NES GREGA TIONS D'ANGLETERRE. Ancien. son patrimoine , il fonda cinq Monasteres en divers lieux. Le CON Roi Edelstan lui aïant donné tout ce qui étoit de son Do maine à Glastemburi, il commença peu de jours après à y jerter les fondemens d’une Eglise magnifique, & à y bâtir у des lieux reguliers : & quand tout fut achevé, il y afsem. bla une grande Communauté de Moines dont il fut Abbé. Après la mort du Roi Edmond qui fut assasliné l'an 946. Edrede son frere,mit toute sa confiance en saint Dunstan, & voulur même lui donner l'Evêché de Wincester qu'il refusa. Ce Prince étant mort, son neveu Edüin , Prince très dé bauché & sans conduite , ne pouvant souffrir les avis de saint Dunstan, l'envoïa en exil après avoir fait un E dit pour ôter les biens de tous les Monasteres. On vint à celui de Glastemburi , où après avoir fait l'inventaire de tout ce qui lui appartenoit, on enleva le saint Abbé qui s'embarqua pour passer en Flandres , où il se retira dans le Monastere de Taint Pierre de Gand. Le Roi Edüin étant devenu' insupportable à ses peuples, fut chassé, & on reconnut pour Roi Ion frere Edgard l'an 957. Peu de jours après son élection, il tint une Assemblée generale de tout son Roïaume , où il calla toutes les Loix injustes de son frere, & rappella glo. rieusement de l'exil saint Dunstan , qui fut contraint d'accepter l'Evêché de Worcester , quelque tems après celui de Londres, & enfin malgré ses resistances l'Archevêché de Cantorberi. Ce fut lui qui sollicita le Roi Edgar à faire re tablir dans tous les Monasteres , par son autorité, la discipline reguliere qui en avoit été bannie par les Danois. Ce Prince fit venir des Moines de saint Benoît sus Loire en France, & de saint Pierre de Gand en Flandres. On ramassa ensemble ce qui parut plus convenable des pratiques qui s'observoient dans ces deux Monasteres pour en faire un reglement general qui devoit être observé dans tous les Monasteres d'Angleterre : & comme ce reglement fut dressé par laint Dunstan , & qu'il emploïa l'authorité du Prince pour le faire observer , on peut dire qu'il a été le Restaurateur de l'Observance Monastique en Angle Ces Reglemens furent observés dans les Monasteres d’Angleterre, jusqu'au tems que Guillaume Duc de Normandie, aïant conquis ce, Roïaume , saint Lanfranc fut fait ravages des terre. GREGA. D'ANGLE . Archevêque de Cantorberi l'an 1070. Comme il avoit été Ar ciene Prieur de l'Abbaïe du Bec & Abbé de faint Etienne de Caën NES. CONen Normandie , voïant que les Moines de fon Eglise diffe- TORS roient beaucoup dans les observances de ceux de France, TERRE. il leur donna des Statuts conformes aux coûtumes & pratiques qui s'observoient dans les Monasteres les plus celebres de l'Ordre , y aïant seulement ajoûté & retranché quelque peu de choses , principalement pour ce qui regarde la celebration de quelques Fêtes. Il y a un Chapitre particulier qui regarde les negligences que l'on peut commettre à l'égard de la sainte Eucharistie. Par exemple, quand la sainte Hoftie étoit tombée à terre ou le précieux Sang répandu , soit à terre, ou dans un lieu où on ne pouvoit pas tout ramasser , on en donnoit aussi-tôt avis à l'Abbé ou au Prieur qui devoit venir sur le lieu avec quelques Religieux pour faire ce que prescrivent les Rubriques en pareilles occasions: mais au premier jour de Chapitre celui qui avoit commis la faute, disoit la coulpe , & recevoir la discipline sur les épaules. On lui enjoignoit une penitence, & étant retourné à sa à place tous les Prêtres qui étoient presens se levoient, & alloienc se présenter pour recevoir aussi la discipline : mais celui qui présidoit, n'en retenoit que sept, & renvoïoit les autres à leur place. A la fin du Chapitre tout le monde étant prosterné, disoit les sept Pseaumes de la penitence & d'autres prieres en sortant du Chapitre. Si le Sang étoit seulement tombé sur le Corporali, l'endroit