an Refectoire avec les Religieux, à moins qu'il ne fût ma- REGLES DE lade. Pendant le tems de la refection, les portes du Mona-SISIDORE. stere devoient être fermées pour n'y point donner entrée aux seculiers. Le travail des mains y est ordonné. Les Religieux devoient eux-mêmes faire la cuisine, cultiver le jardin, pétrir le pain qu'ils devoient manger; mais il y avoit des Laïques qui étoient emploïés aux bâtimens, à la culture des champs, & à faire le pain pour les hôtes & les malades. Quant aux habits, saint Hidore ordonne que les Religieux n'en porteront point qui soient remarquables par leur prix & par leur propreté, ni qui soient vils & pauvres ; les vêtemens précieux ressentant le luxe & la molleffe, & ceux qui font grossiers & méprisables, pouvant caufer du chagrin, ou même de la vanité selon le different caractere des esprits. Il marque la forme & la qualité de leurs habits, qui font une tunique, un capuce, un scapulaire, ou petite robe de peaux, un bon manteau ou froc; mais il leur défend de porter du linge, ni de se servir de certains vêtemens, & de certaines chaussures qui étoient en usage chez les autres Moines: ce qu'il improuve comme un abus. Ils devoient aussi avoir la tête rasée. Le P. Bonanni, dans son Catalogue des Ordres Religieux, a donné l'habillement d'une Religieuse de l'Ordre de saint Ifidore, & dit que la figure qu'il a fait graver, reprefente sainte Florentine, fœur de ce faint Prelat, laquelle étoit Abbeffe d'un Monastere de cet Ordre vers l'an 597. & qu'il l'a copiée fur celle que le Pere Beurier Celestin avoit donnée. Schoonebeck a fait aussi graver l'image d'une de ces Religieuses, & dit que fainte Florentine aïant fondé un Monastere vers l'an 598. donna à ses Filles les Regles qui lui avoient été prescrites par saint Ifidore. Mais les uns & les autres se sont trompés; puisque l'on ne suivoit point la Regle de faint Ifidore dans le Monastere de sainte Florentine; mais celle de S. Leandre, comme il paroît par le titre de cette Regle, & par la Preface qui cominence ainfi: Leander Dei mifericordiam pergrate in Chrifto mibi filia & forori Florentina....Perquirenti mihi, foror cariffima Florentina, quibus te divitiarum cumulis haredem facerem, &c. Ce qui se prouve aussi par plufieurs Chapitres de cette Regle. Celle de saint Ifidore au contraire ne fut faite que pour des hommes, & adreffée aux Moines : S.ISIDORE. REGLE DE du Monaftere d'Honori, comme il paroît par la Preface qui commence ainsi : Sanctis fratribus in Cœnobio Honorianenfi conftitutis Ifidorus, &c. Quant à ce Monastere, il n'en refte plus que la memoire, & on ignore même le lieu où il étoit Litué. 「REGLE DE TUEUX. Saint Fructueux Archevêque de Brague, a beaucoup S. FRUC- contribué à la propagation de l'état Monastique en Espagne. Le premier Monaftere qu'il y bâtit dans les montagnes d'Asturie fut nommé Complute, parce qu'il étoit dedié à saint Juste & à S.Pasteur, qui avoient souffert le martyre à Complute ville du Roïaume de Castille, qu'on a depuis appellé Alcala de Hennarés. Il s'y forma une Communauté fort nombreuse de Moines, ausquels saint Fructueux donna une Regle & un Abbé. Entre les autres Monasteres qu'il fonda depuis, celui de None fur destiné pour des filles, dont la Bienheureuse Benoîte fut Abbesse. Non seulement les personnes de l'un & de l'autre sexe qui étoient libres, & qui n'étoient point engagésdans le mariage; mais même les personnes mariées accouroient de toute part à S. Fructueux pour embrasfer avec leurs enfans la profession Monastique. C'est pourquoi il établit une nouvelle observance reguliere, accommodée à l'infir mité de l'un & de l'autre sexe. Les hommes & les garçons demeuroient dans les Monasteres d'hommes, & les femmes & les filles dans des Monasteres de leur sexe : ce qui ne se pratiquoit pas dans plusieurs faux Monafteres d'Espagne,ou Tans aucune distinction de fexe, les hommes demeuroient avec leurs femmes, & les enfans avec les ferviteurs, donnant le titre d'Abbé à un Superieur qui ne leur commandoit que ce qu'ils vouloient : & s'ils recevoient de lui la Benediction, c'étoit pour fatisfaire plus impunément leurs cupidités : ce qui avoit été inventé afin que ces fortes de personnes, fous une fausse apparence de profession Religieuse, fuffent exemtes des Charges publiques. Les Prêtres qui fondoient ces fortes de Monasteres y étoient poussés ou par un defir de passer pour vertueux, ou par la crainte de perdre leurs dixmes & d'autres gains, s'ils ne les assuroient par ces établissemens qui étoient agreables au peuple; mais faint Frutueux, pour empêcher que ses Disciples ne se portassent au relâchement, leur defendit d'avoir aucun commerce avec ces faux Monafteres. L'on vivoit bien d'un autre maniere dans |