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dire que ce Prélat confirma cette donation aprés la mort de ORDRE DES faint Romuald. Aufli le Pere Grandi avonë-t'il qu'il est CAMALDUdifficile de ne pas penser que faint Romuald fut déja mort, quand la confecration de l'Eglife de Camaldoli se fit en 1027. lorsqu'on lit encore ces paroles de Theodald, 'Nos ob amorem pie memoria spiritualis patris noftri Domni Romualdi chariffimi Eremite, & ces autres, Ut cum denomirato sancto viro, Romualdo fcilicet, partem in aterna vita habeamus. Le P. Grandi ne donne pas les preuves qu'il allegue pour des demonstrations,il eft content qu'on les reçoive comme probables; mais on ne croira pas que ee Saint foit mort en 1037.lorsqu'on peut prouver par des actes authentiques qu'il eft mort en 1027. Theodald en confirmant ce lieu, auquel il marqua des limites, donna encore à ces Religieux la moitié de l'Église de saint Miniat au village d'Alina avec les dixmes de ce lieu, comme il paroît par l'acte qui en fut fait, dont le Pere Mabillon dit avoir vû l'original au Monastere de Fontbonne ou Fonte-buono.

Theodald continuant à faire du bien aux Ermites de Ca maldoli, leur accorda l'an 1033. la dixme de toutes les marchandises que l'on vendroit & que l'on acheteroit dans Arezzo: & toutes les donations qu'il leur avoit faites furent confirmées l'an 1037. par son successeur Immon. Cet Or dre ne fut approuvé du faint Siége Apoftolique que l'an 1072. par le Pape Alexandre II. il paroît par la Bulle de ce Pontife, qu'il n'avoit encore pour lors que neuf Monafteres: & celui de Camaldoli y est appellé Campus amabilis. Le Prieur de ce Monaftere étoit General de l'Ordre, cet office étoit perpetuel, & le premier General, comme nous avons dit, fut Pierre Daguin, qui eut pour successeurs Albizi & Rustici. Mais le Bienheureux Rodolphe quatriéme General perfectionna cét Ordre qu'il gouverna pendant vingt trois ans, aïant été élû Prieur de Camaldoli en 1082. ce fut lui qui dressa les premieres Constitutions de cet Ordre l'an 1102. 11 modera un peu l'ancienne rigueur des Camaldules. Car il ordonna qu'ils ne jeûneroient pendant le Carême que cinq fois la semaine, au pain & à l'eau; & il leur permit d'ufer de fel des jours-là; il voulut qu'on leur donnât une pitance le Jeudi. Il leur permit de manger du poiffon & de boire du vin aux Fêtes de saint André Apôtre, de faint

CAMALDU

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ORDRE DES Benoît, & del'Annonciation de la sainte Vierge, le Dimanche des Rameaux, & le Jeudi-Saint, auquel jour les Ermites se trouvoient à l'Eglise, où après avoir chanté l'Office Divin, on leur donnoit un denier un pain benit, & on leur lavoit les pieds. Après cette ceremonie, le Prieur lavoit les pieds à autant de pauvres qu'il y avoit de Religieux dans l'Ermitage. L'on descendoit ensuite à Fontebuono, où l'on prioit Dieu pour les Evêques d'Arezzo, qui étoient décedés. Pendant le reste de l'année hors les Carêmes, il les exemta de l'abstinence au pain & à l'eau trois fois la semaine : en forte que ces jours-là ils devoient avoir une pitance & du vin. Ils ne devoient jeûner que le Vendredi dans les Octaves de Pâques & de la Pentecôte. Les Fêtes de douze Leçons, pourvu qu'elles n'arrivassent pas un jour que l'on devoit jeûner au pain & à l'eau, ils pouvoient manger enfemble. Il voulut que felon l'ancienne coûtume, ils euffent tous des balances dans leurs cellules, pour peser le pain qu'on leur donneroit tous les jours, afin de n'en prendre pas plus qu'il n'étoit prescrit. Il ordonna de plus que tous les Religieux qui tomberoient malades dans l'Ermitage, descendroient au Monastere de Fonte-buono, afin d'y être médicamentés, & que si-tôt qu'ils feroient guéris, ils retourneroient à l'Ermitage: que s'ils mouroient dans le Monastere de Fontebuono, on porteroit leur corps à l'Ermitage, pour être enseveli dans le lieu où ils auroient servi Dieu, excepté les Reclus, ausquels on porteroit toûjours tant en santé qu'en maladie dans leurs cellules tout ce dont ils auroient besoin,

