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Girondin autrement dit, Moine

de Biclare

JEAN DEBL

CLARE.

La Regle de Jean Abbé de Biclare a été inconnuë à faint REGLE DE Benoît d'Aniane, qui n'en a fait aucune mention; mais faint Ifidore de Seville en parle avec eftime, & dit que cet Ouvrage devoit être entre les mains de toutes les perfonnes de piete. Trithême en cite un fragment qui defend aux Religieux de poffeder du bien en particulier. Cet Abbé Jean étoit né à Santaver en Portugaf, de parens Goths. Étant jeune, il alla à Conftantinople, où il apprit la Langue Grecque avec la Latine. Dix fept ans après il retourna en Ef pagne, dans le tems que Leuvigilde perfecutoit les Catholiques. Ce Prince qui étoit Arien ne pouvant l'engager dans fon herefie & dans la Secte, l'exila à Barcelone, où pendant dix ans qu'il y demeura, il eut beaucoup à fouffrir de la part des Ariens. Ce fut pendant ce tems là, fur la fin du fixiéme fiécle, qu'il bâtit le Monaftere de Biclare, ou selon le langage du païs de Valclara, ainfi appellé du nom d'un Bourg, fitué au pied du Mont de Prades dans l'Archidiaconé de Tarragone en Catalogne, où l'on voit encore une Eglife, aux environs de laquelle font plufieurs ruines qui peuvent être celles du Monaftere que l'Abbé Jean y fit bâtir. C'eft fans aucun fondement que Mariana a avancé que cet Abbé y établit l'Inftitut de faint Benoît, puifque Fon ne doute point que cet Abbé Jean n'ait dreffé une Regle pour fes Difciples. Il fut tiré du Cloître pour être élevé fur le fiége Epifcopal de Geronde, que l'on a depuis appelle Gironne: & c'est ce qui a donné lieu à quelques Auteurs de le faire Fondateur de l'Ordre des Gerondins appellant ainfi les Moines de Biclare du nom de la Ville Epifcopale de leur Fondateur. Entre les differens habillemens Religieux qu'Abraham Bruin grava en 1577. l'on trouve celui d'un de ces Gerondins, tel que nous l'avons fait reprefenter ici. Adrien Damman qui a fait de petits Commentaires fur ces habillemens de Bruin, dit que l'é cuffon que ces Gerondins portoient fur la poitrine étoit les armes de l'Evêque de Gironne, fçavoir d'or à deux Pals de gueules & deux de finople. Si cela eft, ces Gerondins auroient fubfifté encore après le onziéme fiécle; puifque l'ufage des armoiries n'a été en ufage qu'après le dix où le onziéme fiécle. Quant à la couleur de l'habillement, elle étoit blanche.

REGLE DE

S LIAN

DRE.

REGLE DE

Les Princes Hermenegilde & Reccarede, fils du Roi Leuvigilde qui avoit envoïé en exil l'Abbé Jean, dont nous venons de parler, avoient été élevés dans l'herefie d'Arius par les foins de leur Pere ; mais ils embrafferent la Foi catholique par les inftructions de faint Leandre: ce qui attira fur lui la colere du Roi Leuvigilde, qui l'envoïa auffi en exil. Il avoit été tiré du Cloître pour paffer fur le fiége Epifcopal de Seville. Sa four s'étant retirée dans un Monaftere, il compofa pour elle & pour les filles qui étoient avec elle, une regle ou inftruction chrétienne qui contient vingt & un Chapitres. Il l'exhorta à demeurer toûjours dans le Monaftere, comme dans un afile de la chasteté, à ne point manger de viande que dans les maladies, à ne point parler aux perfonnes du dehors qu'en prefence de deux ou trois témoins, à partager de telle forte tout fon tems, que la priere fuccedât à la lecture, & la lecture à la priere ; à ne rien poffeder en propre, à éviter les juremens, & dire toûjours la verité. Enfin il l'exhorte à ne plus fon. ger à fon païs natal ce qui fait juger que cette Sainte a peut-être vêcu dans le même Monaltere où leur mere étoit morte, comme il paroît par le dernier Chapitre de cette Regle. On ne fçait pas precifément où ce Monaftere étoit fitué mais le Pere Mabillon conjecture qu'il étoit dans l'Andaloufie, & que Ste Florentine & fa mere pouvoient y être venuës de la Provnice Carthaginoife où S. Leandre, & fes freres, S. Ifidore qui fut fon fucceffeur, & S. Fulgence Evêque d'Aftigite, avec leur four Florentine, avoient pris naiffance, étant tous enfans de Severian, Duc ou Gouverneur de cette Province, dont la Metropole étoit Tolede.

Saint Ifidore aïant fuccedé à son frere faint Leandre fur 5. ISIDORE. le Siége de Seville, compofa une Regle pour les Religieux du Monastere d'Honori, laquelle eft conforme en beaucoup de chofes à celle de faint Benoît. Le jeûne y eft prefcrit, depuis le 14. de Septembre jufqu'à Pâques, excepté pendant l'Octave de Noël. Les Religieux ne mangeoient pendant toute la semaine que des legumes & quelques herbages: quelquefois aux grandes Fêtes il leur étoit permis d'y ajoûter un peu de viande; mais il étoit libre à un chacun de s'en abstenir, auffi-bien que de vin. Ils jeûnoient pendant le Carême au pain & à l'eau. L'Abbé devoit toûjours manger

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