CONGRE Religieux le droit de porter une croix d'or sur la poitrine, GATION DE attachée au cou avec un ruban noir, & fur laquelle est l'i- S.CLAUDE mage de faint Claude. M. le Cardinal Cesar d'Estrées Evêque d'Albano, ancien Evêque de Laon, Duc, Pair de France, & Commandeur des Ordres du Roi, aïant été pourvu de cette Abbaïe l'an 1679. après la mort de Dom Jean d'Autriche, qui en étoit Abbé Commendataire, témoigna fon zele pour y maintenir l'Observance Reguliere, en approuvant en 1694. les Reglemens faits par M. Dandelot, Grand Prieur & Grand Celerier, pour les diftributions manuelles & journalieres, pour les assistances aux Offices Divins, afin d'obliger les Religieux à s'en acquitter plus régulierement qu'ils ne faifoient; & ce Cardinal aïant été délegué en 1698. par le Pape Innocent XII. en qualité de Commissaire Apoftolique, pour faire la visite de ce Monaftere, crut que pour rétablir la Discipline Monastique dans son état primitif, il étoit à propos de faire de nouveaux Statuts. Ils furent dressés en 1700 & confirmés par le Roi par un Arrêt de fon Conseil d'Etat de l'an 1701. Ces nouveaux Statuts, qui fixent encore le nombre des Religieux à vingt quatre, prescrivent les conditions suivantes requises pour être reçu dans cette Abbaïe. Dès qu'il y aura une place Monachale vacante, l'Abbé aura soin de la remplir: on examinera les preuves de Noblesse de celui qu'il presentera, s'il est de bonnes mœurs, s'il a de la santé, s'il n'a point de dettes qui excedent la valeur de fon bien, s'il n'a point quelque empêchement qui l'excluë de la Religion, Telon les faints Canons; & s'il n'a pas les conditions requises, on en donnera avis à l'Abbé, qui en nommera un autre à la place de celui qui aura été exclu. Ceux qui auront été reçus aïant pris l'habit de Religion, doivent loger dans le Dortoir, fous la conduite de leur Maître, & n'en point fortir sans sa permission. Il leur est défendu de loger chez les autres Religieux du Monaftere, & de manger à leur table, quand même ils seroient leurs parens. Après l'année du Noviciat, on ne doit point les contraindre à faire d'abord profession; on leur peut permettre de la differer jusqu'à la vingt-cinquiéme année de leur âge: mais ceux qui differeront, feront seulement d'abord fix mois de Noviciat, & feront obligés CONGRE. enfuite d'en faire une année entiere avant leur profession. CATION DE Au commencement de leur vingt-cinquiéme année, on les S. CLAUDE. Obligera de faire leur profession, & s'ils refusent dela faire,ils doivent être mis dehors. Les jeunes Religieux doivent demeurer dans le Dortoir sous la conduite du Maître des Novices, jusqu'à la septiéme année après qu'ils auront été admis au Noviciat, & ils doivent faire les mêmes exercices que les Novices. L'Office Divin se doit faire avec pieté, decence, & modestie: aucun ne doit s'entretenir avec son voifin: personne ne peut s'en absenter, sans raison, à peine de perdre les distributions manuelles. On leur accorde trois mois de vacances pour visiter leurs parens, & pour prendre l'air à la campagne, pendant lequel tems ils joüiront des grandes diftributions seulement. Les jeunes Religieux qui ne sont pas Prêtres & qui n'ont point de part aux diftributions, sont privés de leur portion de vin ou punis de la maniere qu'il plaira au Prieur, s'ils n'assistent point à l'Office. Les jeunes Prêtres, après avoir chanté leur premiere Messe, chanteront pendant six semaines consecutives, la Messe conventuelle, & feront hebdomadiers pendant le même tems à l'Office Divin, L'on commencera les Matines à cinq heures du matin: Laudes & Prime se diront consecutivement : Tierce à neuf heures & demi: ensuite la grand-Meffe & Sexte ; & à trois heures & demi de relevée, None, Vêpres & Complies. A tous ces Offices les Religieux doivent assister avec l'habit reçu dans l'ancien usage; en Hyver, c'est-àdire, depuis la Fête de la Toussaints jusqu'à Pâques, il leur eft permis de quitter le bonnet quarré pour prendre l'habit d'Hyver dont ils se servoient autrefois, & qui est encore en usage chez les anciens Benedictins; mais l'usage des habits de foïe ou d'autre couleur que la noire, leur est interdit. Ils feront toûjours en habit long dans le Monastere & dans le bourg de faint Claude & jamais sans scapulaire. L'Usage des perruques est ausli banni du Monastere, & ils ne doivent point entretenir de cheveux longs & frifés. La vie commune aïant cessé dans le Monastere de faint Claude depuis plusieurs fiécles, les Religieux sont exhortés de se servir de la prébende separée, & des distributions particulieres, dont chacun joüit, comme n'en aïant que l'usage, Il leur est défendu de mettre de l'argent à interêt, soit en ORDRE DE Teuton