredis. Comme on disoit la Collecte, l'horloge fonna midi, & > ils demeurerent à genoux pendant l'Angelus. Après ils alle" rent se promener, fans se parler jusqu'à midi & demi, au" quel tems on fonna la Siofte, c'est-à-dire, la Meridiene, qu'ils >> allerent paffer chacun dans leur cellule pendant une heure, " foit en dormant, foit en reposant en filence, comme il est > erdonné dans la Regle de faint Benoît. RELI GIEUX VAL. A une heure & demie, selon la même Regle, on fonna" None; après les avoir chantées, ils allerent au vestiaire quit " D'ORter leurs habits blancs, & ensuite malgré une grosse pluïe " qu'il faisoit, ils s'enfoncerent dans les bois pour travailler. A trois heures & demie on fonna la fin du travail, ils revin- “ rent, ils se laverent, & allerent reprendre leurs habits de " Chœur, & fe rendirent au Lectrois. A quatre heures on fonna " Vêpres; après les avoir chantées, ils allerent pendant un " petit quart d'heure fatisfaire à leurs differens besoins. A cinq " heures on fonna le foûper. Cependant j'allai voir les jardins & le Parc, la pluïe étant " un peu diminuée. Je vis dans le jardin d'un des anciens Re- " ligieux, un saint Denis de bois peint, portant sa tête & qui jette de l'eau par le haut de la gorge; & là tous les inftru- " mens de la Passion sonten boüis. Sur une terre qui eft dans " le grand jardin est une petite Eglise d'une fort belle Archi- " tecture du tems d'Henri II. avec un Jubé & des orgues feintes. Les Religieux y viennent dire la grande Messe le " jour de la Dédicace. Un Ermite couche & travaille auprèss l'Abbé ne voulut pas me dire qui il étoit, & à mon retour à " Paris j'appris que c'étoit M. de Pont-Château, Sebastien Joseph-du Cambout frere de Madame la Ducheffe d'Epernon & de feuë Madame d'Harcourt. Plus haut il y a une autre petite Chapelle de structure Gothique, près laquelle est la porte du Parc, où il y a degrandes allées tirées au cordeau & dont quelques-ünes ont des contre-allées. La chaleur avoit été si grande depuis huit jours, principalement le Mercredi qu'ils devoient jeûner, que l'Abbé suivant la Regle avoit relâché le jeûne de ce jour-là. 106 A fix heures & demie on fonna à l'Eglife, & ils quitterent les Lectrois où ils étoient, & vinrent au Chapitre, où sous la benediction, Noctem quietam &c. on lut le Martyrologe de Citeaux, & tout de suite les Conferences de Cassien du ton des Leçons de Matines jusqu'aprés les trois quarts. Tu autem c. aïant été dit par le Président, & Domine miserere &c. par le Lecteur, ils sortirent, & je les suivis au Chœur, où ils réciterent les Pseaumes des grandes Complies, chanterent le reste, & reciterent les petites, pendant quoi l'on fonna pour les Freres Convers qui font habillés de tanné, & vinrent, 06 GIEUX VAL. RELI-> dans leur Chœur separé de celui des Peres, mais presque D'O R- >> aussi grand. Ils entendirent le Salve &c. qu'on chanta du " ton des Peres de l'Oratoire, & demeurerent à l'examen qui " dura un quart d'heure, aprés lequel les anciens sortant les premiers, le Président leur donna de l'eau benite avec un "goupillon qui est près des dégrés du Dortoir. Le Samedi 13. nous partimes après avoir vû l'Eglise de sainte Margue"rite, Paroisse des domestiques & des ouvriers d'Or-Val: • car on y travaille dans les forges de fer. رو Leur habillement est le même que celui des autres Religieux de cet Ordre, ainsi nous n'en donnons point de repréfentation particuliere. Angel. Manriq. Annal. Ord. Ciftert. Tom. I. Chrisostom Henriqués, Fafcicul. Sanct. Ord. Cift. Yepes, Chroniq. Genéral. de l'Ordre de Saint Benoît, Tom. 7. Moreri. Diction. Historique. Edit. de 1704. Ở 1707. Ở Relation manuscrite d'urs voiage de M. l'Abbé Chatelain... P FIN DU CINQUIEME VOLUME TABLE |