pour Coadjuteur le Cardinal Armand Jean du Pleslis de Ri- ORDRE DE chelieu, Ministre d'Etat, qui eut pour successeur l'an 1642. CLUNI. Armand de Bourbon Prince de Conti. Le Cardinal Jules Mazarin sur la demiffion dece Prince fut postulé pour Abbé l'an 1654. le Cardinal Renard d'Est fut aussi Abbé de Cluni en 1661. mais après sa mort qui arriva l'an 1672. le Siége Abbatial fut vacant pendant quelques années, & l'Ordre pendant ce tems là, fut gouverné par la Voute de Cluni, c'est-à-dire, par le conseil de l'Abbé, composé de douze Oficiers ou Senieurs de l'Abbaïe de Cluni, parce que toutes les affaires qui surviennent pendant l'intervalle des Chapitres Generaux passent par le Tribunal, en l'abfence de l'Abbé hors du Roïaume, ou pendant la vacance du Siége Abbatial, & il a fur tout l'Ordre toute jurifdiction fpirituelle & temporelle. Pendant la vacance du Siége Abbatial, on tint par Ordre du Roi Loüis XIV. dans le College de Cluni à Paris deux Chapitres Generaux en 1676. en 1678. en prefence de l'Archevêque de Paris François de Harlai, du Pere de la Chaise de la Compagnie de Jesus, Confesseur du Roi, & de M. Pelissons, Maître des Requêtes, auquel Sa Majesté avoit donné l'administration generale du temporel de l'Abbé. Ces Chapitres furent convoqués par Dom Pierre du Laurens Grand-Prieur de Cluni, depuis Evêque de Bellai. On reçut dans celui de 1676. les Statuts de Jean de Bourbon faits en 1458. Les Religieux de l'ancienne observance promirent de les suivre, à l'exception des explications, modifications & restrictions dont ils convinrent dans leur deffinitoire, c'està-dire, en retranchant tout ce qui leur parut trop austere & trop gênant ; & les Reformés promirent reciproquement de les executer en ce qui seroit conforme à leur observance ; c'est-à-dire, en ce qui ne diminueroit rien de leur austerité, sans que ni les uns ni les autres pussent être obligés à davantage. Le Roi approuva les Reglemens de ce Chapitre, par ses Lettres patentes du mois de Septembre de la même année ; & en accorda d'autres au mois d'Avril 1679. pour confirmer ce qui s'étoit passé au Chapitre General de l'an 1678. Après que le Siége Abbatial eut été vacant pendant onze ans, l'on proceda à l'élection d'un nouvel Abbé l'an 1683. CLUNI. ORDRE DE le Cardinal de Boüillon, Emmanuel Theodose de la Tour d'Auvergne, pour lors Grand Aumônier de France, qui est mort Doïen du sacré College l'an 1714. fut poftulé & reconnu pour Abbé Chef de l'Ordre le 5. Mars de la même année 1683. & fur le refus que fit le Pape Innocent XI. d'accorder des Bulles à ce Prélat, le Roi par un Arrêt du Conseil/ d'Etat du mois de Decembre de la même année, lui permit de prendre possession de cette Abbaïe, en vertu d'une Bulle du Pape Leon X. de l'an 1518. qui donne pouvoir aux Religieux de Cluni de proceder à l'élection de leur Abbé, le Siége étant vacant, & à l'Abbé le droit d'en prendre l'administration, & de disposer des Benefices à sa nomination, sans attendre aucune confirmation, pour laquelle il se pourvoiroit en Cour de Rome dans les fix mois après son éle Aion. Le Cardinal de Boüillon tint un Chapitre General l'an 1685. & obtint enfin ses Bulles du Pape Alexandre VIII. l'an 1690. Il fut delegué en 1693. par le Pape Innocent XII. pour travailler à la reformation de cet Ordre, & presida en cette qualité au Chapitre qui se tint la même année, où il crut être en droit de changer quelque chose aux Reglemens du Chapitre de 1676.qui avoient été confirmés dans celui de 1678. Il tint encore quatre autres Chapitres en 1697.1701. 