DE Pierre 11. Abbé de Sauve-Majour obtint du Pape Ale- CONGRE. xandre III. l'an 1169. la confirmation de toutes les Eglises GATION DI *& des biens qui dépendoient de ce Monastere : ce qui fut MAJOUR, confirmé par le Pape Celestin III. l'an 1197. Il y avoit environ trente Prieurés qui dépendoient de cette Congrégation, outre un grand nombre de Paroisses. L'Abbaïe de Sauve-Majour appartient présentement aux Benedictins de la Congrégation de saint Maur, qui y entrerent l'an 1660. La plupart des Prieurés qui en dépendent ne font présentement que des Benefices simples, & celui d'Arbanetz est en la poffeffion des Jesuites. Il y avoit de ces Prieurés dans les Diocése de Paris, de Bourdeaux & de Sens, quatre en Arragon, & un en Angleterre, comme nous avons dit. L'Abbaïe de faint Denis en Hainaut étoit aussi de la dépendance de Sauve-Majour, & elle fut toûjours sous la jurisdiction de l'Abbé de ce Monastere jusqu'en l'an 1426. Le P. Papebroch dit que selon l'ancienne Tradition de l'Abbaïe de Sauve-Majour, saint Gerard y établit aussi des Religieuses : ce qui se prouve, à ce qu'il prétend, par une maifon préfentement habitée par des Séculiers, où elles demeuroient anciennement, laquelle a encore la forme de Monaftere, & par d'anciennes chartes de cette Abbaïe, dans l'une desquelles on lit qu'une femme nommée Oregonde, méprisant les vanités du fiécle, vint à ce Monastere, où elle se donna avec tous fes biens, & reçut l'habit de Religion des mains de faint Gerard ; & que dans une autre charte on lit la même chose d'une autre nommée Agnès de Mont-Primlau. Mais c'étoit sans doute de ces données Converses ou Oblates qui se donnoient au service d'un Monastere, comme nous avons dit en plusieurs endroits. Voïez Bolland, 5. Aprilis. Baillet, Vie des SS. Mabillon, Aft. SS.Ord. S. Bened. facul. 6. Tom. 2. CONGRE GATION DHIRSAU GE L De la Congregation d'Hirsauge en Allemagne. 'Abbaïe d'Hirsauge en Allemagne a été autrefois Chef d'une florissante Congregation, qui commença vers l'an 1080. par le zele de faint Guillaume qui fut le restaurateur de la difcipline Monastique en ce païs. Cette Abbaïe située dans le Diocése de Spire reconnoît pour Fondateur le Comte Erlafride. 11 étoit pere de Noting Evêque de Vercel, qui aïant apporté dans sa Cathedrale le Corps de saint Aurelius Evêque de Rediciane en Armenie, en voulut ensuite enrichir sa patrie, en le portant secretement en Allemagne. II n'y avoit pas loin du Château de son pere un Oratoire dedié à saint Nazaire:c'étoit dans ce lieu que Norting vouloit faire reposer ces saintes Reliques, mais dans le chemin un aveu gle aïant recouvré la veuë par l'intercession de saint Aurelius, le Comte Erlafride touché de ce miracle fit bâtir un Monastere au lieu même où le miracle étoit arrivé, & en jetta les fondemens avec son fils Ermenfride l'an 830. Mais comme il vouloit le rendre un des plus fuperbes & des plus magnifiques de l'Allemagne, il ne fut achevé que sept ans après, l'an 837. ou 838. On y mit douze Religieux qui furent tirés de l'Abbaïe de Fuldès, ausquels on donna pour Abbé Luitperd. Pour lors l'Eglise fut consacrée par Otgar 'Archevêque de Maïence en présence d'un grand grand nombre de Prélats & de Seigneurs qui avoient été invités à cette ceremonie par le Comte Erlafride, & l'on transfera dans l'Eglise qui fut dediée à saint Pierre & à saint Aurelius le Corps de ce saint Evêque qui avoit été conservé jusqu'alors dans l'Oratoire de saint Nazaire. Le Comte Erlafride fit en même tems donation folemnelle de ce Monastere entre les mains de l'Abbé Luitperd, à condition que la Regle de faint Benoît y feroit observée, & laissa la liberté aux