où il étoit tombé, étoit lavé trois fois, les Religieux devoient boire la premiere Ablution, & les deux autres étoient jetcées dans la Piscine. Si quelque Religieux étoit malade & qu'il ne pût pas suivre les exercices de la Communauté, il ne laissoit pas que de demeurer avec les freres", après en avoir demandé permisfion à l'Abbé ; mais si la maladie augmentoit jusqu'à ne pouvoir demeurer avec la Communauté, il étoit conduiç à l'infirmerie cù il pouvoit manger de la viande : & du moment qu'il en avoir mangé, en quelque lieu qu'il allât , il avoit toûjours la tête couverte & devoit avoir un bâton pour se folltenir. Lorsque quelqu'un revenoit en santé, si pendant sa maladie il avoit mangé de la viande , il venoit au Chapitre où aïant demandé pardon d'avoir transgressé l'ordre , il en demandoit l'absolution à l'Abbé, aux pieds duquel il se prol NES CON 1 Asciin. ternoit pour la recevoir : aprés quoi étant retourné à sa place il remercioit la Communauté de la charité qu'on avoit euë pour lui : & fi étant à l'Infirmerie il n'avoit pas mangé de viande , l'Abbé lui marquoit seulement l'heure qu'il devoit retourner à la Communauté, aprés qu'il en avoit demandé la permission. Aprés que quelqu'un avoit prononcé ses Væux , l'Abbé lui mettoit le capuce sur la tête : il devoit communier trois jours de suite,& le troisiéme jour,pendant la Mese,l'Abbé lui abaissoit son capuce. Il devoit garder un étroit filence : il. n'alloit point à la Procession , ne lisoit point, ne chantoit point : & au premier Chapitre , le maître des Novices devoit demander à l'Abbé permission pour que le nouveau Profés pût lire , chanter & faire tous les exercices de la Communauté. Du jour que le Profés en avoit reçu la permission, il pouvoit exercer ses Ordres , excepté celui de Prêtrise: car il ne pouvoit pas celebrer la Melle pendant la premiere année de sa profession, si ce n'étoit qu'il eût mené dans le monde une vie trés chaste , & qu'il en eût une permission speciale de l'Abbé. La maniere d'offrir les enfans eft encore prescrite dans ees Statuts. Celui qui étoit offert, aprés qu'on lui avoit fait la couronne, portoit en ses mains une Hostie & un Calice, dans lequel il y avoir du vin : aprés l'Evangile ses parens. l'offroient au Prêcre qui difoit la Messe, pour recevoir l'Oblation. Les parens enveloppoient la main de l'enfant dans la nappe de l'Autel, & l'Abbé le recevoit. Les parens , comme nous l'avons dit ailleurs, promettoient qu'ils ne porteroient jamais l'enfantà quitter l'Ordre, ni par eux mêmes, ni par quelqu'autre personne que ce pût être, & qu'ils ne lui donneroient jamais rien qui pút l'engager à la perte. Cette promesse étant écrite en présence de témoins, ils la devoient lire tout haut , & la mettre ensuite sur l'Autel. Aprés cela l'Abbé revêroit l'enfant de la Cucullé , le faisoit conduire pour le faire raser & habiller , suivant la coûtume de l'Ordre. Ces Statuts de faint Lanfranc furent aussi observés dans les autres Monasteres de l'Ordre de saint Benoît en Angleterre , & lorsque l'an 1215. le Concile de Latran eut ordonmé de tenir des Chapitres generaux dans chaque Province; NES Con. GREGA D'ANGL8 les Benedictins en Angleterre se diviserenten deux Provin- Ancien. ces qui furent celles de Cantorberi & d’York, dans lesquelles , conformément au Decrer du Concile general , on TONS tint des Chapitres tous les trois ans. Mais comme peu à peu TERRE. cette pratique s'abolit, le Pape Benoît XII.environ cent ans aprés aïant renouvellé le Decret du Concile de Latran , tous les Benedictins d'Angleterre unirent les deux Provinces de Canrorberi & d’York en une , & ne firent plus qu'un même Corps. Le premier Chapitre general fut celebre l'an 1338. à Northampton:on y fit des Reglemens & on y élur des Visiteurs, des Diffiniteurs, & des Présidens pour présider au premier Chapitre qui se devoit tenir : ce qui fut toûjours