GATION DE Vivo. qu'elle fut seulement tirée d'un autre Monaftere par le Bien- CONGRES Voiez Ignazio Guiducci, Vita di S. Humilita da Faenza Badeffa, & Fondatr. delle Monache dell. Ord. di Vallomb. Bolland. 22. Mai. Jacqueline Boüete de Blemure, Année Benedict. Bucelin, Menolog. Benedict. Le P. Bonanni, Catal. de gl. Ord. Relig. & Afcag. Tamburin, de Jur. Abbat. Difp. 24. quest. 5. num. 21. L CHAPITRE XXX. De la Congregation de Safsso-Vivo en Italie. E lieu où le Monastere de Saffo-Vivo dans le Diocéfe de Foligni est presentement situé, étoit autrefois une torêt au pied d'une grande montagne toute de roche, appellée pour ce sujet Saffo-Vivo, & d'une autre montagne appellée del Vecchio, qui appartenoit à une sainte femme de Foligni, appellée Eustache, qui y fit bâtir un sepulchre, où elle vouloit que son corps fut mis après sa mort: mais aïant été avertie par un Ange de donner une honorable sepulture à ceux des Bienheureux Carpophore & Abondius, qui avoient été martyrisés dans ce bois : elle y alla, accompagnée de fes serviteurs, & aïant trouvé les Corps de ces faints Matyrs, elle les mit dans le fepulchre qu'elle avoit fait préparer pour elle, & y fit bâtir une petite Chapelle. Dans la suite du tems l'an 1050. le Comte Hugues ou Hugolin, fils du Comte Offredo de Foligni, Grand Comte de l'Ombrie (dont, felon Jacobilli, descendoient les Comtes d'Oppello & de Trinci, Seigneurs de Foligni, a) fit bâtir sur • Durant les guerres des Guelphes & des Gibelins, la ville de F ligni fut presque entierement détruite par les Perusiens: mais aïant été rebâtie, les Trinci s'emparerens du Gouvernement, & y dominerent avec affez de Tyrannie, jusqu'à ce que le Cardinal Vitel eschi, Legat dans l'Ombrie, fit mourir le dernier de cette Famille l'an 1439. & emit lavi'e de Foligni sous l'obéissance du Page, Tome V 1 CONGRE un lieu éminent du mont de Saffo-Vivo, une Forteresse & GATION DE un Palais, où il fit sa demeure, & fit faire aussi une belle SASSO- Chapelle, où il fit transferer les Corps des saints Martyrs Carpophore & Abondius, & celui de cette devote Eustache, qui leur avoit donné la sepulture. Vers l'an 1060. du tems du Pape Alexandre II. & de l'Empereur Henri IV. le Bienheureux Mainard Religieux de l'Ordre de faint Benoît de l'ancienne Congregation de faint Benoît, desirant vivre en solitude, pria le Comte Hugolin de lui permettre de se retirer avec un Compagnon au pied du Mont- Vecchio, auprés de son Château de Saffo-Vivo: ce que non seulement il lui accorda: mais il lui donna même la montagne avec une fontaine qui y étoit. 11 y bâtit d'abord un petit logement avec une petite Eglife, à laquelle il donna le nom de sainte Marie del Vecchio, à cause qu'elle étoit située au pied de cette montagne; ce qu'il fit aussi avec la permission de l'Evêque de Foligni. Quelques personnes aïant voulu vivre sous la conduite de ce faint homme, le Comte & ses enfans leur donnerent plusieurs terres & plusieurs maisons qu'ils avoient aux environs, pour leur entretien; & avec ce secours Mainard bâtit un Monastere auprés de cette Eglife. Le Pape Alexandre II.lui permit de donner l'habit à ceux qui se présenteroient pour le recevoir, & l'établit premier Superieur de ce Monaftere, auquel plusieurs Seigneurs & personnes de Foligni firent des donations confiderables. Entre ceux qui se présenterent pour être Religieux dans ce Monaftere, Albert fils du Comte Gautier, & petit fils du Comte Hugolin, fut l'un des plus confiderables par sa qualité: mais Mainard ne le reçut qu'aprés l'avoir beaucoup éprouvé. Lorsqu'il eut fait profession, le Comte son pere donna à ce saint Fondateur l'an 1085. son Palais, la Fortereffe & la montagne de Sasso-Vivo avec plusieurs terres considerables qui étoient aux environs. Il contribua aussi beaucoup au bâtiment d'un nouveau Monastere que Mainard y fit faire, & d'une Eglise beaucoup plus spacieuse que celle de sainte Marie Del-Vecchio, qui fut bâtie avec la permifsion de l'Evêque, & qui fut dediée en l'honneur de la Sainte Trinité, de Sainte Croix, & des Saints Martyrs Carpophore& Abondius, où il transfera pour la troifiéme fois leurs corps, & cette Eglise a retenu le nom de sainte CONGRECroix Del-Vecchio. GATION DE Le Monastere étant achevé avec l'Eglise qui n'étoit pas Vivo.. éloignée de l'ancienne de sainte Marie Del-Vecchio, Mainard & fes Compagnons y vinrent demeurer : il en fut élu Abbé & confirmé dans cette dignité par le Pape Urbain II. l'an 1088. Il fit plusieurs Reglemens pour le maintien de l'Obfervance Reguliere, & recommanda sur toutes choses l'hospitalité à l'égard des Religieux & des Pelerins qui paffoient par ce lieu. Sa charité étoit si grande que non content de travailler au falut de son ame, il voulut encore être utile au prochain, non seulement en confolant les affligés, mais principalement en aidant par ses aumônes ceux du voisinage