Religieux de pouvoir élire leur Abbé, & de choisir un Advoüé ou defenseur de ce Monastere. La Discipline Réguliere y fut maintenue dans toute fa vigueur jusqu'en l'an 988. que l'Allemagne, après avoir été affligée d'une grande famine, se trouva dans une plus grande GATION désolation par une maladie contagieuse qui suivit cette fami- CONGREne & qui enleva un grand nombre de personnes dans toutes HON Les Provinces. Soixante Religieux de l'Abbaïe d'Hirsaugeen GE. aïant été attaqués moururent avec leur Abbé: & il n'en resta que douze, qui ne purent s'accorder sur le choix de son successeur. Les plus fervens & les plus zelés pour la regularité élurent Conrad, qui fut confirmé dans cette dignité par l'Evêque de Spire. Les autres plus portés au relâchement élurent Eberhard Cellerier de ce Monaftere. Mais trois Religieux de fon parti l'aïant abandonné pour reconnoître leur legitime Superieur, il se retira avec deux autres vers le Comte de Calve ennemi de ce Monastere, qui profitant de cette occasion, y vint à main armée & en enleva tout ce qu'il put, qu'il distribua à ses Soldats fous prétexte de conserver les biens du Monastere pour enfuite les remettre entre les mains d'Eberhard leur legitime Abbé, prétendant que Conrad étoit un ufurpateur. Conrad cependant demeuroit à Hirsauge avec huit Religieux, & y vivoit dans des inquietudes continuelles, appréhendant à tout moment quelque chose de funeste de la part de son perfecuteur. Ses craintes n'étoient pas mal fondées ; çar Eberhard ne pouvant souffrir de se voir plus long-tems privé de l'Abbaïed'Hirsauge, y vint de nuit la seconde année de fon élection, avec des Soldats, dans le dessein d'enlever l'Abbé Conrad, qui en aïant été averti s'étoit retiré. Eberhard faché d'avoir manqué son coup, se contenta de piller le Monastere sans faire aucun mal aux Religieux, & Le retira plus chargé de crimes que de dépoüilles. Conrad fut deux ans errant decôté & d'autre, jusqu'à ce que fon competiteur étant mort, il retourna à son Monastere, où avec le peu de Religieux qu'il y avoit; il vêcut dans une grande regularité, nonobstant les perfecutions que lui suscita le Comte de Calve, qui après sa mort autant par haine que par avidité, s'empara entierement du Monastere qu'il réduiit dans une si grande désolation qu'il fut abandonné des Religieux & qu'il resta ainsi jusqu'en l'an 1065. Dès l'an 1049. le Pape Leon IX. étant en Allemagne & allant à Mayence, logea, à ce que l'on prétend, chez Adelbert son neveu Comte de Calve, & aïant été avec lui à Hirsauge, il ne put voir sans douleur les ruines de ce Monastere CONGRE- que les Ancêtres de ce Comte avoient reduit en eet état: co D'HIR SAU- Prince s'appliqua à chercher le Corps de saint Aurelius que GATION GE. que l'on avoit caché du tems des irruptions des Normans, qui entre tous les crimes qu'ils commettoient dans toutes fortes de genre, s'attachoient particulierement à profaner tout ce qu'il y avoit de plus saint & de plus sacré, (les crimes ordinaires n'étant pas fuffisans pour contenter les passions bru tales d'une nation fi feroce & fi barbare: ) ce precieux dépôt, qui par la précaution des Religieux de ce tems là avoir échappé à leur fureur, fut enfin trouvé par la diligence de ce Pape, qui ordonna à Adelbert de réparer ce Monaftere & fon Eglife, tant pour honorer les Reliques de ce grand Saint, que pour expier le crime que ses Ancêtres avoient commis en détruisant le Temple de Dieu & en perfecutant ses Ministres. Le Comte obeït au Pape, & rebâtit ce Monastere, mais non pas avec toute la diligence qu'il devoit : car il ne fut en état d'être habité que l'an 1065. Il y fit venir douze Religieux de