1704. & 1708. qui ne se passerent pas fans contestations, & même celui de 1708. fut rompu pour les raisons que nous dirons dans le Chapitre suivant. Ce Cardinal étant obligé d'aller à Rome en 1697. par Ordre du Roi, demanda un Coadjuteur pour l'Abbaïe de Cluni. Sa Majefté envoïa ses ordres à M. Ferrand, Maître des Requêtes & Intendant dans la Province de Bourgogne & de Bresse, afin qu'il permît aux Religieux de cette Abbaïe de s'assembler pour nommer un Coadjuteur au Cardinal de Boüillon, Les Religieux s'étant assemblés le 22. Avril de la même année, M. Henri Ofwald de la Tour d'Auvergne, Grand-Prevêt de l'Eglise de Strasbourg, fut postulé pour Coadjuteur avec future fucceffion au Cardinal de Boüillon son oncle, Quelques Religieux de l'étroite Obfervatice s'opposerent d'abord à cette poftulation, ce qui n'empêcha pas le Pape Innocent XII. d'accorder des Bulles à l'Abbé d'Auvergne, au mois de Septembre de la même année. Quatre ans après, c'est-à-dire, l'an 1701. les mêmes Religieux qui avoient formé oppofi- ORDRE tion à la Coadjutorerie, interjetterent appel comme d'abus CLUNI. de l'Acte de postulation faite de M.l'Abbé d'Auvergne pour Coadjuteur, & de tout ce qui s'étoit ensuivi; mais par un Arrêt du Grand-Confeil du mois d'Avril 1703. l'Abbé d'Auvergne fur maintenu dans la Coadjutorerie. Le Chapitre General que le Cardinal de Boüillon avoit tenu l'an 1701. comme nous avons dit, ne fut pas plûtôt terminé, que les mêmes Religieux qui avoient interjetté appel comme d'abus de la postulation de l'Abbé d'Auvergne pour Coadjuteur de Cluni, intenterent aussi un procès au Cardinal de Boüillon fon oncle, & le firent assigner au Grand-Conseil, pour voir declarer nuls & abusifs tous les Chapitres Generaux ausquels il avoit présidé depuis qu'il avoit été poftulé Abbé de Cluni, attendu qu'il n'avoit aucune jurifdiction: c'est ce qui donna lieu à l'Arrêt du même Grand-Conseil, rendu le 30. Mars 1705. dont ce Cardinal demanda la caffation au Conseil d'Etat du Roi, comme ne lui étant pas favorable; mais comme cette affaire regarde particulierement les Religieux de l'étroite Obfervance, nous en parlerons plus amplement dans le Chapitre suivant. Il ne nous reste présentement à parler, que de quelques privileges dont joüit l'Abbaïe de Cluni. Nous avons déja dit que Guillaume Duc d'Aquitaine, par son Teftament, l'avoit exemté de toute Jurisdiction Episcopale, la foumettant uniquement au faint Siege, ou comme il dit, la donnant aux Apôtres faint Pierre & faint Paul, au Souverain Pontife, & à fes fuccesseurs. Auffi ne reconnoit-elle point d'autre Evêque que le Pape, sous qui elle joüit d'une jurifdi¿tion absolue, tant dedans que dehors la ville, en une certaine distance de territoire que l'on nomme les sacrés bans. Urbain II. après le Concile de Clermont, étant venu à Cluni, établit & fixa ses limites, qui ont été depuis confirmées par plufieurs Papes. Dans toute cette étenduë, sa jurisdiction eft comme Epifcopale & s'exerce par un Archidiacre dont la nomination appartient à l'Abbé. C'est un Office en titre: cet Archidiacre fait toutes les fonctions d'Evêque qui ne dépendent pas du caractere Epifcopal; & dans les matieres contentieuses, l'appel de ses Sentences est porté immediatement à Rome. Par un privilege special, ceux qui affiftent à l'autel ORDRE DE dans l'Eglise de cette Abbaïe les Dimanches & les Fêtes) communient sous les deux especes avec le Celebrant. CLUNI. : Cette Abbaïe a donné à l'Eglise les Souverains Pontifes Urbain II. Gregoire VII. & Pafchal II. il en est sorti plusieurs Cardinaux, Archevêques & Evêques,aussi-bien que des autres Monafteres de sa dépendance, qui ont aussi fourni un grand nombre de personnes illustres par leur naissance, celebres par leur sçavoir & recommandables par leur fainteté. L'an 1119. le Pape Gelase II. fuïant la persecution de l'Empereur Henri IV. se refugia dans l'Abbaïe de Cluni où fatigué du voïage & accablé de maladies, il mourut & fut enterré dans l'Eglife. On y voit encore fon tombeau & le reste de l'appartement où il logea, qui a retenu le nom de