qui étoient accablés de maladie, c'est pourquoi afin qu'ils fussent traités avec beaucoup de soin, il fit bâtir un Hôpital auprés du Monastere. Quelque tems aprés il en fit faire un autre auprés des murs de Foligni, des aumônes d'une sainte femme de cette ville, nommée Beatrix, qui pour ce sujet fut long-tems appellé l'Hôpital de Donne Beatrix ou du Monastere de Saffo-Vivo, ensuite de sainte Marie & de faint Georges, & enfin faint Georges: il en rétablit ensuite plusieurs autres, dont les principaux furent celui de la sainte Trinité auprés du Bourg de Pale & celui de Carpode, dont les Religieux de Safso-Vivo avoient soin. Cette même charité de Mainard étoit d'une trop grande étenduë, pour qu'il se bornât à ces œuvres de mifericorde envers les pauvres malades. Perfuadé que l'ame est ce que l'homme a de plus cher en ce monde, il n'oublia rien pour donner aux peuples voisins de son Monastere, tous les fecours neceffaires pour acquerir les vertus & les sciences, capables de les conduire au falut. C'est pourquoi il prêchoit dans son Eglife, confeffoit, & faifoit des catechismes; il établit aussi dans fon Monastere des écoles de Philofophie & de Theologie, non seulement pour ses Religieux, mais aussi pour les Seculiers, ce qui lui attira tant de nouveaux difciples, que voïant que le nombre de ses Religieux augmentoit qu'on lui offroit des établissemens en Ombrie & en Toscane, il institua me nouvelle Congregation de Ordre de faint Benoît, sous des Constitutions particulieres, en retenant toûjours l'habit noir. Il établit des Prieurs dans S. f ij GATION DE VIVO. CONGRE-les Monafteres qui lui furent donnés & y envoïa des ReliSASSO- gieux qui le reconnurent toûjours & ses successeurs pour Superieurs Generaux. Il permettoit à ceux qui vouloient vivre en folitude de se retirer dans l'Ermitage de sainte Maric Del-Vecchio où ils demeuroient sous la conduite de l'Abbé de Saffo-Vivo. Enfin ce Bienheureux Fondateur mourut le 10. Decembre 1090. âgé de soixante & dix ans. : Aprés sa mort le Bienheureux Denis, qui avoit été fon premier Compagnon fut élu Abbé. Il ne fut pas moins zelé pour l'Observance Reguliere que son prédeceffeur : & les vingt premiers Abbés de ce Monastere font reputés saints, aussi-bien qu'un grand nombre de ses Religieux : ce qui fit qu'on les voulut avoir en plusieurs lieux, ensorte qu'en peu de tems cette Congregation eut jusqu'à cent quarante Monafteres, dont il y avoit vingt Abbaïes, fix vingts Prieurés, quarante & une Cures, & fept Hôpitaux, qui tous reconnoiffoient l'Abbé de Saffo-Vivo pour General. Il nommoit à sa volonté les Prieurs & les Curés. Les Souverains Pontifes accorderent beaucoup de Privileges au Monaftere de Saffo-Vivo, ils defendirent que personne n'y pût faire la visite, ni dans ceux de sa dépendance, sans ordre de l'Abbé qui auroit seul le droit de les visiter, de les reformer & d'y faire tels Reglemens qu'il jugeroit à propos, foit par lui, foit par ses Commissaires: qu'aucun ne pourroit poffeder aucun Benefice de la Congregation, si dans les Lettres Apoftoliques qui en seroient expediées, il n'y étoit fait mention qu'ils étoient de l'Ordre de Saffo-Vivo : que l'Abbé pourroit conferer à fes Religieux les Benefices qui dépendoient de lui, soit qu'ils eussent charge d'ame ou non; que toutes les Lettres Apoftoliques que les Religieux de cette Congregation pourroient obtenir pour quelque Benefice, feroient nulles, fil'Abbé de safso-Vivon'y avoit donné fon confentement: qu'il pourroit se servir d'Ornemens Pontificaux : & qu'enfin les Religieux aprés la mort de P'Abbé, en pourroient élire un autre de leur Congregation, où de l'Ordre de faint Benoît. Toutes ces graces & plusieurs autres leur furent accordées par les Papes Paschal II. Innocent II. Alexandre III. Clement. III. & Cele. stin III. L'Observance Reguliere fut en vigueur dans cette Cons : : 4 GATION DE gregation jusques dans le quatorziéme fiécle, que fes gran- CONGR Dès l'an 1310. le Monastere des saints Serge & Bacchus à Rome fut donné à des Prêtres Seculiers, celui des quatre Couronnés dans la même Ville avoir été aussi donné l'an 1417. aux Celestins par l'Abbé de Saffo-Vivo. Les Camaldules prirent leur place quelques tems aprés; & dans la suite on y mit les Religieuses Philippines, dont nous avons parlé dans le quatriéme Tome. Les Moines du Mont-Olivet avoient eu aussi le Monastere de saint Nicolas de Foligni dès l'an 1326. Les Ermites de l'Ordrede saint Augustinavoient eu ceux de Perouse & de saint Felix de Giano en 1434. & 1450. & aprés la suppression de cette Congregation, Innocent VIII. donna encore aux Religieux de l'Ordre du Mont-Olivet le Monastere de saint Pierre de Bovára l'an 1484. Les Obfervantins eurent celui de Capro en 1487. & celui de la fainte Trinité fut donné aux Religieuses Servites l'an 1459. Saint Sauveur d'Aquapagna, qui étoit autrefois : |