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NARDINES

voifines, pour tenir auffi entre elles des Chapitres Gene- RELIGIEU
raux. L'Abbaïe de Tart la plus ancienne de toutes celles FS BER-
de l'Ordre, & qui avoit été fondée, comme nous avons
déja dit,dès l'an 1120. par faint Etienne, troifiéme Abbé de
Citeaux, fut choifie à cet effet, & le premier Chapitre Ge-
neral de ces Religieufes s'y tint l'an 1190. le jour de faint

Michel.

Cette grande authorité qu'on avoit donnée à l'Abbeffe de las Huelgas, lui fit croire qu'elle avoit le même pouvoir que les Abbés, & que tout ce qui leur étoit permis,lui étoit permis: elle eut même la temerité de vouloir entreprendre fur les fonctions du Sacerdoce; car en 1210. elle entreprit de benir les Novices, d'expliquer l'Evangile & de monter en Chaire pour prêcher; & ( ce qui n'aura jamais d'exemple) elle entendoit les Confeffions des Religieufes qui lui étoient foûmises. Le Roi de Castille approuvoit tacitement cet abus. Conftance fa fille étoit pour lors Abbeffe, c'étoit elle qui avoit cette préfomption; & ce Prince qui avoit fondé ce Monaftere croïoit que ce feroit une chofe qui en releveroit beaucoup la gloire, s'il étoit abfolument indépendant,même pour le fpirituel, & qu'il n'y eût aucun exemple des privileges dont il joüiffoit. Les Superieurs de l'Ordre n'oferent d'abord refifter à l'autorité de ce Prince ; mais ils en écrivirent au Pape Innocent III. qui commit l'an 1210. les Evêques de Burgos & de Palença, avec Gui Abbé dé Morimond, qui fe trouvoit pour lors en Efpagne, pour reprimer l'audace de cette Abbeffe & des autres qui vouloient l'imiter.

Sanche d'Arragon aïant fuccedé à Constance de Castille dans le gouvernement de ce Monaftere vers l'an 1218. obtint de nouveaux privileges pour fon Monastere, du Roi Ferdinand, furnommé le Saint. Uraque veuve d'Alphonfe Roi de Leon,aïant fait bâtir l'an 1222.leMonaftere de Vilena à fept lieuës de Burgos, il fut foûmis à celui de las Huelgas, d'où l'on avoit tiré des Religieufes pour ce nouvel établisse ment & fix ans après on lui foûmit auffi celui de VillaMajor. Elvire cinquiéme Abbeffe de las Huelgas fixa le nombre des Religieufes de fon Monaftere à cent, celui des jeunes Demoifelles, qu'on y élevoit, à quarante, auffi-bien que celui des Converses destinées pour le fervice des Reli

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NARDINES.

RELIGIEU. gieufes. Cette Abbeffe n'aïant pas voulu recevoir la vifite de SES BER- Gui III. Abbé de Cîteaux l'an 1260. fut excommuniée dans le Chapitre General de cet Ordre. Marie de Guttierez en étant Abbeffe, le Monaftere d'Avia lui fut auffi foûmis, & Marie de Velafco qui lui fucceda, reçut auffi celui de Barria. Il y eut encore dans la fuite d'autres Monafteres qui reconnurent celui de las Huelgas pour leur mere Eglife. Les Abbeffes de ce celebre Monaftere ont toûjours été perpetuelles jufqu'en l'an 1587. qu'après la mort de l'Abbesse Eleonore de Caftille fille du Roi Pierre, furnommé le Cruel, elles commencerent à être triennales. Nous aurons encore lieu dans la fuite de cette Hiftoire de parler de ce Monastere. Les autres de cetOrdre qui font celébres, font en trop grand nombre pour en parler en particulier ; celui de Converfano eft le feul en Italie où l'Abbeffe ait droit de porter la croffe: elle a jurifdiction fpirituelle dans le bourg de Caftellano. Celui de faint Antoine à Paris eft un des plus confiderables. de France. L'Abbeffe y joüit de beaux droits, étant Dame en partie du Fauxbourg qui porte le nom de cette Abbaïe, lequel pour fa grandeur & fon étenduë furpaffe plufieurs villes confiderables. L'Abbaïe de Fronneberg en Weftphalie & de la filiation de Morimond,eft en partie Catholique & en partie Lutherienne. Le Pere Papebrock dit qu'il y a même trois Communautés l'une de Catholiques, l'autre, de Lutheriennes, & la troifiéme de Calviniftes ; mais j'ay appris de M. l'Abbé de la Charité qu'il n'y avoit que des Catholiques & des Lutheriennes, & que les Abbeffes avoient été jufqu'à préfent alternativement Catholiques & Lutheriennes. Il y a même encore en Allemagne des Abbaïes tant d'hommes que de filles qui font entierement Lutheriennes. Il y en a auffi où les Abbeffes font Princeffes de l'Empire, comme celles d'Heppack, d'Himmeltron, & de Guttenfel. L'habillement des Religieufes de Cîteaux confifte en unç tunique ou robbe blanche, un scapulaire noir & une ceinture de même couleur. Au Chour la plupart portent des coules & d'autres feulement des manteaux, & les fœurs Converses font habillées de couleur tannée. Les Novices font habillées de blanc : l'habillement de celles de Lorvain en Portugal est tout different. Nous en donnons auffi une eftampe.

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