BREUSE. ORDRE DE Chapitres de la ville, qui vont ensemble y chanter la grande VALLOM Meffe le jour de faint Marc. Celle des Religieux de faint Nicolas un des jours des Rogations ; & celle du jour de la Fête Dieu, que l'on appelle du Sacre, & qui est generale, non seulement le Clergé Seculier & Regulier, mais aussi toutes les Compagnies & Communautés Seculieres de la ville y assistent au nombre de plus de deux mille perfonnes, aïant chacun un flambeau à la main, & paffent tous au travers du Chœur des Religieuses. Memoires envoïés d'Angers en 1712 par M. le Masson, Chanoine & ancien Curé de la Trinité. De l'Ordre de Vallombreuse, avec la Vie de Saint Jean L 'ORDRE de Vallombreuse a eu pour Fondateur saint Jean Gualbert. Son pere qui se nommoit aussi Jean Gualbert, Seigneur de Petroio au Val de Pesa, étoit d'une ancienne famille qui descendoit, à ce que l'on prétend, de Bonacorso Bisdomini, lequel avoit été fait Chevalier par l'Empereur Charlemagne. Il eut deux fils dont l'un s'appelloit Hugues, & l'autre, qui étoit nôtre Saint s'appelloit fe an. Il étoit déja en état de porter les armes lorsqu'un de leurs parens aïant été tué (quelques-uns veulent que ce fut Hugues fon propre frere) fon pere l'engagea à en prendre vengeance, & l'obligea à chercher comme lui toutes fortes de moïens pour perdre celui qui avoit commis cet homicide. Un jour que ce Saint allant à Florence avec ses écuïers, pensoit en lui-même où il pourroit aller chercher son ennemi, tant pour obéïr aux ordres de son pere, que pour fatisfaire à sa propre vengeance, il ne fut pas moins joïeux que surpris lorsque par un hazard auquel il ne s'attendoit pas, il apperçut celui dont il avoit juré la perte qui venoit au devant de lui dans un lieu fi étroit que ni l'un ni l'autre ne pouvoit se détourner. Il crut que la fortune lui présentoit une occafion favorable de s'en défaire & il se préparoit déja à lui passer fon épée au travers du corps, lorsque son adversaire se jettant promptement à ses pieds, le supplia les bras étendus en Croix de lui accorder le pardon pour l'amour de Jesus-Chrift cru- ORDRE DE cifié. Cette priere le défarma aufli-tôt, & se ressouvenant que VALLOM le Sauveur étant en Croix avoit pardonné à ses ennemis, il appaisa sa fureur & tendant la main au suppliant, il l'assura qu'il lui pardonnoit pour toûjours. Après cette action heroïque étant entré pour faire sa priere dans l'Eglise de saint Miniat (qu'il trouva peu après fur fon chemin) le Crucifix devant lequel il prioit, baissa la tête, & s'inclina, comme pour le remercier du pardon qu'il avoit fi genereusement accordé pour son amour : l'on garde encore ce Crucifix dans cette Eglife. Ce miracle changea de telle forte l'esprit & le cœur de ce jeune homme, qu'il pensa serieusement à quitter le monde & à se donner tout à Dieu. Quand il fut arrivé prés de Florence, il y envoïa ses gens sous prétexte de preparer le logis; par ce moïen se trouvant seul & fans témoin, il retourna sur ses pas à saint Miniat, où aïant demandé avec beaucoup d'instance, l'habit Monastique, l'Abbé pour l'éprouver lui représenta toutes les rigueurs de la vie qu'il vouloit embrasffer, & combien lui qui étoit de qualité, auroit de peine à souffrir la pauvreté dans la Heur & la • force de sa jeuneffe. Ces gens cependant voïant qu'il ne venoit point à Florence, retournerent à la maison, & avertirent son pere de ce qui s'étoit paffé: ce qui obligea ce Gentilhomme qui en fut allarmé, d'aller à Florence, ou aïant cherché par tout fon fils, & l'aïant enfin trouvé dans saint Miniat, il le redemanda à l'Abbé & aux Religieux, les menaçant de plufieurs maux s'ils ne lui accordoient sa demande: mais Jean Gualbert animé d'un esprit extraordinaire de ferveur, & craignant que les Religieux ne fe rendissent aux volontés de son pere, aïant trouvé la cucule d'un des Religieux, la porta à l'Eglife, la mit sur l'Autel, & a rés s'être coupé les cheveux, il s'en revêtit avec joïe en présence de toute la Communauté qui ne put s'empêcher de lui applaudir. Cette action heroïque, de zele & de pieté aïant été rapportée à fon pere, il en fut tellement touché, qu'il cessa ses menaces contre les Religieux, eut pour Jui des fentimens plus doux, & approuva enfin fa réso lution. II s'occupa pendant l'année de son Noviciat à déraciner de ORDRE DE son cœur le vice & à acquerir de solides vertus. Il emploïa VALLOM- pour cela les abstinences, les jeûnes, les veilles & les maceraBREUSE. tions corporelles. Son humilité étoit très grande, & il obéïfsoit aveuglément à la volonté de ses Superieurs. A peine eut-il-fait profession, que l'Abbé de saint Miniat érant mort, il fut élû en sa place par les fuffrages de toute la Communauté. Mais il fit tant d'instance pour être déchargé de cette dignité, qu'il fit confentir les Religieux à proceder à une nouvelle élection. Les Historiens de l'Ordre de Vallombreuse prétendent qu'aprés la renonciation de ce Saint à cette Abbaïe, un Religieux nommé Ubert l'obtint, moïennant une somme d'argent qu'il donna à l'Evêque de Florence que quelquesuns disent avoir été Lambert, d'autres Atthon I. que ce fur le sujet pourquoi faint Jean Gualbert quitta ce Monaftere, & qu'avant qu'il se retirât dans la solitude il alla à Florence avec un autre Religieux, où voulant foulever la populace contre l'Evêque qu'ils accusoient publiquement de simonie, ils furent fort maltraités par ceux qui favorisoient ce Prélat: mais le Pere Mabillon n'attribuë la retraite de saint Jean Gualbert & sa sortie du Monastere de saint Miniat qu'à l'amour qu'il avoit pour la folitude afin d'y vivre éloigné du tumulte du monde. Ni Lambert ni Atthon, dit ce sçavant Historien, n'ont point été simoniaques. Lambert au contraire étoit un très faint homme, qui animé du desir d'une plus grande perfection quitta son Evêché l'an 1032. pour embraffer la vie Monastique, & Atthon son successeur est appellé par Ughel un Prélat digne d'une memoire éternelle pour ses belles actions & les grands bienfaits dont il enrichit, tant son Eglise Cathedrale, que le Monaftere de faint Miniat. Ce fut donc l'amour de la folitude & le defir d'une plus grande perfection qui fit fortir saint Jean Gualbert de faint Miniat avec cet autre Religieux, & aïant paflé par divers lieux, ils vinrent à Camaldoli & y demeurerent affez longtems. Le Prieur, qui étoit encore Pierre Daguin, voulut engager Jean Gualbert à prendre les Ordres & promettre stabilité en ce lieu, mais il le refusa & se retira à Vallombreuse. La raison qu'en donnent le Pere Mabillon & M. l'Abbé Fleury, c'est parce que l'attrait de ce Saint étoit : |