PONTIGNI, MORI Zamora en Espagne; Hemmerode, au Diocése de Tréves, LA FERTE, & Alne, dans celui de Liege. Mais la plus riche Abbaïe, CLAIRFille de la generation de Clairvaux, est celle de Alcobazar VAUX en Portugal. Elle fut fondée par Alfonse 1. Roi de Portu- MOND. gal, l'an 1148. en memoire de la victoire qu'il avoit remportée sur les Maures l'année précedente, par les prieres de saint Bernard. Ce Prince donna à cette Abbaïe plusieurs Terres de grands revenus. Les Abbés de ce Roïal Monastere sont toûjours Grands-Aumôniers des Rois de Portugal.Ce fut le même Alfonse qui l'an 1143. rendit son Roïaume feudataire de l'Abbaïe de Clairvaux, & obligea fes fuccesseurs de lui païer tous les ans au jour de l'Annoncia rion de la fainte Vierge, cinquante Marabitains d'or. Ce fut apparemment sur quoi les Religieux de Clairvaux fon derent leurs prétentions au Roïaume de Portugal, après la mort du Roi Sebastien, qui avoit été tué à la bataille d'Alcacer l'an 1.578. La filiation de Clairvaux s'étendit autrefois en Angleterre, en Ecoffe, en Irlande, en Suede, & en Dannemarck, avant le changement de Religion arrivé en ce Roïaume, & préfenzement elle s'étend en France, en Hongrie, en Italie, en Flandres, en Espagne, & en Portugal. Cette Abbaïe porte pour armes d'afur semé de fleurs de Lis d'or aux armes de Champagne en cœur.. Il nous reste encore à parler de l'Abbaïe de Morimond quatriéme Fille de Cîteaux, laquelle est dans le Bassigni, au Diocése de Langres, & confine tellement à la Lorraine & à la Comté de Bourgogne, qu'il y a dans son territoire une pierre qu'on nomme la borne des trois Evêques & qui marque que les Diocéses de Toul, de Besançon & de Langres s'étendent jusqu'à cet endroit. Cette Abbaïe fut fondée par Olderic d'Aigremont Marquis de Choiseul, & Adeline fon épouse l'an rirs. Le premier Abbé qui y fut envoïé fut Arnaud I. que faint Bernard appelle dans une de ses Lettres une forte Colomne de l'ordre. Il sortit de Cîteaux avec huit Religieux pour prendre possession de ce Monaftere: mais leur nombre s'augmenta beaucoup & en peu de tems: car par ses prédications, il convertit plusieurs personnes qui embrafferent sous sa conduite la vie Religieuse. Il fonda les Abbaïes de Bellavaux dans le Comtéde Bourgogne, & de la Chrefte LA FERTE', en Lorraine. Et aïant été appellé à Cologne par fon frere PONTIGNI, Frideric qui en étoit Archevêque, il y fit un nouvel éta VAUX T blissement, aïant bâti par les liberalités de ce Prélat, le celebre Monaftere d'Aldevet vulgairement Camp, qui dans la suite en a produit plusieurs autres, dont il en reste encore aujourd'hui plus de soixante & dix, qui sont de sa dépendance, non seulement dans plusieurs Provinces d'Allemagne, mais encore dans la Pologne: il y en avoit même jufques dans la Livonie. Trois ans aprés qu'il eut ainsi travaillé avec tant de succés à l'agrandissement de son Ordre & au salut des ames, il abandonna Morimond avec quelques autres Religieux sous pretexte de vouloir aller en Terre-Sainte. Saint Bernard fit ce qu'il put par ses Lettres pour le faire revenir ; mais ce fut inutilement. Il mourut en Flandres l'an 1126. fans qu'on ait jamais pû penétrer le sujet de sa retraite. Aprés sa mort Vautier I. son successeur, fit revenir à Morimond les Religieux qui en étoient fortis pour le suivre, & donna l'habit de l'Ordre à un grand