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GATION DE

fer de main forte pour contraindre les autres de se soûmet- CONGRE tre à l'obéïflance. Widerad envoïa des Soldats qui oblige- FULDES. rent les Religieux mutins de retourner à Fuldes : il fit mettre des Gardes aux environs du Monastere ; & aïant fait assembler les séditieux, il en fit fustiger deux, dont l'un étoit Prêtre, & l'autre Diacre, & les chassa tous deux du Monaftere: à l'égard des autres, il usa de plus grande severité ou de plus grande douceur, selon leur naissance & leurs fautes.

Le Gouvernement de Gottard ou Gottfrid, successeur de Widerad, ne fut pas plus tranquille. La guerre qui survint entre l'Empereur Henri IV. & fon fils Henri V. l'an 1105. causa de nouveaux troubles à Fulde. L'Abbé avoit pris le parti d'Henri IV. après la mort duquel on porta des plaintes contre lui à Henri V. de ce qu'il avoit dissipé les biens de l'Abbaïe. Ce Prince les écouta & priva Gottard de son Abbaïe. La fortune de son successeur Wotffhem ne fut pas meilleure; il affiégea le Château de Haselsteim; & comme il faifoit le fiége de Wartemburg avec l'Abbé d'Hersfeld, il fut pris & retenu prifonnier pendant trois ans dans le Château de Mulsemburg, & aïant été encore accusé d'avoir dissipé les biens dont il n'avoit que l'œæconomat, il fut aussi déposé l'an

1114.

Les Abbés de Fuldes ne s'étoient pas mis en peine jusqu'alors de pouvoir se servir d'ornemens Pontificaux; mais Berth Schliz qui fut élu l'an 1133. les obtint du Pape Honorius II. Cet Abbé eut un grand differend avec l'Archevêque de Magdebourg, au sujet de la préféance. La cause fut plaidée devant l'Empereur, qui ordonna que l'Abbé de Fuldes prendroit sa place au dessus de l'Archevêque de Magdebourg. L'Abbé Marquard fit entourer de murailles le bourg de Fuldes,& en fit une ville l'an 1150. mais l'an 1331. les Bourgeois oubliant que les Abbés étoient les Fondateurs de cette ville, se revolterent, démolirent la Citadelle qui joignoit l'Abbaïe, ruinerent les lieux reguliers, pillerent tous les meubles, & enleverent ce qu'il y avoit de plus précieux. Henri de Hombourg, qui en étoit pour lors Abbé, aïant porté ses plaintes à l'Empereur Henri VII. ce Prince ordonna à l'Archevêque de Tréves de reduire les Rebelles à la raison, & de les soûmettre à l'obéïssance de leur Seigneur. Il

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CONGRE- ramena l'Abbé & lesReligieux à Fuldes, & obligea les Bour FULDES. geois de recevoir avec soumission l'Abbé, qui en fit mourir douze, & en envoïa autant en exil. Les Païsans de la dépendance de Fuldes se revolterent aussi vers l'an 1525. & ruinerent tous les Monafteres, lorsque Jean Comte d'Hemerberg, de la Maison de Brandebourg, en étoit Abbé.

Ce n'étoit pas seulement contre leurs Sujets que les Abbés de Fuldes avoient à combattre, ils avoient encore à soûtenir par la force des armes leurs droits contre leurs voisins, & à défendre leurs Terres contre des troupes de bandits & de voleurs qui s'étoient fortifiés dans plusieurs Châteaux. Conrad de Malk aïant été Abbé en 1220. fit entourer de murs Hamelburg, & y fit faire des fortifications: mais Herman de Lodembourg, Evêque de Witzbourg, aïant voulu l'empêcher, & s'étant avancé pour ce sujet avec des troupes, fut mis en fuite par celles de l'Abbé, qui fit prisonniers plusieurs Seigneurs du parti de l'Evêque, qui fut obligé de païer leur rançon. Henri de Estel, successeur de Conrad de Malks, l'an 1248. ajoûta de nouvelles fortifications à Hameburg, & fortifia aussi Mackhenzell, Bruckneau, Neugenhoffen, & Stoltzberg, & rasa les Châteaux de Wittersperg, Trunberg, Kralak, & plusieurs autres, qui servoient de retraite aux voleurs & aux bandits qui ravageoient le païs. Berthold qui fut Abbé en 1261. acheta le Château d'Haseltein, fit bâtir Lutterbak & Bridenbalk,changea le Château de Blan. kual, qui étoit une retraite de voleurs en un Monastere de faintes Vierges, & ruina plusieurs Châteaux, qui servoient de retraites à ces bandits. Mais pendant qu'il travailloit ainsi pour le bien public, & à affurer le païs; des personnes aufquelles il avoit fait le plus de bien, conspirerent contre lui & l'affaffinerent l'an 1270. Berthold de Mackencell fon fuccesseur, vengea sa mort, fit mourir trente des complices, & brûler la Citadelle de Steinaw, où ils s'étoient refugiés.

