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DINS D'I
TALIE.

BERNAR- ne réüffit pas, puifqu'elle ne fut érigée qu'en 1633. les Religieux aprés cette érection tinrent leur premier Chapitre au Monaftere deNotre-Dame duSecours,qui étoit autrefois de l'Ordre de Flore,& qui étoit déja uni à cette Congregation. L'Abbaïe de Flore qui avoit donné le nom à cet Ordre, & qui en étoit chef, en dépend auffi avec les Monafteres de Fonte Lauretano & de Nôtre-Dame de Calabre: c'est pourquoi nous rapporterons ici l'origine de cet Ordre.

ORDRE DE
FLORE.

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Il eut pour Fondateur l'Abbé Joachim, à qui le Martyrologe de Cîteaux donne le nom de Bienheureux, auffi bien que les Continuateurs de Bollandus. Il nâquit au Roïaume de Naples, dans un Bourg nommé Celico, proche la ville de Cafenza vers l'an 1111. Son pere qui étoit Notaire de ce lieu lui fit étudier les Lettres humaines jufqu'à l'âge de quatorze ans ; & le regardant comme celui qu'il croïoit devoir être le foûtien de fa famille, il le plaça honorablement à la Cour du Roi de Naples, où il fervit quelque tems.. Mais ce faint jeune homme fe dégoûtant bien tôt des vanités du fiécle, prit la réfolution de voïager dans la Palestine y vifiter les lieux Saints, & partit à l'infçu de fon pere.

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Dans le chemin il ne s'accoftoit que des pauvres. Il s'eftimoit heureux d'être dans leur compagnie il foulageoit leur indigence, & leur faifoit part de ce qu'il avoit pris pour faire commodément fon voïage. L'ennemi du genre humain ne pouvant fouffrir de fi heureux commencemens dans le chemin de la vertu, voulut en empêcher le progrès : & pour cela il fuggera des fentimens de vanité à Joachim, qui ne fe doutant point de ce piége y fuccomba, fe laiffant Alatter par les talens dont la nature l'avoit doüé, & par fa grande. jeuneffe, qu'il paffoit ainfi éloigné des plaifirs qu'il fe fouvenoit avoir goutés à la Cour du Roi de Naples, & dont il pouvoit encore joüir s'il y retournoit. C'eft pourquoi abandonnant fon coeur aux attraits d'une vie fi délicieuse, il réfolut de retourner fur fes pas. Mais en arrivant à Conftantinople une étrange mortalité qui y regnoit, & qui enlevoit tous les jours un grand nombre de perfonnes l'effraïa ; & rappellant dans fon idée l'inconftance des chofes de la terre & la brieveté de cette vie, il renonça tout à fait au monde, duquel ne voulant plus porter les livrées, il quitta fes habits précieux

précieux, fe revêtit d'un habit d'Ermite, & continua fon BERNAR voïage nuds pieds.

Les Hiftoriens de fa Vie prétendent qu'étant arrivé dans la Palestine, il paffa tout le tems du Carême fur le Mont Thabor, où tout occupé des chofes celeftes, il pratiqua des aufterités furprenantes, qui furent fi agréables aux yeux de Dieu, que pour l'en récompenfer, il lui donna le Jour de Pâque une fcience infufe, & la connoiffance des mysteres les plus obfcurs de l'Ecriture-Sainte. Mais quelques-uns de fes écrits n'ont point donné à connoître que fa Doctrine fortît de cette Ecole divine, puifque le Livre qu'il fit contre le Maître des Sentences, fut condamné comme heretique dans le Concile General de Latran, tenu fous le Pape Innocent III. l'an 1215. Cette cenfure qui ne tombe que fur fes Ecrits, qu'il avoit foûmis au jugement de l'Eglife, n'a pas empêché qu'on ne lui ait rendu un culte public après fa mort: ce que Dieu a approuvé par le grand nombre de miracles qui fe font faits à fon tombeau. Il y en a même qui ont prétendu que ce Livre contre le Maître des Sentences, n'eft point de lui. Cependant l'opinion la plus commune eft qu'il en eft veritablement l'Auteur; mais il faut en même tems avoüer que s'il y est tombé dans des erreurs au fujet du Myftere de la fainte Trinité, il s'eft retracté dans la fuite, & a fait paroître fur ce Myftere une Doctrine Orthodoxe dans le Pfeautier qu'il compofa fous le titre de Pfalterium decem Chordarum. C'eft ce que plufieurs Auteurs qui ont entrepris fa défense ont prouvé, du nombre defquels eft Gregoire de Laude ou de Lauro, qui prétend que ce fut sur le Mont Thabor qu'il commença fa Concorde de l'Ancien & du Nouveau Teftament, & fon Explication de l'Apocalypfe. Mais le Pere Papebroch, qui eft auffi l'un des Apologiftes de l'Abbé Joachim, n'en convient point, & prétend qu'il ne les écrivit que fous le Pontificat de Lucius III. longtems après fon retour en Calabre.

