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GATION DE

éviter la malignité de la calomnie. Saint Lulle avoit fucce- CONGREdé à faint Boniface dans l'Archevêché de Maïence. On FULDES. prevint ce Prélat contre ce faint Abbé; il se trouva des faux Freres dans sa Communauté, qui l'accuferent de n'être pas affectionné au service du Roi qui étoit alors Pepin le Bref, ce qui le fit releguer dans le Monaftere d'Unnedice, où plûtôt Jumieges, au Diocêse de Roüen. Saint Lulle en fon abfence obtint du Roi que le Monaftere de Fuldes lui feroit soûmis, & y nomma pour Abbé un de ses Domestiques appellé Marc. Mais les Religieux refusant de se soûmettre à ce Pasteur, qui étoit étranger & qui ignoroit leurs usages & leurs loix, fortirent du Monaftere pour en aller porter leurs plaintes au Roi, qui leur permit de choifir un Abbé. Celui qu'ils élurent fut le venerable Preszolde, qui aïant été disciple de saint Sturme dès sa plus tendre jeunesse, chercha aussi-tôt les moïens de procurer le retour de fon maître, qui fut rappellé d'exil deux ans aprés par Pepin. Ce Prince ne se contenta pas même de le renvoïer avec honneur à Fuldes; il voulut encore qu'il fût rétabli dans sa dignité d'Abbé, il retira aussi ce Monaftere de la jurifdiction de l'Evêque de Mayence, & confirma le Privilege que le Pape Zacharie lui avoit accordé, en le soûmettant immediatement au Saint Siége. Il le prit de plus sous sa protection, & lui donna Omstat avec ses dépendances.

Thomaff.

30. 8.

Le Pere Mabillon rapporte tout au long ce Privileg du Mabillon. Pape Zacharie, afin que personne n'en puiffe douter, & fait nedict.Tom. observer enfuite, aprés le Pere Thomaffin, qu'avant ce II. p. 16. Pape il n'y avoit aucune Abbaïe qui fut foûmise immedia- Discipl.Ectement au faint Siége. Elles étoient pour lors reputées ou clef. part. Is exemtes de la jurifdiction de l'Evêque Diocésain, ou fou-ca mises au Metropolitain, ou aux Affemblées des Evêques qui étoient frequentes en ce tems là, ou au Patriarche par une condition tacite, quoique cela ne fût pas marqué precifément par le Privilege. Nous en rapporterons quelques exemples. Saint Theodore Siceote Evêque d'Anaftafiopole, aïant renoncé à l'Epifcopat, reprit la conduite des Monafteres qu'il avoit fondés, & dont il avoit été tiré quelque tems aprés sa retraite. Vers l'an 597. étant venu à Constantinople, if obtint de grands privileges pour ses Monafteres, qui furent exemtés de la jurisdiction de tout autre Evêque, &

CONGRE- foumis seulement à l'Eglise de Conftantinople. Le Pape saint EULDES. Gregoire accorda l'an 598. un Privilege à l'Abbaïe de

GATION DE

Annal. Be

Classe dans le Diocêse de Ravene, par lequel entr'autres choses il défendit à l'Evêque de prendre connoissance des revenus de ce Monastere, & d'en rien diminuer, de soustraire aucun titre, d'ordonner aucun Clerc sans le consentement de l'Abbé, & d'en tirer aucun Religieux malgré lui pour gouverner d'autres Monafteres. Trois ans après le même Pape dans le Concile de Rome, où souscrivirent vingt & un Evêques & treize Prêtres, fit une Constitution en faveur de tous les Moines, qui n'est qu'une confirmation & une extension du Privilege accordé à l'Abbaïe de Classe: car il défendit de plus aux Evêques de celebrer des Messes publiques dans les Monasteres, d'y mettre leurs Chaires, ou d'y faire le moindre Reglement, à moins quece ne fût à la priere de l'Abbé qui devoit toûjours avoir les Moines en fa puissance.

