ger dans les Monasteres d'un autre Ordre,ou en quelque ORDRE D2 lieu que ce fût, hors l’Infirmerie , & plus particulierement dans les Monasteres de filles ; & ceux qui avoient transgressé cette Loi devoient être privés de vin pendant un jour. On ne devoit jamais servir de viande aux Evêques ni aux autres personnes, qui venoient leur rendre visite , quoiqu'ils ne fussent pas de l'Ordre, soit dans l'enceinte du Monaftere, soit dans les maisons contiguës : & on ne devoit pas permettre que des personnes Seculieres ou Religieuses, vinfent demeurer auprès des Cimetieres & y manger de la viande. Tous les Abbés qui auroient servi ou fait fervir de la viande à quelque personne que ce fût dans l'enclos de l'Abbaïe ou dans les maisons contiguës ( à l'exception des pauvres & des infirmes, ) en demanderoient pardon au Chapitre General , & en seroient grievement punis; & pour ce qui est des Officiers & autres Religieux & Convers qui auroient commis cette faute , ils jeûneroient au pain & à l'eau tous les Vendredis jusqu'au Chapitre General prochain. Ce fut dans le quatorziéme siécle que quelques Monasteres & Colleges commencerent à perdre l'esprit de ferveur des premiers Peres de l'Ordre: car se relâchant peu à peu de la premiere observance, sous pretexte de quelques dispenses & privileges , contre les Instituts de l'Ordre & la Regle de saint Benoît , ils mangerent de la viande à certains jours, à s'abstinrent de quelques jeûnes,& tomberent insensiblement dans un plus grand relâchement. Mais le Pape Benoît XII. qui avoit été Religieux de cerOrdre & Abbé de Fond-Froide , étant monté sur la Chaire.deS. Pierre l'an 1334. voulut remedier à cer abus & à d'autres qui s'étoient glissés ausli dans cer Ordre ; c'est pourquoi il resolut de faire venir au Pont de Forgue dans le Diocese d'Avignon où il étoit , l'Abbé de Cîteaux & les quatre premiers Abbés de l'Ordre; ils Y allerent tous , à l'exception de celui de Portigni , & aprés plusieurs conferences sur ce sujet , il fit une Constitution la même année 1334. qui porte plusieurs Reglemens concernant cer Ordre : il défend entr'autres choses à tous les Abbés & Religieux de manger de la viande & autres mers cuits avec de la viande , foit hors les Monafteres ou autres lieux Conventuels de l'Ordre, soit dans le Monastere, dans des chambres particulieres,ou en aucun autre lieu , ( à l'excep CÎTEAUX. dičtine , Y ORDRE DE cion de l'Infirmerie commune ) revoquant les permissions de manger de la viande que quelques Abbés & Religieux fut reçuë & acceptée , comme il se voit dans la seconde Compilation des Ordonnances des Chapitres Generaux faite par autorité du Chapitre de l'an 1350. laquelle fut appellée les nouvelles Conftitutions. Il y est ordonné à cous les Abbés de l'Ordre, d'avoir en leurs Monasteres les Statuts & Ordonnances du Pape Benoît pour la Réformation de l'Ordre, & de les faire exactement observer & relier avec la Regle & le livre des Deffinitions. Ces Reglemens empêcherent les abus qui s'étoient glissés dans cet Ordre: mais ce fuc que pour un tems ; car ils augmenterent dans la suite, & le désordre y étoit si grand en 1390. que le Chapitre General qui se tinc la même année , se cruc obligé d'y apporter quelque remede. Ce fut encore pour peu de tems : car les Chapitres Generaux qui suivireiit celui-là, non seulement autoriserent ces Reglemens , mais encore permirent la proprieté aux Religieux. Car celui de l'an 1396. donna commission expresse à l'Abbé de Fontenai de se transporter à l’AbbaïedeCheferi pour ratifier une transaction passée entre l'Abbé de ce Monastere & sa Communauté , par laquelle il assignoit à chacun de ses Religieux une fomme pour leur vestiaire. Celui de l'an 1399. permit expressément à un Religieux de l'Abbaïe du Miroir, de jouir la vie durant d'environ dix arpens de terre qu'il avoit acquis , à ce qu'il disoit , de ses parens. Celui de l'an 1400. ratifia & confirma un ne Bail à ferme, fait par l'Abbé & la Communauté de l’Abbaio ORDRE DE de Bonneval, à un Religieux de la même Abbaïe , par lequel on lui cedoit la Ferme des Laudrins , appartenant à ce Monastere , avec défense à l'Abbé & à la Communauté de la lui ôter. Jusques-là l'Ordre avoit toûjours été uni, & quoique répandu dans toutes les parties du nonde , il avoit toûjours été soầmis aux Superieurs qui étoient en France:mais quelques Religieux d'Espagne qui avoient conservél’Esprit de l'Ordre , voulant se garentir du naufrage dont il étoit menacé, firent comme un corps à part, en formant une Congregation, dont Martin de Vargas fut l'auteur l'an 1426. de laquelle nous parlerons en particulier, ausli bien que des autres Congregations , qui à l'exemple de celle d'Espagne, voulurent vivre dans une étroite Obfervance : mais ce ne fut que plusieurs années après que celle d'Espagne eut été commencée. Le désordre continuant toûjours , Eugene IV. sur les plaintes qu'il en reçur de France & d'Espagne , avertit par sa Constitution de l'an 1444. l'Abbé de Cîreaux & les autres Abbés & Religieux, de l'Ordre, de se purger de ce dont on les accusoit, & de donner meilleur exemple ; (ce qu'ils ne pouvoient faire qu'en corrigeant leurs moeurs corrompuës,) & de dresser , s'il étoit besoin, de nouvelles Constitutions; & Nicolas V.l'an 1448. leur ordonna de s'appliquer avec plus de soin & de diligence qu'auparavant, à la reforme des Monasteres, & d'y faire mieux observer à l'avenir les Constitutions Apostoliques & les Observances des Chapitres Generaux. Ces remontrances des Souverains Pontifes étoient inuti. les dans un tems où les guerres qui affligeoient plusieurs Provinces, empêchoient les Abbés de l'Ordre de Cîteaux de remédier aux abus qui s'étoient introduits dans leurs Monasteres. Les fureurs de la guerre & l'insolence des sol . dats qui n'épargnoient pas même les Temples du Seigneur , commettant mille indignités à l'égard des Prêtres & des Vierges qui s'y occupoient à chanter les louanges de Dieu, obligeoient la plûpart des Religieux & des Religieuses de cer Ordre d'abandonner leurs Monasteres pour le réfugier dans les Villes ; & ces guerres qui durerent plusieurs années Үy iij |