Abbé de faint Maur des Foffés & quelques autres. CLUNI. C'est à ce Saint quel'Eglise est redevable de l'institution dela Commemoraison generale des morts. Le decret qui en fut fait à Cluni porte que comme dans toutes les Eglifes on celebre la Fête detous les Saints le premier jour de Novembre, de même on celebreroit folemnellement dans le Monastere la Commemoraison de tous les fideles Trépassés qui ont été depuis le commencement jusqu'à la fin, en cette maniere. Ce jour-là après le Chapitre, le Doïen & les Celleriers feront l'Aumône de pain & de vin à tous venans & l'Aumônier recevra tout le reste du dîné des Freres. Le même jour après Vêpres on fonnera toutes les cloches, &on chantera les Vêpres des morts, la Messe sera solemnelle, deux Freres chanteront le trait De profundis, & on nourrira douze pauvres. Ce decret devoit s'observer tant à Cluni que dans tous les Monafteres de sa dépendance. Cette pratique passa bien-tôt à d'autres Eglises & devint commune à toute l'Eglise Catholique. Ce fut de son tems que Cafimir fils de Miceslas Roi de Pologne aïant été exclu de la Couronne après la mort de fon pere qui arriva en 1034. & se voïant contraint de sortir du Roïaume, vint en France, & après avoir fait ses études à Paris, se retira à Cluni où il se fit Religieux & fut ordonné Diacre. Mais les Grands de Pologne voïant dans la suite, que les troubles qui furent excités ence Roïaume, ne pouvoient s'appaiser qu'en rétablissant le Prince Casimir für le Trône de son pere, le proclamerent Roi en 1041. & envoïerent des Ambassadeurs à Cluni,qui le saluerent en cette qualité, & le demanderent à saint Odillon. Mais sur le refus qu'en fit le saint Abbé, ils eurent recours au Pape Benoît IX. qui aïant égard aux maux dont la Pologne étoit affligée, leur accorda ce Prince. Ainsi son vœu de chasteté aïant été dissous, quoique Religieux & Diacre, il retourna en Pologne, où il fut reconnu Roi, & se maria, fans neanmoins pour cela oublier sa profession Religieuse, dont le souvenir lui faisoit embrasser les exercices de la plus folide pieté, & lui donnoit de l'amour pour la beauté & l'ornement de la maison du Seigneur: c'est ce qui le porta à faire bâtir plusieurs Monasteres, où il mit des Religieux de Cluni. Mais afin que les Polonois n'oubliassent pas la grace qu'ils avoient reçuë du souverain Pontife, ils furent contrains de ۱ : païer tous les ans au faint Siége un écu, & de couper leurs ORDRE DE cheveux en forme de couronne. Ce fut l'an 1041. que Ca- CLUNI. fimir prit le Gouvernement du Roïaume, qu'il laissa en mourant l'an 1058. à Boleflas II. son fils. La Chronique de Cluni, qui est peu exacte, raconte à peu près ce fait de la même maniere ; mais elle confond les noms, en disant que ce fut Boleflas, fils de Brasimire, qui se fit Religieux à Cluni, d'où il fut tiré pour monter sur le Trône de Pologne, & que cela arriva sous l'Abbé Hugues II. qui fut élu l'an 1122. & sous le Pontificat de Benoît VIII. ce qui est une autre erreur, puisque ce Pape étoit mort dès l'an 1024. Saint Odillon après avoir gouverné l'Ordre pendant cinquante-fix ans, comme il se disposoit à la visite de ses Monasteres, aïant commencé par celui de Souvigni, il y mourut l'an 1049. & y fut enterré, aussi-bien que saint Mayeul, dont il avoit imité l'humilité en refusant l'Episcopat: car saint Mayeul avoit refusé l'Archevêché de Besançon, & même la Papauté, qui lui fut offerte par l'Empereur Othon, & faint Odillon refusa aussi l'Archevêché de Lyon. Le Pape Jean XIX. lui avoit même envoïé le Pallium, & l'anneau, qui demeurerent à Cluni. Il réforma le Monastere de saint Denis en France, & eut le Gouvernement de ceux de saint Jean d'Angeli, de faint Flour, & de Thiern. Ceux de Talui & de faint Victor de Geneve, furent soûmis de son tems à l'Ordre de Cluni, dont le Monastere de Farfe en Italie, embrassa aussi les Coûtumes & les Obfervances. Saint Hugues fucceda à saint Odillon. Il n'avoit que quinze ans lorsqu'il prit l'habit à Cluni: quelques années après saint Odillon voïant fon merite extraordinaire, le fit Prieur ; & tout jeune qu'il étoit, il l'envoïa en Allemagne, pour reconcilier avec l'Empereur Henri, les Religieux de Poyerne, qui avoient encouru la disgrace de ce Prince. Il trouva à son retour à Cluni les Religieux dans l'affliction, à ause de la mort de leur Abbé; & lorsqu'on fut assemblé pour lui donner un successeur, Adalman, le plus ancien de la Communauté, nomma Hugues. Tous suivirent son avis; malgré sa resistance il fut élu, n'étant âgé que de vingt-cinq ans, & fut foixante ans Abbé de Cluni. L'Ordre augmenta beaucoup fous fon Gouvernement. A peine en eut-il pris possession, qu'un particulier aïant fait bâtir le Monaftere de |