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Roi Loüis XIII. le premier Septembre 1631. & homolo- REFORME gués au Grand-Conseil le 31. Mars 1633.

DE L'OR-
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Le Cardinal de Richelieu donna le Grand Prieuré à Dom CLUNI.

Hubert Rollet avec des Lettres de Vicariat pour gouverner l'étroite Obfervance, tant au spirituel qu'au temporel. Il fit défense aux anciens d'exercer aucune jurifdiction fur ceux qui embrasseroient la Réforme, de donner l'habit, ni de recevoir à la profession aucun Religieux que dans les Monafteres de l'étroite Observance, & ordonna que les anciens Statuts de Cluni seroient observés par ceux qui feroient à l'avenir profession de cette Réforme. Elle fut d'abord introduite dans l'Abbaïe de Cluni, où elle avoit pris fon origine. Elle passa enfuite dans d'autres Monasteres, qui aïant formé comme une Congregation, celebrerent leur premier Chapitre General dans le Prieuré de la Charité-fur-Loire l'an 1633.

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Le zele du Cardinal de Richelieu pour la Réforme alla plus loin: car comme les Religieux Benedictins de la Congregation de saint Maur avoient aufli tiré le commencement de leur Réforme de la Congregation de saint Vannes, la conformité des Statuts de ces Congregations, donna occafion à ce Cardinal d'unir la Réforme de Cluni avec la Congregation de faint Maur, & de n'en faire qu'une seule Congregation, sous le titre de Congregation de faint Benoît autrefois de Cluni & de faint Maur. Il fit un Concordat le 29. Decembre 1634. avec Dom Pierre Lucas, Prieur Claustral de l'Abbaïe de Cluni, & Visiteur de l'étroite Obfervance du même Ordre, aïant charge & pouvoir des Peres de cette Congregation, & Dom Gregoire Tariffe, Superieur General de la Congregation de faint Maur, assisté des Peres Prieurs de saint Denis en France, de S. Germain des Prez, & des Blancs-Manteaux à Paris, stipulans pour les Religieux de cette Congregation, par lequel Concordat l'Abbaïe de Cluni, Chef d'Ordre, & de la Congregation de Cluni, avec tous les Prieurés & toutes les autres dépendan ces, fut unie à la Congregation de faint Maur: en forte que les deux ne devoient faire à l'avenir qu'un Corps & une Congregation appellée de saint Benoît en France, anciennement de Cluni & de faint Maur, en laquelle on garderoit la Regle de faint Benoît, les Declarations faites fur cette Re

CLUNI.

REFORME gle, le Regime & les Statuts, ainsi qu'il fut accordé entre DELOR les Religieux de ces deux Congregations. Après la mort du Cardinal de Richelieu, l'Abbé devoit être Regulier, pris du Corps de la Congregation de S. Benoît & élu par les Chapitres Generaux. Les Abbés, Prieurs, Doïens, & autres pourvûs de quelques Offices ou Benefices, ne pouvoient avoir aucune autorité ni jurifdiction spirituelle pour le Regime & Gouvernement des Monafteres & des Religieux de la Congregation, fi elle ne leur étoit expressement commise par les Chapitres, les Dietes, ou les Superieurs, felon les Constitutions de la Congregation; & ceux qui n'étoient pas de la Congregation, ne devoient joüir que des droits & des prérogatives qui appartenoient à leur Mense & Dignité, sans pouvoir rien prétendre sur les Religieux de la Congregation, ni fur la Regularité des Monafteres où la Réforme Teroit introduite. Le Cardinal de Richelieu demeuroit sa vie durant dans le droit de conferer les Benefices, dont la disposition lui appartenoit, & devoit joüir de tous les revenus, & autres droits temporels qui étoient de fa Mense Abbatiale. Les Officiers Clauftraux dans les Monafteres Réformés demeuroient éteints & fupprimés pour l'avenir, lorsqu'ils vacqueroient. Les Offices des quatre saints Abbés de Cluni, sçavoir faint Odon, saint Mayoul, Maycul, faint Odillon, & faint Hugues, devoient être celebrés dans lans tous les Monasteres de cette Congregation; mais pour les autres Saints de Cluni,on n'en devoit faire l'Office que dans l'Abbaïe & fes dépendances. Les Monafteres de Filles soumis à l'Abbaïe de Cluni, devoient être réünis ensemble, en forme de Congregation: en forte que les Religieux de la Congregation de faint Benoît n'en devoient être chargés que pour leur donner un Visiteur Triennal, qui devoit être élu dans les Chapitres Generaux, fans que ce Visiteur pût être continué plus de trois ans. La Congregation de saint Benoît devoit joüir des Privileges, Exemptions, Immunités, & Prérogatives que le Pape Urbain VIII. & ses prédecesseurs avoient accordés tant à la Congregation de saint Maur qu'à l'Ordre de Cluni. Les Anciens de cet Ordre qui n'embrasseroient pas la Réforme, devoient demeurer dans leur ancien habit, sans pouvoir être contraints à une plus rigoureuse Observance que celle dont ils avoient fait profeflion, & ne de

