RELIGIEI". RAY, Il paroît par l'Histoire de la Dédicace de cette Eglise que ces Religieux marchoient nuds pieds en ce tems-là : car il y R ONCE. est rapporté que le Pape approchant du Monastere , dit au Bay. Duc de Salerne & aux Prélats de la suite qu'il seroit indigne qu'ils allassent à cheval dans un lieu qui étoit habité par des personnes qui menoient une vie toute celeste & qui ne marchoient que nuds pieds dans ce même lieu. C'est pourquoi ils descendirent tous de cheval & allerent à pied jusqu'au Monastere. Voiez Ughell, Itat. Sacr. Tom.7. pag.515. Arnold. Wion, lib, Bolland. 17. Januarii. 17. Februarii. do 14. Martii. Pietr. Anton. Tornamira- Orig.progreff. della Cong. Caffinenfe. Joann. Mabillon, Acta. ss. Ord. Bened. fecul. 6. Annal. ejusd. Ord. Tom. 4. CH A P I T R E X X V I I. à Angers. DI Es le fixiéme siécle il y avoit dans la ville d'Angers au de là de la riviere de Mayenne, une Eglise dédiée en l'honneur de Nôtre-Dame, où les saints Evêques Melan de Rennes, Aubin d'Angers , Vicor du Mans, Laune de Coutance, & Marse de Nantes , s'étant assemblés au commencement du Carême, Melan célébra la Messe , & distribua à ceux qui étoient presens les Eulogies que l'on donnoit autrefois comme une marque d’union & de charité. Mais Marse n'aïant pas voulu manger la part de l’Eulogie qu'on lui avoit donnée, à cause du jeûne, & l'aïant mise dans son fein , elle fe changea en ferpent. Il reconnut aussitôt sa faute, & en aïant demandé pardon à Melan, l’Eulogie reprit sa premiere forme , & il sa mangea. C'est dans ce même lieu ( où, selon le P. Mabillon , il y avoit des Moines у dès le neuviéme siécle ) que l'on a bâti depuis la celebre Abbaïe de Ronçeray,l'une des plus considerables de France, qui fut fondée l'an 1028. pour des Religieuses Benedicti. nes par Foulques Nerra , Comte d'Anjou, & Hildegarde sa femme, qui renverferent les anciens bâtimens , & en firenç construire de nouveaux , n'aïąnt reservé que les Grotteş RELIGIEU DE RONCE XAY. cer par Religieu. souterraines,où les Evêques dont nous avons parlé,s'étoient & au jeûne : ce qui fit d'abord donner à ce Monastere le nom de Notre-Dame de Charité : on la depuis appellé Notre-Dame de Ronceray. Le Comte d'Anjou & sa femme y fonderent quatre Chanoines , pour être les Directeurs spirituels de ces Religieuses : & ces Chanoines subsistent encore. L'Abbesse joüit de plusieurs droits considerables , tane pour les Terres & les Fiefs qui dépendent de son Monastere, que pour la Seigneurie & là Jurisdiction qu'elle fait exer ses Officiers dans la ville d'Angers, dont une partie releve d'elle. Elle a encore à la presentation & collation un grand nombre de Benefices , Cures,Prébendes & Chapelles, dont elle dispose. Mais ce qu'il y a de particulier dans cette Abbaïe, c'est qu'il y a huit Prieurés simples d'un revenu considerable , qui font possedés en titre par des Religieuses de ce Monastere ; soit par présentation de l'Abbesse , soit par resignation en Cour de Rome, dans lesquels Benefices les Titulaires ont été maintenuës par un Arrêt célébre, rendu contradictoirement au Conseil Privé du Roi au mois de Septembre 1686. contre les prétentions de Madame de Gramont , qui étoit pour lors Abbesse, & qui vouloit réünir le temporel & les revenus de ces Prieurés à la Mense Abbatiale. Cet Arrêt maintint les Titulaires de ces Prieurés dans leurs droits , à condition que la Communauté seroit conservée & observée dans cette Abbaïe, même à l'égard de ces Prieures , qui païeroient annuellement à l’Abbesse une penfion pour leur nourriture & entretien, à proportion du re à venu de leurs Prieurés, & feroient un bon usage & louable emploi du surplus, dont elles donneroient connoissance à l'Abbesse d'année en année. On ne reçoit dans cette Abbaïe que des Demoiselles,qui sont obligées de faire preuve de leur Noblesse, tant du côté paternel que maternel. La clôture & la grille n'y ont jamais été établies; & les Religieuses y ont toûjours vêcu d'une maniere si édifiante & fi reguliere, que l'on n'a pas crû qu'elles eussent besoin d'une autre barriere pour empêcher la corruption de se glisser dans leur Monastere,que de leur propre vercų, & du bon naturel que le sang & la naissance leur infpire. |