Quoiqu'il en foit, étant rétourné en Calabre, il s'arrêta quelque tems dans le Monaftere de Sambuca, où il exerça l'office de Portier, & alla enfuite à Corazzo, au Diocéfe de Martorano, où il prit l'habit de l'Ordre de Cîteaux, fous l'Abbé Colomban. Il fit de fi grands progrès dans la vertu, que quelque tems après il fut fait Prieur de ce Monaftere, · Ddd

Tome V.

DINS D'I

TALIE.

DINS D'I

TALIE.

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BERNAR duquel l'Abbé étant mort, il fut choifi par les Religieux pour lui fucceder. Son humilité lui fit refuser cette Dignité: il s'éloigna même, pour ne la pas accepter; mais enfin il y fut contraint par les remontrances de l'Archevêque de Cofenza & de l'Abbé de Sambuca. Il ne gouverna cette Abbaïe que quelques années ; & aïant obtenu du Pape Lucius III. la permiffion de la quitter,il fe retira l'an 1183. dans la folitude de Haute-Pierre, où il compofa quelques uns de fes Ouvrages. Mais aïant quitté ce lieu, il vint demeurer l'an 1189. dans un autre nommé Flore, avec deux ou trois Compagnons qui s'étoient joints à lui. Ils bâtirent d'abord de petites cellules, où ils menoient une vie Eremitiquesmais Joachim voïant que le nombre de fes Difciples augmentoit, jetta les fondemens du celebre Monaftere, qui a porté le nom de Flore, & qui l'a donné auffi à l'Ordre que ce faint Fondateur inftitua, & dont ce Monaftere a été le Chef. On lui offrit enfuite de nouveaux établissemens, dont le premier fut à Cafeluber, le second à Taffitano, & le troisième fut appellé le Monaftere de Marc. Cette Congregation s'augmentant, Joachim dreffa des Conftitutions, qu'il fit approuver par le Pape Celestin III. l'an 1196.

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Ange Manrique, dans fes Annales de Cîteaux,s'eft trompé, lorfqu'il a dit que le premier Monaftere qui fut foûmis à celui de Flore,& qui fuivoit fes mêmes Obfervances, ne fut fondé que l'an 1200. avec la permiffion du Cardinal Centius, Legat du faint Siége dans le Roïaume de Sicile, puifque dès l'an 1198: il y avoit déja quatre Monafteres de cet Ordre, comme il paroît par un Privilege accordé au Monaftere de Flore par l'Imperatrice Conftance, veuve d'Henri VI. & que les Conftitutions de cet Ordre avoient été prouvées par le Pape Celeftin III. dès l'an 1196. comme nous avons dit, auquel tems il y avoit déja des Monafteres foumis à celui de Flore ; ce qui eft pofitivement marqué dans la Constitution de ce Pape en ces termes: Quafdam Conftitutiones de Vita Monachorum tuorum & Monafteriorum tuo Canobio fubjectorum, & de rebus ab ipfis fratribus poffidendis, & eorum numero, te feciffe: quas ut in eifdem Monafteriis & ab ipfis fratribus obferventur, confirmari à nobis cum inftantia poftulafti.

L'Empereur Henri VI. avoit donné de grands biens au

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Monaftere de Flore, qui furent encore augmentés par peratrice Conftance fa femme: mais aprés la mort de cette DINS D'I Princeffe,les Religieux de cette Abbaïe furent inquietés par certains Religieux Grecs de l'Ordre de S. Bafile, d'un Monafterevoifin nommé des trois Enfans, qui non feulement ne voulurent pas leur païer quelques rentes qu'ils leur devoient; mais vinrent encore à main armée pour enlever les biens de l'Abbaïe de Flore. La premiere fois ils fe contenterent de maltraiter les Religieux qui gardoient les troupeaux : ils en blefferent quelques-uns, & en dépoüillerent d'autres: mais étant venus un autre jour en plus grand nombre & mieux armés dans un autre Monaftere de la dépendance de Flore, ils en chafferent les Religieux, renverferent les bâtimens de l'Eglife & des lieux Reguliers, & ruinerent tout ce qu'ils ren

contrerent.