Ce Monastere de Fontebuono fut d'abord un hofpice que faint Romuald avoit fait bâtir au pied de la montagne où est situé l'ermitage de Camaldoli. Mais le Bienheureux Rodolphe, voïant que les Ermites souffroient beaucoup dans leur folitude, parce qu'il n'y croît rien que des arbres, & que la terre est couverte de neiges pendant presque les deux tiers de l'année (en aïant été témoin moi-même en l'année 1698. qu'aïant été dans ce faint lieu sur la fin du mois de Mai, il y avoit encore un pied de neige sur la terre) le Bienheureux Rodolphe, dit-il, fit bâtir un beau Monastere à Fonte-buono, d'où l'on envoïe aux Ermites ce qui leur est necessaire. Il y a une belle Apoticairerie, une nombreuse Bibliotheque, & un beau logis pour y recevoir les

Hôtes & les étrangers. Les Religieux qui y demeurent y ORDRE DFS menent la vie cœnobitique. De ce Monastere l'on va à l'Er- CAMALDSmitage par un chemin aifé au milieu d'un bois de sapins d'une hauteur prodigieuse, & il y a dans cet Ermitage environ quarante cellules detachées les unes des autres. Les femmes n'en peuvent approcher que de trois cens pas: on les reçoit néanmoins au Monastere de Fonte-buono.

Sous le Generalat du Bienheureux Rodolphe, l'Ordre des Camaldules s'augmenta confiderablement. On lui donna l'Eglise de saint Sauveur proche Florence. Bernardin de Sidonia Comte d'Anghiari & Imeldine sa femme laisserent au saint Ermitage (c'est ainsi qu'on appelle encore aujourd'hui celui de Camaldoli) tous leurs biens qui confistoient, entr'autres chofes, en sept ou huit bourgs avec leurs Eglifes & poffeffions; & pour fatisfaire à l'intention desComtes Anghiari, Rodolphe fit bâtir le Monastere d'Anghiari qui fut dédié à saint Barthelemi, où il mit un nombre de Religieux: l'an 1105. il fit de nouvelles Constitutions plus faciles à observer, ou du moins il retrancha quelques austerités des premieres : car il permit à ses Religieux de boire sept fois du vin pendant le grand Carême;sçavoir le premier, le quatriéme & le sixiéme Dimanche,leJeudi-Saint,& les Fêtes de saint Gregoire, de saint Benoît & de l'Annonciation de la sainte Vierge; comme aussi cinq fois pendant l'Avent, sçavoir, le premier Dimanche & le jour de Noël, les Fêtes de saint André, de saint Nicolas & de faint Thomas, & pareillement la veille du jour de Noël, le Samedi Saint & la veille de la Pentecôte, ausquels jours il permit qu'on leur donnat du biscuit, ou du pain cuit deux fois. Il obtint du Pape Paschal II. la confirmation des biens & des Monasteres qui avoient été donnés à ses prédecesseurs, principalement de ceux de Poppiene, de Prato Vecchio, de faint Sauveur de Florence, de saint Pierre d'Arezzo, de saint Savin, de saint Martin, de faint Frian de Pife & d'Anghiari, qui lui avoient été donnés. Enfin ce futlui qui institua les Religieuses Camaldules, comme nous dirons dans le Chapitre

fuivant.

Les Generaux firent dans la suite d'autres Constitutions, où ils adoucirent en quelque chose les grandes austerités de cet Ordre. Les premieres furent faites par le Bienheureux

T

ORDREDIS Martin l'an 1254. les secondes par le Pere Bonaventure l'an CAMALDIU- 1333. fans parler de celles qui furent faites en 1174. Il y

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en eut encore d'autres, lorsque les Ermites furent unis avec les Moines du même Ordre de la Congregation de faint Michel de Murano, par ordre du Pape Leon X. & il y en eut aussi de particulieres pour les Ermites, lorsqu'ils étoient unis avec ceux du Mont de la Couronne : car cet Ordre est divisé en cinq Congregations ; la premiere est celle de Camaldoli, ou du faint Ermitage; la seconde de faint Michel de Murano, qui n'est que de Cœnobites; la troisiéme des Ermites de saint Romuald, ou du Mont de la Couronne, dont nous parlerons en particulier, aussi-bien que de celle de saint Michel de Murano ; la quatriéme est celle de Turin la cinquiéme celle de France, qui ont chacune presentement leur General ou Majeur.

