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BERNAR qu'ainfi en differant fous divers prétextes, le projet de cette FORME'S DI Réforme s'évanouiroit, & qu'on n'en entendroit plus parFRANCE. ler. Ils fe tromperent néanmoins dans leur conjecture. Car

le Cardinal de Richelieu perfuadé que tout ce qu'ils avoient fait jufqu'alors n'étoit que pour éviter la Réforme, voïant qu'ils ne fongeoient à rien moins qu'à executer la parole qu'ils lui avoient donnée, les abandonna au Cardinal de la Rochefoucaut, qui prévoïant que fon Ordonnance genérale ne feroit pas fi tôt executée en fon entier, jugea qu'il étoit à propos de donner une autre Ordonnance particuliere par forme de provifion, pour unir ensemble les Monafteres de l'étroite Obfervance, & leur donner moïen de se conserver & augmenter.

Cette Ordonnance qui eft dú zo. Août 1635. porte entr autres chofes, qu'en attendant l'execution de l'Ordonnance Generale du 27. Juillet 1634. fans féparer ni démembrer de l'Ordre de Cîteaux les Monafteres de Nôtre-Dame de Vauclers, Chatillon,la Charmoie, Prieres, l'Etoile, &c. ils feroient unis ensemble en forme de Congregation: que les Superieurs de ces Monafteres pourroient faire des Affemblées entre eux,au lieu qu'ils jugeroient le plus à propos, pour y ftatuer & ordonner ce qui feroit neceffaire pour le bien de la Congregation & le foûtien de la regularité: qu'ils y pourroient élire un Vicaire de leur Obfervance : que l'Affemblée ou le Vicaire pourroient feuls inftituer les Prieurs : qu'ils pourroient auffi recevoir à leur union tous les Religieux de l'Ordre qui le demanderoient, & y agréger auffi les Monafteres de l'Ordre, même ceux des Religieufes qui voudroient vivre dans l'Observance, & que les Religieux de cette Obfervance auroient l'entiere administration du College des Bernardins, fans néanmoins fouftraire cette Congregation à l'autorité du General & des premiers Abbés de l'Ordre, qui ne pourroient vifiter qu'en perfonne les Monafteres qui feroient ainfi unis, & vivroient dans l'étroite Obfervance. Le Roi donna dans le même tems fes Lettres Patentes pour l'éxecution de l'Ordonnance Genérale de Réformation, & voulut que l'étroite Observance fût établie dans le College des Bernardins de Paris, ce que le Cardinal de la Rochefoucaut executa le 6. Septembre 1635.

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Ce coup

d'autorité fit comprendre aux premiers Abbés

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qu'ils ne pourroient à la fin éviter la Réforme, s'ils ne trou- BERNAR voient le fecret de regagner la protection du premier Mini- FORME'S DE ftre. Dans cette vuë ils perfuaderent à Dom Pierre de Nivelle FRANCE. alors Abbé Genéral de Cîteaux de fe démettre de fa Charge, & ils firent élire pour fon fucceffeur le Cardinal de Richelieu,dans l'efperance que ce Cardinal étant devenu Chef de l'Ordre il ne pourroit leur refuser fa protection, & qu'en cette qualité de Chef d'Ordre, ce feroit à lui d'ordonner la Réforme, & qu'on ne pourroit la commettre à un autre fans lui faire injure. Mais ils fe tromperent encore: le Cardinal de Richelieu accepta la Dignité qui lui étoit offerte,& fe fervit de l'autorité qu'elle lui donnoit pour favorifer la Réforme. Il établit lui-même dans fon Abbaïe de Cîteaux l'étroite Obfervance, & relegua dans divers Monafteres de l'Ordre, les Religieux qui s'y étoient oppofés. Une protection fi puiffante fit faire de fi grands progrès à cette Observance qu'en peu de tems plus de quarante Monasteres la

reçurent.