Les limites que nous nous fommes prescrites, ne nous permettent pas de nous étendre davantage sur les évenemens differens arrivés en cette Abbaïe, dont nous croïons avoir rapporté les plus finguliers. Nous ajoûterons seulement que l'Abbaïe d'Hirsfeld, qui étoit aussi Chef d'une Congregation en Allemagne, fut unie à celle de Fuldes sous le Pontificat de Leon X. Nous avons déja dit en parlant de la fon

FULDES.

dation de Fuldes, que saint Sturme son Fondateur, s'étoit d'a- CONGRYbord retiré à Hirsfeld, qu'il abandonna à la perfuafion de CATION DE saint Boniface, Archevêque de Mayence, à cause que ce lieu étoit trop desert; mais après la mort de saint Boniface, faint Lulle son successeur dans cet Archevêché, fit achever l'an 755. le Monaftere que faint Sturme avoit commencé à Hirsfeld. Le Corps de saint Wirgbert, Abbé de Fritzlar, qu'on y transporta l'an 780. rendit ce lieu si celebre, qu'on y bâtit une ville. Il y avoit ordinairement cent cinquante Religieux dans le Monaftere. Pepin & Charlemagne lui donnerent de grands biens, & Loüis le Debonnaire y ajoûta de grands Privileges. Mais ses richesses furent la cause de sa perte, par la cupidité & l'ambition de ses Abbés, qui aïant eu le titre de Princes de l'Empire, la ruinerent prefque entierement par des dépenses superfluës. Elle étoit auffibien que Fuldes immédiatement soûmise au faint Siége. Volpert en étant Abbé, voïant la pauvreté où elle étoit reduite, & voulant punir les habitans de la ville dont il avoit reçu du mécontentement, s'en démit entre les mains du Pape Leon X. l'an 1513. Harmant de Kircberg, qui étoit pour lors Abbé de Fuldes, l'obtint à la priere de l'Empereur Maximilien, pour l'unir à son Abbaïe, & le Pape supprima ce titre pour celle d'Hirsfeld.Harmant y envoïa la même année son Chancelier avec le Prieur du Mont saint Jean, & quelques Religieux, accompagnés de plusieurs gens à cheval. Ils déposerent le Doïen, & en mirent un autre du Monastere de Fuldes, qui reçut l'obéïssance des Religieux.

Peu de jours après l'Abbé y alla lui-même, accompagné d'un grand nombre de personnes, & se mit en poffeffion d'un Château, où l'Abbé d'Hirsfeld faisoit ordinairement sa residence, & fit prêter ferment de fidelité à quelques Païsans ; mais aïant voulu exiger la même chose des habitans d'Hirsfeld, ils fermerent leurs portes, & fe mirent en état de défense, aïant renvoïé sans aucune réponse à l'Abbé de Fuldes la personne qu'il leur avoit envoïée pour sçavoir leur volonté. Anne de Meckelbourg, veuve de Guillaume, furnommé le puîné, Landgrave de Hesse-Caffel, & Tutrice de Philippe I. dit le Magnanime, son fils, prit les interêts des habitans d'Hirsfeld, & fit mettre un autre Abbé dans le Monastere,aïant obligé l'Abbé de Fuldes de retourner dans

Tome V.

S

CONGRE- le fien. Mais le Landgrave Philippe aïant introduit dans la FULDES. fuite la Religion Protestante dans ses Etats, l'Abbaïe d'Hirs

GATION DE

feld fut ruinée par les Heretiques ; & étant devenuë Principauté Seculiere par les Traités de Westphalie, elle a été cedée au Landgrave de Hesse Cassel. Les principaux villages & châteaux qui dépendoient de cette Abbaïe, & qui font presentement partie de la Principauté, sont Friling, haute & basse, Geila, Utersdorf, Kerpeshauss, Mengshauff, Nederfula, Hartenbach, Wergfurt, & Noder-Joffe.

Quant à l'Abbaïe de Fuldes, elle est soûmise, comme nous avons dit, immédiatement au saint Siége, auquel l'Abbé païe une redevance de quatre cens florins aussi-tôt qu'il est élu. Elle a été long-tems un Seminaire d'Evêques ; & entre ses Privileges, elle avoit celui de fournir à l'alternative un Archevêque à l'Eglise de Mayence ; en forte que de trois il devoit y en avoir un tiré de l'Abbaïe de Fuldes. On n'y reçoit que des personnes nobles, aussi-bien que dans plusieurs autres Monafteres d'Allemagne, dont les Abbés sont pareillement Princes de l'Empire, & ont aussi voix & & féance dans les Dietes de l'Empire & dans le College des Princes, tels que font les Abbés de Kempten, de Prume, de Stavelo & de Corwey, tous de l'Ordre de saint Benoît. Les Abbaïes de Murbach & de Lure en Alface, avoient aussi le même droit, avant que le Roi fût maître de certe Province. Il y en a encore plusieurs autres, dont les Abbés font aussi Princes de l'Empire. Outre les Monasteres d'Hommes qui dépendoient de l'Abbaïe de Fuldes, il y en avoit aussi plusieurs de Filles. Les Religieux ont toûjours conservé le droit d'élire leur Abbé. Nous donnons ici l'ancien habillement des Religieux de cette Abbaïe. La premiere figure represente un Religieux en habit ordinaire, la seconde un Religieux en habit de Chœur. Quant à l'habillement moderne, il est conforme à celui des autres Benedictins.

Bruverius, Antiquit. Fuldens. Bruschius, Chronolog. Monafter. Germania. Stangel, Monafteriolog. Monast. S. Bened. in Germania. Tritheme, Annal. Hirsaug. Bulteau, Hist. de l'Ordre de Saint Benoît, Joan, Mabillon, Annal. Bened. Heiff, Hist, de l'Empire.

Ancien Religieux de Fuldes

en

habit de Chocur

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