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voient avoir aucune part dans les Assemblées, le Confeil, & RIFORME les Resolutions des Peres de la Congregation, s'ils n'avoient DE L'ORfait profession dans la Réforme, à laquelle ils pouvoient être CLUN. reçus, s'ils en étoient trouvés capables. Les Superieurs de cette Congregation devoient donner avis au Cardinal de Richelieu des unions & aggregations des Monafteres qui avoient été faites à cette Congregation; & ce Cardinal remit dès-lors aux Chapitres & aux Superieurs toute la Jurifdiction spirituelle qui lui appartenoit sur l'Abbaïe de Cluni : mais comme son autorité fut jugée necessaire pour appuïer & pour maintenir cette Congregation dans sa naissance, il devoit, sa vie durant, donner Commission & Vicariat à un Religieux de cette même Congregation qui lui devoit être presenté & élu par le Chapitre General de trois en trois ans, pour faire la visite en son nom de tous les Monasteres, des Prieurés, & des Membres & dépendances de l'Ordre de Cluni.

Ce Concordat fut homologué au Grand-Conseil par un Arrêt du 9. Février 1636. à la charge que les Religieux de la Congregation de saint Benoît rapporteroient dans six mois des Bulles du Pape. Ils tinrent leur premier Chapitre General le 4. Octobre de la même année dans l'Abbaïe de Cluni, où la Congregation fut divisée en fix Provinces; sçavoir de France, de Normandie, de Bourgogne, de Toulouse, de Bretagne & de Chezal-Benoît; & le premier Chapitre General qui se devoit tenir fut indiqué pour l'an 1639. dans l'Abbaïe de la Trinitéde Vendôme.

Le Cardinal de Richelieu étant mort l'an 1642. les Religieux de la Congregation de saint Benoît élurent pour Abbé de Cluni Dom Germain Espiard, Profez de la Con. gregation de faint Maur, & les non-Réformés poftulerent le Prince de Conti, Armand de Bourbon. Il y eut contestation pour sçavoir laquelle des deux élections subsisteroit; & par un Arrêt du Conseil d'Etat de l'an 1644. l'élection du Prince de Conti fut declarée legitime & canonique. Ce Prince obtint des Bulles du Pape Urbain VIII. & le 22. Octobre de la même année il fit annuler le Concordat d'Union de la Congregation Réformée de Cluni avec celle de saint Maur, qui demeurerent l'une & l'autre au même état qu'elles étoient avant le Concordat, du con

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RIFORME fentement des Religieux de ces deux Congregations: ce DRE DE qui fut autorisé par un Arrêt du Conseil d'Etat des mêmes mois & an, & confirmé par des Lettres Patentes du Roi Loüis XIV. du 14. Juin 1645.

CLUNI.

Le Prince de Conti fit un autre Concordat au mois de Decembre de la même année avec les Religieux Réformés de Cluni, par lequel on convint que les Chapitres Generaux de la Réforme s'assembleroient tous les ans dans l'Abbaïe de Cluni: que les Religieux de cette Obfervance y éliroient leurs Superieurs ; & que celui qui feroit élu pour présider fur les Réformés, les gouverneroit, & les Monasteres où ils feroient établis, en ce qui concerne l'étroite Observance. Ils tinrent des Chapitres Generaux, en vertu de ce Concordat. Le premier fut celebré le 21. Mai 1646. & l'on continua dans la suite jusques sous le Gouvernement du Cardinal Jules Mazarin, qui fucceda au Prince de Conti, le 2F. Février 1654. après que ce Prince se fut démis de l'Abbaïe de Cluni.