l'Abbaïe de Ensidlen en Suisse, plus connuë fous le nom de Notre-Dame des Ermites, ausquels on donna pour Abbé Frideric. Ils furent reçus avec beaucoup d'humanité par le Comte & fa femme Viltrude qui leur fournirent tout ce qui étoit necessaire pour leur entretien, & en peu de tems ils acheverent l'Eglise qui n'étoit pas encore Anie. L'Abbé Frideric eut beaucoup à souffrir de ses Religieux, qui aprés lui avoir fait mille indignités, le déposerent & élurent en sa place faint Guillaume, pourlors Religieux du Monastere de saint Emmeran à Ratisbonne. Il étoit originaire de Baviere, & fut offert par ses parens étant encore jeune au Monaftere de saint Emmeran, où les Religieux vivoient avec beaucoup de liberté : mais malgré ces mauvais exemples, il avançoit neanmoins tous les jours dans la perfection: ce qui faisoit que les méchans Religieux, qui étoient portés au relâchement, le craignoient ; & qu'au contraire les bons & les plus parfaits le cheriffoient extrêmement. Il apprenoit avec beaucoup de facilité tous les arts liberaux, & il excella entr'autres dans le chant & l'art de compter, comme en font foi les Ouvrages qu'il a laiffés fur ces fciences. Ce fut l'an 1069. qu'il fut élu Abbé d'Hirsauge. Il ne refusa pas l'honneur qu'on lui faisoit, parce qu'il ignoroit la déposition de Frideric & les differens qu'il avoit eus avec ses Religieux: mais les aïant appris, lors- CONGREqu'il fut arrivé à Hirsauge, il alla trouver le Comte Adel-H bert pour l'exhorter à faire rétablir Frideric, lui reprefen- GE. tant que personne ne pouvoit occuper sa place tant qu'il vivroit. Il se disposoit déja à retourner dans son Monastere pour ne vouloir pas être complice de ce crime:mais les Religieux firent tant par leurs prieres, qu'ils l'obligerent à rester. Il y consentit, mais à condition qu'il ne seroit pas beni, & ne prendroit pas la place de Frideric de fon vivant: ce qui dura jusqu'à l'année suivante, que Frideric étant mort, Guillaume reçut publiquement la Benediction des mains d'Henri Evêque de Spire. Lorsqu'il arriva à Hirsauge, l'état de ce Monastere n'étoit pas encore certain, tant à cause des broüilleries qui étoient survenuës entre Frideric & fes Religieux, qu'à cause de l'inconstance du Comte Adelbert qui n'avoit pas encore restitué les biens de ce Monastere qu'il retenoit depuis un si long tems: mais Guillaume scut par sa prudence apporter remede à ces maux. Il fit paroître tant de grandeur d'ame dans les adversités qui lui arriverent : fa pieté & fa devotion furent fi grandes, & fon zele si ardent pour défendre & maintenir la difcipline Monastique, que c'est avec raison qu'on le met au nombre des plus grands hommes du onziéme fiécle. Aussi-tôt qu'il eut été beni Abbé, il commença à fonger aux moïens de pouvoir rétablir la Regularité & l'Obfervance dans son Monaftere, & remedier aux abus qui s'y étoient glissés; il commença par examiner les revenus dont il joüissoit, afin que s'ils n'étoient pas fuffisans pour l'entretien des Religieux, (comme effectivement ils ne l'étoient pas, puisqu'à peine pouvoient-ils suffire pour en entretenir quinze ou seize, ) if pût chercher les moïens d'y suppléer & de leur fournir leur necessaire, étant trés perfuadé que la cause ordinaire du relâchement est le manque des chofes necessaires à la vie. L'autorité que le Comte Adelbert s'étoit acquise sur les Religieux étoit fi grande, qu'ils n'osoient rien faire fans sa permiffion, ensorte qu'il sembloit qu'il fût leur Superieur & qu'ils fussent obligés de lui obéïr. Le saint Abbé ne pouvant fouffrir cet abus, fit si bien qu'il perfuada au Comte de se désister de cette prétenduë fuperiorité, & de |