La Congregation de Camaldoli ou du faint Ermitage, a des Constitutions particulieres, depuis sa désunion d'avecla Congregation du Mont de la Couronne, qui furent approuvées par le Pape Clement X. l'an 1671. conformément à ces Conftitutions. Ils mangent en commun dans le Refetoire aux principales Fêtes de l'année; sçavoir le jour de Pâques, de la Pentecôte, de l'Assomption de la fainte Vierge, de la Toussfaints, de Noël, de l'Epiphanie, du Jeudi-Saint, de faint Romuald, de l'une & de l'autre folemnité de faint Benoît, de la Dedicace de l'Eglife, & pendant le tems du Chapitre General. Quand ils jeûnent au pain & à l'eau, ils ne mangent point à table, mais à terre, nuds pieds, ou les pieds à demi-nuds, sans serviettes ni napes, sur une planche. Le jour de S. Martin, & le Dimanche de la Quinquagefime, qu'ils commencent leur Carême, ils mangent auffi ensemble; & ils rompent le filence, mais non pas au Refectoire ; & la semaine qui précede l'un & l'autre de ces deux jours, le Prieur envoïe les Religieux en quelque lieu pour se recréer. Depuis Pâques jusqu'à l'Exaltation de la sainte Croix, excepté le Mercredi & le Vendredi, qu'il est jeûne, on leur donne le matin un potage ou menestre seulement; mais s'il est Fête de la premiere ou seconde Classe, on leur donne une pitance avec la menestre, & le foir une pitance; le Prieur, quand bon lui semble, y peut ajoûter une salade. La pitance ne doit pas exceder trois œufs:lorsqu'elle est de poisson frais,

elle doit être de fix onces, & de quatre onces lorsqu'elle est ORDRE DES de poiffon falé. Hors les Carêmes on leur donne fix onces LESM de fromage pour toute la semaine.

Depuis le 13. Septembre jusqu'à Pâques, excepté l'Avent, le jeûne perpetuel est à la volonté d'un chacun. On donne le matin la menestre & la pitance à ceux qui veulent jeûner, & à ceux qui veulent manger deux fois le jour, on leur donne le matin la menestre, & le foir la pitance. Depuis la même Fête de la sainte Croix jusqu'à la saint Martin, & depuis Noël jusqu'à la Quinquagefime, trois fois la femaine, on leur donne la menestre d'œufs & du fromage; fçavoir le Dimanche, le Mardi & le Jeudi, & toutes les Fêtes doubles, pourvu qu'elles n'arrivent pas un jour d'abstinence: le Lundi & le Samedi on leur donne une menestre d'œufs avec une salade; le Mercredi ils font maigre, & le Vendredi ils font abstinence. Ils appellent faire maigre, quand ils ne mangent point d'œufs, & que ce qu'on leur donne est apprête à l'huile, & faire abstinence quand ils jeûnent au pain & à l'eau.

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Dans les deux Carêmes, le Dimanche, le Jeudi, & les Fêtes doubles on leur donne la pitance avec quelqu'autre chofe le Mardi & le Samedi la menestre & la salade, le Lundi, le Mercredi & le Vendredi, ils jeûnent au pain & à l'eau, & au sel; ils y peuvent ajoûter quelques herbes cruës d'une seule forte, & du pain cuit à l'eau sans sel. La veille de Noël, si le jeûne n'est pas d'abstinence, & le Samedi-Saint, ils boivent du vin, mangent du fruit, & quelqu'autre chofe. Outre les deux Carêmes & les jours de jeûne commandés par l'Eglise, ils jeûnent encore la veille de l'Epiphanie, de la Purification de Nôtre-Dame, de la Nativité de Nôtre-Dame, & de quelques autres jours.

Cette Congregation n'a que fix Monafteres, y compris celui de Fonte-buono, où l'on mene la vie Cœnobitique : le General ou Majeur est élu tous les deux ans, & se sert d'ornemens Pontificaux. L'habillement de ces Ermites confifte en une robe & fcapulaire, ferrés d'une ceinture de laine; & étant au Choœur, ils ont une coule, mais plus étroite que celle des Moines de la Congregation de faint Michel de Murano. Les uns & les autres ont pour armes d'azur , à deux Colombes d'or bequées, membrées de gueules, bûvant dans

CAMALDH

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