ORDREDES CES, il leur étoit défendu de se servir d'étofe de soïe; mais CAMALDU- ils devoient avoir des habits modeftes, & ils étoient obligés de 1 porter la couronne Monachale: ils devoient porter aux Offices leurs bonnets carrés & le domino avec le scapulaire, le tout suivant leurs Statuts, fondations & Regles, & ils ne pouvoient aller aux champs sans leur foutanne & fans leur Icapulaire. Outre cela les jeux de carte, le maille, la chasse & autres exercices & jeux scandaleux leur étoient défendus, M. le Clerc, Conseiller, & Agent de fon Altesse Roïale de Savoïeen la ville de Lyon, & Secretaireen Chef de ladite Abbaïe & fes dépendances, rapporte ces Statuts conjointement avec d'autres qui concernent le gouvernement de cette Congrégation, aufsi bien que les Bulles de cinq Papes, en confirmation des privileges qui lui avoient été accordés par quinze de leurs prédecesseurs, outre plusieurs Arrêts du Roi en faveur de ces Abbés. Nous donnons ici l'habillement des Religieux de l'Abbaïe de Cluse tels qu'ils font représentés dans quelques anciens monumens de l'Abbaïe de saint André-lès-Avignon, qui étoit de sa dépendance. Le Clerc, Chronica Pedemontaña. Joann. Mabillon, An nal. Ordinis Bend. Tom III. 4o. & 5o. Memoires venus de Pié. mont. CHAPITRE XX I. De l'origine des Camaldules, avec la Vie de S. Romuald, NTRE toutes les Congregations qui ont fait l'ornement de la vie Monastique, & le sujet de l'admiration du monde Chrétien, par l'austerité de leurs pratiques & par la fainteté de leur vie, celle des Camaldules doit tenir un des premiers rangs, puisque les saints Religieux qui la composent obfervent tout ce qu'il y a de plus rude & de plus severe, tant dans la vie Cœnobitique que dans la vie Heremetique, dont ils ont embrassé la penitence & les mortifications, sans s'embarrasser des douceurs qui moderent les peines de ces deux états, dont ils font également profession; suivant en cela l'exemple de faint Romuald leur Fondateur, qui a excellé dans l'un & dans l'autre par lapratique de toutes fortes de vertus. Ce Saint étoit natif deRavenne, & defcendoit de l'illuftre ORDRE DES CAMALDU Maison de ses Ducs; son pere s'appelloit Serge. Ses premie- LES. Jusqu'alors il n'y avoit eu dans Romuald qu'une idée fort legere d'abandonner le vice, & de suivre la voix du Seigneur, qui se manifestoit à lui par ses inspirations, & par les bons desirs qu'il excitoit dans son cœur: mais le tems auquel Dieu avoit determiné sa conversion étant venu, il se soumit à la grace, rechercha avec empressement la vie qu'il estimoit, sans avoir envie de l'embrasser, ne songea qu'à se consacrer à Dieu & à renoncer au monde : ce qui arriva de la forte. Son pere avoit eu plusieurs difficultés avec un de ses parens au sujet d'un heritage, dont ils se difputoient la possession. Ne voïant point de jour à un accommodement, ils se resolurent de terminer leur differend par un combat fingulier; & effectivement en étant venus à l'er ORDREDES xecution, Serge tua son ennemi & fon parent. Romuald, CAMALDU LES. qui avoit été present à ce combat, quoique malgré lui, ne l'aïant fait uniquement que pour obéir à son pere, qui l'avoit menacé plusieurs fois de le desheriter, s'il continuoit à ne vouloir pas s'interesser dans la querelle, sitôt qu'il vit fon parent tué, il eut horreur de cette action; & quoiqu'il n'eût point cooperé à sa mort, il ne laissa pas d'en être si vivement touché, qu'il en prit sur soi toute la penitence, & se retira pour cet effet au Mont-Caffin, pour expier ce crime dont il étoit innocent, l'espace de quarante jours, comme c'étoit la coûtume des assassins. Pendant que Romuald étoit dans ce faint lieu, où il ne pensoit qu'à finir sa penitence pour retourner dans la maison de fon pere, il fit amitié avec un Frere convers, qui dans les conversations qu'il avoit tous les jours avec lui, faisoit fon possible pour l'engager à quitter le monde; mais c'étoit inutilement: les liens qui l'y tenoient attaché étoient encore trop forts pour être rompus par les discours que ce bon Frere lui faisoit, autant que fa capacité le lui pouvoit permettre : ce changement ne pouvoit venir que de la droite du Très haut. Aussi ce faint Religieux voiant le peu d'effet de ses paroles, eut recours à Dieu, & rempli de confiance en fa bonté & en fa mifericorde pour les pecheurs, dont il étoit perfuadé qu'il ne veut pas la perte, mais la conversion: il demanda à Romuald ce qu'il lui donneroit fi la nuit suivante il lui faisoit voir saint Apollinaire tout resplendissant de lumiere. Celui-ci ne fit point de difficulté de lui promettre que fi le ciel vouloit le favoriser de cette grace, il renonceroit aur monde, & fe consacreroit entierement à Dieu, & que pour cet effet il consentoit à passfer avec lui la nuit suivante en prieres dans l'Eglise du Monastere où ils resteroient tous deux, après que les autres Religieux de la Communauté se seroient retirés. Dieu qui dit dans son Evangile qu'il se trouve au milieu de deux ou de trois afsemblés en fon nom, & qui avoit resolu de faire de Romuald un vase d'élection,exauça la priere de ce bon Religieux, & leur fit apparoître S. Apollinaire environné des raïons de la gloire dont joüiffent les Bienheureux dans le Ciel. Une grace fi finguliere commença à ébranler Romuald, auquel ce Serviteur de Dieu ne donnoit point de relâche, le sommant continuellement d'executer sa |