pratiqué depuis jusqu'au Schisme , qui en abolissant en Angleterre la Religion Catholique , y détruisit l'Ordre Monastique. Le sujet que l'on prit pour supprimer les Monasteres, fut le refus que la plậpart des Religieux firent de reconnoître la primauté du Roi Henri VIII. & la qualité de Chef de "Eglise Anglicane qu'il avoit prise:ceux mêmes qui y consentirent ne furent pas mieux traités que les autres : on leur objecta les desordres qu'il y avoit dans leurs Monasteres coinme de justes motifs pour les en chasser. Le premier Acte de Primauté que fit ce Prince , fur de donner à Thomas Cromwel, qui n'étoit que le fils d'un Maréchal, la qualité de son Grand Vicaire, & Grand Official, ou Vice-Regent, quoiqu'il ne fic que Laïque. Cromvel pour faire la visite des Monasteres , nomma un autre Laïque,appellé Lée,avec plusieurs personnes affidées , qui dans le cours de leurs visites , qu'ils commencerent en 1535. & dans leurs procès verbaux, aïant supposé beaucoup de crimes aux Religieux,en engagerent un grand nombre , pour éviter la punition dont les menaçoit, à mettre leurs Abbaïes & leurs Monasteres à la discretion du Roi: ce qui étoit tout ce que la Cour demandoit. L'Abbaïe de Langder en Angleterre, de l'Ordre de Prémontré,qui étoit dédiée à la sainte Vierge & à S. Thomas de Cantorberi, fut une des premieres qui fut remise entre les mains du Roi; parce que l'on accula l'Abbé d'un crime , soit vrai soit supposé , pour lequel on le menaça d'une punition très rigoureuse. Cette premiere resignation fut suivie on TERRE. ANCIEN: de plusieurs autres, qui fe firent jusqu'à l'ouverture da GREGA- Parlement qui s'assembla au mois de Février 1536. Comme D'ANGLE l'on y fit publiquement lecture des procès verbaux de visite de tous les Monasteres, les deux Chambres témoignerent tant d'indignation contre les déreglemens des Religieux,que fans examiner s'ils étoient veritables ou non, elles consentirent d'abord à la suppression des petits Couvens,que le Roi demandoit: car on n'osoit pas encore s'attaquer aux plus considerables. Mais comme la Cour n'étoit pas contente, quoique le Parlement eût donné au Roi tous les petits Couvens qui avoient été supprimés , avec tous les biens qui en dépendoient , lesquels Couvens étoient au nombre de trois cens soixante & leize, de differens Ordres : le Parlement qui s'étoit rassemblé au mois de Juin 1536. fit une Loi, par laquelle on annulla fes Immunités , Privileges & exemptions que la Cour de Rome avoit accordés aux Monasteres. Le Roi ordonna que l'on feroit une nouvelle visite des Maisons qui restoient encore, & qu'on examineroit particulierement la vie des Moines, leur disposition envers le Roi , & leurs sentimens sur la Primauté Ecclefiastique. Lée fut encore chargé de cette Commission, dont il s'acquitta si bien au gré de la Cour, que pour récompense on lui donna l'Archevêché d’Yorck aprés la mort du Cardinal de Wolsey. Ces nouvelles recherches, qu'on peut appeller de cruelles persecutions , obligerent plusieurs Abbés & Religieux à remettre leurs Maisons au pouvoir du Roi. L'Abbaïe de Furnesf, de l'Ordre de Cîteaux , de mille livres sterling de revenu , donna l'exemple à plusieurs autres. Il y eut cependant plufieurs Abbés & plusieurs Prieurs , qui aimerenc mieux souffrir la mort, que de resigner leurs Maifons, & qui furent en effet executés , sous prétexte de rebellion & de désobéissance. De ce nombre furent l'Abbé de Glastembury, qui avoit cinquante mille livres tournois de revenu , l'Abbé de Reading, qui en avoit trente mille , & celui de Glocestre, qui étoient tous trois de l'Ordre des Moines Noirs. On ne s'attaqua aux Abbaïes de Westminster , de faint Alban, de saint Edmond, de sainte Marie d’Yorck, de Peterboroug , de Croyland, de Teukelsburg, de Tavestok,& de quelques autres du même Ordre,qu'à la fin de cette persecution ; mais il ne fut pas difficile au Roi de s'en pares |