nombre de personnes de la premiere noblesse d'Allemagne, entre lesquels furent Henri Comte de Carinthie & Othon fils de Leopold Marquis d'Autriche, lequel Othon fut enfuite son successeur dans la même Abbaïe de Morimond, dont il fut tiré pour remplir le Siége Epifcopal de Frize. Il s'est rendu recommandable par l'Histoire qu'il a donnée de tout ce qui étoit arrivé dans le monde jusqu'à fon tems. Cette Abbaïe à vingt-fix Filles de fa ge neration, & fa filiation comprend tous les Monafteres de Bohême, de Moravie, Silefie, Misnie, Autriche, Stirie, Carinthie, Carniole, Saxe, Baviere, Franconie, Brandebourg, Pomeranie, & generalement tout l'Empire Romain, & quelques autres en France, en Italie, en Espagne, en Pologne, en Savoye, &c. outreles Ordres Militaires de Calatrava, Alcantara, Avis, Montesa & Christ en • Espagne & en Portugal & de faint Maurice en Savoye. Cette Abbaïe porte pour armes d'argent à la Croix de Calatrava qui est fleuronée de Gueules & accompagnée de ces quatre Lettres de fable M. O. R. S. l'écu couronné de la Couronne de France, & pour supports deux squelettes ou morts. Gaspar Jongelin. Origines ac progressus Abbat. Ord.Cifter. Angel. Manrique, Annal. ejusd. Ordinis, & Sammarth.Gall. Christian. Tom. 4. CHAPITRE XXX V. De l'origine des Religieuses de Citeaux, appellées en France L BERNARDINE S. Es Historiens de l'Ordre de Citeaux ne s'accordent point touchant l'origine des Religieuses de cet Ordre. Les uns, comme Britte, Barnabé de Montalvo, Chrisostome Henriques & quelques autres, attribuent à sainteHumbeline fœur de faint Bernard, la gloire d'avoir été leur Institutrice. Ange Manrique au contraire voulant faire remonter leur origine à quelques années avant la retraite de cette Sainte, prétend qu'elles ont été fondées par saint Bernard, & qu'elles ont plus de fondement que les Religieux mêmes d'appeller ce Saint Docteur leur Pere & de porter son nom. Dom le Nain Religieux de la Trape dans son Histoire de l'Ordre de Cîteaux est de ce sentiment, aussi bien que M. Bailler & le Pere Philippe Bonanni de la Compagnie de Jesus dans fon Catalogue des Ordres Religieux. Et ce dernier pour appuïer son sentiment renvoïe le Lecteur à ce qu'en dit Manrique dans fon Menologe de l'Ordre de Cîteaux au 21. Août: ce qui est une erreur visible, puisque Manrique n'est pas l'Auteur de ce Menologe, mais Henriqués qui y dit positivement que fainte Humbeline a été l'Institutrice des Religieufes de l'Ordre de Cîteaux: in Gallia depofitio Beatissima matris nostra Humbelina, B. Bernardi fororis, quæ ab ipfo mirabiliter converfa, faculi deliciis contemptis, rigidiffimam vitam inftituit & Reformationem Ciftertientium sanctimonialium divino afflante Spiritu inchoavit. Et dans l'Histoire qu'il a donnée en particulier de l'origine de ces Religieuses sous-le titre de Lilia Ciftertii &c. il dit, parlant de saint Humbeline, qu'après qu'elle eut résolu de se consacrer à Dieu, & de renoncer au monde, elle se retira dans le Monastere de Juilly qui étoit pour lors de l'Ordre de saint Benoît: ad fuleium se se Cœnobium S. Benedicti Ordini ea tempestate confecratum contulit: mais que dans la suite elle perfuada aux Religieuses de ce Monaftere d'embrasser la Réforme de Cîteaux, qu'elle en donna avis à l'Abbé de Cîteaux par le moïen du Nonce qui étoit en Francesque cet Abbé y confen Aaa iij RELIGIEU |