L'Abbé Joachim & fes Religieux s'étant plaints de ces violences, la justice feculiere cita les Religieux du Mona→ ftere des trois Enfans, & leur défendit de maltraiter à l'avenir ceux de Flore fous peine de cent fous d'or. Mais ceux. ci indignes de l'état qu'ils profeffoient, bien loin de comparoître devant les Juges, allerent encore de nouveau avec des Soldats dans les Fermes de la dépendance de Flore,pour Y faire de nouvelles infultes & pour les ruiner. L'Abbé Joachim s'en plaignit au Roi & à l'Archevêque de Palerme, fon premier Miniftre, qui donna ordre à l'Archevêque de Cofenza, à Richard Abbé de fainte Euphemie,à Simeon de Maniftra, Grand-Connêtable & Grand-Jufticier,& à d'autres Juges fubalternes de faire rendre justice à cet Abbé & à fes Religieux, de faire reparer par ceux des trois Enfans tous les torts qu'ils leur avoient caufés, & leur faire restituer tous les biens qu'ils leur avoient enlevés. Ils rendirent contre eux une Sentence l'an 1199. mais on ne fçait pas ce qui arriva dans la fuite, finon qu'Ughel dans fon Italie facrée, parlant de Luc Archevêque de Cofenza, rapporte une Tranfaction qui fut faite par l'authorité de ce Prélat, entre Matthieu Abbé de Flore,& Hilaire Abbé des trois Enfans, lequel Matthieu fut le fucceffeur de l'Abbé Joachim.

Ce Monaftere des trois Enfans fut enfuite foûmis à l'Ordre de Flore, dont il embraffa les Obfervances, & prit le nom de fainte Marie de Nova. L'Abbé Joachim fit une au

BERNARDINS D'ITALIE.

A tre fondation à Albaneto l'an 1200. qui fut le cinquième de fon Ordre. L'année fuivante l'Archevêque de Cofenfa lui aïant donné une Métairie à faint Martin de Jove ou de Canali, il y fit bâtir un autre Monaftere: il fit encore un feptiéme établissement proche Fiume-Freddo, au Diocéfe de Tropea, & ce Monastere fut appelé Nôtre-Dame de Fonte Lauretano. L'on remarque que depuis le commencement de l'Ordre de Cîteaux en Italie, il s'étoit fondé foixante Monafteres, pendant l'efpace de foixante & dix ans : mais que depuis que l'Ordre de Flore eut commencé à être connu, on ne fonda plus aucun Monaftere de l'Ordre de Cîteaux dans le Roïaume de Naples, ni dans l'une & l'autre Calabre, quoiqu'il n'y eût point d'années qu'il ne fe fît quelques fondations de cet Ordre dans d'autres Provinces.

Enfin l'Abbé Joachim étant caffé de vieilleffe, & les grands travaux, fes jeûnes & fes aufterités aïant beaucoup diminué les forces, il tomba malade au Couvent de faint Martin de Jove ou de Canale, & y mourut le 3. Mars 1202. Quelques années aprés fon corps fut porté dans l'Abbaïe de Flore, où Dieu a fait connoître la fainteté de fon Serviteur, par le grand nombre de miracles qui fe font faits à fon tombeau : il y a de l'apparence qu'ils continuoient encore l'an 1346. puifque les Religieux de l'Abbaïe de Flore & quelques Abbés de l'Ordre pafferent en cette année une procuration à Pierre Abbé de Flore, pour demander au Pape qu'il lui plût commettre des Evêques & des Prélats de Calabre pour informer des miracles de leur Fondateur. Il y a quelques Eglifes qui poffedent de fes Reliques. Les Chartreux du Monaftere de faint Etienne del Bofco, au Diocése de Squillaci, confervent une de fes dents. Ce Monaftere fut bâti par faint Bruno leur Fondateur; ce qu'il fit par les liberalités du Comte Roger Guifcard, qui en fit toute la dépenfes mais après que les Chartreux l'eurent poffedé pendant foixante ans, il paffa entre les mains des Religieux de Câteaux, qui en fortirent dans la fuite pour faire place à ceux de Flore. Enfin le Pape Leon X. l'an 1513. rendit ce Monaftere aux Chartreux, étant bien jufte qu'ils fuffent les Dépofitaires des facrées dépouilles de leur Fondateur faint Bruno, qui y avoit été enterré, & dont le Corps y avoit toûjours été confervé. L'Eglife de Celico, lieu de la nais

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