La mort du Cardinal de Richelieu, qui arriva fur la fin de l'année 1642. arrêta ce progrès. Les anciens Religieux rentrerent tumultuairement dans Cîteaux & élurent pour Abbé General Dom Claude Vauffin. Mais le Roi caffa cette éle&tion,comme étant faite contre les formes. Le Pape à qui ces anciens avoiem appellé comme d'abus de l'Ordonnance Genérale du Cardinal de laRochefoucaut,touché des divifions de cet Ordre & du fcandale que ces troubles caufoient dans toute la France, voulant y apporter quelque remede,nomma Octave de Belle-garde Archevêque de Sens, Nicolas Grillet Evêque d'Ufez, & Pierre de Broc Evêque d'Auxerre, pour terminer en qualité de Commiffaires Apoftoliques les differens dont il étoit queftion à l'occafion de cette Ordonnance. Ces Commiffaires s'étant affemblés la confirmerent dans fes principaux points par leur Sentence renduë le 13. Juin 1644. Les Abbés de la commune Obfervance n'étant pas contents de ce jugement,en appellerent encore au Pape par un appel fimple & au Parlement par un appel comme d'abus,& quelque tems après, ils se defifterent de cet appel comme d'abus au Parlement & le devant le Roi & fon Conporterent par feil, où ils obtinrent un Arrêt le 5. Avril 1645. pag lequel la Sentence des Commiffaires Apoftoliques du 13. Juin 1644.

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BERNAK fut déclarée abufive, en ce qu'elle avoit ordonné que les ané FORMES DE ciens Religieux de l'Abbare de Citeaux feroient privés de FRANCE. voix paffive en l'élection de l'Abbé Genéral de cet Ordre.Sa

Majefté ordonna qu'en préfence d'un Commiffaire, qui fe roit par elle député, les Religieux Profés de cette Abbaïe de l'une & l'autre Obfervance, procederoient à l'élection d'un Abbé & Général de tout l'Ordre de Cîteaux en la for me & maniere accoûtumée. En ce qui concernoit le Noviciat fa Majefté ordonna que les Parties fe pourvoiroient par devant le Pape, afin que le Pape réglât ce qu'elle jugeroit à propos, & que jufqu'à ce que le Pape en eût ordonné, on ne recevroit aucun Novice que dans les Maisons de la Réforme déftinées pour le Noviciat ; que les anciens Religieux feroient rétablis dans Cîteaux pour y vivre conjointement avec les Religieux de la Réforme, fuivant la Regle & les Statuts de cette même Réforme, excepté en ce qui regardoit l'abstinence de viande & l'usage du linge, à quoi ils ne devoient pas être obligés, & qu'aux jours d'abftinence tous les Religieux de l'une & l'autre Obfervance prendroient leurs repas en commun dans le Réfectoire : que le Service Divin continuëroit aux heures accoûtumées: que les Offices Clauftraux demeureroient à ceux qui en étoient en poffelfion,& au furplus que la Sentence des Commiffaires Apoftoliques du 13. Juin 1644. feroit executée felon sa forme & teneur, même pour le Vicaire Genéral,en toutes les Maifons où la Réforme étoit établie.

Les Religieux Réformés ou de l'étroite Obfervance s'op poferent à l'éxécution de cet Arrêt, & firent leurs proteftations: & quoique M. de Machaut Commiffaire député par le Roi pour affilter à l'élection de l'Abbé de Cîteaux, les eût obligés de s'affembler avec les anciens pour proceder à cette élection, ils demanderent toûjours acte de leurs oppofitions & proteftations, déclarant qu'ils ne s'affembleroient que pour faire une élection conforme aux Ordonnances contenuës dans la Sentence des Commiffaires Apoftoliques, & non fuivant l'Arrêt du Confeil.

En effet l'Affemblée s'étant faite le 10. Mai 1645. les Religieux,Réformés aïant encore réïteré leurs proteftations élurent pour Abbé de Câteaux un Religieux de leur Obferwance, qui fut Dom Jean Jouaud Abbé de Prieres, & les

anciens

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Anciens qui étoient en plus grand nombre firent encore éle- BERNAR tion de Dom Claude Vauffin. Les Réformés protefterent FORME'S DE de nullité de cette élection, & en appellerent par devant fa France. Sainteté qui nonobftant cette oppofition ne laiffa pas de donner des Bulles à cet Abbé au mois de Novembre de la même année. Le premier ufage qu'il fit de fon autorité, fut de bannir de l'Abbaïe de Cîteaux l'étroite Obfervance, que le Cardinal de Richelieu y avoit établie, & il traversa autant qu'il put, les autres Monafteres où elle avoit été reçuë.