Palais du Pape Gelase. Après sa mort les Cardinaux qui l'avoient accompagné en affez grand nombre, élûrent dans l'Abbaïe même, Gui Archevêque de Vienne qui fut fon fuccesseur sous le nom de Calixte II. & ce nouveau Pontife voulant favorifer cette celebre Abbaïe, ordonna que l'abbé auroit toûjours le titre de Cardinal. L'an 1245. le Pape Innocent IV. après la celebration du premier Concile General de Lyon, alla à Cluni accompa gné des Patriarches d'Antioche & de Conftantinople, de douze Cardinaux, de trois Archevêques, de quinze Evêques & de plusieurs Abbés. Le Roi faint Loüis, la Reine sa mere, son frere le Duc d'Artois & fa fœur, l'Empereur de Constantinople, les fils des Rois d'Aragon & de Castille, le Duc de Bourgogne, six Comtes & quantité d'autres Seigneurs, s'y trouverent dans lemême tems, & tous avec une fuite fort nombreuse, sans que les Religieux quittassent aucun des lieux reguliers, ce qui est une marque de la grandeur & de la magnificence de ses anciens bâtiments qui, quoique ruinés en partie par les Calvinistes en 1562.ne laissent pas d'avoir encore une si grande étenduë que l'on ne peut s'empêcher de les admirer. Son Eglife, qui est sans contredit une des plus grandes du Roïaume, a cinq cens dix pieds de longueur, cent vingt de largeur ; & l'on y entrepar un vestibule qui a cent dix pieds de longueur & quatre vingt-un de largeur. Cette Eglise est bâtie en forme de Croix Patriarchale, aïant deux Croisées. Elle étoit autrefois en poffeffion d'un des plus beaux & des plus riches Tréfors de France. Ce Tré CLUNI. for fut pillé jusqu'à trois fois du tems des guerres des Cal-ORDRE DE vinistes qui brûlerent quantité de saintes Reliques, & emporterent plusieurs châsses de vermeil, un grand nombre de calices, de vases d'or & d'argent, & une infinité d'ornemens en broderie: de forte que l'inventaire dressé du dernier pillage qu'ils firent au château de Hourdon, où l'on avoit porté ce qu'il y avoit de plus précieux dans l'Abbaïe,monte du moins à deux millions de livres. La Bibliotheque ne fut pas exemte de la fureur de ces Heretiques, qui la brûlerent. Elle étoit curieuse en Manufcrits : il y en avoit plus de dixhuit cens presque tous du travail des Religieux, qui s'occupoient anciennement à copier les Ouvrages des Peres & des autres. Tous les Religieux de cet Ordre étoient autrefois obligés de faire leur profession à Cluni, ou du moins d'y venir prêter obéïssance dans les trois premieres années. Les Abbés de Cluni eurent soin d'empêcher que les Prieurés de la dépendance de ce Monaftere ne pussent être érigés en Abbaïes; & s'il y a quelques Abbaïes qui en dépendent, c'est qu'elles ont été établies avant Cluni, & que les souverains Pontifes les lui avoient foûmises pour en bannir le déreglement, & y faire revivre la Difcipline Reguliere. Cet Ordre est divisé en dix Provinces, qui font celles de France, de Dauphiné (qui comprend la Provence & la Savoye) d'Auvergne, de Poitiers & Saintonge, de Gascogne, d'Espagne, d'Italie & Lombardie; d'Allemagne, qui comprend aussi la Lorraine & le Comté de Bourgogne ; & d'Angleterre, qui comprend aussi l'Ecoffe. Dans les Chapitres Generaux qui se tenoient autrefois tous les ans, & à present tous les trois ans, on y élit pour chacune de ces Provinces, deux Visiteurs, & deux autres pour les Monafteres de Religieuses, quinze Définiteurs trois Auditeurs des Causes, & deux Auditeurs des Excuses. Il y avoit autrefois cinq Prieurés principaux, qui étoient aussi les cinq premieres Filles de Cluni; mais depuis que le Prieuré de faint Pancrace de Leuves en Angleterre, a été enveloppé dans le malheur des autres Monafteres de ce Roïaume qui ont été ruinés, il n'y a plus que quatre principaux Prieurés, ou premieres Filles de Cluni, qui font ceux de la Charité-fur-Loire, de saint Martin des Champs à |