BAN. ORDRE DE de hâche par son Valet, à cause qu'il abusoit de sa femme, S. COLOM- & périt ainsi un mois avant la fin de l'année, dans laquelle saint Eustase l'avoit cité au Jugement de Dieu. Saint Amé & faint Romaric étonnés de cette mort, se reconcilierent avec faint Eustase. Abellin Evêque de Geneve, & les autres Evêques de France, qui avoient favorisé Agrestin, devinrent les Protecteurs de la Regle de saint Colomban. L'on fonda dans la suite plusieurs Monasteres, où elle fut établies comme à Solignac proche Limoges, à Corbie, à Sales, & dans d'autres Monasteres, qui furent fondés dans le Berry, & dans plusieurs autres Provinces. Les Religieux de saint Colomban étoient habillés de blanc. Nous donnons ici la figure d'un de ces Religieux, telle que l'a donnée Abraham Brun, & telle qu'elle a été copiée par Schoonebeck & le P. Bonanni: nous y avons seulement changé la tonfure, que nous avons mise selon l'ancien usage des Hibernois, qui fut un des sujets de plaintes d'Agreftin dans le Concile de Mâcon. Voiez Yepés & Bucelin, Annal. Ord. S. Benedict. Bulteau, Hist. de l'ordre de Saint Benoît, Tom. I. Mabillon, Annal. Benedict. Tom. I. & Fleury, Hift. de l'Eglife, Tom. VIII. CHAPITRE IX. Des anciennes Congregations de Saint Augustin, de faint Benoît Biscop, de Saint Dunstan, & de Saint Lanfranc en Angleterre. C Eux qui ont parlé des differentes Congregations de l'Ordre de saint Benoît, en ont mis quatre en Angleterre, sous les noms de saint Augustin, de faint Benoît Biscop, de saint Dunstan, & de saint Lanfranc. Mais les Moines Benedictins en Angleterre, que l'on appelloit les Moines Noirs, aussi-bien qu'en d'autres Provinces, pour les diftinguer de ceux de Citeaux, n'ont jamais formé de differentes Congrégations: ils étoient compris sous le nom de Moines Noirs, si on en excepte les Monafteres qui dépendoient des Congrégations de Cluni & de Tyron, que l'on disoit de l'Ordre de Cluni & de Tyron, & ceux qui dé NES CON TIONS pendoient de quelques autres Monafteres de France, comme ANCIENdes Abbaïes de saint Denys en France, de Marmoutier, de GREGAFecam, du Bec, de faint Oüen, &c. Saint Benoît Biscop, DAN faint Dunstan & faint Lanfranc ont été plûtôt les restaura- TERRE. teurs de la Discipline Monastique en Angleterre, que fondateurs de Congrégations differentes: c'est pourquoi le Pere Clement Reyner Benedictin de la Congrégation d'Angleterre regarde cette Congrégation en differens âges; le premier sous saint Augustin Apôtre de ce Roïaume l'an 596. le second sous saint Benoît Biscop vers l'an 703. le troisiéme sous saint Dunstan vers l'an 900. le quatrième sous faint Lanfranc l'an 1077. dans lesquels elle n'avoit pas encore, dit-il, la forme de Congrégation, n'en aïant plûtôt que l'ombre & la figure ; mais dans le cinquiéme âge elle put être, ajoûte-t-il, appellée veritablement Congrégation, lorfque l'an 1215. dans le Concile General de Latran, il fut ordonné, de tenir des Chapitres Generaux dans chaque Province. Elle se perfectionna davantage dans le sixiéme âge après que le Pape Benoît XII. aïantrenouvellé l'an 1336. le décret du Concile de Latran touchant la tenuë des Chapitres Generaux, il fit par sa Bulle, appellée Benedictine, des Reglemens pour la réforme de l'Ordre de saint Benoît, & elle alla toûjours en augmentant, jusqu'au malheureux Schifme dont le Roi Henri VIII. fut l'Auteur, & fous le regne duquel les Monafteres d'Angleterre aïant été détruits, cette florissante Congregation de Benedictins périt tout d'un coup, & se vit dans la suite reduite à un seul Religieux, qui l'an 1607. procura son rétablissement. Elle prit pour lors une seconde naissance dans une terre étrangere ; d'où elle s'est répanduë en plusieurs autres Provinces, qui lui ont donné asyle, étant bannie & profcrite de fon propre païs. Nous allons rapporter ce qui lui est arrivé en partie jufqu'au Schisme d'Angleterre, en attendant que nous parlions de fon rétablissement, & l'on verra les differentes Réformes ausquelles on a donné le nom de Congregation. Les Anglois & les Saxons, peuples Idolâtres, fortis d'Allemagne, aïant chassé les Bretons de l'ifle de la GrandeBretagne, que l'on a depuis appellée Angleterre, y abolirent le Christianisme, qui y avoit été annoncé dès le deuxiéme fiécle: mais environ deux cens quarante ans après leur éta ANCIEN- blissement dans cette ifle, faint Gregoire le Grand voulut les NES CON retirer des tenebres de l'Idolâtrie. La premiere pensée lui en GREGA- TERRE. vint avant que d'être élevé au souverain Pontificat. Un jour passant dans le Marché de Rome, où il y avoit de jeunes Esclaves Anglois, qu'un Marchand exposoit en vente; il les trouva fi beaux & fi bienfaits, qu'il demanda de quel païs ils étoient, & fi on y faisoitprofession du Christianisme. Aïant sçu qu'ils étoient Idolâtres, il fut si touché de voir que des jeunes gens doüés d'une fi grande beauté étoient sous l'empiredu Demon, qu'il entreprit lui-même la converfion de ces peuples; mais comme il se disposoit pour leur aller prêcher l'Evangile, le peuple Romain qui avoit pour lui une grande veneration, ne pouvant se resoudre à le voir partir, le retint à Rome, où il fut élu souverain Pontife après la mort de Pelage II. Cette élection, quoique contraire à ses desseins, n'en empêcha pas l'execution; car en 596. qui étoit la sixiéme année de fon Pontificat, il envoïa des Missionnaires dans la Grande-Bretagne, pour tâcher d'établir le Christianisme parmi les Anglois & les Saxons, qui la possedoient presque entierement, & l'avoient partagée en sept Roïaumes sçavoir, celui de Kent, dont la principale ville est Cantorberi; celui de Suffex, ou des Saxons Meridionaux; celui d'Estangle, ou des Anglois Orientaux ; celui d'Essex, ou des Saxons Orientaux, qui avoient Londres pour capitale ; celui de Merce, ou des Anglois Mediterranéens; celui de Nortumbre, dont la capitale étoit Yorck ; & celui de Westsex, ou des Saxons Occidentaux ; & il choisit pour Chef de cette Mission faint Augustin, Prieur de fon Monastere de saint André de Rome, auquel il donna pour Compagnon plusieurs Religieux, leur ordonnant de lui obéïr comme à leur Abbé. L'année suivante ils aborderent en Angleterre, & defcendirent à l'ifle de Tanet, qui étoit du Roïaume de Kent, où il y avoit plus de disposition & d'ouverture à l'Evangile, à cause qu'Ethelbert qui en étoit Roi, avoit épousé une Princesse du Sang Roïal de France, nommée Berthe, qui étoit Chrétienne, & ne s'étoit mariée à ce Prince, qu'à condition qu'elle pourroit vivre selon les Loix du Chriftianisme, fous la conduite de Lindhard Evêque de France, qu'elle avoit amené avec elle. |