Ces conteftations entre les Religieux de la commune & de l'étroite Obfervance, durerent encore plus de vingt années : elles étoient portées felon les differens incidens qui s'y formoient, tantôt à Rome, tantôt au Parlement, & au Confeil du Roi: l'Abbé de Câteaux aïant trouvé moïen de porter la Republique des Suiffes à intervenir dans fes differens avec l'étroite Obfervance, par une Supplique qu'elle fit présenter à fa Sainteté fur cette intervention le Pape donna un Bref, par lequel il caffoit les Sentences de la Réforme faite d'authorité Apoftolique, & declaroit nul tout ce qui avoit été fait en France en confequence par le Cardinal de la Rochefoucaut.

L'Abbé de Cîteaux étant allé lui-même à Rome, obtint un fecond Bref, qui confirmoit celui dont on vient de parler. Par ce Bref le Pape ordonnoit à l'Abbé de Cîteaux de faire trouver à Rome des perfonnes de l'Ordre de toutes.les. nations où il fe trouvoit établi, pour donner leur avis fur le fujet de la Réforme générale que le Pape vouloit faire de fon authorité. Le Roi aïant permis l'execution de ce Bref par un Arrêt du 3. Juillet 1664. les Religieux de l'étroite Obfervance fe trouvant dans la neceffité d'y envoïer des Députés, choifirent pour ce fujet l'Abbé du Val-Richer & l'Abbé de la Tape, Dom Armand-Jean le Bouthillier de Rancé. Ils arriverent à Rome au mois de Novembre, & trouverent cette Cour peu favorable à l'étroite Obfervance; & ce qui acheva de l'y rendre tout-à-fait odieufe, fut une Thefe qu'un Religieux de l'Abbaïe de Perfeigne de l'étroite Obfervance, foûtint en France dans le même tems, où il avança une propofition touchant l'infaillibilité du Pape,très éloignée des fentimens de la Cour de Rome. On difputa avec beaucoup de chaleur: les réponses furent encore plus

Tome V.

Iii

BERNAR Vigoureufes que la Théfe. L'Abbé de Prieres, Vicaire GéDINS RE néral de l'étroite Obfervance y avoit affifté, & ne l'avoit FRANCE. point défapprouvée. On en fit des plaintes au Nonce, &

FORME'S DE

l'Abbé de Cîteaux qui étoit à Rome, ne manqua pas de s'en prévaloir; & enfin nonobftant le credit de la Reine mere, qui s'étoit declarée la Protectrice de la Réforme, & qui avoit emploïé fes follicitations en Cour de Rome, le Pape Alexandre VII. donna un Bref le 19. Avril 1666. qui fut entierement au défavantage de cette Réforme.

Ce qu'il lui accorda fut feulement que dans les Chapitres Généraux l'Abbé de Cîteaux & les quatre premiers Peres de l'Ordre faisant l'élection comme à l'ordinaire des Deffiniteurs Généraux, il y en auroit dix de l'étroite Obfervance, enforte que chacun de fes Abbés en éliroit deux: que les Religieux qui avoient embraffé l'abstinence de la viande, feroient obligés de la garder toûjours, fans qu'il leur fût permis de paffer à la commune Obfervance,à moins qu'ils n'en euffent demandé permiffion, & qu'elle ne leur eût été accordée par le Pape, ou par le Chapitre Général, ou par l'Abbé de Cîteaux; & qu'aucun ne pourroit pareillement paffer de la commune à l'étroite Obfervance qu'après en avoir obtenu la permiffion du moins de fon Pere immédiat: que perfonne ne pourroit être contraint par les Superieurs à embraffer l'abstinence, à moins qu'il n'y eût été élevé que l'on feroit une féparation des Maifons de l'étroite Obfervance, en deux Provinces, & que l'Abbé de Cîteaux, les quatre premiers Peres de l'Ordre & les dix Deffiniteurs de cette Obfervance éliroient deux Vifiteurs Provinciaux de la même Obfervance,qui auroient chacun jurifdiction fur les Monafteres de leur Province. Le Pape cependant declara ne vouloir préjudicier en aucune maniere à la Réforme, voulant que les Religieux de l'étoite Obfervance continuassent à vivre de la même maniere qu'ils avoient fait jufqu'alors: & il commanda par fainte obedience à l'Abbé de Citeaux & aux quatre premiers Peres de l'Ordre, non feulement de proteger de de toutes leurs forces cette Obferyance; mais de l'étendre & de l'augmenter autant qu'ils pourroient les autres articles contenus dans ce Bref dent la Réforme de l'Ordre en général, & font conformes presque en tout à la Regle de faint Benoît, & aux Constitu

:

regar

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