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tout nud en prefence d'une Communauté. Pierre Damien CONGREécrivit contre ceux qui blâmoient ces fortes de flagellations, FATION D mais enfin convaincu, soit par les objections de ses Ad- AVELLANA versaires, foit par sa propre experience, qu'il y avoit de l'excès dans ces mortifications; il y apporta un temperamment ; & écrivant aux Religieux de sa Congregation, il leur dit que cette flagellation fur laquelle ils insistoient si vivement, pouvoit être utile, lorsqu'on s'en servoit avec moderation,mais qu'en la poussant fi loin, elle peut être indifcrete, puisqu'elle affoiblit le corps, le reduit en langueur, & le met fouvent hors d'état de satisfaire aux autres exercices de la Religion, s'en trouvant parmi eux qui prenoient la difcipline pendant un Pseautier entier, & même pendant deux Pseautiers, jusqu'à s'incommoder confiderablement, & fe rendre effectivement malades, & que cela détournoit même ceux qui avoient envie de venir dans leurs Ermitages. C'est pourquoi il ordonne que personne ne sera contraint à se donner foi-même la discipline: mais que ceux qui auront affez de ferveur pour se la donner, la pourront prendre en recitant seulement quarante Pseaumes pour chaque discipline, fans qu'ils puiffent paffer ce nombre, finon pendant les deux Carêmes de la Nativité & de la Refurrection de NôtreSeigneur, auquel tems il leur seroit permis de prendre la discipline pendant soixante Pseaumes. Nous ne retranchons pas, dit-il, par ce moïen ce qui est bon, mais feulement ce qui paroît excessif.

L'éclat de sa sainteté & de sa doctrine le fit créer Cardinal & Evêque d'Ostie par le Pape Etienne IX. en 1057. On eut à la verité de la peine à lui faire accepter cette Dignité, & le Pape fut obligé d'emploïer toute son authorité pour l'y engager. Il s'y soûmit cependant par une pure obéïssance; mais entraîné toûjours par l'amour de la folitude, il se retira quelque tems après dans son Ermitage de Font-Avellane, où étant arrivé, il alla premierement au Chapitre, où il s'accusa lui-même de ses fautes, & pour les expier, il demanda qu'on le frappât de coups de fouets. Il se renferma dans une cellule, où il affligea cruellement son corps par des jeûnes & des flagellations frequentes, se contentant d'eau & d'un peu de pain de fon pour sa nourriture. Ses Disciples l'aïant prié de corriger ce qu'il y avoit de défectueux dans leurs Obfer

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CONGRE- vances, il retrancha les bonnets ou chapeaux dont ils fe couFONTE vroient la tête, comme peu conformes à la fimplicité & à la AVELLANA. modestie Religieufe, & leur ordonna de fe contenter de ca

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puces, qui étoient en usage parmi les Religieux, de quitter les étoffes qui venoient des païs étrangers, & de ne se servir que de celles que portoient les païfans. Il écrivit encore plusieurs Ouvrages dans la solitude, d'où il eut ordre de fortir une seconde fois pour terminer des affaires pressantes; & revenant d'un voïage qu'il avoit fait à Rome, il mourut à Faenza l'an 1072.

Nous ne sçavons point fi les Religieux de l'Ordre de Font Avellane fe maintinrent long-tems dans la ferveur & l'obfervance de leur Institut: mais il est certain que dans le feiziéme fiécle ils vivoient avec beaucoup de licence, qu'ils ne faifoient plus même de profession Religieufe, qu'ils vivoient plûtôt en Seculiers qu'en Religieux & en Solitaires. Ils avoient quitté l'habit Monastique, qui étoit tel que vous le voïez representé dans la premiere figure, & ne portoient plus qu'une espece de foutanelle blanche, qui ne descendoit qu'aux genoux, avec un manteau bleu, un bonnet quarré blanc au lieu de cap, comme il est representé dans la seconde figure. Le Pape Pie Vaïant donné l'Abbaïe de Font- A vellane en Commende au Cardinal Jules de la Rovere, frere du Duc d'Urbin, ce Cardinal voulut y rétablir la Discipline Monastique. Il y fit venir pour cela l'an 1570. des Moines Camaldules de la Congregation de saint Michel de Murano; Dieu toucha leurs cœurs, & la plupart des Religieux de FontAvellane prirent l'habit de cet Ordre, & en firent profeffion entre les mains du Pere Dom Pierre Balneoli de Bagna cavalli, qui en fut élu Abbé Regulier, & depuis ce tems les Religieux Camaldules ont toûjours possedé ce Monaftere.

Voïez la Vie de Pierre Damien, écrite par fean son Difciple.ejufdem Petri Damian. Opufcul. 14. & 15. & lib. 6. Epift. 33. Joan. Mabillon, Acta SS. Ord. S. Bened. facul. 6. ejusd. Annal. Benedict. Tom. IV. & Fleury, Hift. Eccles. Tom. XII. & XIII. Morigia, Hist. di Tutt. le Religioni,cap. 58. Silvestr. Maurolic, Mar. Ocean. di tutte le Relig. lib. 2. pag. 158. Schoonebek, Hift. des Ordr. Relig. Guido Grandis, Differt. Camaldul. Differt. 4.

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De la Congregation de Cave.

'ABBAIE de Cave, au Territoire de Salerne, dans le

Roïaume de Naples, a été autrefois Chef d'une celebre Congregation de l'Ordre de saint Benoît. Elle eut pour Fondateur faint Alfere ou Adelfere, qui étoit de Salerne, de la Maison des Pappa-Carbons, qui (à ce qu'on prétend) descendoit des Rois Lombards. Aïant fini ses études, il fut mis à la Cour de Guaimar III. Prince de Salerne, qui l'envoïa en Ambassade auprès du Roi de Germanie;mais étant arrivé au Monastere de saint Michel de Cluse, il y tomba dangereusement malade. Pour lors faisant reflexion sur les vanités du siècle, il prit la resolution d'embrasser l'état Ecclesiastique, & de consacrer à Dieu ce qui lui restoit d'une vie languissante. Il demanda l'habit de saint Benoît à saint Odillon, qui se trouvoit pour lors à Cluse: & ce Saint l'aïant mené avec lui à Cluni, lui accorda ce qu'il avoit souhaité avec beaucoup d'empressement. Autant qu'Alfere avoit été attaché aux choses de la terre, autant prit-il affetica pour toutes les choses qui regardoient le service de Dieu, & il parvint en peu de tems à une très grande perfection. La réputation de sa sainteté s'étant étenduë jusques dans son païs, le Prince de Salerne l'engagea d'y retourner, & lui donna le soin de faire observer la Discipline Monastique dans tous les Monafteres de la ville de Salerne. Mais ce faint Homme qui étoit accoûtumé au repos & à la tranquillité, impatient d'en joüir, abandonna la ville, & fe re tira sur un côteau de montagne, qu'on appelloit pour lors la Fenêtre, & à present saint Elie ; & passant ensuite plus avant dans la même montagne, il crut être bien caché aux yeux des hommes, en choisissant sa demeure au bas d'un rocher affreux, d'où l'on avoit tiré des pierres, & qui formoit une caverne en forme de cellule, où il se retira; mais cette folitude qu'il avoit choisie pour fuir la gloire des hommes, devint bien-tôt frequentée par les personnes qui le vinrent trouver pour vivre sous sa conduite. Il n'en retint cependant que douze, de peur, disoit-il, que la sterilité du lieu ne pût pas en nourrir un plus grand nombre.

CONGREGATION DE CAVE.

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