ORDRE DE de l'Abbé Robert, & tout le reste qu'il avoit apporté de CATEAUX. Molesme, il ordonnoit que tout demeureroit aux Freres du nouveau Monastere, hormis un Breviaire qu'ils garderoient jusqu'à la saint Jean, pour le transcrire, avec le consentement des Religieux de Molesme. Robert acquiesça à tout ce que l'on demandoit de lui; il déchargea les Moines de Cîteaux de l'obéïssance qu'ils lui avoient promise, soit dans ce lieu, foit à Molesme, & l'Evêque de Châlons le déchargea aussi du soin de cette Eglife, qui lui avoit été confiée. Il s'en retourna donc à Molesme, avec quelques Religieux qui le voulurent suivre, se sentant plus portés à la vie Monastique qu'à la vie solitaire. L'Evêque de Châlons donna à saint Robert un Certificat adressé à l'Evêque de Langres, comme il l'avoit absous, tant du Gouvernement du nouveau Monaftere, que de l'obéïssance qu'il lui avoit promise. Ce Saint gouverna encore ce Monastere de Molefme pendant près de neuf ans, & mourut l'an 1108. Robert aïant quitté Cîteaux pour retourner à Molesme, faint Alberic lui succeda dans le Gouvernement de ce nou. veau Monaftere, & en fut élu Abbé l'an 1099. Il avoit pris l'habit Monastique dans celui de Molesme ; & lorsque saint Robert en fortit pour se retirer dans le defert d'Haur, Alberic, qu'il avoit fait Prieur, prit le soin de ce Monaftere en son abfence. Il tâcha inutilement aussi-bien que faint Robert, de faire revenir les Religieux à l'Observance de la Regle: mais bien loin de l'écouter, ils lui firent mille outrages, jusqu'à le jetter dans une obscure prifon; d'ou aïant été tiré quelque tems après, il quitta aussi ces Religieux rebelles pour se retirer dans un defert, à l'exemple de faint Robert; & il ne retourna à Molesme que quand il eut appris que les appris Religieux de се Monastere avoient redemandé leur Abbé. Lorsque ce même Abbé les quitta pour la seconde fois pour aller dans les folitudes de Ćîteaux, il fut du nombre de ceux qui l'y accompagnerent, & merita par fon zele & par sa ferveur d'être fait Prieur de ce nouveau Monafterc. A peine en eut-il été élû Abbé, qu'il envoïa deux de ses Religieux, Jean & Ilbod vers le Pape Paschal II. pour mettre son Eglise sous la protection du saint Siege. İl leur fit donner des Lettres de recommandation pour ce Pontife par ORDRE DE l'Archevêque de Lyon, l'Evêque de Châlons & deux Cirtaux. Legats de sa Sainteté qui étoient pour lors en France, & qui témoignerent au Pape que les Religieux de Cîteaux n'étoient fortis de Molesme & ne s'étoient transportés au nouveau Monastere, que pour y mener une vie plus mortifiée & plus retirée suivant la Regle de saint Benoît, & pour s'éloigner des coûtumes que quelques-uns avoient introduites, contre l'esprit de cette Regle, dont le poids leur sembloit trop pesant à supporter. Ils le prierent d'affermir par fon autorité l'établissement de ce nouveau Monastere, & de confirmer ce que son predecesseur Urbain II. avoit fait. Ces recommandations eurent leur effet, & le Pape Pafchal par une Bulle de l'an 1100. mit ee Monastere sous sa prote ction. Alberic &fes Religieux ainsi autorisés & confirmés par le Pape, dressferent les premiers Statuts de Citeaux, qui ne furent proprement que des Reglemens pour cette seule Abbaïe (ce faint Abbé ne sçachant pas le dessein que Dieu avoit de faire de ce Monastere, le Chef d'un Ordre très celebre.) Aufsi ces Reglemens ne sont qualifiés dans les premieres Histoires de cet Ordre, que d'Institutions des Moines de Citeaux fortis de Molesme : Instituta Monachorum Ciftertientium de Molismo venientium. Il y est porté entr'autres choses qu'ils observeront exactement la Regle de saint Benoît; qu'ils retrancheront tous les usages contraires à cette Regle, qui par un abus avoient été introduits dans quelques Monasteres, comme les fourures & les peaux précieuses, les superfluités des habits, les garnitures de lits, la diversité & l'abondance des viandes, l'usage de la graisse, & autres semblables excès contraires à la Regle. Ils résolurent aussi d'avoir des Convers Laïques & Barbus avec la permission de l'Evêque qui seroient traités comme eux, à l'exception qu'ils ne seroient pas Religieux, & d'accepter les terres, les vignes, les prés, qui leur seroient offerts, aussi-bien que les étangs, tant pour faire moudre les moulins, qui feroient à leur usage, que pour leur fournir du poiffon, & comme ils avoient établis en quelques lieux des metairies, ils ordonnerent que l'on y envoïeroit des Convers pour en avoir foin, & non pas des Religieux, puisque conformément à la Regle les Reli ORDRE DE gieux devoient demeurer dans le Cloître pour y vaquer étoit de couleur tannée, auffi-bien que celui des Religieux Ce faint Abbé,après avoir gouverné Cîteaux l'espace de neuf ans & demi, mourut l'an 1109. & eut pour successeur faint Etienne troifiéme Abbé & principal Fondateur de cet Ordre. Son furnom étoit Hardingue, & il étoit Anglois.Son zele pour les Observances Regulieres l'avoit fait suivre faint Alberic dans la folitude lorsqu'il quitta Molesme, & il ne retourna avec lui dans ce Monastere, que lorsqu'on y eut rappellé saint Robert. Saint Albericaïant été élû Abbé de Cîteaux, il en avoit été fait Prieur. Quoique l'austerité de la vie qu'on y menoit eût empêché que le nombre des Religieux ne s'augmentat sous fon prédecesseur, il ne diminua rien pour cela de ces austerités, l'amour qu'il avoit pour la pauvreté lui fit faire des Reglemens, qui marquoient l'estime qu'il faisoit de cette vertu. Il voulut qu'elle parût jusques sur les Autels, dans les ornemens d'Eglife, & les vases sacrés, qui servent au plus auguste de nos Mysteres : car il défendit les croix d'or & d'argent, & n'en youlut que . |