Le Cardinal Mazarin aïant été élu Abbé, les Religieux de l'étroite Observance de Cluni tinrent encore deux Cha. pitres Generaux fans oppofition; mais dans le troifiéme l'an 1656. ils furent inquiétés par ce Cardinal, qui voulut nommer lui-même les Superieurs des Monasteres de leur Réforme. Ils s'y opposerent, & firent de grandes instances auprès du Confeil du Cardinal, pour être maintenus dans leur droit; mais leurs remontrances furent inutiles, & le Cardinal Mazarin voulut qu'ils obéïffent, fur ce que leur Réforme n'avoit pas été approuvée en Cour de Rome. Il fit emprisonner ceux qui s'opposoient le plus à fes volontés, & obtint du Pape Alexandre VII. un Bref du 11. Juin 1657. autorisé par Lettres Patentes du Roi du 11. Αοût, qui furent enregistrées au Grand Confeil le 25. Septembre de la même année. Ce Bref donnoit pouvoir au Cardinal comme Abbé de Cluni, d'oter & caffer les Statuts de la Réforme, comme n'étant point approuvés du saint Siége, & comme étant contraires aux anciens Statuts de l'Ordre, comme on l'avoit fait entendre à sa Sainteté. Mais après que le Cardinal Mazarin eut pris une particuliere connoiffance de l'état de la Réforme, il trouva que dans les Monasteres où elle étoit établie, l'Office & le cute Divin s'y

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faifoient jour & nuit avec beaucoup de devotion & d'édi- REFORME fication du public: que la Discipline Monastique & l'Ob-DE L'ORservance Reguliere y étoient en vigueur ; & qu'à l'égard de CLUNI. ces Statuts & Reglemens, ils étoient conformes & tirés des anciens Statuts de l'Ordre, approuvés par le faint Siege depuis plusieurs fiécles, & qu'ils étoient aussi conformes à la Regle de faint Benoît. Car quoique 'ces Religieux de l'étroite Obfervance aïent d'abord suivi les Statuts de la Congregation de saint Vannes, ils y ont fait dans la suite quelques changemens, pour ne pas s'éloigner des anciens Statuts de l'Ordre, & s'ils font encore conformes en beaucoup de choses à ceux de la Congregation de faint Vannes, ils n'ont rien en cela de commun avec cette Congregation, que ce qu'ils peuvent avoir de commun avec les autres Congregations Réformées de l'Ordre de faint Benoît, qui se sont rapprochées de la Regle de ce faint Fondateur, où l'Office Divin pour les Matines est prescrit à deux heures après minuit, où l'abstinence de la viande est ordonnée en tous tems, auffi-bien que les jeûnes, depuis le 14. Septembre jusqu'à Pâques, outre les Mercredis & les Vendredis pendant toute l'année; où l'usage des chemises de lin eft défendu, le travail des mains recommandé, les revenus des Offices Claustraux mis en commun, & reçus par le Procureur; fans parler de plusieurs autres austerités, comme de dormir sur des paillasses avec fes habits, de garder un étroit filence, &c. Ainsi le Cardinal Mazarin voïant qu'il n'y avoit rien de contraire dans les Statuts des Réformés,ni à la Rgle de faint Benoît, ni aux anciens Statuts de l'Ordre, ne les cassa pas, comme il auroit pû faire en vertu du pouvoir que le Pape lui en avoit donné.

Ce Cardinal voulant au contraire affermir davantage la Réforme, l'unit de rechef à la Congregation de S. Vannes, par un Concordat qu'il passa avec les Peres de cette Congregation le 7. Avril 1659. Il abandonna au Chapitre General & à tous les Superieurs qui y feroient élus, toute la puissance & jurisdiction spirituelle qui lui appartenoit, & lui pouvoit appartenir, sans qu'à l'avenir elle pût être exercée, foit par lui-même, soit par ses Grands-Vicaires, fur aucun Monastere de l'Ordre, tant de l'ancienne que de l'étroite Obfervance; les autres conditions furent les mêmes

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