Les Monafteres fondés par les Empereurs tant d'Orient que d'Occident, étoient entierement exemts de la jurifdiction des Evêques & des Archevêques. Nous avons un exemple de cette exemption en Occident dans le Monastere de

Pescara au Roïaume de Naples, qui a été autrefois le plus Mabillon, celebre en Italie, qui fut même appellé la Maifon d'Or, tant nedict. Tom, à cause de la magnificence de ses bâtimens que de ses reve III. p. 132. nus immenfes... Il fut fondé par l'Empereur Loüis II. l'an

866. & lui fut entierement soûmis, & les Evêques de la Penna n'y prétendirent jamais aucune jurifdiction spirituelle: avant l'an 951. que Jean Evêque de la Penna tenta, mais inutilement, de le soûmettre à son autorité: & même les Religieux de ce Monaftere avant le Pontificat de Leon IX. ne s'étoient point adressés à Rome pour avoir des Privileges, eroïant que l'autorité de l'Empereur suffisoit pour maintenir leurs immunités. Une des prérogatives dont joüiffoit l'Abbé de ce Monaftere, c'est qu'il se servoir du Sceptre de l'Empereur Loüis, au lieu de bâton Pastoral, comme on le peut voir dans la figure que nous donnons d'un de ses anciens Abbés, que nous avons fait graver d'après celle, que le P. Mabillon a donnée dans le cinquiéme Tome de ses Annales Benedictines. Les Rois de France ont prétendu aussi avoir le même pouvoir sur les Monasteres deleurs fondations, & le Doge

de

Abbé du Monastere de Pescara

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FULDES.

de Venise est encore aujourd'hui protecteur du Monastere CONGRE des Religieuses dites Delle Vergini * qui n'ont point d'autre FATION DE juge que lui non pas même le Patriarche : en sorte que s'il arrive quelque défordre parmi ces Dames, c'est au Doge Ham. de feul d'y pourvoir, comme s'il étoit leur Evêque, le Pa-la Houflaje triarche de Venise n'aïant aucune jurisdiction sur elles, Histoire dis comme nous avons dit ailleurs, en parlant de l'origine de ce Venise. Monastere. Le Lecteur nous pardonnera cette digression à laquelle le Privilege d'exemption accordé à l'Abbaïede Fuldes a donné lieu.

Saint Sturme aïant reçu ordre du Roi Pepin de reprendre le gouvernement de fon Abbaïe, les Religieux allerent au devant de lui avec leur Croix d'or & leurs Reliques & le reçurent avec beaucoup de joïe. Sa premiere application fut de bien regler sa Communauté & de corriger ce qu'il y avoit de défectueux dans la vie & les mœurs de ses Disciples. Il embellit enfuite l'Eglife: il changea le cours de la riviere de Fuldes & la fit entrer dans le Monaftere; afin que l'on y pût avoir plus abondamment de l'eau pour exercer les arts necessaires à la vie, & que les Religieux qui y feroient occupés, ne fussent pas obligés de fortir hors du Monaftere.

C'est une chose surprenante de voir combien les richesses de cette Abbaïe augmenterent fous le gouvernement de ce faint Abbé, aussi bien que le nombre des Religieux qui étoit de plus de cinq cens. Les quatre Evêchés de Baviere qui avoient été fondés par faint Boniface, en reconnoissance, & pour memoire de leur Fondateur, offrirent immediatement aprés la mort de ce Saint à l'Abbaïe de Fuldes, comme à leur mere chacun un don. Premierement celui de Saltzbourg lui donna une faline qui lui appartenoit dans le Bourg d'Hall, qui pouvoit produire tous les ans douze talens. L'Eglise de Ratisbonne lui donna quatre vignes & quatre metairies Roïales avec tous les Serfs qui y étoient, qui devoient envoïer tous les ans à Fuldes un Eftourgeon, & la charge de deux chevaux d'huile. L'Eglise de Passaw s'obligea de donner tous les ans de l'huile & du poiffon. Celle de Frisingue, promit de donner tous les ans de grands fromages, & il n'y avoit presque point de fidele, qui ne donnat quelques metairies à cette Abbaïe. Elle en avoit trois mille dans la Turinge, autant dans la Province de Hesse & de Westphalie, autant dans

Tome V.

gouvern. de

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